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Hélie de Saint Marc
Le Commandant Hélie Denoix de Saint Marc ou Hélie de Saint Marc (né le 11 février 1922 à Bordeaux) est un officier parachutiste de la Légion étrangère et ancien résistant français. Il fut l'un des principaux acteurs du putsch des Généraux en 1961.
Sommaire
Biographie
Résistance et déportation
Hélie de Saint Marc entre dans la Résistance (réseau Jade-Amicol) en février 1941, à l'âge de 19 ans après avoir assisté à Bordeaux à l'arrivée de l'armée et des autorités françaises d'un pays alors en pleine débâcle. Arrêté le 14 juillet 1943 à la frontière espagnole à la suite d'une dénonciation, il est déporté au camp de Buchenwald.
Envoyé au camp satellite de Langenstein-Zwieberge où la mortalité dépasse les 90 %, il bénéficie de la protection d'un mineur letton qui le sauve d'une mort certaine. Ce dernier partage avec lui la nourriture qu'il vole et assume l'essentiel du travail auquel ils sont soumis tous les deux. Lorsque le camp est libéré par les Américains, Hélie de Saint Marc gît inconscient dans la baraque des mourants. Il a perdu la mémoire et oublié jusqu’à son propre nom. Il est parmi les 30 survivants d'un convoi qui comportait plus de 1 000 déportés.
A l'issue de la Seconde Guerre mondiale, âgé de vingt-trois ans, il effectue sa scolarité à l'École spéciale militaire de Saint-Cyr.
La guerre d'Indochine
Hélie de Saint Marc part en Indochine en 1948 avec la légion étrangère au sein du 3e REI. Il vit comme les partisans Vietnamiens, apprend leur langue et parle de longues heures avec les prisonniers Viêt-minh pour comprendre leur motivation et leur manière de se battre.
Affecté au poste de Talung, à la frontière de la Chine, au milieu du peuple minoritaire Tho, il voit le poste qui lui fait face, à la frontière, pris par les communistes chinois. En Chine, les troupes de Mao viennent de vaincre les nationalistes et vont bientôt ravitailler et encadrer leurs voisins vietnamiens. La guerre est à un tournant majeur. La situation militaire est précaire, l'armée française, mal soutenue par la métropole qui se désintéresse de ce conflit lointain, connaît de lourdes pertes. Après dix-huit mois, Hélie de Saint Marc et les militaires français sont évacués, comme presque tous les partisans, mais pas les villageois. « Il y a un ordre, on ne fait pas d'omelette sans casser les œufs » lui répond-on quand il interroge sur le sort des villageois.
Son groupe est obligé de donner des coups de crosse sur les doigts des villageois et partisans voulant monter dans les camions. « Nous les avons abandonnés ». Les survivants arrivant à les rejoindre leur racontent le massacre de ceux qui avaient aidé les Français. Il appellera ce souvenir des coups de crosse sur les doigts de leurs alliés sa « blessure jaune » et restera très marqué par l'abandon de ses partisans vietnamiens sur ordre du haut-commandement.
Il retourne une seconde fois en Indochine au sein du 2e BEP en 1951 juste après le désastre de la RC4 qui vit l'anéantissement du 1er BEP. Il commande alors la 2e CIPLE (Compagnie indochinoise parachutiste de la Légion étrangère) constituée principalement d'autochtones vietnamiens. C'est la rencontre avec Raffalli, chef de corps du BEP, l'adjudant Bonnin et le général de Lattre de Tassigny chef civil et militaire de l'Indochine, qui connaîtront tous trois la mort dans les mois qui suivirent.
Guerre d'Algérie et putsch des Généraux
Recruté par le général Challe, Hélie de Saint Marc sert en Algérie, notamment aux côtés du général Massu. En avril 1961, il rejoint le putsch des généraux, commandé par le général Challe, avec le 1er régiment étranger de parachutistes qu'il commande par intérim. Sa motivation est de ne pas abandonner les Harkis qu'il avait recrutés pour ne pas revivre son expérience indochinoise. Alger tombe rapidement mais en quelques jours, la tentative de coup d'État s'enraye. Hélie de Saint Marc se constitue prisonnier et est condamné à dix ans de réclusion criminelle. Il passera cinq ans dans la prison de Tulle avant d'être gracié, le 25 décembre 1966.
Années 1960 à aujourd'hui
Après sa libération, il s'installe à Lyon avec l'aide d'André Laroche, le président de la Fédération des déportés et commence une carrière civile dans l'industrie. Jusqu'en 1988, il fut responsable des ressources humaines dans une entreprise de métallurgie.
En 1978, il est réintégré dans ses droits civils et militaires.
À partir de 1989, Laurent Beccaria écrit sa biographie. Les champs de braises. Mémoires, qui est publiée en 1995 et couronnée par le Prix Fémina catégorie essai en 1996. Puis pendant 10 ans, Hélie de Saint-Marc parcourt les États-Unis, l'Allemagne et la France pour y faire de nombreuses conférences.
En 2002, il publie avec August von Kageneck – un officier allemand de sa génération –, son quatrième livre, Notre Histoire, 1922-1945, un récit tiré de conversations avec Étienne de Montety, qui relate les souvenirs de cette époque sous la forme d'entretiens, portant sur leurs enfances et leurs visions de la Seconde Guerre mondiale.
Il vit aujourd'hui retiré dans sa maison de la Drôme.
Décorations
Intitulés
- Grand-Officier de la Légion d'honneur, en date du 28 novembre 2002.
- Croix de guerre 1939-1945 avec 1 citation
- Croix de guerre des TOE avec 8 citations
- Croix de la valeur militaire avec 4 citations
- Médaille de la résistance
- Croix du combattant volontaire de la Résistance
- Croix du combattant
- Médaille coloniale avec agrafe « Extrême-Orient »
- Médaille commémorative de la guerre 1939-1945
- Médaille de la déportation et de l'internement pour faits de Résistance
- Médaille commémorative de la campagne d'Indochine
- Médaille commémorative des opérations au Moyen-Orient (1956)
- Médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l'ordre en Afrique du Nord (1958) avec agrafes « Algérie » et « Tunisie »
- Insigne des blessés militaires (2)
- Officier dans l'ordre du mérite civil thaïlandais Sip Hoc Chau
Voir aussi
Ouvrages
- Les Champs de braises. Mémoires avec Laurent Beccaria, édition Perrin, 1995, ISBN 2262011184, Prix littéraire de l'armée de terre - Erwan Bergot en 1995, Prix Femina Essai en 1996.
- Les Sentinelles du soir, édition Les Arènes, 1999, ISBN 2912485029
- Indochine, notre guerre orpheline, édition Les Arènes, 2000, ISBN 2912485207
- Notre histoire (1922-1945) avec August von Kageneck, conversations recueillies par Étienne de Montety, édition Les Arènes, 2002, ISBN 2912485347
- Toute une vie ou Paroles d'Hélie de Saint Marc écrit en collaboration avec Laurent Beccaria, volume comprenant un CD audio d'émission radiophonique, édition Les Arènes, 2004, ISBN 2912485770
- "Servir?" documentaire réalisé par Georges Mourier en 2006 dans le cadre de sa collection "Le Choix des Hommes".
- La Guerre d'Algérie 1954-1962, avec Patrick Buisson, préface de Michel Déon (avec DVD), Albin Michel, 2009 (ISBN 222618175X)
Bibliographie
- Laurent Beccaria, Hélie de Saint-Marc, éd. Perrin, 1989 ; rééd. « Tempus », 2008.
- Biographie sur un site consacré au 2e REP
Lien externe
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