- Interprétation des rêves selon Freud et la psychanalyse
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Interprétation des rêves selon Freud et la psychanalyse
Pour Sigmund Freud et selon le principe du déterminisme psychique, le rêve, loin d'être un phénomène absurde ou magique, possède un sens : il est l'accomplissement d'un désir. Il a pour fonction de satisfaire le rêveur, afin que celui-ci ne se réveille pas. Cette fonction du rêve constitue en fait une mine de renseignements quant aux désirs du rêveur.
Plus précisément, le rêve est l'accomplissement d'un désir inconscient. Son sens doit être interprété, car les désirs ne sont pas représentés tels quels, car en même temps est mis en œuvre la formation réactionnelle s'opposant à cette réalisation du désir. Il faut dégager le contenu manifeste du rêve de la déformation qu'il a subie. Le rêve se présente alors comme un précieux moyen de connaître la névrose. Freud écrira cependant, en 1911, dans la préface à la troisième édition de Die Traumdeutung, que la connaissance de la névrose est également un moyen d'en savoir plus à propos des rêves.
Sommaire
Le livre L'interprétation des rêves
L'ouvrage fondamental L'interprétation des rêves de Sigmund Freud écrit en 1899 marque une date importante dans l'histoire de la psychanalyse. Pour la première fois est tentée une approche scientifique du rêve. D'une part il s'agit d'un moment de systématisation de la théorie analytique, qui deviendra la métapsychologie, et d'autre part ce fut un livre qui fit connaitre la psychanalyse, non pas sans faire émerger moultes critiques.
Freud écrira en 1921 que si ce livre avait jadis pour rôle d'informer, « il lui faut maintenant remédier, avec tout autant de soins, à l'incompréhension têtue que rencontre cette information ».
Liste indicative des chapitres du livre
- La littérature scientifique concernant les problèmes du rêve.
- La méthode d'interprétation des rêves. analyse d'un exemple de rêve.
- Le rêve est un accomplissement de désir.
- La déformation dans le rêve.
- Le matériel et les sources du rêve.
- Le travail du rêve.
- Psychologie des processus du rêve.
Méthode d'interprétation
Freud propose l'une des premières descriptions de la méthode propre à l'interprétation analytique. De fait, il décrit la règle de l'association libre qui restera, encore aujourd'hui, l'un des piliers essentiels de la pratique psychanalytique. Freud prend appui pour indiquer ce qu'est la technique de l'interprétation[1] plusieurs de ses propres rêves : Le rêve de l'injection faite à Irma[2], est le plus essentiel, celui qui lui sert de référence, mais il y en a d'autres encore, tous plus beaux les uns que les autres. Par exemple Le rêve du Conte de Thun[3], qui rend compte de l'érotisme uréthral de Freud ainsi d'ailleurs que le rêve dit du W.C de campagne[4]. Si Freud nous indique qu'il a avant tout choisi ses propres rêves, c'est parce que choisir d'autres rêves de névrosés aurait nécessité d'autres détours théoriques pour rendre compte des liens du rêve avec les symptômes. Mais il n'empêche qu'il en rapporte quelques uns, celui par exemple d'une jeune femme agoraphobique, qui dans son rêve, s'était fabriqué un chapeau avec les organes génitaux de son mari, et pour se protéger de son désir de se laisser séduire par de beaux militaires[5].
Le rêve ne révèle pas l'avenir : il ne s'agit pas d'un présage sur lequel le rêveur pourrait s'appuyer. Au contraire, le rêve révèle, justement, le passé, celui du rêveur. Le désir inconscient correspond à la sexualité infantile, énigme dont le névrosé ne comprend plus les éléments, qu'il refuse de concevoir, ces représentations inconscientes étant inconciliables avec les exigences de la conscience.
Accomplissement de désir et déformation
Le rêve comme le rêveur le raconte est appelé le contenu manifeste. Il accomplit un désir refoulé. L'interprétation a pour but de déceler ce contenu latent.
L'idée du rêve comme un symptôme, à la fois réalisant un désir et s'en défendant, décrit tout à fait la base de la psychopathologie propre à la psychanalyse. Le symptôme y est étudié comme formation de compromis.
Freud décrit le rêve comme une précieuse source d'information quant à la névrose. Cependant, la technique de l'association libre, amènera les psychanalystes à formuler de nombreuses théories qui en retour enrichiront leur compréhension du rêve.
Freud, par exemple, note en 1911 qu'au moment de la parution de Die traumdeutung il n'y avait pas encore de théorie de la sexualité - les essais sur la théorie sexuelle étant parus en 1905. Si Freud étudie déjà un matériel inconscient donc infantile, il n'a pas encore développé sa théorie de la psychosexualité infantile.
Le symbolisme sera largement retravaillé par la suite, Freud donne des équivalences : par exemple un chapeau peut représenter les organes génitaux mâles, ou un enfant peut symboliser le phallus. Cette dernière équivalence inconsciente sera d'ailleurs largement enrichie par la suite, étant posée l'équation
- enfant = phallus = féces
Si le symbolisme sexuel est largement utilisé par la communauté analytique, cependant la particularité de l'interprétation analytique demeure de rester fidèle au discours du patient plutôt que de l'interpréter sans lui. Les symboles répertoriés par Freud correspondent souvent à des fragments d'analyses.
Travail du rêve
Le rêve est en fait connu seulement à travers un contenu manifeste. Mais ce contenu est, précisément, ce qui n'intéresse pas la psychanalyse, les données pertinentes étant celles qui sont voilées, cachées, et que l'on nomme contenu latent. Encore faut-il préciser les opérations psychiques qui font passer du contenu latent - désirs inconscients - à ce contenu manifeste devenu si peu intéressant.
Le reste diurne : tout rêve est lié aux événements de la journée qui vont faire appel à des souvenirs inconscients plus ou moins anciens.
La figurabilité : la transformation d'une idée en image. Le rêve représente le désir inconscient en images.
Le déplacement est l'opération qui voile ce qui a vraiment de l'intérêt. Ce qui fait l'inconscient est présenté comme un élément peu important, tandis que ce qui fait l'essentiel d'un rêve ne correspond que peu aux désirs inconscients. Le déplacement, plus techniquement, est le fait qu'un affect, associé à une représentation - par exemple l'excitation liée à un corps nu - se déplace et s'associe à une autre représentation moins gênante, comme celle d'un beau paysage.
La condensation est le fait que plusieurs représentations s'amalgament et n'en font plus qu'une. Ainsi, un seul élément du rêve peut bien correspondre à plusieurs éléments inconscients. Cette théorie fait d'ailleurs l'une des particularités de la métapsychologie, qui envisage un même élément sous plusieurs angles, et qui l'interprète en fait plusieurs fois.
La figuration, ou prise en considération de la figurabilité, est aussi appelée élaboration secondaire. Elle est la forme narrative du rêve, qui peut présenter un scénario structuré, là où le désir inconscient s'en moque bien. Tout l'effort de romancer le rêve fait oublier ce qui intéresse vraiment le rêveur.
Freud donnera de plus en plus d'importance à ce mécanisme. Le symbolisme sera de plus en plus étudié : Freud notera quels éléments représentent en fait quelle autre chose. Par exemple, selon Freud, le rêve de fuite à travers des chambres est «un rêve de maison close ou de harem».
Contenu latent
Selon Freud, «Le désir représenté dans le rêve est nécessairement infantile». Le contenu latent renvoie donc à la sexualité infantile. Freud théorise, au moment de décrire le rêve, l'inconscient comme le lieu des processus primaires. La satisfaction de la pulsion n'y est pas ajournée, mais a lieu sur le mode hallucinatoire. De plus, la pulsion n'y est pas symbolique, au sens où les représentations de choses ne sont pas attachées à des représentations de mots. Le rêve s'avère alors le moyen de théoriser ce qui deviendra une métapsychologie.
Les théories ultérieures de la psychanalyse donneront crédit à l'hypothèse d'une pulsion de mort : le contenu latent pouvant bien alors renvoyer à des souhaits d'anéantissement de soi ou d'autrui.
Eléments critiques
Nombreux sont les critiques de la psychanalyse qui contestent la méthode d'interprétation des rêves telle que décrite par Freud et ses successeurs. Depuis Carl Gustav Jung qui en critiquait ce qu'il appelait le pansexualisme, en passant par desauteurs plus récents neurologues comme Jouvet ou Adolph Grünbaum. Le principal reproche fait à Freud par Grünbaum, est de n'avoir jamais donné de confirmation clinique indépendante pour ses thèses sur le refoulement dans le rêve, confirmations qui ne soient échafaudées par les attentes théoriques de Freud.[6]. De plus, les données neurobiologiques montrent que l'activité onirique ne constitue pas une activité homogène: il existe plusieurs types de rêves en fonction du stade du sommeil concerné, plusieurs mécanismes physiologiques sous-jacents distincts et plusieurs fonctions différentes: rappel et amplification des traces mnésiques lors du sommeil profond, consolidation et transfert des souvenirs (mémoires procédurale et déclarative épisodique de faits récents et anciens) ou intégration sémantique lors du sommeil paradoxal...donc pas une activité unique gouvernée par l'inconscient en vue de la "satisfaction hallucinatoire des désirs", et de l'expression symbolique du refoulé.
Notes et références
Bibliographie
- Sigmund Freud : Die traumdeutung, 1900, L'interprétation des rêves, PUF, 1967
- Sigmund Freud : "L'interprétation des rêves", œuvres c.: T IV, 1899-1900, ISBN 213052950X (L'injection faite à Irma).
- Sigmund Freud : "Sur le rêve", Folio, ISBN 2070325547
- "Les Rêves, voie royale de l'inconscient", textes réunis sous la dir. de Bela Grunberger, Ed.: Sand & Tchou, 1997,ISBN 2710705931
- Bertram D. Lewin: "L'écran du rêve", in ouvrage collectif sous la dir. de Bela Grunberger: Les Rêves, voie royale de l'inconscient, Ed.: Sand & Tchou, 1997, ISBN 2710705931
- Jean-Michel Quinodoz : "Les rêves qui tournent une page", PUF, 2003, ISBN 213051491X
- Monique Schneider : "Père, ne vois-tu pas--?", Ed.: Denoël, 1985, ISBN 2207231321
Voir aussi
- Rêve
- Interprétation des rêves
- Travail du rêve en psychanalyse freudienne.
- Le rêve dans les approches jungiennes
- Amentia
Liens externes
- L’interprétation en psychanalyse : traduction, transcription, ou translittération ? par Jean-Jacques Pinto (Psychanalyste et intervenant en argumentation à l'Université de Provence)
- Les sources du rêve : http://pagesperso-orange.fr/liliane.fainsilber/pages/Lettres/lettres_03.htm
- Le rêve d'un enfant de quatre ans et son interprétation par Freud : [1]
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