- Alfred Nakache
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Alfred Nakache Informations Nage(s) Nage libre, papillon Période active Années 1930 et 1940 Nationalité Française Naissance 18 novembre 1915 Lieu Constantine, Algérie française Décès 4 août 1983 (à 67 ans) Lieu Cerbère Club(s) JN Constantinoise
Racing club de France
CN Paris
Dauphins du TOECEntraîneur(s) Alban Minville Palmarès Ch. d'Europe grand bassin 0 1 0 modifier Alfred Nakache, né le 18 novembre 1915 à Constantine en Algérie française et mort le 4 août 1983, est un nageur et joueur de water-polo français. Surnommé « Artem », il est aussi connu sous le surnom de « nageur d'Auschwitz ».
Sommaire
Biographie
Un champion d'avant guerre, de Constantine à Toulouse
Alfred Nakache est le cadet des onze enfants d'une famille juive de Constantine. Souffrant d'une peur de l'eau, il parviendra à la surmonter[1] et il remporte en 1931, la coupe de Noël de Constantine[2]. Il est alors licencié à la Jeunesse Nautique (JN) constantinoise et ce jusqu’en 1934[2]. En 1933, il participe à ses premiers championnats de France[1], et déménage sur Paris[3] à la fin de l'été[2].
Aux championnats de France 1934, il termine 2e du 100 mètres nage libre derrière Jean Taris[2] et est sélectionné en équipe de France[1] pour une rencontre junior contre les Pays-Bas[2]. Il ne peut participer aux championnats d'Europe suivant parce qu'il n'est pas éligible en tant que français né hors du « sol français » et pas encore licencié dans un club de France[2]. Néanmoins, il paritcipe à l'équipe du tour de France nautique[2].
Il est licencié au Racing club de France de 1934 à 1936 et inscrit en 1934 au lycée Janson-de-Sailly[4].
Il participe aux rencontres préparatoires des Jeux olympiques d'été de 1936[5] puis bat, en 1936, le record d’Europe du relais 4 x 200 m en (9'22" 6/10e) avec Jean Taris, René Cavalero et Diener[5]. Aux Jeux olympiques, dans un contexte particulier pour cet athlète juif[5], il termine 4e avec le relais 4 x 200 nage libre[1] avec Jean Taris, René Cavalero et Christian Talli devant l'Allemagne[6].
Il est licencié au CN Paris de 1937 à 1938 quittant son premier club parisien à cause semble t-il d'injures racistes et antisémites[4]. Il effectue durant cette période son service militaire à la base aérienne 117 Paris[4]. Il réussit en 1939 l'examen pour devenir professeur d'éducation physique[4]. Il intégre par la suite l'École normale supérieure d'éducation physique, futur Institut national du sport, de l'expertise et de la performance[7], comme sa femme Paule (née El Bèze), également juive[6], avec qui il s'est marié le 6 octobre 1937[4].
Lorsque Philippe Pétain abolit le décret Crémieux, Nakache, en tant que juif d'Algérie, est déchu de sa nationalité française[7],[1],[3]. Professeurs et juifs, lui et sa femme doivent partirent pour continuer de travailler et s'installe avec leur fille à Toulouse en zone libre[1]. Il est alors licencié aux Dauphins du TOEC de Toulouse sous la direction d'Alban Minville[8]. Durant cette période, il se rapproche des réseaux de résistances juifs commme l'Armée juive, en aidant notamment à la préparation physique des recrues[9].
En 1942, il gagne cinq titres de champion de France au 200 m brasse, relais 4 x 200 m nage libre, et aux 100 m, 200 m, 400 m nage libre[10].
Le « nageur d'Auschwitz »
D'abord en vue pendant l'occupation pour ses records où il devient rapidement l'un des nageurs les plus titrés du pays[11], il est progressivement dénoncé par la presse collaborationiste par antisémitisme. Il est finalement interdit de bassin lors des championnats de France de Toulouse en 1942, ce qui entraîne un boycott de ses camarades du TOEC[1].
Arrêté en novembre 1943[1], il est déporté à Auschwitz par le convoi n° 66 du 20 janvier 1944[7] après son passage à la prison Saint-Michel[7] et Drancy[1]. Séparé physiquement de sa femme Paule et sa fille de deux ans Annie[3], il ignore leur sort et n'apprendra que plus tard leur mort dans les camps[7]. Il est ensuite tranféré à Buchenwald puis est libéré fin 1944[3] ou début 1945[7].
Lors de son séjour dans ce camp de la mort, un dimanche après-midi, il déjoua la surveillance des gardes SS de faction et parvint à nager quelques longueurs dans un petit bassin artificiel de rétention d'eau où les nazis le faisaient nager par dérision.
Le retour du champion rescapé
Après guerre, il revint à Toulouse avec sa seconde épouse, en étant professeur d’éducation physique à la faculté de droit. Il reprit l'entraînement et du poids puisqu'à sa sortie d'Auschwitz, il ne pèse plus qu'une quarantaine de kilogrammes[1].
Il retrouve le haut niveau (champion de France et prenant part au record du monde 3 × 100 m 3 nages en 1946) et participe aux Jeux olympiques d'été de 1948 à Londres, devenant en plus d'être nageur à l'épreuve de 200 m brasse papillon, également membre de l’équipe de France de water-polo[1]. Il obtient là une sélection douze ans après ses premiers Jeux olympiques.
Il est alors très proche de la famille d'Alex Jany et il participe dans les années 1950 à l'entraînement de Jean Boiteux. Après une fin de carrière à la Réunion, il a perdu la vie le 4 août 1983[3] alors qu’il nageait dans le port de Cerbère, effectuant son kilomètre quotidien de natation[1]. Il est inhumé au cimetière Le Py de Sète. Sur sa tombe apparaîssent les noms de sa femme et de sa fille disparus[1].
Postérité
De nombreux bassins français portent son nom, dont la piscine municipale de Toulouse (ex-piscine d'hiver du parc municipal des sports[7]), baptisée ainsi par Raymond Badiou alors qu'il était déporté en 1944[3], ainsi que la piscine de Gentilly à Nancy[12], la piscine du quartier du millénaire à Montpellier[13] et celle de Belleville à Paris[14] (en double hommage au champion et aux nombreux déportés de ce quartier juif).
L’État d’Israël lui décerne à titre posthume en 1993 le Trophée du Grand exemple, au Musée du sport juif international.
Le Meeting international Alfred-Nakache (ou Vittel Cup) a été créé en son honneur, et en est à sa 12e édition en 2005.
Palmarès
Records
- Détenteur du record du monde du 200 m brasse papillon en 1941[7],[1],[8]
- Détenteur du record du monde au relais 3 × 100 m 3 nages en 1946
- Détenteur du record d’Europe du 100 m papillon en 1941 et 1942 (22 juin 1941[8] et 14 février 1942[8])
- Détenteur du record d’Europe du relais 4 x 200 m en 1936 (9'22" 6/10e) avec Jean Taris, René Cavalero et Diener[5]
- Détenteur du record de France du 400 m papillon en 1943
- Détenteur du record de France au relais 4 × 200 m nage libre en 1946, en 9 min 28,02 s
Championnats de France
Grand bassin Discipline /
Année1933 1934 1935 1936 1937 1938 1939 1941 1942 1943 1944 1945 1946 1947 1948 1949 1950 1951 1952 100 m nage libre 6e[2] 2e[1] Or[3],[2] Or Or Or - Or Or[10] - - - - - - - - - - 200 m nage libre - - - - Or Or - Or Or[10] - - - - - - - - - - 200 m papillon - - - - - Or - Or Or[10] - - - Or - - - - - - 400 m nage libre - - - - - - - - Or[10] - - - - - - - - - - Relais 4 x 200 m nage libre - - - - Or Or Or - Or[10] - Or Or Or Or Or Or Or Or Or Championnats internationaux
- Champion du monde universitaire du 100 m nage libre en 1936
- Champion d’Afrique du Nord du 100 m nage libre en 1931
- Médaille d'argent aux Maccabiades de 1935, sur 100 m nage libre.
Jeux olympiques
- Jeux olympiques d'été de 1936 à Berlin :
- 4e avec le relais 4 x 200 nage libre[1] avec Jean Taris, René Cavalero et Christian Talli[6]
- Jeux olympiques d'été de 1948 à Londres :
- Participation à l'épreuve de 200 m brasse papillon[1]
- 6e avec l'équipe de France de water-polo
Bibliographie
- Denis Baud, Alfred Nakache. Le nageur d'Auschwitz, collection Histoire, éditions Loubatières, 2009. (ISBN 9782862665917)
- Christian Montaignac, « Alfred Nakache, Le Nageur d'Auschwitz » dans Étoiles fuyantes, la noblesse des maudits du sport, éditions Lattès, 2004.
- Laurence Munoz, Usages corporels et pratiques sportives aquatiques du XVIIIe au XXe siècle, t. II, Éditions L'Harmattan, 2008, 276 p.
Notes et références
- Alfred Nakache : le triomphe de la vie, Les légendes de la natation sur natationpourtous.com. Consulté le 17 novembre 2011
- Munoz 2008, p. 43
- Qui était Alfred Nakache ?, Un nom, une histoire sur toulouse.fr. Consulté le 17 novembre 2011
- Munoz 2008, p. 48
- Munoz 2008, p. 44
- Munoz 2008, p. 47
- Alfred Nakache, le nageur d’Auschwitz par Denis Baud », Critiques de livres sur arkheia-revue.org. Consulté le 17 novembre 2011 Guillaume Gros, «
- Munoz 2008, p. 53
- Munoz 2008, p. 52
- Munoz 2008, p. 58
- Munoz 2008, p. 54
- Piscine Olympique Alfred Nakache NANCY - GENTILLY sur grand-nancy.org. Consulté le 17 novembre 2011
- Piscine Alfred Nakache sur montpellier-agglo.com. Consulté le 17 novembre 2011
- Piscine Alfred Nakache sur piscine.equipement.paris.fr. Consulté le 17 novembre 2011
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