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Hôtel de Rambouillet
L’hôtel de Rambouillet tire son nom de Catherine de Vivonne, marquise de Rambouillet - fille d’une Italienne du nom de Savelli et d’un diplomate français, Jean de Vivonne, marquis de Pisani (a)- qui y tint un salon littéraire de 1607 jusqu’à sa mort en 1665. Il était situé rue Saint Thomas du Louvre (rue perpendiculaire à la rue Saint Honoré, au sud de celle-ci) (b), approximativement à l'emplacement de l'actuel pavillon Turgot. C'est le précédent hôtel de Rambouillet connu sous le nom de l'hôtel d'Angennes ou de Pisani, situé rue Saint Honoré, qui sera absorbé par le Palais Cardinal (devenu Palais Royal) (c).
Le salon de Catherine de Vivonne, « l’incomparable Arthénice » (anagramme [due à Malherbe (d)] – coutume très en vogue à cette époque dans le monde littéraire – de « Catherine »), une des personnalités féminines les plus marquantes de son temps, fut l’un des plus brillants de son époque. Elle n’hésita pas, à faire reconstruire l’hôtel de son père sur des plans dessinés par elle-même, pour qu’il comporte des pièces plus adaptées aux réceptions, en particulier une enfilade de salons communicants dans le style italien.
De la « ruelle » de sa « chambre bleue[1] », « Arthénice » recevra allongée sur un lit[2] les beaux esprits de son époque, tel le Cavalier Marin, histrion intelligent, mais aussi des gens de lettres et les grands personnages de son époque : Richelieu, Malherbe, Vaugelas, Guez de Balzac, Racan,Voiture feront partie de ses familiers. C’est également dans ce salon que la fille de la marquise de Rambouillet, Julie d'Angennes rencontrera son futur époux, le duc de Montausier, qui la courtisera de nombreuses années, et lui offrira la célèbre Guirlande de Julie.
« On y parle savamment, mais on y parle raisonnablement et il n’y a lieu au monde où il y ait plus de bon sens et moins de galanterie » écrira Chapelain à propos de l’hôtel de Rambouillet. Ce monde jeune et gai qu’est l’hôtel de Rambouillet, les bals et les plaisirs se succèdent, les intrigues amoureuses se nouent et se dénouent ne fut pas une société de pédants et les divertissements y prennent volontiers un tour intellectuel. La « préciosité » qui nait dans ce salon est davantage une forme de modernisme et de féminisme que de pédanterie, où germe un esprit parmi les jeunes femmes de l’aristocratie fréquentant ce salon, durera pendant trente ans. C’est de l’hôtel de Rambouillet sortiront celles, qui s’impliqueront activement dans la Fronde au point d’être qualifiées d’Amazones.
Bien que Molière ait tourné en dérision les membres de salon, il est indéniable que l’hôtel de Rambouillet a joué un rôle monumental dans la genèse du roman moderne français. La succession sera reprise par Madeleine de Scudéry et le même Chapelain, qui a laissé quelques descriptions de ce temps, n’aura pas pour cette dernière les mêmes mots que pour Madame de Rambouillet.
Notes
- ↑ Autre innovation de la part de Catherine de Vivonne, à une époque où on ne peignait les chambres qu’en rouge ou en tanné.
- ↑ Ainsi reçoit-on au XVIIe siècle.
Références
- (de) Heinrich Breitinger, Der Salon Rambouillet und seine kulturgeschichtliche Bedeutung, Frauenfeld, J. Huber, 1874
- Louis Chabaud, Les précurseurs du féminisme, Mesdames de Maintenon, de Genlis, et Campan, leur rôle dans l’éducation chrétienne de la femme, Paris, Plon-Nourrit et cie., 1901
- (en) Joan E Dejean, Tender Geographies. Women and the Origins of the Novel in France, Columbia University Press, 1993
- (de) F. A. Fischer,Das Hôtel de Rambouillet und die Precieusen, Jena, Ratz, 1868
- (en) Lucella Ruth Hartwell, The Hôtel de Rambouillet and French classicism, Thèse pour la maitrise à l’université du Minnesota
- Charles-Louis Livet, Précieux et précieuses : caractères et mœurs littéraires du XVIIe siècle, 1895 Cœuvres-et-Valsery, Ressouvenances, 2001
- Denis Lopez, « La Plume et l’Épée : Montausier (1610-1690), position sociale et littéraire jusqu’après la Fronde », collection Biblio 17, Papers on French Seventeenth Century Literature, Paris-Saettle-Tuebingen, 1987.
- Denis Lopez, « Quelques repères sur l’usage mondain de l’épitre en vers », dans L’Épitre en vers au XVIIe siècle, Littératures classiques n° 18, Paris, Klincksieck 1993, pp. 61-101.
- Denis Lopez, « Le théâtre à l’Hôtel de Rambouillet », Théâtre et espace mondain au XVIIe siècle, actes du colloque du Centre de Recherche sur la Transmission des Modèles Littéraires et Esthétiques (Reims), 5-6 juin 2003, PFSCL, XXXIII, n° 64, Tübingen, Gunter Narr Verlag, 2006, p. 239-68.
- Émile Magne, Voiture et l’Hôtel de Rambouillet : les années de gloire, 1635-1648, Paris, Éditions Émile-Paul frères, 1930
- (en) Leon H. Vincent, Hôtel de Rambouillet and the précieuses, Boston, Houghton, Mifflin & Co., 1900
- Émile Weisser, L’Hôtel de Rambouillet : essai d’histoire littéraire Breslau, 1873
(a) Tallemant des Réaux "Historiettes", ch. "Le Marquis de Pisani", Mémoires publiés par Monmerqué Paris, 1834, tome 1. (b) Voir Plan Gomboust de 1652 que l'on peut consulter à la Bibliothèque de la Ville de Paris, 24 rue Pavée, Paris IV. (c) Jacques HILLAIRET Dictionnaire historique des Rues de Paris, Editions de Minuit, 1964,deuxième édition, article Palais Royal. (d) J.B. de Saint-Victor, "Tableau historique et pittoresque de Paris", Paris 1822,p.1060.
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