Jean Marie Noël Delisle de Falcon de Saint-Geniès

Jean Marie Noël Delisle de Falcon de Saint-Geniès
Jean Marie Noël Delisle de Falcon de Saint-Geniès
Naissance 25 décembre 1776
Montauban
Décès 26 janvier 1836 (à 59 ans)
Vernou
Origine Drapeau de France France
Grade général
Hommages nom gravé sous l'Arc de triomphe de l'Étoile

Jean Marie Noël Delisle de Falcon de Saint-Geniès, général (né le 25 décembre 1776 à Montauban, mort le 26 janvier 1836 à Vernou-sur-Brenne)

Sommaire

Famille

Les parents, Jean-Jacques Delille de Falcon et Gertrude Pazine (les orthographes varient suivant les documents), "font la comédie" entre Toulouse et Montauban, avec leur fille aînée, Louise, dans une compagnie d'opéra-bouffe. En 1777, Gertrude rencontre Jean Saint-Geniès, alias Cadet Saint-Geniès, futur officier de la garde nationale, cousin d'un autre Jean Saint-Geniès, alias Aîné Saint-Geniès, futur maire jacobin de Montauban. Ces deux huguenots sont de riches négociants qui spéculent sur le cours des fournitures de la fabrication des textiles. Le garçon s'engage en 1792, peut-être à Toulouse, sous une fausse identité, Jean Saint-Geniès.

Carrière militaire

Révolution - Consulat : 22e chasseurs - Corps des Dromadaires

  • 10 août 1792: au camp sous Paris, le citoyen Saint-Geniès, 15 ans, est élu caporal par la 1ère compagnie de chasseurs à pied de la Haute-Garonne. 15 janvier 1793 : il est promu sergent. Son unité est envoyée en Vendée. On le retrouve simple cavalier, à l'état-major du 22e régiment de chasseurs à cheval, ex-chasseurs des Pyrénées (30 novembre 1793).
  • Espagne : le 8 février 1794, il est nommé brigadier. Le 18 février suivant, adjudant-sous-officier. Un autre Jean Saint-Geniès du 22e chasseurs, fils naturel de Cadet Saint-Geniès, meurt de maladie au siège de Figuéras.
  • Italie : le 22e chasseurs suit Bonaparte. Le 24 mars 1796, l'adjudant est nommé sous-lieutenant, sur recommandation du général Bertin dont il devient aide-de-camp. Rentré dans le rang après le départ de son mentor, il songe à quitter l'armée pour entrer dans l'affaire de son parâtre qui le réclame au ministre.
  • Égypte : le 22e chasseurs est aux Pyramides. Nommé lieutenant le 21 septembre, Jean-Marie Noël passe capitaine le 8 février 1800. Le 8 mai 1800, il devient aide-de-camp du général Leclerc d'Ostein. Le 23 octobre 1800, aide-de-camp du général Menou. Promu chef d'escadron le 21 mars 1801, il commande ce qui reste du corps des dromadaires. Fin juin 1801, il est fait prisonnier par les Anglais. L'année suivante, il est rapatrié avec le corps expéditionnaire.
  • Commandant à 25 ans, ancien d'Italie, "Vieil Egyptien" et "Dromadaire", ce qui nuira peu à sa carrière, Saint-Geniès est un gaillard de cinq pieds six pouces, "superbe et d'un aspect martial" (Gonneville). Pas un sabreur, un duelliste, ou un chef de bande, mais un officier de troupe, compétent et discipliné, bon tacticien, qui tient ses subordonnés d'une main de fer. Peu commode, certainement, mais l'armée d'alors est riche en caractères.

Consulat - Empire : 19e dragons

  • 1802 : affecté au 19e régiment de dragons, le chef d'escadron est enregistré sous un prénom d'emprunt, Pierre-Noël, le nom de son beau-père et une fausse date de naissance.
  • 1803: brève campagne du Hanovre. Promu major (colonel en second), le 29 octobre, il sert à l'armée des Côtes d'Océan, de 1803 à 1805. Le 4 avril 1804, le major Saint-Geniès est fait chevalier de la légion d'honneur. La même année, Pierre-Jacques Saint-Geniès, fils d'Aîné Saint-Geniès, entre au 19e dragons.
  • 1804 (2 décembre) : Saint-Geniès commande les deux escadrons détachés au Sacre. Fin janvier 1805, le major devient chef de corps.
  • Campagne contre l'Autriche (1805) : le 19e dragons se bat à Echlingen (14 octobre). Le lendemain, il est à la prise d'Ulm. 2 décembre : Austerlitz où les dragons chargent à plusieurs reprises.
  • Campagne de Prusse (1806): le régiment est à Nordhausen (17 octobre), à Lubeck (7 novembre).
  • Campagne de Pologne (1807): la belle conduite de Holland (20 janvier) vaut au 19e dragons les honneurs du 54e bulletin de la Grande Armée. A Morhungen (25 janvier), le 19e dragons est cité dans le 55e Bulletin. Le chef de corps est fait officier de la légion d'honneur (14 mai). Le régiment est à Friedland (14 juin), à Tilsit (8 et 9 juillet). Au repos à Furstenberg, le colonel croise Gonneville qui lui décochera plusieurs traits meurtriers de ses mémoires.

Espagne - Portugal : 19e dragons

  • Le 21 septembre 1808, le colonel Saint-Geniès est fait baron de l'Empire[1].
  • Première campagne du Portugal : le régiment passe la Somosierra sur les talons des chevaux-légers polonais, participe à la prise de Madrid et à la bataille de La Corogne (16 janvier 1809). Il se bat à Morentase (17 février 1809). Il passe de Saint-Jacques à Orense (Espagne) puis à Chavès (Portugal). il se bat à Vallatza. Le 12 mai 1809, combat d'Amarante. Le colonel sert à Talavera (Espagne) le 28 juillet 1809.
  • La même année, le colonel reprend ses prénoms de baptême et le nom de son père naturel. Il obtient ensuite par décret l'autorisation d'y ajouter le nom de son beau-père: Pierre-Noël Saint-Geniès devient Jean-Marie Noël Delisle de Falcon de Saint-Geniès. Pierre-Jacques Saint-Geniès est officier à la compagnie d'élite du régiment. Les aventures péninsulaires des deux Montalbanais ont inspiré, dit-on, un personnage de Sir Arthur Conan Doyle, le brigadier Gérard. Le 19e dragons participe aux combats de Peneranda (1er juin 1810) et d'Alcocer (10 juillet 1810).
  • Le 13 août 1810, le régiment s'illustre au passage du Tage (bataille d'El Puente Del Arzobispo) qui lui vaut cette appréciation du maréchal Soult: "Le colonel et tout son régiment se sont couverts de gloire: tous ces officiers se sont distingués par leur valeur et leur sang-froid; ils ont prouvé qu'ils étaient consommés dans leur arme".
  • Combats de Belmonte (13 décembre 1810). À la prise de la ville espagnole de Cuenca (avril 1811), le colonel baron de Saint-Geniès fait tant et si bien qu'il est promu général de brigade.
  • Désigné par l'empereur au commandement de la 7e brigade de cavalerie légère (11e et 12e régiment de chasseurs), il prend pour aide-de-camp Pierre-Jacques Saint-Geniès. Il laisse au régiment deux neveux, Stanislas et Augustin Senil, fils de sa sœur Louise, qui ont rejoint en Espagne.

Campagne de Russie : 7e brigade de cavalerie légère

La réserve de cavalerie de Murat explore le terrain. Entre les orages et la canicule, la vermine, le typhus, la faim, les eaux polluées, le manque de fourrage, les chevaux crèvent sous les cavaliers qui tiennent à peine en selle. La brigade est en pointe. Murat pousse sans répit. Impossible de remplacer les chevaux. L'été russe décime la Grande Armée.

  • Le 13 juillet 1812, la brigade est à Drouïa, sur la Dwina, fleuve guétable à peu près n'importe où. Le général Sébastiani, commandant la division de cavalerie légère, signale à Montbrun et à Murat plusieurs franchissements ennemis, insistant sur la précarité de sa position. Montbrun refuse des renforts d'infanterie et interdit le repli.
  • Le 15 juillet, à 5 heures du matin, le général Kulniev passe le fleuve, à la tête de 5000 fantassins et autant de cavaliers, soutenus par les cosaques qui grouillent du côté français. Les premiers à trinquer sont les 150 Polonais à bout de forces du 10e hussards. Saint-Geniès aussitôt accouru se met à la tête des 200 hommes épuisés, montés sur des rosses chancelantes, qui restent du 11e régiment de chasseurs. Cheval tué sous lui, il est capturé. Les Russes font cent prisonniers, la plupart blessés. Cent autres restent sur le carreau. Sébastiani rend compte: "Les généraux Subervie et Saint-Geniès, les colonels du 11e chasseurs et du 10e polonais se sont distingués par leur sang-froid."
  • Un aide-de-camp de Murat fait passer à Saint-Geniès sa voiture, ses domestiques et deux cent louis.
  • Pendant la campagne, Sébastiani porte le chapeau, d'autant que sa division est encore étrillée sous les murs de Moscou. La légende évolue au fil du temps. Les potins des bivouacs seront repris par les souvenirs d'officiers qui n'y étaient pas. La palme revient à Marbot qui affabule à la façon du baron de Crac.
  • Escorté jusqu'à Moscou dont le gouverneur, comte Rostopchine, l'expose à la curiosité de la foule, Saint-Geniès est envoyé à Satarov, sur la Volga, où il partage la captivité d'officiers du 16e chasseurs, du 8e hussards et du 3e chasseurs faits prisonniers bien avant lui, dont Octave de Ségur et Antoine de Marbot.

Louis XVIII - Cent-Jours - Louis XVIII

  • Rallié aux Bourbons, le général qui réclame en vain ses arriérés de solde est fait chevalier de Saint-Louis et, sur sa demande, commandeur de la légion d'honneur. Nommé commandant de la place de Maubeuge, il tente de faire valider le grade de général de division promis en Russie par Napoléon.
  • Pendant les Cent-Jours, le général intrigue auprès de Vandamme et de Davout afin de faire confirmer son grade de divisionnaire et d'obtenir un commandement. Finalement, il échoue à Carcassonne, chef d'une brigade de dragons indécis. Mousquetaire noir, Pierre-Jacques Saint-Geniès a suivi le roi à Gand. Augustin Sénil est à Waterloo dans les dragons de la garde.
  • Accusé d'avoir ameuté la place de Maubeuge contre le roi, le général, placé en non-activité et assigné à résidence, contre-attaque avec succès. Entre tant et tant, il fait un mariage très avantageux avec une Juive portugaise, épisode qui, dit-on, inspire à Balzac un personnage, le commandant Benassis. Trois enfants: François-Yvan (1817), Adolphe-Emile (1819) et Jenny (1820). Nommé inspecteur général de la cavalerie, il est accusé d'avoir participé à l'enlèvement du duc d'Enghien. La lettre de dénonciation reprend toutes les calomnies qui ont empoisonné la carrière du fils de saltimbanques. Une fois de plus, il réussit à se disculper. En 1818, il est compris comme inspecteur de cavalerie dans le cadre de l'état-major général. L'année suivante, il achète à Vernou-sur-Brenne un manoir du XVIe siècle où il installe sa famille et sa vieille maman.
  • Nommé à Digne commandant d'une subdivision militaire, il fait des pieds et des mains pour revenir en Touraine. En 1821, son épouse meurt à Vernou.
  • En 1822, il est fait vicomte héréditaire par Louis XVIII apôtre de la réconciliation qui couronne les états de service d'un bon serviteur de l'Etat. En 1823, il est nommé commandant de la subdivision du Cher. En 1824, commandant de celle de Moulins.

Charles X - Guerre d'Espagne

  • Expédition d'Espagne : le colonel baron Pierre-Jacques de Saint-Geniès commande le 8e régiment de dragons (1823)
  • Le général vicomte de Saint-Geniès est nommé au commandement de la 1ère brigade de la division d'occupation de Cadix (1827)
  • Mis en disponibilité (1828), le général devient inspecteur général de cavalerie des 2e et 3e divisions militaires (1829). Remis en disponibilité (1830), il est replacé au cadre d'activité (1831).

Louis-Philippe - Les Canuts

  • 10 août 1831 : nommé commandant du département du Rhône, Saint-Geniès est à Lyon quand éclate la révolte des Canuts. Blessé à la jambe (23 novembre), il est évacué. Avec le commandant de la place, ce sont les deux seuls blessés de ce jour-là.
  • 2 décembre 1831 : l'éclopé est fait grand officier de la légion d'honneur ; le même jour, la répression commence.
  • 31 octobre 1832 : le général est nommé à la tête d'une brigade de cavalerie et du département de la Haute-Saône.
  • 6 novembre 1832 : Saint-Geniès prend le commandement de la 2e brigade de cavalerie légère (Verdun): "Le général Saint-Geniès était constamment au milieu de ses chasseurs; et il s'occupait de sa brigade comme le meilleur colonel aurait pu faire de son régiment."
  • Remis en disponibilité, le général remonte une dernière fois en selle, commandant militaire du département de l'Oise.
  • 31 décembre 1835 : il est enfin nommé lieutenant-général (général de division).

Mort de Saint-Geniès

Malade, Saint-Geniès se retire à Vernou-sur-Brenne où il meurt, le 28 mai 1839. Le décès est déclaré en mairie par le général Pierre-Jacques baron de Saint-Geniès. Un détachement fourni par la garnison de Tours rend les honneurs.

Sépulture

La tombe du général est creusée dans le cimetière de Vernou, au lieu dit La Croix-Buisée. Un terrain est concédé à perpétuité au "Sieur de Saint-Geniès". Le fond de la vallée de la Brenne est souvent inondé. En 1874, le cimetière est transféré au sommet d'un coteau. En 2006, il ne subsiste de la tombe qu'une pierre plate, surélevée sur trois blocs de pierre de trente centimètres de haut. L'ensemble, de guingois, est entouré d'une balustrade de fer forgé rouillé. L'inscription est effacée. On devine plus qu'on ne lit: "Ici repose... Lieutenant-Général..." Le reste, trois lignes, est indéchiffrable...

Distinctions

Descendance

Le dernier vicomte de Saint-Geniès est mort sans postérité. Cependant, les deux filles d'Adolphe-Emile de L'Isle de Falcon de Saint-Geniès ont une nombreuse descendance de nos jours.

Le dernier baron de Saint-Geniès a été tué en 1944. Le titre a été repris par les enfants de sa sœur, Isabel de La Valette.

  • François-Yvan de L'Isle de Falcon de Saint-Geniès (1817-1860) : saint-cyrien (promotion "De l'Obélisque"), directeur de La Psyché.
  • Adolphe-Emile de L'Isle de Falcon de Saint-Geniès (1819-1889) : propriétaire, officier de la garde nationale, officier de la légion d'honneur et agent bonapartiste.
  • Jenny de L'Isle de Falcon de Saint-Geniès (1820-1869) qui épouse Ernst, fils de Pierre-Jacques baron de Saint-Geniès.
  • Richard de L'Isle de Falcon de Saint-Geniès (1849-1916) : saint-cyrien (promotion "De Suez"), officier de cavalerie, palmes académiques, parolier, journaliste et écrivain sous le pseudonyme de Richard O'Monroy, auteur de nouvelles fort appréciées à la Belle Epoque, ami de Courteline
  • Jehan de L'Isle de Falcon de Saint-Geniès (1888-1971) : auteur des Cartes divinatoires provençales ; en littérature et en occultisme : "Marquis de Saint-Geniès".
  • Gonzague de Saint-Geniès (1917-1944) : croix de guerre, mentioned in despatches, chef du circuit DIRECTOR du Special Operations Executive, tué en service commandé à Dole (Jura).
  • Patrice de Cambourg (1919-1942) : chevalier de la légion d'honneur, médaille militaire, croix de guerre, brigadier-chef d'artillerie coloniale, mort au combat à Bir-Hakeim.

Sources

Bibliographie sommaire

  • Aubry : Souvenirs du 12e chasseurs
  • Balzac: Le médecin de campagne
  • Bulletins de la Grande Armée
  • Conan-Doyle: Les aventures du Brigadier Gérard
  • Ducque : Journal de marche du sous-lieutenant Ducque
  • Girard : Journal de marche d'un garde d'honneur
  • Gonneville: Souvenirs militaires
  • L.G.F. : La campagne de Russie
  • Marbot : Mémoires
  • Naylies: Mémoires sur la guerre d'Espagne
  • Rossetti: Journal inédit d'un compagnon de Murat
  • Sauzey: Histoire du 19e régiment de dragons
  • Ségur: Histoire de Napoléon et de la Grande Armée pendant l'année 1812
  • Tascher: Journal de campagne d'un cousin de l'impératrice
  • Zaluski: Les chevau-légers polonais de la Garde

Notes et références

  1. Jean Tulard, Napoléon et la noblesse d'Empire, Tallandier, 2001, 4e éd. (ISBN 2-235-02302-9), p. 279 

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