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Jeunesse libre allemande
La Jeunesse libre allemande (Freie Deutsche Jugend (FDJ) en allemand) était le mouvement de jeunesse officiel des 14-25 ans de la République Démocratique Allemande (RDA). La Jeunesse libre allemande faisait partie de la Fédération Mondiale de la Jeunesse Démocratique et de l'Union Internationale des Étudiants.
La branche autonome de l'organisation en République Fédérale d'Allemagne (FDJ in Westdeutschland) y est interdite depuis 1951 car elle est considérée comme anticonstitutionnelle.
Sommaire
Origine
Les premiers groupes de la Jeunesse libre allemande ont été constitués avant la Deuxième Guerre mondiale déjà, en exil, à Paris en juin 1936 et à Prague le 8 mai 1938. Mais les activités de la FDJ en Tchécoslovaquie et en France ont été interrompues lors de l'occupation allemande car ses membres ont dû fuir. Des groupes de la Jeunesse libre allemande ont alors été constitués en Grande-Bretagne à partir d'avril 1939 et sa mission principale était alors de soutenir les immigrants juifs, souvent très jeunes. Environ 10 % des jeunes de 14 à 18 ans qui ont pu émigrer vers la Grande-Bretagne y ont ensuite rejoint la FDJ.[1] À partir d'avril 1943 la FDJ en Grande-Bretagne appela ses membres à rejoindre les rangs de l'armée britannique et environ 150 jeunes suivirent cet appel. Également en 1943, la Jeunesse libre allemande adhéra, en tant qu'organisation, au Mouvement de l'Allemagne Libre (Bewegung Freies Deutschland) qui fut créé à Londres le 25 septembre. En octobre 1945 la Jeunesse libre allemande participa, avec une délégation de huit membres, au congrès de création de l'Union Internationale de la Jeunesse Démocratique et y obtint un poste d'observateur.
La FDJ cessa ses activités en Grande-Bretagne durant l'été 1946 car environ 200 de ses membres retournèrent en Allemagne après la fin de la guerre.[2]
La Jeunesse libre allemande en RDA
Déjà avant son retour à Berlin, les dirigeants du parti communiste allemand (KPD), alors exilés à Moscou, avaient échafaudé des plans pour la politique de la jeunesse de l'Allemagne d'après-guerre : ils ne voulaient pas recréer un mouvement de jeunesse communiste mais plutôt une organisation de masse démocratique et anti-impérialiste sous la dénomination de Jeunesse libre allemande (Freie Deutsche Jugend). Dès l'été 1945 l'administration militaire soviétique en Allemagne annonça la mise en place de comités de jeunesse et en février 1946 le parti communiste allemand obtint l'aval de Moscou pour la création de la Jeunesse libre allemande. Le secrétariat du comité central fixa la création de l'organisation au 24 février 1946 mais se heurta à l'opposition de l'Église qui n'avait pas été consulté sur ce sujet et qui craignait de ne pas obtenir le droit de créer des mouvements de jeunesse religieux. Après que ce droit lui fut accordé, Wilhelm Pieck apprit le 6 mars que l'administration militaire soviétique autorisa la création de la Jeunesse libre allemande. Le nom et l'emblème furent repris des anciens groupes en exil.
Fonction de la Jeunesse libre allemande
L'organisation avait pour mission d'introduire les jeunes dans le marxisme-léninisme et de leur donner une éducation socialiste. Les objectifs que la Jeunesse libre allemande s'était fixés étaient l'approfondissement de l'amitié avec l'Union soviétique et le soutien de tous les peuples du monde dans leur combat contre le système impérialiste. Ainsi des brigades de la FDJ participèrent à la construction de la conduite de gaz naturel Droushba et de la ligne de chemin de fer Baïkal Amour Magistral (BAM) en union soviétique ou travaillèrent comme bénévoles humanitaires au Nicaragua, au Mozambique et en Angola.
À côté des objectifs idéologiques, l'organisation des loisirs de ses membres représentait également une fonction essentielle de la Jeunesse libre allemande. Ainsi elle géra des clubs de jeunes, des auberges de jeunesse et elle organisa des voyages par l'intermédiaire de l'agence Jugendtourist. Des voyages à l'étranger furent organisés par cette agence, mais des voyages dans les pays occidentaux n'étaient en général inaccessibles pour les «membres normaux».
La Jeunesse libre allemande chapeauta également l'organisation de pionniers «Ernst Thälmann».
Statistiques
(Données de 1989)
- Répartition par tranche d'âge
- 13–17 ans : 40 %
- 18–21 ans : 32 %
- 22–25 ans : 21 %
- 26 ans et + : 7 %
- Nombre de membres en pourcentage de la population de jeunes gens
- 1947: 16 % (400 000 membres)
- 1951: 44 %
- 1961: 49 %
- 1971: 58 %
- 1981: 69 %
- 1986: 74 %
- 1987: 70 %
- 1988: 85 %
- 1989: 88 % (2,3 millions de membres)
La Jeunesse libre allemande en Allemagne de l'Ouest
Le 9 décembre 1945 Uschi et Max Rubinstein initiaient à Düsseldorf un des premiers groupes de la Jeunesse libre allemande, soit trois mois avant la création de la FDJ en Allemagne de l'Est.
Un an plus tard la FDJ était également établie dans les autres zones d'occupation d'Allemagne de l'Ouest. Les premières années la direction du mouvement était assurée par le communiste et résistant Helmut Heins, originaire de Hambourg, puis par Kurt Goldstein et Josef Angenfort. Les fonctionnaires dirigeants étaient en général des membre du parti. Les buts essentiels que s'était fixés la Jeunesse libre allemande était alors la reconstruction d'une Allemagne démocratique, sans fascisme, sans militarisme et sans monopoles, avec des droits sociaux garantis pour les enfants et les jeunes.
En 1950 la FDJ comptait environ 30 000 membres en RFA.
Sur le territoire de la RFA, la Jeunesse libre allemande a combattu le réarmement décidé par Adenauer. Le 19 septembre 1950 intervint la première réaction de la part du gouvernement : les membres de la FDJ, du KPD et de l'Union des Victimes du Régime Nazi se virent interdire d'occuper des emplois dans l'administration.
Cela n'empêcha pas la Jeunesse libre allemande de préparer un référendum contre le réarmement. Elle espérait qu'elle obtiendrait une adhésion massive en raison de l'antimilitarisme très répandu chez les jeunes Allemands dans l'immédiat après-guerre. Le 24 avril 1951 le gouvernement fédéral interdit le référendum par décret en le déclarant anticonstitutionnel. Le même jour la FDJ d'Allemagne de l'Ouest (FDJ in Westdeutschland) fut également interdite en Rhénanie du Nord-Westphalie avant d'être interdite sur tout le territoire de la RFA le 26 juin 1951.
Cette interdiction reste toujours en vigueur aujourd'hui, mais d'après le ministère de l'intérieur allemand elle ne vaut que pour l'ancienne branche autonome ouest-allemande FDJ in Westdeutschland.
Développement après la réunification
Après la réunification de l'Allemagne la Jeunesse libre allemande a perdu pratiquement tous ses membres. La direction centrale de l'organisation s'effondra mais quelques membres isolés prirent l'initiative de reconstituer des groupes.
Jusqu'en 1993 certaines structures fonctionnaient toujours grâce au bénévolat, mais le nombre de groupes locaux ne cessa de diminuer. La plupart des installations, comme les clubs de jeunes ou les camps de vacances, furent repris par d'autres associations, vendus ou fermés.
La FDJ resta néanmoins membre de la fédération mondiale de la jeunesse démocratique. En 2003 la Jeunesse libre allemande comptait encore environ 150 membres, contre 2,3 millions en 1989, la dernière année d'existence de la RDA.
FDJ aujourd'hui
La Jeunesse libre allemande compte actuellement environ 200 membres. Il existe des groupes à Berlin, Görlitz, Leipzig, Gotha, mais également à Brême, Francfort sur le Main, Munich et Itzehoe.
En 1990 le PDS, successeur de la SED après la réunification de l'Allemagne, ne reconnut plus la FDJ comme son mouvement de jeunesse et cessa ses contacts avec cette organisation.
La FDJ dénonce la réunification de l'Allemagne comme une «annexion de la RDA» [3] et réclame la création d'un État socialiste sur le modèle de la RDA. L'actuelle Jeunesse libre allemande continue à glorifier sans aucune critique l'ancienne RDA tout en dénigrant globalement la République fédérale allemande. Ainsi une série d'affiches de propagande éditée en 2000 avait pour slogans [4] : RDA: formation professionnelle pour tous; RFA: 1 jeune sur 2 sans contrat d'apprentissage, RDA: travail et pain pour tous; RFA: 2,9 millions d'allocataires sociaux, RDA: paix; RFA: guerre contre la Yougoslavie, RDA: amitié des peuples; RFA: racisme et nationalisme.
L'actuelle FDJ coopère avec le nouveau parti communiste allemand recréé en 1990.
Présidents successifs
- Adolf «Appel» Buchholz (8 mai 1938 – mars 1942, à Prague/Londres)
- Horst Brasch (12 avril 1942 – fin 1945)
- Alfred Kleeberg (fin 1945 - été 1946)
- Erich Honecker (7 mars 1946 – 27 mai 1955)
- Karl Namokel (1955 – 1959)
- Horst Schumann (1959–1967)
- Günther Jahn (1967–1974)
- Egon Krenz (1974–1983), futur membre du politburo et dernier secrétaire général du comité central de la SED 1989
- Eberhard Aurich (1983–1989)
- Jens Rücker (vers 1991)
- Andrea Grimm (vers 2000)
- Ringo Ehlert (2002-aujourd'hui)
Notes
- ↑ Alfred Fleischhacker(Edit.): Das war unser Leben, Erinnerungen und Dokumente zur Geschichte der FDJ in Großbritannien 1939 - 1946 ISBN 3355014753, S. 8
- ↑ Martin Broszat, Hermann Weber (Edit.): SBZ-Handbuch – Staatliche Verwaltungen, Parteien, gesellschaftliche Organisationen und ihre Führungskräfte in der Sowjetischen Besatzungszone Deutschlands 1945-1949. Édition Oldenbourg-Verlag, Munich, 2ème Édition 1993. ISBN 978-3-486-55262-1
- ↑ http://www.fdj.de/GESCHI.html
- ↑ http://www.fdj.de/FDJ_Homepage_08/Seiten/Infomaterial.html
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