- Indigène
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Indigène est un adjectif indiquant que des personnes, des coutumes ou des formes d'art sont nées dans le pays considéré (étymologie: du latin indigena, de indu forme renforcée archaïque de in "dans", et -gena "né de", de genere "engendrer"[1]), ce concept s'étendant également aux espèces tant animales que végétales. En Europe, le terme autochtone était utilisé avec un sens équivalent dans l'histoire des Romains pour désigner les populations qui vivaient dans le Latium avant la fondation de Rome. Un indigène est une personne qui est anciennement originaire d'un pays et qui en possède la langue, les coutumes et les usages, avec une connotation qui n'est pas raciale mais culturelle.
Plus généralement, l'emploi du terme indigène dans le domaine des sciences ethnologique et historiques a pu prendre une connotation péjorative, désignant des individus ou des arts non civilisés, avec un sens équivalent de barbare ou de sauvage, en particulier en Amérique du Sud au XVIIe siècle.
La première utilisation connue en effet du terme en français est de Rabelais en 1532, selon le latin indigena mais ne devient d'usage courant qu'après le siècle suivant. On peut ainsi y soupçonner une assimilation plus ou moins proche, selon les préjugés du temps et tenant compte des intérêts des locuteurs, avec le latin phonétiquement voisin indigens qui signifie "indigent", ou "qui manque de". C'est aussi une époque où le terme générique attribué aux "Indes" correspond au territoire du potentiel d'une plus-value économique mirifique sur les investissements.
À partir des années Trente, l'engouement considérable suscité par l'exposition coloniale et la construction du Musée des colonies françaises (Palais de la Porte Dorée), par le développement de l'ethnologie, par l'influence de l'art nègre sur le cubisme et la musique jazz, font perdre complètement à ce mot la connotation péjorative qu'il avait pu avoir.
Pendant la période coloniale, indigène est devenu une catégorie officielle désignant les droits, les coutumes et les institutions particulières qui continuaient à être en conservées en vigueur pour certains peuples autochtones, renouant avec les institutions du droit local de l'Ancien Régime. Il existe aussi des régiments indigènes, des gardes indigènes, des arts et des langues indigènes. Ainsi, en Algérie, les citoyens de confession musulmane qui ne voulaient pas être régis par le droit civil et le calendrier français, continuaient à être régis par un droit, des institutions et un statut désignés comme indigènes. Avec l'indépendance des département et des protectorats français, l'occidentalisation s'est accélérée, et le mot indigène s'est chargé de toute la détestation pour les anciennes institutions coloniales.
Dans le contexte d'une expansion du franglais, « indigène » semble depuis quelques années connaître un retour en grâce par le biais de l'anglais indigenous, qui a conservé dans cette langue son sens étymologique d'« individu originaire » du lieu où il vit.
Pour les mêmes raisons, en français, l'emploi de langue vernaculaire ou de langue autochtone sera préféré à celui de langue indigène, et ce contrairement aux anglophones qui ont conservé l'expression indigenous language.
Au Québec les termes autochtone, amérindien ou natif sont également plus souvent employés, s'ils bénéficient du statut officiel. En Nouvelle-Calédonie, les accords de Nouméa reconnaissent un statut coutumier aux populations kanak.
Le terme indígena est d'emploi officiel dans plusieurs pays d'Amérique latine.
L'antonyme d'indigène est allogène.
Indigène est en biologie un adjectif qui qualifie une espèce endémique dont l'évolution s'est faite dans le lieu dont on parle.
Voir aussi
- Autochtone
- Peuple autochtone
- Aborigène
- Indigénat
- Le film de 2006 du réalisateur Rachid Bouchareb intitulé Indigènes
- Survival International
- Indigènes de la République
- Chef Raoni Metuktire
Références
- Dictionnaire de la langue française le Robert
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