- Jardin de Bomarzo
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Jardins de Bomarzo
Les Jardins de Bomarzo appelés aussi Parc des monstres (Parco dei Mostri en italien) est un complexe monumental situé dans la commune de Bomarzo dans la province de Viterbe au nord du Latium en Italie
Les Jardins de Bomarzo sont les jardins les plus extraordinaires et extravagants de la Renaissance italienne. Ils se composent d’un parc boisé, situé au fond d’une vallée dominée par le château des Orsini, et peuplée de sculptures grotesques et de petits bâtiments répartis au milieu de la végétation naturelle.
Aussi bien l’histoire de la création des jardins que l’interprétation des sculptures et des textes gravés, ici et là dans le parc, sont aujourd’hui encore sujettes à controverses entre les historiens.Sommaire
Création des jardins
Il est communément admis que le parc a été construit par Pier Francesco Orsini dit Vicino Orsini (1528–1570[1], ou 1574[2], ou 1588[3]) qui en aurait démarré la réalisation vers 1550. Certains historiens estiment toutefois que son père Giancorrado Orsini, condottiere et seigneur de Bomarzo, aurait pu commencer à réaliser les jardins plus tôt.
Vicino Orsini était un condottiere qui participa à de nombreuses campagnes en Italie, en Allemagne et en France. Il fut fait prisonnier en 1556 et arrêta sa carrière militaire à sa libération en 1557. Il était également un homme cultivé qui entretenait des relations suivies avec les intellectuels de son temps. En 1554, il épousa Guilia Farnèse (morte en 1560), fille de Galeazzo Farnèse. Giulia était une nièce de l’autre Giulia Farnèse qui fut maîtresse du pape Alexandre VI.
Il est probable que les jardins furent construits en trois étapes :
- 1548 à 1552, le théâtre et ses marches concaves-convexes ; les fontaines et les jeux d'eau,
- 1552 à 1564, le lac artificiel, la fontaine de Pégase, la fontaine navire et le bassin à poissons,
- 1564 à 1580, les vases monumentaux posés sur le plateau supérieur, la place de Perséphone et le Temple
Les jardins ont été probablement dessinés par l'architecte Pirro Ligorio (~1510 - 1583), l’un des plus grands architectes-jardiniers de son temps, qui réalisa également les jardins de la Villa d'Este à Tivoli. Le Temple, érigé en souvenir de Giulia, fut quant à lui probablement construit par Vignole (1507–1573) après la mort de celle-ci.
La première mention des jardins apparaît dans une lettre du poète Annibal Caro en 1564. Leur nom était alors Bosco Sacro (bois sacré) et le restera jusqu’au XXe siècle où ils prendront le nom de Parco dei Mostri (parc des monstres). Un nom très proche, Bosco dei Mostri, été utilisé dès leur création avec le sens de mostare qui signifie démontrer. Les jardins furent abandonnée au cours des siècles suivants et ne furent vraiment redécouverts qu’au XXe siècle.
La famille Bettini les racheta en 1870 et en 1954 Giovani Bettini et son épouse Tina Severi entreprirent le déblaiement et le restauration des jardins avec, dès l’origine, l’aide de l’Institut d’Histoire et d'Architecture de Rome et, plus tard, des chercheurs de l’Académie de France à Rome.Description des jardins
Par un chemin à travers un verger, le visiteur arrive à l’entrée, surmontée de l’emblème des Orsini, et est accueilli par deux sphinx puis par un petit ruisseau, appelé Fosso della Concia.
La trentaine de sculptures et de bâtiments, comprise dans une zone de 2 km² au nord-est du ruisseau, est taillée dans une roche volcanique grise/marron, le pépérin
Les principales sculptures
- Deux Sphinx
- Pégase le cheval ailé sur une fontaine
- Deux sirènes à queue bifide, probablement Proserpine, épouse de Vulcain
- Un orque avec la gueule ouverte
- Un cachalot
- Un ours, emblème des Orsini (Ursinus)
- Un dragon attaqué par un chien, un loup ou un lion
- Protée avec les armes des Orsini
- Un éléphant d’Hannibal attrapant un légionnaire romain
- la tête d'un ogre ('Orco) sur la lèvre supérieure duquel est inscrit « Toute pensée s'efface » (Ogni pensiero volà) qui suggère la Porte des enfers de Dante dans sa bouche ouverte monumentale qui permet aux visiteurs d'y entrer
- Cerbère, le chien à trois têtes qui garde la porte des enfers
- Une tortue portant une femme ailée
- Un petit théâtre de la Nature
- Hercule combattant Caccus[4]
- Une fontaine dite de Pégase
- Un triton dans une niche
- Deux Cérès, assise et debout
- Une femme endormie
- Aphrodite
- Des fruits géants, des pommes de pin, des vasques...
Hercule et Caccus
La maison penchée
Les deux bâtiments
- La Maison penchée : dédiée au cardinal Madruzzo qui était un ami de Vicino Orsini et de sa femme.
- Le Temple de l'Éternité : mémorial à Giulia Farnese, est situé au sommet du jardin, c’est un bâtiment octogonal d’un mélange de style classique, renaissance et étrusque. Il abrite aujourd’hui les sépultures de Giovanni Bettini et Tina Severi, restaurateurs des jardins.
Les inscriptions
De nombreuses inscriptions sont gravées sur les socles des statues, sur des plaques ou sur des pans de mur. Elles sont souvent difficiles à interpréter.
Sur la panca étrusque : Voi che pel mondo gite erando vaghi / Di veder maraviglie alte e stupende / Venite qua, dove son faccie horrende / Elefanti leoni orsi orchi et draghi - « Vous qui allez errants par le monde / Pour contempler de hautes et stupéfiantes merveilles, / Venez ici ! Vous y trouverez des faces terribles / Éléphants, lions, ours, orques et dragons. »
Sol per sfogare il Core - « Juste pour libérer le cœur. »
Ogni Pensiero Vola - Chaque pensée vole.
Notte et Giorno noi siam vigili et pronte Aguardar dogni inguiria questa fonte - « Nuit et jour nous sommes vigilants, prêts à protéger cette source. »
Tu ch'entri qua con mente parte a parte et dimmi poi se tante meraviglie sien fatte per inganno o pur per arte.
Symbolisme et interprétation
Les jardins présentent un ensemble de thèmes de la mythologie grecque et de la Renaissance.
Différentes scènes peuvent évoquer des épisodes d’œuvres baroques telles que le Songe de Poliphile de Francesco Colonna, ou le poème Floridant de Bernardo Tasso ou encore le Roland furieux de L'Arioste.De nombreuses interprétations ont été tentées, tant des statues que du parcours lui même, depuis la redécouverte des jardins au XXe siècle sans toutefois permettre d'arriver à un consensus entre les différents historiens et auteurs.
Les Jardins de Bomarzo dans les arts
Les jardins de même que la vie de Vicino Orsini ont inspiré de nombreux artistes modernes :
- Salvador Dali semble avoir été un des premiers visiteurs du parc dès 1938. Il reprit certains des motifs des jardins dans son tableau La tentation de saint Antoine (1946).
- André Pieyre de Mandiargues décrit le jardin dans un essai, Les monstres de Bomarzo, dans son livre le Belvédère.
- Hella Haasse a publié un essai sur l'histoire des jardins, Les jardins de Bomarzo (1968 ed. néerlandaise)).
- Mario Praz a écrit des articles sur les jardins, I mostri di Bomarzo (1949), Il giardino dei sensi 1975.
- Brassaï a pris de nombreuses photos des jardins, The mammoth figures of Bomarzo (Harper's Bazaar, janvier 1953).
- Carel Willink (peintre hollandais) a utilisé dans ses peintures des motifs du jardin.
- Michelangelo Antonioni a tourné un documentaire sur les jardins La Villa dei Monstri (1950).
- Manuel Mujica Lainez (romancier argentin) a publié un roman basé sur la vie de Vicino Orsini, Bomarzo (1962).
- Alberto Ginastera a écrit une cantate Cantata Bomarzo et un opéra Bomarzo, créé à Washington en 1967 après que cet opéra a été interdit de création à Buenos Aires par le gouvernement argentin pour atteinte aux bonnes mœurs.
- Niki de Saint Phalle y a trouvé l'inspiration pour son Jardin des Tarots construit à Garavicchio en Toscane.
Références
- Hella Haase, Les jardins de Bomarzo, Seuil, Paris 2000
- Jessie Sheeler, Le Jardin de Bomarzo - Une énigme de la Renaissance, Actes Sud, Arles 2007
Notes
- ↑ Hella Haasse – Les jardins de Bomarzo
- ↑ Encyclopédie Encarta en Français
- ↑ Autres Wikipédia italiens et allemands
- ↑ Notice officielle du parc
Voir aussi
Bibliographie
- « Le Bois sacré, Bomarzo » in Caroline Holmes, Folies et fantaisies architecturales d'Europe (photographies de Nic Barlow, introduction de Tim Knox, traduit de l'anglais par Odile Menegaux), Citadelles & Mazenod, Paris, 2008, p. 22-27 (ISBN 978-2-85088-261-6)
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