Jonas Turkow

Jonas Turkow

Jonas Turkow ou Yonas Turkov (orthographe francisée) 1892-1982) est un homme de théâtre polonais de culture yiddish. Il est connu pour avoir été membre de l’Oyneg Shabbos et un resistant juif du ghetto de Varsovie. Ses mémoires sur les années de guerres et d'après guerre en Pologne sont un document précieux sur cette période.

Sommaire

Biographie

Jonas Turkow (1892-1982) est un homme de théâtre yiddish reconnu dans Varsovie de l’entre-deux-guerres. Il épouse Diana Blumenfeld, une chanteuse de music-hall. Après l’occupation de la ville par les nazis, il est enfermé dans le ghetto de Varsovie. Il y prend part à de nombreuses activités sociales et intellectuelles, dont le réseau clandestin de collecte d’archives mis sur pied par l’historien Emanuel Ringelblum. Il est à la tête de l'Entraide juive (Yidishe Aleinhilf) et prend ainsi la mesures des souffrances des Juifs du ghetto. Il cherche à développer clandestinement l'activité culturelle grâce à l'Organisation culturelle juive à laquelle il appartient également pour lutter contre l'effondrement des valeurs juives. Il écrit un journal qu'il pzarvient à cacher avec d'autres documents dans un petit jardin de la rue Minne et qu'il récupère après la guerre[1]. Jonas Turkow parvient à s'échapper avec sa femme, après la liquidation du ghetto en 1943 et rejoint les partisans polonais. Lui et sa femmes sont considérés comme «les seuls représentants du monde culturel juif à s’être sauvés du ghetto de Varsovie».

Après la guerre, il travaille pour la radio polonaise à Lublin et en tant que membre du Comité central des Juifs de Pologne, il a enquêté sur 18 cas de collaboration les juifs avec allemands Gestapo. Il est frappé par la virulence de l'antisémitisme polonais. Il est convoqué au ministère des Affaires étrangères pour avoir tenté de faire connaître au monde la véritable situation des juifs polonais et déconseillé aux expatriés, à mots couverts, de rentrer en Pologne. Jonas Turkow finit par s’exiler définitivement, d’abord aux États-Unis, puis en Israël à partir de 1966. Il y meurt en 1982.

Des écrits testimoniaux

Deux ans après la fin de la seconde guerre mondiale, Jonas Turkow fait le récit de la vie quotidienne du "quartier juif" de la capitale polonaise dans C'était ainsi, 1939-1943, la vie dans le ghetto de Varsovie. D'après lui, le chiffre moyen de la mortalité dans le ghetto par épidémie ou famine était de deux cent cinquante personnes par jour sur un an. Il analyse la tactique allemande qui consiste à entretenir dans le ghetto non seulement une atmosphère de terreur mais également de chaos et de démoralisation. C'était ainsi, 1939-1943, la vie dans le ghetto de Varsovie a le style des Memorbücher dans laquelle les juifs consignaiennt la liste de leurs martyrs depuis le Moyen Âge pour transmettre la mémoire de leurs communautés détruites aux générations futures. Dans le récit de Ionas Turkov, on trouve ainsi des litanies de noms.

En 1949, il publie en yiddish à Buenos Aires le deuxième tome de ses souvenirs, La Lutte pour la vie. Il y raconte ses souvenirs du printemps 1943 à la fin de la guerre. Il raconte comment il a échappé à la liquidation du ghetto, l’activité de la Résistance polonaise et juive, la mort des proches et la recherche de survivants après la guerre.

Dans le troisième tome de ses mémoires, La Pologne, après la Libération, Jonas Turkow raconte l’après-guerre la désillusion progressive des juifs en Pologne, confrontés à un antisémitisme virulent marqué par des meurtres et des pogroms, mais aussi par la montée en puissance des communistes dans l’appareil d’État. Il raconte son quotidien à Lublin, la nécessité, toujours, de dissimuler sa judéité. Il décrit aussi ses problèmes professionnels. Il parle des enfants juifs rescapés, des rançons parfois exigées pour leur restitution, et des foyers d’accueil.

Œuvres

  • C'était ainsi, 1939-1943, la vie dans le ghetto de Varsovie, 1947, Austral, 1995
  • La Lutte pour la vie , In Kamf farn Lebn, 1949, Honoré Champion, 2005
  • La Pologne, après la Libération, Calmann-Levy, 2008
  • (yi) Nokh der befrayung – zikhroynes, Buenos Aires, 1959
  • (yi) Farloshene shtern, 1953
  • Teater un Konsertn in die Getos un Konstentratsye Lagern," dans Yidisher Teater in Yirope…Poilen, New York, Knight Publishing, 1968.

Notes et références

  1. Jean-François Chiantaretto, Régine Robin, Témoignage et écriture de l'histoire, L'Harmattan, 2003, pp 391-392

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