Jean Lemichaud d'Arcon

Jean Lemichaud d'Arcon

Jean Le Michaud d'Arçon

Jean Le Michaud d'Arçon
Naissance 18 novembre 1733
Pontarlier
Décès 1er juillet 1800 (à 67 ans)
Belfort
Origine France France
Arme Génie
Conflits Guerre de Sept Ans

Jean Claude Eléonore Le Michaud dArçon, à Pontarlier le 18 novembre 1733 et mort à Belfort le 1er juillet 1800, est un général français de la fin de lAncien Régime et de la période révolutionnaire, spécialisé dans les fortifications.

Sommaire

Années de formation

Son père, avocat instruit, est auteur de plusieurs brochures relatives à des questions concernant la coutume de Franche-Comté. Afin dinspirer à son fils le goût de létat ecclésiastique, auquel il le destinait, il le fit pourvoir dun bénéfice ; mais dArçon eut dès son enfance une passion dominante pour les armes. Au lieu détudier le latin, il dessinait et traçait des ouvrages de fortifications. Il se servit dun moyen ingénieux pour faire connaître à ses parents lerreur dans laquelle ils étaient sur sa vocation. On venait de faire son portrait : il substitua lui-même, de sa propre main, lhabit dingénieur à celui dabbé, sous lequel il avait été peint. Le père entendit ce langage muet, abandonna ses premiers projets, et ne songea plus quà seconder ceux de son fils.

Après des études à lÉcole royale du génie de Mézières en 1754, dArçon fut reçu ingénieur ordinaire lannée suivante. Il se distingua dans la guerre de Sept Ans, et particulièrement en 1761, à la défense de Cassel. En 1774, il fut chargé de lever la carte du Jura et des Vosges. Pour accélérer cette opération, il inventa une nouvelle manière de lavis à la sèche avec un seul pinceau, beaucoup plus expéditive, et produisant plus deffet que le lavis ordinaire.

En 1774 et 1775, il se mêla de la querelle occasionnée par lopinion du comte de Guibert, sur lordre profond et sur lordre mince, et il publia deux brochures intitulées : « Correspondance sur lart militaire ». Dans ces écrits comme dans tous ceux du même auteur, on remarque une abondance didées et des traits de génie qui, malgré quelques néologismes et des incorrections, en rendent la lecture intéressante.

Laffaire de Gibraltar (1780)

Attaché à larmée du maréchal de Broglie en 1780, il chercha les moyens denlever Gibraltar aux Britanniques. Lattaque de terre étant alors regardée comme impossible, il fallait sortir des règles communes : dArçon, après quelques expériences sur la combustion, rédige un projet de « batteries insubmersibles et incombustibles », destinées à faire brèche au corps de la place du côté de la mer, en même temps que lon devait, par dautres batteries avancées sur le continent, prendre de revers tous les ouvrages que les batteries flottantes attaqueraient de front.

Leur donner une construction analogue au but quil fallait atteindre ; les revêtir dune forte cuirasse en bois ; y ménager une circulation deau entretenue par des pompes, pour les garantir du feu ; établir un équilibre parfait, au moyen dun lest capable de contrebalancer le poids de lartillerie ; couvrir ces nouvelles machines de guerre dun blindage assez fort pour résister aux bombes ; les faire revêtir dun lit de vieux câbles, dont lélasticité devait annuler la chute des projectiles ; enfin, les soutenir par des chaloupes canonnières, des vaisseaux de ligne et des bombardes, manœuvrant sur plusieurs points pour occuper les assiéger et les obliger à plusieurs diversions : telles furent les précautions adoptées par l'ingénieur.

Cinq machines à deux rangs de batteries, et cinq autres à un seul rang, formaient une artillerie de cent cinquante pièces. La cour dEspagne accueillit ce projet avec enthousiasme. Pour être plus sûr de la position de ses prames et de la justesse de ses calculs, dArçon sétait embarqué sur un esquif exposé au feu de la place, afin de sonder lui-même en avant des fronts quon devait attaquer. En conséquence de ce travail, on détermina la route quauraient à tenir les machines et leur position définitive.

Lexpédition eut lieu le 13 septembre 1782 : selon la « Biographie Universelle » (Michaud, 1843), une partie des officiers la conduisirent avec « lintention évidente de la faire échouer » ; car deux des prames ayant mis les voiles, elles furent suivies des huit autres qui se portèrent beaucoup trop en arrière, de sorte que les premières essuyèrent sans partage tout le feu de la place. Au lieu de les faire retirer pour rejoindre les autres, on apporta, pendant cette attaque, lordre de les consumer toutes les dix, sous prétexte quelles pouvaient tomber au pouvoir des Anglais. Cette mesure « réduisit le général dArçon au désespoir, et il en conserva toute sa vie un profond ressentiment ». La jalousie et le peu daccord qui régnait entre les officiers espagnols et les officiers français firent échouer ce projet ; le général George A. Eliott, gouverneur de Gibraltar, rendit à lingénieur français un témoignage appuyé. DArçon fit imprimer une justification[1] transparaît son dépit.

De la Révolution au Consulat

Toujours occupé de son art, il écrivit et publia un mémoire sur les lunettes à réduit et à feux de revers, dont lobjet est détablir une résistance imposante, quoiquà peu de frais, sur un très-petit espace isolé. Il combattit ensuite à larmée du Nord, sous les ordres de Charles François Dumouriez. Le Comité de Salut Public lemploya ensuite comme membre du Comité Militaire chargé de la direction de la guerre. Chargé, en 1793, de faire une reconnaissance au Mont Saint-Bernard, il fut dénoncé et obligé de se retirer à Saint-Germain ; mais on se souvint de ses talents, et on larracha de sa retraite pour exécuter le projet de linvasion de la Hollande. Général de division, il réussit avec le général Pichegru le siège des bastions de la forteresse de Breda[2] (janvier 1795), mais cette campagne dans un pays marécageux altéra sa santé. Nommé en février 1795 professeur de fortification à lÉcole centrale des travaux publics, il y présentait cette discipline comme une technique au carrefour de multiples sciences, et aux implications économiques et politiques profondes. Son dernier ouvrage, qui fut imprimé par ordre du gouvernement, est intitulé « Considérations militaires et politiques sur les fortifications ». Porté au Sénat par le Premier Consul, en 1799, dArçon y fut reçu par acclamation ; mais il ne jouit pas longtemps de cet honneur, et mourut le 1er juillet 1800, âgé de 67 ans. Il fut jusquà sa mort membre non résident de la section de géographie de lInstitut.

Justin Girod-Chantrans, officier du Génie, a fait imprimer une notice sur dArçon à Besançon (1801), in-12°.

Sa fille Élisabeth le Michaud d'Arcon de Vaudey, un temps dame de compagnie de limpératrice Joséphine, fut aussi la maitresse de Napoléon Ier.

Œuvres

Il édifia des forts à Pontarlier, et au Fort-Dauphin, dans le Queyras.

Les ouvrages quon a de lui sont :

  1. Réflexions dun ingénieur, en réponse à un tacticien, Amsterdam, 1773, in-12° ;
  2. Correspondance sur lart de la guerre, entre un colonel de dragons et un capitaine dinfanterie, Bouillon, 1774, deux parties, in-8° ;
  3. Défense dun systême de guerre national, ou analyse raisonnée dun ouvrage intitulé : réfutation complette du système de M. de Mesnil-Durand (1779), Amsterdam, in-8°, 283 p.
  4. Conseil de guerre privé sur lévénement de Gibraltar en 1782 (1785), in-8°
  5. Mémoires pour servir à lhistoire du siège de Gibraltar, par lauteur des batteries flottantes, Cadix, Hernill, 1783, in-8°
  6. Considérations sur linfluence du génie de Vauban dans la balance des forces de lÉtat, 1786, in-8°
  7. Examen détaillé de limportante question de lutilité des places-fortes et retranchements, Strasbourg, 1789, in-8°
  8. Réponse aux mémoires de M. de Montalembert sur la fortification dite perpendiculaire, 1790, in-8°
  9. Considérations militaires et politiques sur les fortifications (an III, 1795), impr. De la République, in-8°, Paris.

Ce dernier ouvrage, imprimé aux frais du gouvernement, est le plus important de ceux de dArçon ; il contient, pour ainsi dire, le résumé de toutes ses observations, et de tout ce quil avait écrit sur un art quil étudia toute sa vie.

Notes et références

  1. « Mémoires pour servir à lhistoire du siège de Gibraltar, par lauteur des batteries flottantes », (1783).
  2. Antoine de Jomini, Les guerres de la Révolution (1792-1797), Hachette, coll. « Pluriel », 1816 (réimpr1998), 440 p. (ISBN 2-01278-903-X), chapII, p. 113.
    Le général d'Arçon, sans ouvrir la tranchée, établit deux batteries de mortier du côté du village de Hage : après un bombardement de trois jours, et au moment les Français allaient se retirer faute de munitions, la place capitula
     .

Source

  • « Jean Le Michaud d'Arçon », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang [sous la dir. de], Dictionnaire universel dhistoire et de géographie, 1878 [détail des éditions]  (Wikisource)
  • Référence:Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes (Michaud), article "Arçon"
  • J. Girod de Chantrans - Notice sur la vie et les ouvrages du général dArçon (imprimerie de Daclin, Besançon, an IX-1801, réimpr. chez Magimel, Paris, An X-1802).
  • Jean-Marie Thiébaud et Gérard Tissot-Robbe, Elisabeth Le Michaud dArçon, maîtresse de Napoléon, Yens (Suisse), Cabédita, 2006

Voir aussi

  • Portail de l’histoire militaire Portail de lhistoire militaire
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