- Jean-François Melon
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Jean-François Melon de Pradou (1675 à Tulle ~ 24 janvier 1738 à Paris) est un économiste français.
Biographie
Melon fut secrétaire particulier de John Law - et celui du Régent - dont il critiqua le système par conviction mercantiliste. Il fit l'apologie du luxe, ce qui lui valut l'approbation de Voltaire. Il est considéré comme un précurseur des Physiocrates.
II est issu d'une famille de robe et se destine au barreau, en sorte qu'il s'établit d'abord à Bordeaux en qualité d'avocat. Mais s'étant lié avec des savants et des hommes de lettres, il change de détermination et ne s'occupe plus que de littérature et de questions économiques. Il fonde en 1715 une petite académie, dont le duc de La Force qu'il connaissait, se déclare protecteur, et où il remplit lui-même les fonctions de secrétaire perpétuel. Mais deux ou trois ans après, il est appelé de Paris par ce même duc de La Force, qui fait partie du conseil des finances institué après la mort de Louis XIV. Lorsque ce conseil cesse d'exister, Melon passe dans les bureaux du Contrôleur Général d'Argenson, qui le nomme plus tard inspecteur général des fermes à Bordeaux; mais il quitte ce poste pour venir travailler à Paris sous les ordres de l'abbé Dubois, ministre des affaires étrangères puis il résigne ses fonctions nouvelles, et devient le secrétaire de Law, jusqu'à la chute du système en 1720. Alors Melon passe en la même qualité au service du régent, et y demeure jusqu'à la mort de ce dernier, époque à laquelle il revient à la vie privée. Il ne paraît pas que Melon ait rien écrit jusque-là. Son premier ouvrage est une histoire allégorique de la régence, qui offre peu d'intérêt. Cinq ans après, en 1734, il publie son Essai Politique sur le Commerce, qui obtient du succès et fait sa réputation.
Melon écrit avant les physiocrates, qui ne commencent à briller que vingt ans plus tard, avant Adam Smith, qui est alors encore enfant. Il semble avoir été le premier théoricien en France du système mercantile, et aussi du système protecteur ; mais, comme le fait observer Eugène Daire (voir plus loin), « si l'on veut bien lire avec attention son chapitre : De la liberté du commerce, on voit qu’il était loin d’entendre le régime prohibitif de la manière dont nous le pratiquons actuellement. À ses yeux, l'intérêt du consommateur passe toujours avant celui d’une classe quelconque de producteurs, et s'il ne pousse pas, en fait, l'existence de certains privilèges ou de certains monopoles, c'est seulement parce que, trompé par une science incomplète, il suppose que ces institutions doivent tourner au profit de l'État...
Melon a écrit un étrange chapitre sur l'esclavage, et il se demande si la substitution de l'esclavage a la domesticité ne serait pas une mesure à prendre dans l'intérêt du travail, des bonnes mœurs et de l'État. À ce sujet, Eugène Daire, que nous venons de citer, s'étonne que Voltaire, qui crut devoir à son titre de représentant de la littérature française de protester contre les négligences de style de l'auteur, ait laissé passer sans la plus légère observation un chapitre qui était une atteinte flagrante à la dignité humaine. Mais il n'est peut-être pas difficile de s'expliquer cette anomalie : Voltaire a du plutôt parcourir que lire l'ouvrage de Melon, et ce chapitre lui a échappé.
À part cette énormité, et toutes réserves faites à l'égard des conséquences des erreurs économiques qu'il professe, on peut dire que les vues de Melon, prises dans leur ensemble, sont celles d'un homme de bien. Il attaque les abus avec fermeté et modération en même temps, il contribue beaucoup à fixer l'attention du public sur des matières peu discutées avant lui, et à y répandre de grandes lumières, même lorsqu'il n'avait pas la vérité complète pour lui. Son livre inspira notamment celui de Nicolas Dutot (Réflexions politiques sur les finances et le commerce) qui, par une réfutation très solide, le combattit victorieusement et fit avancer la science sur les questions de monnaie et de crédit public.
Bibliographie
- Tiré du Dictionnaire d’économie politique de Charles Coquelin, Éd. Guillaumin , 1864, p. 152-153
- Bouzinac, J., Jean-François Melon, économiste, Toulouse, 1906; New York, 1970.
- Duffrenoy, Marie-Louise, L'idée de progrès et la recherche de la matière d'Orient: Jean François Melon et les sciences économiques, Paris, 1964.
- Megnet, Franz, Jean-François Melon (1675 bis 1738). Ein origineller Vertreter der vorphysiokratischen Ökonomen Frankreichs, Zurich, 1955.
- Rebière, Alphonse, Jean-François Melon: l'économiste, Tulle, 1896.
Œuvres
- Essai politique sur le commerce, 1734
- Mahmoud le Gasnévide, 1729
Catégories :- Tulle
- Économiste français
- Naissance en 1675
- Naissance à Tulle
- Décès en 1738
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