Kang Kek Ieu

Kang Kek Ieu
Kaing Guek Eav durant son procès en novembre 2009

Kang Kek Ieu (ou Kaing Kek Iev ou Kaing Guek Eav), plus connu sous le pseudonyme de Douch (également retranscrit Duch ou Deuch), en khmer កាំង ហ្គេកអ៊ាវ est né le 17 novembre 1942[1]. Sous le Kampuchéa démocratique, la dictature communiste des khmers rouges au Cambodge, il était le directeur de la prison de Tuol Sleng et l'un des responsables du Santebal, la police politique du régime.

Sommaire

Implication dans la dictature des khmers rouges

Ancien professeur de mathématique, il a d'abord tenu entre 1971 et 1973 un camp de rééducation dans la jungle, dénommé M-13. Il y a détenu l'anthropologue français François Bizot, qui relate dans son livre Le Portail de longs dialogues entre l'auteur et Douch, très éclairants sur le parcours idéologique du futur bourreau, qui n'était alors encore qu'un jeune fonctionnaire angoissé de bien remplir ses missions. Il raconte comment Douch aurait tout fait pour lui laisser la vie sauve, alors qu'aucun des autres détenus de ce camp n'aurait survécu.

Il est connu pour avoir dirigé sous la dictature de Pol Pot (1975-1979) la prison Tuol Sleng, aussi connue sous le nom de S-21, située dans le centre-ville de Phnom Penh. Le bâtiment, qui abritait un lycée à l'origine, a servi de centre de torture. Plus de 15 000 « opposants » au régime (hommes, femmes et enfants) y ont été torturés et exécutés dans des « Killing Fields » voisins, aboutissement de vastes purges organisées par la garde rapprochée de Pol Pot.

Justice internationale

Démasqué par le photographe irlandais Nic Dunlop alors qu'il vivait paisiblement dans un village cambodgien, Douch est détenu depuis 1999. Il a été écroué et inculpé le 31 juillet 2007 de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et meurtres avec préméditation par le tribunal du génocide cambodgien, un tribunal cambodgien parrainé par les Nations unies. Il s'agit du premier responsable khmer rouge à être poursuivi par cette instance judiciaire. Quatre hauts dirigeants (dont Nuon Chea, Ieng Sary et Meas Muth) sont visés par ce tribunal.

Le procès de Douch s'est ouvert le 17 février 2009. Lors de son procès, Douch a demandé pardon pour les crimes commis à la prison de Tuol Sleng qu'il dirigeait[2]. Il a ensuite fait part de sa conversion en 1996 au christianisme[3].

Le 30 mars 2009, ouverture des débats de fond du procès international contre Kaing Guek Eav (66 ans). L'accusé, ex-professeur de mathématiques, trois ans avant son arrestation, est poursuivi pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité, torture et meurtre avec préméditation[4].

Le 31 mars 2009, Douch a admis sa responsabilité dans des crimes et a demandé pardon aux victimes de la dictature communiste de Pol Pot : « Je voudrais exprimer mon regret et mon chagrin sincère pour les pertes et tous les crimes » commis sous les Khmers rouges il y a plus de trois décennies. Auparavant, les procureurs avaient fourni des détails horribles sur les actes de torture à Tuol Sleng (S-21), centre qui jouait un rôle central dans la politique d'écrasement des « traîtres » à la Révolution communiste : « La politique était que personne ne pouvait sortir vivant de S-21 [...] Sous les ordres directs de l'accusé et parfois de ses propres mains, des personnes détenues à S-21 ont été soumises de manière intentionnelle à des souffrances physiques et mentales intenses dans le but de leur soutirer des aveux et parfois d'infliger une punition [...] Les victimes étaient battues avec des cannes en rotin et des fouets, électrocutées ou étouffées avec des sacs en plastique attachés autour de leur tête, déshabillées et leurs parties génitales soumises à des décharges électriques [...] l'accusé a admis que les coups de canne étaient le plus souvent utilisés parce que d'autres formes de torture prenaient trop de temps ».

Le 27 novembre 2009, Kaing Guek Eav demande son acquittement au tribunal alors qu'il a plaidé coupable durant toute la procédure. Il reconnaît les crimes qui lui sont imputés mais n'estime pas avoir été un haut dignitaire du régime de Pol Pot. Cette volte-face contredit aussi la plaidoirie qu'avait tenue son avocat français, Me François Roux[5]. Cet avocat est révoqué par l'accusé début juillet 2010, deux semaines avant le verdict[6]. Douch conserve son avocat cambodgien Kar Savuth qui estime qu'il ne doit pas être condamné.

40 ans de prison sont requis à l'encontre de l'accusé. Le verdict, rendu le 26 juillet 2010, le condamne à 35 ans de réclusion pour crimes contre l'humanité. Cette peine est immédiatement revue à la baisse, à 30 ans, en raison du fait que la cour reconnaît qu'il a été détenu illégalement par une cour militaire après son arrestation en 1999[7] ; il ne lui reste donc plus que 19 années de prison à purger. L'accusé comme les parties civiles font appel de cette condamnation. Un nouveau procès s'ouvre le 28 mars 2011.

Références

  1. Jean-Louis Tremblais, « Khmers rouges : l'heure des comptes », dans Le Figaro, 7 décembre 2007 [texte intégral] 
  2. Khmers rouges: Douch demande pardon, L'Express], 31 mars 2009
  3. L'ex-tortionnaire en chef des Khmers rouges demande pardon, Le Salon Beige, 22 avril 2009
  4. Le Figaro.fr, Ouverture des débats au procès Douch, 30 mars 2009
  5. Le Monde.fr, Douch, tortionnaire des Khmers rouges, demande l'acquittement, le 27 novembre 2009
  6. www.cambodgesoir.info 9 juillet 2010
  7. « 35 ans de prison pour l'ex-chef khmer rouge Douch », dans L'Humanité, 26 juillet 2010 [texte intégral (page consultée le 7 août 2011)] 

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