- Hypogée de Ħal Saflieni
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Hypogée de Hal Safliéni * Patrimoine mondial de l'UNESCO Coordonnées Pays Malte Subdivision Paola Type Culturel Critères (iii) Numéro
d’identification130 Zone géographique Europe et Amérique du Nord ** Année d’inscription 1980 (4e session) modifier L’Hypogée de Ħal Saflieni est à Malte, une grande structure creusée dans le sol et comportant de multiples chambres ou salles. À la fin du XIXe siècle, le développement des chantiers navals militaires attire dans la région de Paola près de Marsa nombre de cultivateurs qui veulent devenir ouvriers. Les constructions se multiplient dans une zone appelée alors Tal-Għerien (les grottes en maltais), ce qui laisse supposer une connaissance populaire ancienne. En 1902, en creusant une citerne à Paola, des ouvriers découvrent une cavité qu'ils s'empressent de consolider pour éviter tout effondrement (ces travaux sont encore visibles aujourd'hui). Mais cette cavité n'a pas les apparences d'une grotte ordinaire. Rapidement, le comité directeur du Museum mandate le père jésuite Manwel P. Magri qui décide d'excaver le deuxième niveau (le niveau supérieur étant à ce moment-là une propriété privée). Les équipes d'ouvriers, qui déblayèrent le site, ont dispersé les ossements rendant impossible toute interprétation des rituels d'inhumation[1]. Les travaux duraient toujours quand en 1907 M. P. Magri est envoyé en mission à Sfax où il décède sans avoir rédigé le rapport de ses fouilles[2]. C'est un professeur en médecine Themistocles Zammit, qui travaillait avec M. P. Magri depuis 1905, qui prend sa succession et continue les fouilles jusqu'en 1911. La découverte fortuite de l'hypogée est le véritable coup d'envoi de l'archéologie dans l'archipel, grâce à Themistocles Zammit, qui deviendra le père de l'archéologie maltaise[3]. La décision d'ouvrir le site au public est prise en 1908. En 1952, les fouilles sont reprises par John Davies Evans. En 1980, l'Unesco classe l'hypogée de Ħal Saflieni au patrimoine mondial de l'humanité[4]. En 1990, Anthony Pace, Nathaniel Cutajar et Reuben Grima constatent une dégradation du site et en 1991, le site est fermé au public jusqu'en 2000, période pendant laquelle il est complètement réaménagé et placé sous atmosphère contrôlée[5].
Le site comporte une cinquantaine de salles sur environ 2 500 m2 réparties sur quatre niveaux[6]. Le niveau du sol initial, avec la restauration de l'entrée de l'hypogée, le premier niveau, environ à - 3 m, comprend les premières chambres datées de la phase Żebbuġ (4 100-3 800 av. J.-C.) et les agrandissements de la phase Ġgantija (3 600-3 000 av. J.-C.). Le deuxième niveau, à environ - 6 m, avec les plus belles salles puis le troisième niveau, à un peu plus de - 10 m, datent de la phase Tarxien (3 000-2 500 av. J.-C.)[7].
La restauration du site à la fin du XXe siècle a permis la mise en valeur du niveau initial. Maintenant l'entrée du site se fait par ce niveau et non plus directement au deuxième niveau. De plus il est maintenant possible de voir les portails trilithes qui marquent l'entrée de l'hypogée ainsi qu'un premier puits à offrandes, lieu de découverte d'une statuette de femme stéatopyge sans tête et deux têtes sans corps[8].
Le premier niveau comporte directement sur la droite mais aussi dans la première salle à gauche, les lieux où fut découverte la très grande majorité des ossements. T. Zammit a estimé à environ 7 000 le nombre total de squelettes que l'hypogée a certainement renfermés. Il ne subsiste aujourd'hui que six crânes dolichocéphales[9] entreposés dans deux boîtes au Musée National d'Archéologie de Malte. Au bout de la salle de gauche un grand espace relativement profond est interprété par les spécialistes comme pouvant être une citerne datant de 4 000 av. J.-C. Toujours sur la gauche, un trilithe laisse supposer une partition de cette espace[10].
Le deuxième niveau est le plus vaste, au plan le plus complexe mais aussi le plus remarquable. Tout de suite sur la gauche se trouve une salle qui semble être inachevée (la superficie des parois ne comporte pas partout le même aspect de finition) mais qui est pourtant décorée. Son plafond comporte 14 disques d'ocre rouge. Les petites alcôves de cette salle ont fait dire aux archéologues que cet endroit était réservé à des inhumations plus ou moins individuelles. En avançant dans l'hypogée, sur la droite se situe une salle dite chambre de l'oracle au plafond décoré de spirales ocres dans l'esprit des bas-reliefs découverts au temple de Tarxien[11]. Une petite ouverture à hauteur dans le mur donne sur une niche, elle-même décorée, dite niche de l'oracle en raison de l'écho qui résonne dans le temple si l'on parle dans l'ouverture. Aujourd'hui les spécialistes pensent plutôt à l'emplacement d'une statut ou d'un objet cultuel. En avançant toujours vers le fond de l'hypogée se trouve une nouvelle salle au plafond décoré de volutes inscrites dans des pentagones[11]. C'est là que se trouve le deuxième puits à offrandes dans lequel les archéologues ont découverts des amulettes, des bijoux et la maintenant célèbre « Sleeping Lady » (voir illustration)[12].
Derrière le puits à offrandes se trouvent les trois plus remarquables pièces de l'hypogée, la chambre principale (supposée lieu de culte), le « Saint des saints » (supposé lieu réservé aux officiants) et le « Trésor » (supposé lieu d'inhumation)[2]. Ces salles ont la particularité, jamais retrouvée dans aucun autre hypogée, d'avoir des parois qui représentent, sculptées dans le calcaire à globigérine, toutes les apparences extérieures et intérieures des temples de surface avec leurs entrées trilithes, leurs orthostates, leurs autels, leurs voûtes en encorbellement, leurs banquettes etc. Le traitement de la pierre est particulièrement soigné donnant à l'ensemble un véritable aspect monumental[13],[14].
Un escalier, en partie tournant, composé de sept marches dont la dernière sur deux pierres dressées est assez haute par rapport au sol, donne accès au troisième niveau. Les salles de ce niveau, situées en grande partie sous celles du niveau supérieur, sont disposées de telle façon qu'elles laissent subsister des pilastres permettant de supporter la charge du niveau supérieur. Des traces d'ocre rouge laissent supposer une riche décoration. La fonction de ces dernières salles est sujet de discussion, certains voudraient y voir des réserves protégées par un escalier dangereux dans l'obscurité[2].
Références
- N. Cauwe et al. (2007) p. 189.
- A. Bonanno (1993) p. 18.
- A. Pace (2004) p. 6-8.
- fiche officielle de classement no 130. Consulté le 11 mars 2008
- A. Pace (2004) p. 5-9.
- B. Sedlaczek (2000) p. 35.
- A. Pace (2004) p. 23-24.
- A. Pace (2004) p. 22.
- Graham Hancock, civilisations englouties - tome 2
- A. Blondy (1991) p. 126.
- M. Ridley (1976) p. 56-63.
- A. Blondy (1991) p. 128.
- A. Pace (2004) p. 29-36.
- J. S. Tagliaferro (2000) p. 29.
Bibliographie
- (fr) Alain Blondy (1991) Malte, Arthaud, Paris, Réed. 2007
- (fr) Anthony Bonanno (1993) Malte, un paradis archéologique, M.J. Publications Ltd, La Valette, réed. 1995
- (fr) Nicolas Cauwe, Pavel Dolukhanav, Janusz Kozłowski, Paul-Louis van Berg (2007) Le néolithique en Europe, Armand Colin, coll. U Histoire, Paris
- (en) Anthony Pace (2004) The Hal Saflieni Hypogeum, Paola, Midsea Books Ltd, coll. Heritage Books, Malte
- (en) Michael Ridley (1976) The Megalithic Art of the Maltese Islands, Dolphin Press, Poole
- (fr) Brigitte Sedlaczek (2000) Archéologie des îles maltaises, MP Graphic Formula, Rome, Progress Press Co. Ltd, Valetta
- (fr) John Samut Tagliaferro (2000) Malte, Archéologie et Histoire, Casa Editrice Perseus, coll. Plurigraf, Sesto Fiorentino, Miller Distributors Ltd, Luqa (Malte)
Liens externes
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- Site préhistorique de Malte
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