- Juliette Dodu
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Juliette Dodu, née à Saint-Denis de La Réunion le 15 juin 1848 et morte en Suisse le 28 octobre 1909, est une espionne française, héroïne de la guerre de 1870.
Sommaire
Biographie
Née à La Réunion, d’une famille originaire du département de l’Indre, elle quitte son île à l’âge de seize ans lorsque son père, chirurgien de la marine, meurt de la fièvre jaune. Quelques années après, elle trouve un travail comme directrice du bureau télégraphique de Pithiviers (Loiret).
Vers 1875, elle entre en relation avec le baron Félix Hippolyte Larrey, médecin chef de l’armée, fils du célèbre Larrey et hérite de sa fortune (dont son petit château de Bièvres).
Sous le pseudonyme de Lipp, elle publie en 1891 un ouvrage consacrée à George Sand, l’Éternel Roman. Elle est morte en 1909[1] chez son beau-frère, le peintre Odilon Redon.L’anecdote
C’est au cours de la guerre de 1870 qu’elle se serait illustrée. Les Prussiens investissent Pithiviers le 20 septembre 1870. Le bureau du télégraphe est investi et la famille Dodu est reléguée au premier étage de la maison. La jeune fille de vingt-deux ans a alors l’idée de bricoler une dérivation sur le fil qui passe dans sa chambre. Ayant conservé un appareil récepteur, elle peut ainsi intercepter les transmissions chaque fois que les occupants reçoivent ou envoient des dépêches.
Pendant dix-sept jours, la jeune fille fait parvenir ces dépêches aux autorités françaises sans que les Prussiens ne se doutent de rien. Elle sauve ainsi la vie des 40 000 soldats du général Aurelle de Paladines. Le montage de la dérivation étant découvert, les Prussiens traduisent Juliette Dodu devant la cour martiale. Elle est condamnée à mort. Mais l’armistice est signé avant son exécution et Juliette Dodu est graciée par le prince Frédéric-Charles de Prusse et libérée.
Un récit controversé
Si le décret n°1942 du 8 décembre 1870 lui accorde une mention honorable ainsi qu’à 20 autres employés et agents du service télégraphique, car des employés des postes furent utilisés pour aider l’armée dans l’usage du télégraphe. En 1877, cette mention est transformée administrativement en médaille de guerre pour Juliette Dodu.
En 1873, Juliette Dodu est responsable du bureau télégraphique d'Enghien-les-Bains, où elle fait la connaissance du patron du Figaro, Hippolyte de Villemessant. Le 26 mai 1877 paraît dans ce journal, la première version connue de la légende Dodu. Le Courrier du Loiret (journal de Pithiviers) a consacré un dossier à Juliette Dodu, en 1984 (on en trouve une copie à la bibliothèque de Bièvres). Selon son auteur, "l’épouse du maréchal de France (président Mac-Mahon) était une féministe convaincue. Il n'est pas impensable que le texte de la nomination de Juliette Dodu dans l'ordre de la légion d'honneur, l'ait été sur son intervention".
Thèse reprise par Guy Breton dans son ouvrage Les Beaux mensonges de l’histoire, toute l’histoire de Juliette Dodu ne serait en fait qu'une fable montée de toutes pièces par le journaliste du Figaro qui signait Jean de Paris dans un article du 26 mai 1877, agissant pour M. de Villemessant, son directeur. Effectivement ce n'est que sept ans après les faits que l'on entend parler de Mme Dodu. Guy Breton cite en référence le général Aurelle de Paladines, commandant en chef de l'armée de la Loire, qui ne mentionne nulle part cet héroïque sauvetage de son armée. Le lieutenant-colonel Rousset, auteur d'une Histoire de la guerre Franco Allemande 1870-1871, n'y fait nulle référence, alors qu'il fourmille de détails allant jusqu'à l'épaisseur de la neige ou l'état du ciel. Pas plus que le rapport de M. Steenackens, directeur des postes et télégrammes de l'époque, qui décrit tous les actes de résistance de ses employés durant cette guerre[2].
Guy Breton explique aussi les incohérences de ce récit épique ; entre autres que les Prussiens avaient quitté Pithiviers trois semaines avant les faits relatés, et l’impossibilité de capter au son un message chiffré en langue allemande et passé en Morse puis les retransmettre sans erreur. Ce qui suppose une grande connaissance non seulement de la langue mais aussi des codes militaires prussiens. De plus, personne ne possédait à Pithiviers les codes prussiens[2].
Il n'y a non plus de trace de la condamnation à mort de Juliette Dodu ni de sa grâce. Ce qui l'amène à s'interroger sur une possible mystification de M. de Villemessant qui obtint la Légion d’honneur pour une fausse héroïne à une époque où, juste après la Commune, la France qui venait de perdre l’Alsace et la Lorraine et de se déchirer lors de la Commune de Paris avait tant besoin de héros positifs[2].
Les hommages
- Une rue porte son nom à Paris, au Havre, à Montreuil et à Saint-Denis de la Réunion, où on recense également un collège public qui l'honore. À Bièvres, ville qu'elle habita, une statue la représente. Il s'agit d'une œuvre de la duchesse d'Uzès.
- La tombe de Juliette Dodu se trouve au cimetière du Père-Lachaise, 28e division.
- Une statue à Bièvres.
- Un timbre-poste, au tarif courant 0,56 €, est émis en 2009 pour le centième anniversaire de sa mort.
Références
- (fr)« Le mystère s’épaissit », dans Le Quotidien de La Réunion, 25 octobre 2009 [texte intégral (page consultée le 3 novembre 2009)]
- Guy Breton, Les Beaux mensonges de l'histoire, éd. Pré aux Clercs, mars 1999, (ISBN 978-2842280161)
Voir aussi
Liens internes
- Rue Juliette-Dodu à Paris
- Square Juliette-Dodu à Paris
- Prison Juliette-Dodu, située rue Juliette-Dodu à Saint-Denis de La Réunion
- Louis d’Aurelle de Paladines
- Élisabeth de Mac Mahon
Liens externes
- « Juliette Dodu : 15 juin 1848 - 28 octobre 1909 », Journal de l'île de La Réunion, avant le 1er janvier 2005.
- Photographie de la statue à Bièvres.
Bibliographie
- Les amis de la bibliothèque, Bièvres et ses célébrités au XIX° siècle, 1988.
- « Juliette Dodu, héroïne ou catin ? », série d'articles de Georges Durand, publiés de juin à mai 1984 dans le Courrier du Loiret.
Catégories :- Personnalité française de la guerre franco-allemande de 1870
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- Personnalité féminine du XIXe siècle
- Pithiviers
- Chevalier de la Légion d'honneur
- Naissance à Saint-Denis (La Réunion)
- Naissance en 1848
- Décès en 1909
- Personnalité enterrée au cimetière du Père-Lachaise (division 28)
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