- Immunologie des tumeurs
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L'immunologie des tumeurs et son but ultime, l'immunothérapie des cancers, sont une branche de la biologie et de la médecine qui consiste à étudier les relations entre une tumeur et le système immunitaire de l'hôte, afin de concevoir des traitements anti-cancéreux capables d'exploiter la puissance potentielle d'une réaction immunitaire dirigée contre la tumeur.
Sommaire
Immunologie des tumeurs
Par des méthodes d'anatomo-pathologie, il est possible de vérifier la présence de cellules immunitaires dans les tissus cancéreux. Il existe en effet un infiltrat tumoral, composé de macrophages et de lymphocytes. Il est décrit dans le cancer colorectal que la présence de nombreux lymphocytes T CD8+ est un facteur de bon pronostic[1],[2].
Par ailleurs, il est établi que de nombreuses tumeurs sont capables d'inhiber l'action du système immunitaire, en limitant l'action des cellules cytotoxiques, lymphocytes NK et lymphocytes T, en inhibant directement certaines de leur fonctions de reconnaissance de cible, et en favorisant l'apparition de cellules suppressives. Par ailleurs, du fait de leur dérèglement génétique, l'immense majorité des cellules tumorales est résistante à l'apoptose, ce qui limite l'action cytotoxique du système immunitaire.
L'immunosurveillance
La théorie
La théorie de l'immunosurveillance stipule que tout au long de la vie, des cellules tumorales sont éliminées par le système immunitaire. l'interaction entre immunité et tumeur suivrait trois phases [3],[4] :
- élimination : les tumeurs sont détruites ;
- équilibre : un équilibre dynamique permet que des cellules tumorales sont gardées sous contrôle sans être détruites ;
- échappement : Les cellules tumorales échappent au contrôle par le système immunitaire.
La controverse
Cette théorie ne fait pas l'unanimité chez les biologistes du cancer[5]. Un des arguments mis en avant est l'absence de pression de sélection en faveur d'un système immunitaire capable de lutter contre les tumeurs, puisque la plupart des cancers se constatent à un âge adulte, voire avancé, c'est-à-dire après la procréation[6].
Mise en évidence
Il existe cependant des indices expérimentaux chez la souris. Ainsi, en injectant du méthylcholanthrène, un puissant carcinogène dans des souris, il est possible d'induire des cancers. Mais si on utilise une dose faible, la plupart des souris ne développeront pas de cancer. Cependant, si on élimine les cellules T de ces souris avec un anticorps monoclonal, on constate que des tumeurs se révèlent cliniquement. Ceci est donc un argument en faveur de l'existence de tumeur cryptiques, tenues sous contrôle du système immunitaire, et qui prolifèrent brusquement lorsque la pression immunitaire se relâche[7].
Action immunologique des traitements du cancer
La plupart des traitements anti-cancéreux par rayonnement ionisant ou chimiothérapie sont considérés comme aplasiants et immunosuppresseurs. Cependant, certains médicaments comme le cyclophosphamide[8] et la gemcitabine [9] sont capables d'éliminer préférentiellement des cellules immunitaires inhibitrices, respectivement les lymphocytes T régulateurs et les cellules myéloïdes suppressives. Par ailleurs, d'autres traitements chimiothérapeutiques, tels les anthracyclines[10] ou le bortezomib[11] sont quant à eux capables d'induire une mort tumorale immunogène, c'est-à-dire que les cellules tumorales tuées par ces médicaments sont pris en charge par les cellules présentatrices d'antigène et induisent une réponse immunitaire.
Immunothérapie des tumeurs
Il existe de nombreux essais d'immunothérapie des cancers. Il est intéressant de noter qu'il existe de nombreux traitements anti-cancéreux utilisant l'immunité chez la souris, et il n'est pas rare qu'ils soient couronnés de succès[12]. Mais en clinique humaine, à l'opposé, peu de stratégies sont effectivement des réussites.
Ce qui existe de plus en plus, ce sont des anticorps monoclonaux dirigés contre des antigènes de tumeur, tel le bevacizumab[13]. Il existe aussi des stratégies de transfert adoptif de cellules immunitaires manipulées ex vivo[14].
Notes et références
- Pages et al, 2005, New England Journal of Medicine, 353(25):2654-66
- Galon et al, 2006, Science 313(5795):1960-4
- Dunn et al, 2004, Immunity 21(2):137-48
- Dunn et al, 2004, Annual Reviews in Immunology 22:329-60
- Qin et al, 2004, Nature Immunology 5(1):3-4
- Blankenstein, 2007, Siminars in Cancer Biology, 17(4): 267-74
- Koebel et al, 2008, Nature 450(7171):930-7
- Ghiringhelli et al, 2004, European Jouranl of Immunology, 34(2):336-44
- Suzuki et al, 2005, Clinical Cancer Research, 11(18):6713-21
- Apetoh et al, 2008, Trends in Molecular Medicine, 14(4):141-51
- Spisek et al, 2007, Blood 109(11):4839-45
- Par exemple : Berraondo et al, 2007, Cancer Research, 67(18):8847-55
- Hurwitz H, et al,2004, New England Journal of Medicine 350:2335–2342
- hunder, 2008, New England Journal of Medicine, 358:2698-2703
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