- Jean Hamila
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Jean Amila
Jean Meckert Autres noms John Amila ; Jean Amila ; Duret ; Albert Duvivier ; Mariodile ; Marcel Pivert. Activité(s) romancier, dialoguiste Naissance 24 novembre 1910 Décès 7 mars 1995 Genre(s) roman policier
Jean Meckert (1910-1995) est un écrivain français. Il est plus connu sous le nom de Jean Amila, son pseudonyme pour ses romans policiers dans la collection Série noire.Sommaire
Biographie
L'enfance
Né le 24 novembre 1910 dans le dixième arrondissement de Paris, Jean Meckert grandit en l'absence de son père qui a refait sa vie suite à la Grande Guerre et que sa mère fait passer pour un soldat fusillé pour l'exemple[1]. Suite à l'internement de sa mère au Vésinet, il est placé dans un orphelinat protestant à Courbevoie durant quatre ans.
À partir de 1923, il commence son apprentissage dans un atelier de réparation de moteurs électriques. Il enchaîne divers petits métiers jusqu'au déclenchement de la guerre.
L'expérience de la guerre et le début de l'écriture
Jean Meckert est mobilisé le 3 septembre 1939. Il consigne dans un cahier les déplacements de son régiment durant la drôle de guerre. Il est interné en Suisse avec 38 000 soldats français[2]. Quelques mois plus tard, libéré, il regagne Paris où il trouve un travail à la mairie du XXe arrondissement.
C'est par cette expérience de la guerre que Jean Meckert commence son travail d'écriture. Il rédige dès 1940 un roman inachevé sur la drôle de guerre, roman autobiographique où le narrateur, Augustin Marcadet, ressemble fort à Jean Meckert[3].
En 1941, Gallimard édite le premier roman de l'auteur, Les Coups, œuvre qui est saluée par André Gide et Raymond Queneau. L'année suivante, il abandonne son métier pour se consacrer à l'écriture. En 1943, il rejoint un maquis dans l'Yonne alors que Gallimard publie son second roman, L'Homme au marteau[4].
Les difficiles années d'après-guerre
Dans les années suivant la guerre, Jean Meckert continue d'écrire. Cependant, si Gallimard publie quelques-uns de ses romans (La Lucarne, Nous avons les mains rouges, La Ville de plomb), le succès n'est pas là.
Sous les pseudonymes de Duret ou de Mariodile, Meckert écrira de nombreux romans populaires entre 1944 et 1946.
En outre, il commence à écrire des romans policiers : les enquêtes du commissaire Lenormand aux éditions Raymonde Fournier sous le pseudonyme de Marcel Pivert ; les enquêtes de l'inspecteur Lentraille sous le pseudonyme d'Albert Duvivier.
La rencontre avec Marcel Duhamel : la naissance d'Amila
À la demande de Marcel Duhamel, directeur de la Série noire, Jean Meckert écrira 21 polars sous le pseudonyme de John puis de Jean Amila entre 1950 et 1985. Il consacre de nombreux romans à la Première (Le Boucher des Hurlus) et à la Seconde guerre mondiale (La Lune d'Omaha, Au balcon d'Hiroshima) où il dévoile ses convictions anarchistes et anti-militaristes.
Trois de ses romans policiers ont fait l'objet d'une adaptation pour la télévision dans la collection Série Noire initiée par Pierre Grimblat pour le compte de TF1 et de la télévision Suisse romande : Noces de souffre, Pitié pour les rats, La Lune d'Omaha.
Jean Meckert travaillera dans le cinéma comme dialoguiste pour Yves Allégret (Quand la femme s'en mêle inspiré de Sans attendre Godot), André Cayatte, Maurice Labro ou Georges Lautner (Fleur d'oseille inspiré de Langes radieux)
Derniers combats
Il publie en 1971 La Vierge ou le taureau dans lequel il dénonce l'administration coloniale française et les expérimentations nucléaires en Polynésie, suite à un voyage à Papeete l'année précédente afin de faire des repérages pour un film avec André Cayatte qui ne verra jamais le jour. Profondément antimilitariste, le livre sera retiré de la vente.
En sortant des studios de l'ORTF en 1974, Jean Meckert est agressé par des inconnus. Ce dernier affirmera qu'il s'agit d'agents secrets agissant en représailles à son livre La Vierge et le taureau. En partie amnésique, assommé par le gardénal, Meckert entame une longue période de dépression. Il réussira à se remettre à l'écriture en publiant quatre romans policiers dans la série noire dans la première moitié de la décennie quatre-vingt.
Jean Meckert décède le 7 mars 1995.
Citation
« Je suis un ouvrier qui a mal tourné... je me suis mis à raconter des histoires populistes d'abord, puis, dans ce langage qui était le mien, j'ai raconté des histoires noires. »
Hommage et postérité
Pendant de longues années, l'œuvre de Jean Meckert a sombré dans l'oubli.
Des auteurs de romans policiers reconnaissent pourtant leur filiation avec Jean Meckert. C'est le cas de Didier Daeninckx qui lui rend hommage dans Nazis dans le métro (1996) - où André Sloga, écrivain et homme libre de 78 ans, est tabassé dans un parking et, se réveillera avec un trou de mémoire - et dans 12, rue Meckert (2001). De même, Patrick Pécherot situe l'action de Tiuraï (1996) à Papeete et qui a pour objet les expérimentations nucléaires sur lesquelles enquête le journaliste Thomas Mecker, que l'on retrouve dans Terminus nuit (1999)[5].
À partir de 2005, la collection Arcanes des éditions Joëlle Losfeld réédite les romans de Jean Meckert ce qui permet de le redécouvrir.
Cependant, la majeure partie de son œuvre est indisponible, notamment ses romans policiers car peu ont été réédités dans la collection Folio policier par Gallimard.
Enfin, un prix Jean Meckert/Amila est remis depuis 2005 au Salon du livre d'expression populaire et de critique sociale d'Arras.
Œuvres
Romans
- La Marche au canon
- manuscrit non publié, 1940
- collection Arcanes, éditions Joëlle Losfeld, 2005
- Les Coups
- collection blanche, Gallimard, 1941
- collection folio poche, Gallimard, 2002
- L'Homme au marteau
- collection blanche, Gallimard, 1943
- collection Arcanes, éditions Joëlle Losfeld, 2006
- La Lucarne
- collection blanche, Gallimard, 1945
- Nous avons les mains rouges
- collection blanche, Gallimard, 1947
- Encrage, 1993
- La Ville de plomb
- collection blanche, Gallimard, 1949
- Je suis un monstre
- collection Blanche, Gallimard, 1952
- collection Arcanes, éditions Joëlle Losfeld, 2005
- Nous sommes tous des assassins
- collection blanche, Gallimard, 1952
- collection Arcanes, éditions Joëlle Losfeld, 2008
- Justice est faite
- collection blanche, Gallimard, 1954
- collection Arcanes, éditions Joëlle Losfeld, 2008
- La Vierge et le taureau
- Presses de la Cité, 1971
Enquête
- La Tragédie de Lurs
- collection blanche, Gallimard, 1954
- collection Arcanes, éditions Joëlle Losfeld, 2007
Science-fiction
- Le 9 de pique
- Rayon fantastique, Gallimard, 1956
- Néo, 1980
Romans populaires
- sous le pseudonyme d'Edouard, d'Edmond ou de Guy Duret
- Bâti sur le mensonge
- SEN, 1944.
- Un grand scandale (roman d’amour)
- SEN, 1944.
- La lutte pour l’amour, roman d’amour
- SEN, 1944.
- La cabane des dolomites
- SEN, 3e trimestre 1945
- Le feu du Sud (roman d’amour)
- collection Aphrodite, 1945.
- Le journal de Marie Laurent
- collection La rose bleue, 1945.
- Le capitaine Noir, roman de cape et d’épée
- SEN, 1945.
- La tragique confession de Miss Brampton
- collection Amours vécues n°1, SEN, 1945.
- L’éveil d’un coeur
- collection Amours vécues n°17, SEN, 2e trimestre, 1945
- La remplaçante
- collection Amours vécues n°12, SEN, 1946.
- Bompied, le criminaliste
- collection SOS police, 1944.
- La lettre fatale
- Éditions Paul Dupont, 4e trim 1945.
- Un crime à l’auberge (l’insecte maléfique)
- Éditions Paul Dupont, 1945.
- La flamme froide ou l’amour bourgeois
- Éditions Fournier, non daté
- Le réveil en campagne
- Les Éditions Fournier, non daté
- Le grand amour des demoiselles Dumesnil
- Les éditions fournier, non daté
- L’express de nuit
- Les éditions Fournier, non daté
- La grande amie
- Les éditions Fournier, non daté
- La bonne fille
- collection La rose pourpre, IFC, non daté
- Maria Christina
- collection La rose pourpre, IFC, non daté
- sous le pseudonyme de Mariodile
- Pour son enfant
- SEN, 1944
- La fille sans coeur
- SEN, 1er trimestre 1944
- Le professeur de vertu
- SEN, 1944.
- Le rendez-vous précédé de La mort entrera à minuit
- SEN, 1944.
- La délaissée
- SEN, 1944.
- Elle était trop belle
- SEN, 1944.
- Pour son enfant
- SEN, 1944.
- Camille
- Pas de mention d’éditeur, 1945
- Il m’avait pardonné
- collection Variétés n°1, SEN, 1945.
- J’ai su me taire
- collection Variétés n°3, SEN, 1945.
- Mon ami d’enfance
- collection Variétés n°4, SEN, 1945.
- Derrière le décor (roman d’amour)
- SEN, 1945.
- Je t’ai choisie
- collection La Rose bleue, SEN, 1945.
- Je m’étais trompée sur toi
- collection La Rose bleue n°2, SEN, 1945.
- Ma dernière chance
- collection La Rose bleue n°4, SEN, 1945.
- Mon plus beau rêve
- collection Amours vécues n°19, SEN, 1946.
- Fatal amour
- collection Le Carré d’as, Les éditions et revues française, 1946.
- Une femme passera
- Éditions Fournier, non daté
Polars
- Sous le pseudonyme d'Albert Duvivier
- La première enquête de l’inspecteur Lentraille
- Nouvelles Publications, 1940
- Shanghaï Express n°1 & 2, mars et avril 2006
- Sous le pseudonyme de Marcel Pivert
- Des femmes ont disparu …
- Éditions Fournier, non daté
- L'hallucinante aventure chez les incas
- Éditions Fournier, non daté
- On a volé un mort ...
- Éditions Fournier, non daté
- Le tueur inconnu
- Éditions Fournier, non daté
- L'hallucinante aventure du professeur Corbier
- Éditions Fournier, non daté
- Sous le pseudonyme de John Amila puis de Jean Amila
- Y'a pas de Bon Dieu !
- Série Noire, Gallimard, 1950
- Carré noir, Gallimard, 1972
- Motus !
- Série Noire, Gallimard, 1953
- Carré noir, Gallimard, 1974
- La Bonne Tisane
- Série Noire, Gallimard, 1955
- Série Noire, Gallimard, 1998
- Sans attendre Godot
- Série Noire, Gallimard, 1956
- Série Noire, Gallimard, 1981
- Les Loups dans la bergerie
- Série Noire, Gallimard, 1959
- Le Drakkar
- Série Noire, Gallimard, 1959
- Jusqu'à plus soif
- Série Noire, Gallimard, 1962
- Folio policier, Gallimard, 2005
- Langes radieux
- Série Noire, Gallimard, 1963
- Carré noir, Gallimard, 1984
- Pitié pour les rats
- Série Noire, Gallimard, 1964
- Série noire, Gallimard, 1997
- La Lune d'Omaha
- Série Noire, Gallimard, 1964
- Carré Noir, Gallimard, 1970
- Folio Policier, Gallimard, 2003
- Noces de soufre
- Série Noire, Gallimard, 1964
- Folio policier, Gallimard, 1999
- Les Fous de Hong-Kong
- Série Noire, Gallimard, 1969
- Le Grillon enragé
- Série Noire, Gallimard, 1970
- La Nef des dingues
- Série Noire, Gallimard, 1972
- Série noire, Gallimard, 1998
- Contest-flic
- Série Noire, Gallimard, 1972
- Carré noir, Gallimard, 1986
- Terminus Iéna
- Série Noire, Gallimard, 1973
- Carré noir, Gallimard, 1986
- À qui ai-je l'Honneur... ?
- Série Noire, Gallimard, 1974
- Carré noir, Gallimard, 1982
- Le Pigeon du Faubourg
- Série Noire, Gallimard, 1981
- Le Boucher des Hurlus
- Série Noire, Gallimard, 1982
- Folio Policier, Gallimard, 2001
- Le Chien de Montargis
- Série Noire, Gallimard, 1983
- Au Balcon d'Hiroshima
- Série Noire, Gallimard, 1985
- L'Écluse noire dans Claude Mesplède (dir.), Sous la robe erre le noir
- Éditions le Mascaret, 1989
- Éditions l'Atalante, 1995
Filmographie
- Adaptations de romans de Jean Amila
- La Bonne Tisane, film d'Hervé Bromberger, 1957
- Quand la femme s'en mêle, d'après Sans attendre Godot, film d'Yves Allégret, 1957
- Les Loups dans la bergerie, film d'Hervé Bromberger, 1959
- Jusqu'à plus soif, film de Maurice Labro, 1961
- Fleur d'oseille, d'après Langes radieux, film de Georges Lautner, 1967
- Scénarios et dialogues
- Le Captif, d'après le roman de Michel Lambesc Un homme à abattre, film de Maurice Labro, 1957
- Méfiez-vous fillettes, d'après le roman de James Hadley Chase, film d'Yves Allégret, 1957
- Le Miroir à deux faces, film d'André Cayatte, 1958
- Corrida pour un espion, d'après le roman de Claude Rank, film de Maurice Labro, 1965
- Casse-tête chinois pour le judoka!, d'après le roman de Ernie Clerk Judoka en enfer, film de Maurice Labro, 1967
- Novélisations
- Justice est faite, film d'André Cayatte et Charles Spaak, 1950
- Nous sommes tous des assassins, film d'André Cayatte et Charles Spaak, 1952
- Téléfilmographie
- Le Drakkar, téléfilm de Jacques Pierre, 1973
- Noces de soufre, téléfilm de Raymond Vouillamoz diffusé dans le cadre de l'émission "Série noire" sur TF1, 1984
- Pitié pour les rats, téléfilm de Jacques Ertaud diffusé dans le cadre de l'émission "Série noire" sur TF1, 1984
- La Lune d'Omaha, téléfilm de Jean Marboeuf diffusé dans le cadre de l'émission "Série noire" sur TF1, 1985
- Sortez des rangs, d'après Le Boucher des Hurlus, téléfilm de Jean-Denis Robert, 1996
Œuvre théâtrale
- Nous avons les mains rouges, pièce en trois actes, mise en scène de Marcel Cuvelier, théâtre Verlaine, février 1950
- Les Radis creux, comédie en trois actes, créée par France Guy au Théâtre de Poche Montparnasse, automne 1951
- L'Ange au combat, pièce radiophonique interprétée par la compagnie Barrault
- L'Alchimiste, pièce de Ben Jonson, adaptée par Jean Meckert, mise en scène de par Marcel Cuvelier au Théâtre de Poche Montparnasse, juillet 1953
- Les Coups, texte de Jean Meckert adapté par Arlette Namiand, interprété par Jean-Paul Wenzel
Bibliographie
- « Entretien avec Jean Amila », Mystère-Magazine n° 300, février 1973
- « John Amila, l'homme rouge du roman noir », Jean-Paul Schweighaeuser, l'Almanach du crime 1982
- « Entretien avec Jean Amila », Révolution n° 245, du 9 novembre 1984
- « Amila l'anar de la Série noire », entretien avec Jean-Paul Morel, Le Matin de Paris des 26 & 27 octobre 1985
- « Jean Amila, un vétéran du roman noir », Le Monde libertaire n° 684, du 3 décembre 1987
- « Le dernier des anarchistes... Jean Amila », Calibre 38 n° 2 & 3, avril 1988
- « L'Abécédaire de Jean Amila », Didier Daeninckx, Révolution n° 503, du 20 octobre 1989
- « Jean Meckert, toujours vert », Jérôme Garcin, L'Evénement du jeudi du 21 au 27 août 1994
- « Jean Amila », Polar, n°16, Éditions Rivages, 1995
- « Jean Meckert : l'inconnu du noir-express », Didier Daeninckx, La Quinzaine littéraire n° 859, du 1er au 31 août 2003 ; repris dans La Mémoire longue, textes et images, 1986-2008, Le Cherche Midi, 2008
- « Meckert canonisé », Libération du 24 mars 2005
- « Les romans du serf », Le Matricule des anges n° 63, mai 2005
- « Meckert/Amila : l'homme révolté », 813, n° 93, juin 2005.
- Article dans Dictionnaire des littératures policières (dir. Claude Mesplède)
Notes et références
- ↑ Dans la notice biographique de Jean Amila, Jean Tulard prend cette légende pour une vérité (Jean Tulard (dir.), Le dictionnaire du roman policier, 2005). Il est vrai cependant que dans ses interviews, Jean Meckert a souvent mis en exergue cette légende concernant son père.
- ↑ Jean-Pierre Azéma, De Munich à la Libération, Points Seuil, 1979.
- ↑ Ce récit sera publié en 2005 dans la collection Arcanes sous le titre La Marche au canon. Ce roman inaugure la réédition des œuvres de Jean Meckert par les éditions Joëlle Losfeld.
- ↑ Comme pour La marche au canon, le narrateur est Augustin Marcadet.
- ↑ Patrick Pécherot cite d'ailleurs Jean Meckert comme l'une de ses références sur son site internet.
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