- Jacques Cujas
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Jacques Cujas (ou Cujaus) dit Cujas, jurisconsulte français né à Toulouse en 1522 selon Berriat-Saint-Prix ou en 1520 selon Bernardi[1], et mort à Bourges le 4 octobre 1590, est l'un des principaux représentants du courant dit de l'humanisme juridique.Sommaire
Biographie
Issu d'un milieu modeste de Toulouse, Cujas suit les leçons d'Arnaud du Ferrier dans sa ville natale. Il donne entre 1547 et 1554 dans cette même faculté un cours introductif sur les Institutes de Justinien – manuel introductif au Code justinien. N’obtenant pas une chaire définitive dans cette faculté, il va quitter la faculté de droit de Toulouse pour aller enseigner à Cahors (1554-1555), à Bourges (1555-1557) qu’il va quitter pour cause de mésententes avec d’autres professeurs puis à Valence (1557-1559). Il retourne ensuite à Bourges (1559-1566) mais quitte à nouveau cette université pour celle de Turin (1566-1567) puis celle de Valence (1567-1575). À partir de 1575, il finit par retourner à Bourges où il y demeurera définitivement jusqu’à sa mort en 1590. Professeur de droit et jurisconsulte, Cujas se confond avec la tradition humaniste de « l’école de Bourges. »
Apports doctrinaux
Cujas est souvent considéré comme le plus grand humaniste parmi les juristes français. Il est en effet le maître en France de l’école historique et humaniste et notamment du courant humaniste historiciste.
Ce courant est le plus ancien et le plus important chez les juristes. Il est caractérisé par une vision du droit, spécialement du droit romain, profondément marqué d’une idée d’évolution, la succession des époques par des phases profondes et distinctes. Pour cette école, l’Antiquité est facteur de progrès, le droit romain est un exemple de droit à suivre, elle s’attache donc à ramener les lois romaines dans la réalité de l’évolution historique.
La grande œuvre de Cujas a été la reconstruction du Corpus Iuris de Justinien. Le Corpus Iuris Civilis est plus connu sous la traduction des Compilations Justiniennes. Créé sous l’égide de l’empereur Justinien qui souhaitait par cet intermédiaire disposer d'un corpus de droit utile à son empire et fidèle à la tradition romaine.
Ce corpus est composé de quatre éléments :
- le Codex Iustiniani, un recueil des compilations impériales,
- le Digeste, recueil de citations de juristes romains de l'Empire romain et de la République,
- les Institutes, destinés notamment aux étudiants, ils permettaient l'apprentissage du droit romain,
- les Novelles, recueil des nouvelles Constitutions de Justinien Ier.
Pour reconstruire ce Corpus Iuris, Cujas procédait par étapes successives.
Il opérait tout d'abord une reconstitution des textes grecs du Corpus Iuris Civilis, puis il procédait à l'utilisation des Basiliques (version byzantine du Digeste) pour la critique textuelle, en d’autres termes utiliser les Basiliques pour reconstituer le Corpus iuris civilis. Enfin, il ajoutait une perspective culturelle et historique au droit romain, ainsi il essayait de coller au mieux à la réalité de l'époque.
Il a donné un grand nombre de références qui peuvent encore aujourd’hui enrichir nos études en droit romain, par son approche du droit romain et ses commentaires des Compilations Justiniennes, il a permis un regain d’intérêt pour le droit romain. De sorte que ce dernier influence le droit positif et ce jusqu’à nos jours.
Malgré la richesse de son œuvre et ses nombreux apports afin d’aborder au mieux le droit romain et notamment le Corpus Iuris, l’œuvre de Cujas est désormais en péril comme en témoigne le fait que la dernière étude sur Cujas remonte au XIXème siècle.
Sa vie a été écrite par Scévole de Sainte-Marthe, Papire Masson et Berriat-Saint-Prix. Toulouse lui a érigé une statue en 1850. Une maison d'édition juridique porte son nom (éditions Cujas). Une rue à Paris porte également son nom (dans le 5e arrondissement, près du Panthéon) ainsi que la célèbre bibliothèque universitaire de droit qui s'y trouve.
Il a eu pour élèves, entre autres, Jacques-Auguste de Thou, Joseph Juste Scaliger, Antoine Loysel, Paul de Foix, Pierre Pithou, Guy de Pibrac, Raoul Adrien et Étienne Pasquier. Ce dernier aurait dit au sujet de son maître : « Le grand Cujas n'a et n'aura par aventure jamais son pareil[2] ».
Œuvres
Les œuvres de Cujas sont essentiellement composées de commentaires sur le Corpus Iuris :
- Tractatus ad Africanum, 2 parties 1570 et 1573
- Recitationes solemnes, cours de Cujas, (publication posthume)
- Paratitla au Digeste
- Notae in Ulpiani titulos XXIX (1554)
- Pauli Sententiae (1558)
- Consultatio cuiusdam veteris jurisconsulti (1577)
Son œuvre principale est Observationes et emendationes (1556-1595), la particularité de cet ouvrage est qu’il s’agit de nombreuses publications en parties successives, ajoutées les unes après les autres.
Notes
- André-Marie-Jean-Jacques Dupin, Opuscules de jurisprudence, Paris, Auguste Durand, 1851, p. 645 (lien)
- Cité dans Guérin, Paul, Dictionnaire des dictionnaires, 1884, article « Cujas, Jacques », p. 563
Voir aussi
Bibliographie
Articles connexes
Catégories :- Jurisconsulte français
- Personnalité de Toulouse
- Avocat français du XVIe siècle
- Naissance en 1520
- Naissance à Toulouse
- Décès en 1590
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