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Iâhhotep
Iâhhotep
Jˁḥ-ḥtp Iâhhotep (Iahotep, Ahotep, Ahhotep, Ha-hotep, Iâh-hotep) est une reine de la XVIIe / XVIIIe dynastie de l'Égypte antique.
Fille de Sénakhtenrê Taâ Ier, souverain thébain, elle naquit durant la période de domination des Hyksôs — qui gouvernaient alors le delta du Nil et une partie de la Moyenne-Égypte. Elle joua un rôle prépondérant dans la guerre de libération du pays menée par son frère et mari, Séqénenrê Taâ II, puis successivement par ses deux fils, Kamosis et Ahmôsis (ou Ahmosé). Elle assurera la régence, de manière informelle, pour le compte de ses fils. Ces derniers assurèrent d'abord leur emprise sur la Haute-Égypte avant de se lancer dans la reconquête de la Basse-Égypte. Vers l'an 18 de son règne, Ahmôsis réussit à conquérir la capitale des Hyksôs, Avaris, et à chasser définitivement les étrangers du pays (il fut le premier pharaon de la XVIIIe dynastie).
La reine Iâhhotep mourut certainement entre l'an XVI et l'an XXII du règne de son fils. Pour preuve de la haute considération dans laquelle elle était tenue, Ahmosis dit d'elle, dans sa stèle de Karnak :
« Celle qui a accompli les rites et pris soin de l'Égypte. Elle a veillé sur ses troupes et les a protégées. Elle a ramené ses fugitifs et rassemblé ses déserteurs. Elle a pacifié la Haute Égypte et a chassé les rebelles.[1] »Ce texte éclaire davantage le rôle que la reine pourrait avoir tenu durant la guerre de libération, ainsi qu'auprès de son fils encore trop jeune.
Tout comme sa belle-fille (ou fille) Ahmès-Néfertary, Iâhhotep fut l’objet d’un culte après sa mort, lequel atteste le prestige dont ces reines jouissaient à la cour thébaine.
Sommaire
Généalogie
Iâhhotep Naissance date inconnue Décès date inconnue Père Sénakhtenrê Taâ Ier Grands-parents paternels (XVIIe dynastie) Grand-père paternel inconnu Grand-mère paternelle inconnue Mère Tétishéri Grands-parents maternels Tjenna Néferou Fratrie Séqénenrê Taâ II Mari Séqénenrê Taâ II Enfant(s) Kamosis
Ahmôsis (XVIIIe dynastie)Sépulture
Iâhhotep Type Tombeau Emplacement Dra Abou El-Naggah Date de découverte 1859 Objets découverts Sarcophage style richi en bois doré
armes aux noms de Kamosé et d'Ahmôsis
pectoral au nom d'Ahmôsis
bracelet aux lions au nom d'Ahmôsis
bijoux royaux dont un collier ousekh en or massif
miroir en bronze
amulettes prophylactiques
coffre à canopes contenant quatre vases canopes en albâtre
deux modèles de barque en métal précieuxLa tombe de Iâhhotep a été identifiée en 1859 non loin de l'emplacement de la tombe de Kamosé découverte elle deux ans plus tôt par Auguste Mariette. Ce dernier étant absent lors de la découverte, elle fut immédiatement mise à l'abri dans les magasins de Karnak afin de la soustraire aux convoitises des chasseurs de trésors qui sévissaient dans la région thébaine pour le compte de collectionneurs ou du trafic des antiquités qui fleurissait à cette époque. Averti de la découverte, Mariette en commanda un relevé, ce qui nous permet aujourd'hui d'en connaître l'ensemble des objets qu'elle contenait. Il fut décidé alors de rapatrier le trésor de la reine au Caire.
Lors de ce transfert, le navire qui emportait son précieux chargement fut intercepté par un gouverneur local qui, officiellement pour plaire au vice-roi, souhaitait lui-même lui rapporter la découverte. Il fit ouvrir le sarcophage et se débarrassa de la dépouille de la reine et des bandelettes de la momie... et sans doute se servit au passage parmi les nombreuses reliques en or que contenait la momie. Auguste Mariette qui fut informé de la mésaventure arma immédiatement un bateau et intercepta le convoi du gouverneur qui se rendait au Caire. Il exigea sous la menace des armes qu'on lui remit l'intégralité du contenu des caisses, ce qui fut fait non sans quelques échanges d'insultes et de coup de feu. Grâce à cette intervention rapide le trésor pu être sauvé d'un destin certainement plus vénal qu'archéologique. Le trésor arriva finalement au Caire et entra officiellement dans les collections du tout jeune musée qu'il venait de fonder, au prix d'une sérieuse explication avec le vice-roi Saïd Pacha.
Parmi les objets les plus célèbres qui accompagnaient la souveraine, on citera une hache recouverte d'or et de pierres semi précieuses portant la titulature de son fils Ahmôsis, une chaîne en or portant trois pendentifs en forme de mouches également en or massif, un bracelet en or cloisonné et pierres semi précieuses portant un cartouche toujours d'Ahmôsis encadré par deux sphinx couchés également en or, parure très semblable aux éléments découverts sur la momie de Kamosé, ainsi que deux grands modèles de barque avec leurs équipages complets dont une en argent massif et l'autre en or.
Le sarcophage en bois doré de la reine était complet à son arrivée au Caire, mais l'inventaire du musée indique que la cuve se désagrégea quelque temps après. Seul le couvercle subsiste, nous présentant Iâhhotep portant une lourde perruque sur laquelle un uræus en or est fixé, tandis que le reste du sarcophage est traité en style richi. La momie disparue portait de très nombreux bijoux et il est probable que certains ont été volés lors de l’ouverture non-officielle du sarcophage. Seule une partie du grand collier ousekh en or qui la couvrait est parvenu au musée par exemple. Un dernier élément fait également défaut. Il s'agit du coffre à canopes et de ses quatre vases qui contenaient les viscères de la reine qui n'ont jamais atteint les réserves du musée alors que l'ensemble est attesté puisqu'il a été décrit comme se trouvant aux côtés du sarcophage de la reine lors de sa découverte.
L'ensemble fut exposé dans différentes villes d'Europe et, pour l'anecdote, lors de son passage à Paris, l'impératrice Eugénie porta son dévolu sur l'un des joyaux de la reine que le vice-roi semblait enclin à lui offrir. C'était sans compter la ténacité de Mariette qui refusa catégoriquement de céder une once d'or de ce trésor. Il finit par convaincre Saïd Pacha de ne pas l'offrir à l'impératrice, ce qui lui valu l'inimitié circonstancielle de la famille impériale...
Bibliographie
- Gaston Maspero, Histoire générale de l'Art - L'Égypte - Les bijoux de la reine Ahhatpou, Éd. Hachette, 1911, p. 212-213
- Henri Stierlin, L'Or des Pharaons - Le trésor de la reine Ahhotep, Éd. Pierre Terrail, 1993, p. 108 à 121
- Hans Wolfgang Müller, L'Or de l'Égypte ancienne - Les bijoux de la reine Ahhotep, Éd. Sélection du Reader's Digest, 2001, p. 128 à 141
- L'auteur Christian Jacq a écrit une série composée de trois romans, La Reine Liberté, dont l'héroïne est la reine Iâhhotep, et qui a pour cadre la libération de l'Égypte du joug de l'envahisseur Hyksôs.
Notes
- ↑ Nicolas Grimal, Histoire de l'Égypte ancienne
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