Jacques Bachot

Jacques Bachot

Jacques Bachot est un sculpteur français du gothique tardif, qui fut actif en Champagne et en Lorraine entre 1493 et 1526.

Sommaire

Biographie

La présence de l'artiste est attestée à Troyes – qui était la capitale de la Champagne et l'un des hauts lieux de la sculpture de la fin du Moyen Âge au début de la Renaissance – à partir de 1493. En 1495 Henri de Lorraine-Vaudémont († 1505), évêque de Metz, le fait venir à Joinville dont le château est la propriété de sa famille depuis des siècles. Il lui confie la réalisation de deux tombeaux destinés à la collégiale Saint Laurent qui avait été érigée dans l'enceinte du château en 1163, à l'initiative de son ancêtre le sénéchal de Champagne Geoffroy III de Joinville, et dans laquelle reposent ses aïeux et d'autres membres de sa famille. Jacques Bachot retourne à Troyes vers 1504-1505. En 1515 il est élu représentant de la corporation qui réunit les sculpteurs, mais aussi les imprimeurs, les enlumineurs, les peintres, les peintres sur verre et les brodeurs sur soie. Après 1515, il est avéré qu'il séjourne près de Nancy, à Saint-Nicolas-de-Port, où il réalise des travaux à l'église – consacrée basilique de Saint-Nicolas-de-Port en 1950 – dont la construction n'était pas encore achevée. Celle-ci avait été ordonnée par le duc de Lorraine René II († 1508), neveu de l’évêque de Nancy, en témoignage de reconnaissance envers le saint patron de la Lorraine pour sa victoire sur Charles le Téméraire lors de la bataille de Nancy (1477). Au plus tard en 1524-1525, Jacques Bachot réside à nouveau à Troyes, où une rue porte son nom aujourd’hui.

Des hypothèses ont été émises quant à la possibilité d’un lien entre Jacques Bachot et le Maître de Chaource, également connu sous le nom de « Maître de la Sainte Marthe », dont la présence en Champagne est avérée. S’agirait-il d’une seule et même personne[1] ? Le débat reste ouvert.

Pour le moment on ne dispose pas non plus d'éléments décisifs permettant de conclure à une éventuelle parenté entre Jacques Bachot et deux autres sculpteurs portant le même patronyme, actifs à Troyes à la même époque, Marc Bachot (entre 1517 et 1540) et Yvon Bachot (d'origine flamande, entre 1524 et 1534). Cependant certains commentateurs[2] pensent qu'il pourrait s'agir de ses fils.

Œuvre

La diversité des activités de Jacques Bachot, le fait que les membres de sa corporation le choisirent comme représentant, sans parler du haut rang de son commanditaire et du salaire élevé dont il bénéficiait selon les factures de la Bauhütte[3], permettent de voir en lui l’un des plus importants des derniers sculpteurs gothiques champenois. Cependant on ne peut aujourd’hui étudier son œuvre qu’à travers des sources secondaires et aucune de ses sculptures n’a pu être identifiée avec certitude.

La Belle-Croix

En 1493 Jacques Bachot est cité au nombre des sculpteurs qui ont participé en 1484 à la réalisation d'une croix monumentale en bronze doré, d'une hauteur de 11 m et pesant environ 4 tonnes[4]. Commanditée par l'échevinage, elle fut érigée en 1495 sur la place de l'actuel hôtel de ville de Troyes. La conception d'ensemble de cette œuvre collective est attribuée à Henri le Sarrurier. Outre Bachot, on sait grâce à un croquis[5] que les sculpteurs Nicolas Halins et Nicolas II Cordonnier, ainsi que les peintres Jacquet Cordonnier, Guillaume Passot, Jean Copain et Pierre Camus y participèrent également.

Le monument comportait un socle décoré de neuf petits prophètes, supportant un groupe de sculptures représentant Marie, Jean et Marie-Madeleine. Un grand crucifix de bronze doré surmonté d'un baldaquin s'élevait au milieu de cet ensemble. Jacques Bachot et Nicolas II Cordonnier fabriquèrent les modèles en fonte pour les parties décoratives du baldaquin.

En 1793, pendant la Révolution française, l'œuvre fut renversée, puis fondue[6].

Tombeau de Henri de Lorraine

Bachot conçut et réalisa le tombeau destiné à son commanditaire, Henri de Lorraine-Vaudémont, ainsi que celui décrit ci-après, au cours de son premier séjour en Lorraine (1495–1504). Ce premier tombeau se composait d'une grande châsse en marbre décorée de figures de saints et d'un portrait sculpté en bronze réalisé par Henri Costerel, probablement d'après un dessin de Jacques Bachot.

Le tombeau se trouvait dans la collégiale Saint Laurent et fut démoli pendant la Révolution française, lorsque les douze membres du Comité révolutionnaire de Joinville chargèrent une escouade de sans-culottes de piller et de démanteler le château de Philippe Égalité, duc d’Orléans et prince de Joinville, après l'exécution de celui-ci le 6 novembre 1793, afin de s'approprier ses biens.

Tombeau de Ferry II de Vaudémont et de son épouse

Pendant la même période, l'évêque de Metz Henri de Lorraine confia aussi à Bachot la réalisation du tombeau de son défunt frère Ferry II de Vaudémont († 1470), seigneur de Joinville, et de sa femme, Yolande d'Anjou († 1476). Également doté d'un socle sculpté, ce monument, contrairement à celui de l'évêque, ne comportait pas de statue en bronze, mais les effigies en marbre des disparus, couchées sur une dalle plate. Comme la précédente, cette œuvre fut à son tour victime de la furie destructrice des Révolutionnaires.

Statues de saints

On sait que Bachot réalisa un certain nombre de statues de la Vierge et de saints – aujourd’hui disparues – grâce aux recherches et aux publications du peintre Anne-François Arnaud (1787-1846). Arnaud fut professeur, puis directeur à l’École de dessin de Troyes et par la suite Inspecteur des Monuments historiques. Marqué dans son enfance par les événements de la Révolution, il entreprit un inventaire de grande envergure en compagnie de ses élèves : il s’agissait de recenser à Troyes et dans les environs les œuvres d’art existantes et de rechercher les œuvres disparues.

De fait, les statues de saints ci-dessous, attribuées avec certitude à Bachot, n’ont pu être localisées à ce jour :

  • Statue de Saint Pierre (1505), pour la cathédrale de Troyes ;
  • Statue de la Vierge Marie (après 1504-05), pour l'église Saint-Pantaléon à Troyes ;
  • Groupe sculpté de Notre-Dame avec deux anges[7] (1506-07), pour l'église Saint-Jean à Troyes ;
  • Statue de la Vierge Marie (vers 1524-25), pour l'église Saint-Nicolas à Troyes.

Bibliographie

  • Anne-François Arnaud, Antiquités de la ville de Troyes et vues pittoresques de ses environs avec des descriptions historiques, Troyes, 1823
  • Anne-François Arnaud, « Notice sur les sculptures, tableaux et objets d'art qui existent dans les églises de la ville de Troyes », Annuaire de l'Aube IX, 1834, p. 211-220
  • Heinz-Hermann Arnhold, La sculpture à Troyes et dans le sud de Champagne entre 1480 et 1540 : style critique observations au maître de Chaource et de son périmètre, thèse de doctorat, Fribourg-en-Brisgau, en septembre 1992, Albert-Ludwigs-Universität (pdf en ligne)
  • Jacques Baudoin, La sculpture flamboyante en Champagne-Lorraine, 1991, Nonette
  • Émile Gavelle, Le tombeau des Poneher et Jacques Bachot, Impr. Daniel, Lille, 1923, 30 p.
  • Nathalis Rondot: « Les sculpteurs de Troyes au XIVe et au XVe siècle », in Revue de l'art français, 3e série, III, 1887
  • Émile Socard, Biographie des personnages de Troyes et du département de l'Aube, L. Lacroix, 1882, p. 20

Voir aussi

Notes et références

  1. C'est la thèse défendue par Jacques Baudoin (« L'atelier de Jacques Bachot, dit le Maître de Chaource », in La sculpture flamboyante en Champagne-Lorraine, 1991, p. 133-136). Une thèse allemande légèrement postérieure fait référence à cette possibilité, mais ne tranche pas (Heinz-Hermann Arnhold, Die Skulpturen in Troyes und in der südlichen Champagne zwischen 1480 und 1540: stilkritische Beobachtungen zum Meister von Chaource und seinem Umkreis, Albert-Ludwigs-Universität, Fribourg-en-Brigsau, septembre 1992) [1]
  2. Jacques Baudoin, op. cit., p. 134
  3. Voir article « Bauhütte » sur Wikipédia en allemand
  4. Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4, Croix, en fin d'article. http://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_raisonn%C3%A9_de_l%E2%80%99architecture_fran%C3%A7aise_du_XIe_au_XVIe_si%C3%A8cle_-_Tome_4,_Croix
  5. Voir Arnaud, 1823, fig. 11, et Arnhold, p. 83-84
  6. Voir Arnaud, 1823, et Arnold, p. 10
  7. Nathalis Rondot a corrompu la source en transcrivant entre parenthèses "de pitié" qui n'existe pas dans la source manuscrite

Sources

(de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article en allemand intitulé « Jacques Bachot » (voir la liste des auteurs)


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