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Jean de Brienne
Jean Ier de Brienne, (né vers 1170[1] - mort le 21 mars 1237 à Constantinople), est un roi de Jérusalem de 1210 à 1225, puis un empereur latin de Constantinople de 1229 à 1237. Il était fils cadet d'Érard II, comte de Brienne et d'Agnès de Montfaucon ou de Montbéliard ( v. 1150 - + après 1199 ) .
Sommaire
Biographie
Son père le destinait à une carrière ecclésiastique, mais il avait la passion des armes et s'enfuit à Clervaux, où l'un de ses oncles le prend en charge. Il devient chevalier et se couvre d'honneur en participant à de nombreux tournois. Il est rapidement considéré comme le chevalier le plus valeureux de son époque. Ayant probablement pris part le 28 novembre 1199 au tournoi d'Ecry-sur-Aisne, il rejoint la quatrième croisade avec son frère Gautier III de Brienne. Jean de Brienne participe à la prise de Constantinople en 1204[2].
Mais cette participation à la quatrième croisade est remise en cause, car Gautier III de Brienne, marié en 1200 avec Elvire, fille de Tancrède de Lecce, revendique le royaume de Sicile face aux Hohenstaufen et les combat de 1201 à sa mort en 1205, et l'on comprend mal pourquoi il aurait abandonné ce combat et laissé le champ libre aux Hohenstaufen. Après 1205, Jean de Brienne doit céder face à Frédéric II de Hohenstaufen et rentre en France avec son neveu Gautier IV de Brienne. Peut-être fit-il comme son cousin Gautier de Montbéliard, qui rejoint la quatrième croisade avant de la quitter pour soutenir Gautier III. Selon la Chanson de la Croisade, il participe à la croisade des Albigeois et est présent au siège de Béziers en 1209[3],[4].
Roi de Jérusalem
En 1208, Marie de Montferrat reine de Jérusalem est âgée de dix-sept ans et le régent Jean d'Ibelin et également son oncle songe à lui trouver un mari. Après en avoir délibéré à Saint-Jean-d’Acre, le conseil des barons décide de demander conseil à Philippe Auguste, roi de France. Gautier de Florence, évêque d’Acre, et Aymar de Lairon, seigneur de Césarée sont envoyés auprès du roi, lequel leur propose Jean de Brienne. L’Estoire d’Eraclée suggère que le roi voulait se séparer d’un chevalier dont Blanche de Castille, épouse du prince héritier, était éprise, et relate le désappointement des barons à la venue d’un seigneur ayant atteint la quarantaine, mais la suite montre que le choix du roi de France est malgré tout avisé. Il avait auparavant montré ses qualités de sagesse et de bravoure, et son impécuniosité est compensé par les dons de Philippe Auguste et du pape Innocent III qui lui donne chacun quarante mille livres tournois. Arrivé à Acre en septembre 1210, il épouse Marie de Montferrat le 14 septembre et est sacré roi avec son épouse le 3 octobre[5].
Peu avant, en septembre, la trêve négociée en 1204 entre Al-Adel et Amaury II arrive à échéance et les Templiers décident de reprendre les hostilités. Sans soutient d’une croisade, les Latins d’Orient ne peuvent pas résister aux forces musulmanes, qui viennent incendier les abords de Saint-Jean-d’Acre. Mais Jean de Brienne réussit à réfréner l’ardeur belliqueuse des Templiers et négocie une nouvelle trêve avec Al-Adel en juillet 1211 pour une durée de six ans, pendant lesquels les Templiers vont combattre pour le prince d’Antioche pour reprendre leur citadelle de Baghrâs que Saladin avait prises. De leur côté, les Hospitaliers vont prêter main forte au roi Léon II d’Arménie contre le sultanat seldjoukide de Roum. Marie de Montferrat meurt peu après avoir donné naissance à une fille Isabelle, mais les barons acceptent Jean de Brienne comme bayle du royaume, c'est-à-dire régent[6].
En Occident, le pape Innocent III commence à prêcher une cinquième croisade, dès le IVe concile de Latran, en 1215. Il meurt le 16 janvier 1216, mais son successeur Honorius III continue ses projets. Une croisade part sous la conduite du roi André II de Hongrie et du duc Léopold VI d’Autriche et débarque à Acre en septembre 1217. L’objectif choisi est une citadelle que le sultan Malik al-Adel vient de construire sur le Mont Tabor et qui contrôle la Galilée et la Samarie qui est assiégée en vain du 29 novembre au 7 décembre 1217. Il semble que les Croisés aient alors manqué de persévérance. A la tête d’un petit détachement, un prince hongrois tente ensuite de prendre le château de Shaqîf Arnûn (Beaufort) dans le Marj Ayoun, bien que le comte de Sidon lui déconseille une telle entreprise, et son armée est taillée en pièces par les montagnards. Puis l’armée hongroise retourne dans son pays en janvier 1218. De son côté, Jean de Brienne fait fortifier Césarée[7].
D’autres Croisés, venant de royaumes plus occidentaux, continuent à arriver en Terre Sainte et Jean de Brienne, qui a compris l’inutilité d’attaquer et d’assiéger directement Jérusalem, décide de s’attaquer à des ports égyptiens, Alexandrie ou Damiette, pour ensuite négocier l’échange de ce port contre Jérusalem. La flotte franque débarque devant Damiette le 29 mai 1218, réussit à forcer le passage sur le Nil le 24 août 1218. Malik al-Adil meurt le 31 août, et ses fils lui succèdent, Malik al-Kamil en Egypte et Malik al-Mu’azzam en Syrie[8].
Le 29 août 1218, Al-Mu'azzam tente de faire diversion en prenant et détruisant Césarée, mais sans succès. A la fin du mois de septembre, le légat Pélage arrive à Damiette et demande la direction de la croisade. Le 9 octobre, Al-Kamil tente une attaque du camp croisé, mais est repoussé. A la suite d'un complot, il abandonne son camp le 4 février 1219, et son armée se disperse. Prévoyant la cession de Jérusalem aux Croisés, Al-Mu'azzam entreprend en mars 1219 de démanteler les fortifications de la ville. Par deux fois, en mai et en septembre, Al-Kamil propose aux croisés la ville de Jérusalem contre la levée du siège de Damiette, mais Pélage repousse à chaque fois l'offre par fanatisme. Damiette es prise par les Croisés par le 5 novembre 1219. Jean de Brienne refuse de continuer la croisade et quitte Damiette avec son armée en mars 1220. En juillet 1221, l'armée décide de marcher sur le Caire, mais est paralysée par la crue du Nil, et doit livrer Damiette en échange de sa liberté[9]
Après l’échec de cette cinquième croisade, Jean de Brienne conclut avec Al-Kamil un trêve de sept ans. Il décide de se rendre en Italie afin de discuter avec les principaux souverains du sort des états latins d’Orient. Débarqué à Brindisi en octobre 1222, il rencontre le pape Innocent III, auquel il se plaint du comportement du légat Pélage qui a fait échouer la croisade par son intransigeance. Le pape lui donne raison, puis lui propose le mariage de la princesse héritière à l’empereur Frédéric II. Ce dernier est intéressé par le projet, qui lui permet d’ébaucher un empire méditerranéen, tandis que Jean de Brienne apprécie la possibilité de bénéficier des troupes germaniques. Philippe Auguste, à qui Jean de Brienne vient ensuite rendre visite, apprécie moins et reproche à Brienne de s’être fait manipulé. Une escadre impériale vient chercher la fiancée en août 1225, et le mariage est célébré à Brindisi le 9 novembre 1225. Le lendemain, Frédéric dépossède Jean de Brienne de la baile du royaume. Scandalisé par cette manœuvre que les négociations du mariage ne laissaient pas présager, et aussi par le viol dont Frédéric II s’est rendu coupable auprès d’une des cousines d’Isabelle, Jean de Brienne quitte définitivement le royaume de Jérusalem[10].
Soutenu par le pape Grégoire IX, il tente d’envahir le royaume de Sicile, mais est vaincu par son gendre et doit accepter la paix en août 1230[11]
Empereur latin de Constantinople
La mort de Robert de Courtenay en janvier 1228, place sur le trône un enfant de onze ans, Baudouin II de Courtenay. Les barons songent d'abord à confier la régence à Ivan Asen II, tzar des Bulgares, mais changent d'avis, craignant la puissance de ce dernier. Ils proposent ensuite la régence à Jean de Brienne, qui l'accepte, à la condition d'être associé au trône. Il est couronné empereur à son arrivée à Constantinople en 1231. L'empire latin se réduit alors à Constantinople et ses environs, et sous la triple menace de l'empire de Nicée, du despotat d'Épire et des Bulgares. En 1235, l'empereur de Nicée et le tzar bulgare assiègent Constantinople, alors qu'il n'y a que 160 chevaliers. Mais les Vénitiens, craignant la perte de leurs avantages commerciaux, lui prêtent main forte et la ville résiste. La flotte vénitienne domine sur la mer, et les assiégeants finissent par se décourager. Jean de Brienne meurt l'année suivante, le 23 mars 1237[12].
Mariages et enfants
Il épouse en 1210 (à quarante ans) Marie de Montferrat (1191 † 1212), reine de Jérusalem, fille de Conrad de Montferrat et d'Isabelle de Jérusalem, roi et reine de Jérusalem, qui donne naissance à :
- Isabelle II (1211 † 1228), reine de Jérusalem, mariée à Frédéric II, empereur germanique.
Veuf, il se remaria en 1214 avec Rita d'Arménie (ap.1195 † 1220), fille du Léon II, roi d'Arménie et d'Isabelle, qui donne naissance à :
- Jean (1216 † 1220).
De nouveau veuf, il se remarie en 1224 avec Bérengère de Léon, fille du roi Alphonse IX de León et de Bérengère de Castille. De ce troisième mariage, il eut :
- Alphonse d'Acre, comte d'Eu, (v1225 † 1270)
- Louis d'Acre, (v1225 - v 1297-1301), marié à Agnès de Beaumont, vicomte de Beaumont-au-Maine, Fresnay et Sainte-Suzanne
- Jean d'Acre, († 1296) bouteiller de France, épouse en 1251/1252 Marie de Coucy, veuve du roi Alexandre II d'Écosse dit Le Pacifique.
- Marie de Brienne (1225 † 1275), mariée en 1234 à Baudouin II de Courtenay (1218 † 1273), empereur latin de Constantinople et margrave de Namur.
Précédé par Jean de Brienne Suivi par Marie de Montferrat roi de Jérusalem avec Marie de Montferrat
1210-1225Frédéric II
et Isabelle IIRobert empereur latin de Constantinople avec Baudouin II
1229-1237Baudouin II Annexes
Bibliographie
- René Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem - III. 1188-1291 L'anarchie franque, Perrin, Paris, 1936 (réimpr. 2006), 902 p.
- René Grousset, L'Empire du Levant : Histoire de la Question d'Orient, Payot, coll. « Bibliothèque historique », Paris, 1949 (réimpr. 1979), 648 p. (ISBN 2-228-12530-X)
- M. Prévost, « Brienne (Maison de) » et « Brienne (Jean de) » dans Dictionnaire de Biographie Française, vol. 7, Paris, 1956 [détail des éditions] , col. 296-300
- Michel Teston (écrivain) De quelques poètes maudits et troubadours, ISBN 2-9509937-2-9, 2008, éd. Teston, 07530 Antraigues (France).
Articles connexes
Notes et références
- ↑ Initialement, sa date de naissance était située vers 1148 (Prévost 1956) (Grousset 1936, p. 223), mais elle a fait plus récemment l’objet d’une réévaluation à 1170 (Foundation for Medieval Genealogy).
- ↑ Prévost 1956, p. 299
- ↑ Prévost 1956, p. 296-7.
- ↑ Early Blazon : siège de Béziers.
- ↑ Grousset 1936, p. 222-4.
- ↑ Grousset 1936, p. 220-1 et 224-6.
- ↑ Grousset 1936, p. 226-236.
- ↑ Grousset 1936, p. 236-240.
- ↑ Grousset 1936, p. 240-266.
- ↑ Grousset 1936, p. 293-9
- ↑ Prévost 1956, p. 299.
- ↑ Grousset 1949, p. 464
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