- Hubert van Eyck
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Hubert van Eyck, Hubrecht van Eyck ou encore Hubertus Eeyck était un peintre belge de l'école des primitifs flamands du XVe siècle, né vers 1366 à Maaseik (actuelle province de Limbourg en Belgique), mort en septembre 1426 à Gand.
Il était le frère de Jan van Eyck, célèbre dans la peinture flamande pour avoir inventé la peinture à l'huile en rajoutant aux couleurs de la térébenthine, ce qui permettait de faire des tableaux aux détails plus précis et aux couleurs vives. Déjà Francesco Guicciardini en 1567) et Giorgio Vasari en 1568 lui attribuent à tort l'invention de la technique de la peinture à l'huile. Il est cependant vrai que, par des mélanges nouveaux, il atteignit à une couleur plus transparente et donc, d'un caractère plus lumineux. Le fait d'être peintre de cour, dégagé du carcan corporatif, lui offrait l'avantage de pouvoir se livrer à des expériences et, tout à la fois, l'obligeait à développer son talent au maximum.
On lui attribue[1] d'avoir ébauché le célèbre retable de l'agneau mystique achevé par son frère et actuellement à la Cathédrale Saint-Bavon de Gand. Il aurait d'ailleurs été inhumé dans la chapelle où était exposé ce retable.
On retrouve son effigie dans Les effigies des peintres célèbres des Pays-Bas de Dominique Lampson.
Sommaire
Biographie
Hubert van Eyck est le frère aîné de Jan, Lambert et Margaretha van Eyck. Selon le rhétoriqueur gantois Lucas d'Heere et l'historien Marcus van Vaernewyck[2], il est né à Maaseik et ce dernier avance la date approximative de 1366. L'origine mosane est incontestée. On associe à Hubert divers documents d'archives, les uns de manière hypothétique, d'autres avec une sérieuse marge de sécurité. A la première catégorie appartiennent un paiement du chapitre de l'église Notre-Dame à Tongres au magister Hubertus pictor, en 1409, ainsi que le testament de Jan de Visch van der Capelle, seigneur d'Axel (1413), par lequel il lègue une œuvre d'un maître Hubert à sa fille Maria, bénédictine. Quelques mentions plus tardives qui situent Hubert à Gand sont mieux fondées. Sur ordre des échevins de Gand, meester Luberecht exécute, en 1424/1425, deux projets pour un retable peut-être destiné à la maison des échevins et, en 1425/1426, ils paient un pourboire aux assistants de "meester Ubrecht" lors d'une visite à son atelier à l'occasion, peut-être, de la visite du retable en question. A Gand encore, par son testament du 9 mars 1426, Robert Poortier décide de faire transférer à la Heilige Kerstkerk un retable représentant saint Antoine qui se trouve encore dans l'atelier de "meester Hubrechte den scildere". Toutes ces données concernent évidemment la même personne : Hubert van Eyck. Le nom même de Hubert, peu usité à Gand, peut être l'indice de son origine étrangère. La pierre tombale de Hubrecht van Eyck vient corroborer ces faits; elle est actuellement conservée au lapidarium de l'abbaye Saint-Bavon mais elle provient du transept de l'ancienne église Saint-Jean (l'actuelle cathédrale Saint-Bavon). Une inscription gravée sur une plaque de cuivre aujourd'hui disparue mais qui était scellée dans cette pierre, situe au 18 septembre 1426 la date de son décès. Le texte en est connu par deux transcriptions indépendantes l'une de l'autre : celle de Marcus van Vaernewyck (1568) et celle de Christiaan van Huerne (entre 1616 et 1621). L'avis de quelques auteurs selon lesquels cette inscription funéraire aurait été une contrefaçon du XVIe siècle est démenti par des témoignages anciens, à savoir ceux de l'humaniste Hieronymus Münzer de Nuremberg qui visita Gand en 1495 et de Lucas d'Heere (1559) attestant tous deux la présence du tombeau dans ladite église. De plus, à la date de décès indiquée, des droits de succession ont été payés par des héritiers de Lubrecht van Heyke qui n'habitaient pas Gand. Cette indication d'archives concorde avec les mentions de la plaque funéraire.
L'Œuvre peint
Le quatrain de l'Agneau mystique
Article détaillé : L'Agneau mystique.Un quatrain qui fut découvert en 1823 sur les cadres du revers de l'"Agneau mystique[3]" à l'occasion d'un nettoyage[4], ; il y avait été inscrit lors de la consécration du retable le 6 mai 1432 et ainsi était lié à la fondation du commanditaire Judocus Vijd. Il témoigne que "pictor Hubertus Eeyck" commença ce polyptyque mais que son frère Jan l'acheva à la requête de Vijd (vide Jan van Eyck). Les tentatives de tenir ce quatrain pour une création du XVIIe siècle ne sont pas crédibles. On connaissait la teneur de ces vers depuis déjà longtemps, comme le rapportent les notes de voyage de Münzer et d'Antonio de Beatis, secrétaire du cardinal Luigi d'Aragona (1517). On peut tenir ce texte pour authentique, tant sur le plan matériel qu'au point de vue de la paléographie et de la linguistique. De plus le contenu s'accorde aux circonstances de 1432, à savoir la fondation par Judocus Vijd d'une messe quotidienne à célébrer dans la première chapelle rayonnante méridionale de l'église Saint-Jean à Gand où l'"Agneau mystique" devait être installé. L'analyse stylistique du polyptyque apporte un dernier argument en faveur de l'authenticité de l'inscription. On y distingue en effet le travail de deux mains différentes. La conception d'ensemble est incontestablement de Hubert ainsi que certaines parties telles que le registre inférieur et les trois personnages principaux à l'intérieur du polyptyque, de même que les personnages de l'Annonciation et les grisailles sur le revers. Sa manière reste archaïsante; elle reflète le style international, celui de Melchior Broederlam et, pour ce qui concerne le paysage, celui du Maître de Boucicaut. Certains éléments évoquent le Maître de Flémalle, un contemporain. Les compositions, assez plates, sont caractéristiques : le paysage y est encore conçu comme un arrière-fond lointain sur lequel sont appliquées les figures, effet que la perspective à vol d'oiseau du paysage renforce encore. Les personnages principaux se tiennent dans une zone peu profonde. Comportements et gestes sont stéréotypés et répétés. Les drapés et les plissés sont compliqués et produisent un effet décoratif linéaire. Plus tard, lorsqu'il l'achèvera, Jan van Eyck apportera des améliorations et une harmonisation par des effets d'ombre et de lumière, par le réalisme du détail et l'accentuation de la profondeur. L'ensemble deviendra ainsi plus "moderne[5]".
L'Œuvre peint
Nombre d'historiens d'art se sont efforcés d'attribuer d'autres œuvres à Hubert van Eyck. Citons, parmi d'autres : "Les trois Marie au tombeau[6]", l'"Annonciation Friedsam", un diptyque avec une "Crucifixion" et un "Jugement dernier[7]", un "Calvaire[8]", la "Madone dans l'église" (ibidem) et un "Portement de Croix" connu par une copie des environs de 1530[9].
Selon certains, une série de dessins des douze apôtres (Vienne, Albertina) évoque des compositions perdues de Hubert. Mais ces attributions sont sujettes à caution. On pense actuellement à Jan van Eyck ou encore à des épigones anonymes. Seul le panneau des "Trois Marie au tombeau" serait - selon des recherches récentes - une œuvre "eyckienne" précoce. Il faut définitivement écarter l'hypothèse d'une participation de Hubert à la finition du "Livre d'heures de Turin-Milan[10],[11]"
Hypothèse
Selon certaines publications[12], l'existence de Hubert van Eyck est mise en doute. Selon ce point de vue, Hubert serait une création des Gantois de la seconde moitié du XVIe siècle et du début du XVIIe qui, ainsi, prétendaient situer le berceau de l'art flamand à Gand et non à Bruges où Jan van Eyck s'était fait une réputation. Cette vision est cependant peu défendable[13].
Bibliographie
- J.H. Weale, Hubert and John Van Eyck. Their Life and Work, Londres-New York, 1908.
- J. Duverger, Hubrecht en Jan Van Eyck. Enige aantekeningen betreffende hun leven en werk, in Oud Holland, 49, 1932, pp. 161-173; in ibidem, 50, 1933, pp. 64-70.
- E. Renders, Hubert Van Eyck, personnage de légende, Paris-Bruxelles, 1933.
- P. Faider, Pictor Hubertus. A propos d'un ouvrage récent d'E. Renders, in Rev. belge de philologie et d'hist., 1933, pp. 1273-1291.
- L. Scheewe, Hubrecht und Jan Van Eyck. Ihre literarische Würdigung bis im 18. Jahrhundert, La Haye, 1933.
- E. Panofsky, The Friedsam Annunciation and the Problem of the Ghent Altarpiece, in The Art Bull., 17, 1935, pp. 433-473.
- H. Beenken, Der Stand des Hubert Van Eyck-Problem. Fragen um dem Genter Altar, in Oud Holland, 53, 1936, pp. 7-33.
- O. Kerber, Hubert Van Eyck, Francfort, 1937.
- H. Beenken, Hubert und Jan Van Eyck, Munich, 1941.
- J. Duverger, Het graf- schrift van Hubert Van Eyck en het quatrain van het Gentsche Lam Gods-retabel, in Verhandelingen van de Kon. Vlaamsche Acad. voor Wetenschappen, Letteren en Schone Kunsten van België, Klasse der Letteren, VII, 4, Bruxelles, 1945.
- E. Panofsky, E.N.P., 1953, pp. 205-246.
- J. Duverger, De "Kinderen te Meester Ubrechts" (Van Eyck), in Wetenschappelijke tijdingen, 17, 1957, col. 131-140.
- E. Dhanens, Het retabel van het Lam Gods in de Sint-Baafskathedraal te Gent (Inventaris van het kunstpatrimonium van Oostvlaanderen, 6), Gand, 1965.
- R. Brignetti et G.T. Faggin, L'opera completa dei Van Eyck, Milan, 1968.
- H. Von Einem, Bemerkungen zur Sinneinheit des Genter Altars, in Josef Duverger. Bijdragen tot de kunstgeschiedenis der Nederlanden, I, 1968, pp. 24-36.
- E. Dhanens, Hubert en Jan Van Eyck, Anvers, 1980.
- J.R.J. Van Asperen de Boer et J. Giltay, Een nader onderzoek van "De drie Maria's aan het H. Graf", een schilderij uit de "groep van Eyck" in Rotterdam, in Oud Holland, 101, 1987, pp. 254-276.
Références
- sans certitude absolue, vide infra,
- XVIe siècle seconde moitié du
- Gand, cathédrale Saint-Bavon
- J. Duverger, vide infra
- J. Duverger, Het graf- schrift van Hubert Van Eyck en het quatrain van het Gentsche Lam Gods-retabel, vide infra
- Rotterdam, Mus. Boymans-van Beuningen
- tous deux à New York, Metropolitan
- Berlin, Staatl. Mus.
- Budapest, Szépmüvészeti Muzeum
- Maître H, Turin, Bibl. univ., ms. K.I.V. 29 - brûlé en 1904, et Turin, Mus. Civico.
- Maurits Smeyers, Dictionnaire des peintres belges Kirkirpa, 1994.
- de E. Renders (1933 sq.) et P. Faider, Pictor Hubertus, vide infra
- Maurits Smeyers, ibidem, 1994.
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- Décès en 1426
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