- Histoire de la communication dans la marine
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Transmission des ordres dans la marine à voile
La transmission des ordres dans la marine à voile, c'est-à-dire aux différentes composantes de l'Armée Navale est un problème de première importance pour son commandant. Les vaisseaux naviguent en ligne de file et, bien que l'amiral soit généralement placé au centre, il faut transmettre les ordres le long de cette file longue de plusieurs kilomètres.
Sommaire
Les besoins
Au XVIIe siècle, les amiraux ne disposent que d'un recueil d'« Instructions ». C’est-à-dire un ensemble de règles imaginées par l'amiral et présentées sous forme d'articles. On fait référence à un article et les destinataires doivent en déduire la pensée de leur chef. Les références sont données par des coups de canon, selon le nombre et la fréquence, ou par des mouvements de voile (mis à contre, ferlée, etc.)
Dans les situations simples, le système est valable, mais si la situation qui se présente n'a pas été prévue au préalable, rien ne peut plus être transmis. C'est alors que l'on trouvera, dans les relations du combat, l'envoi des canots du navire amiral pour porter des ordres, voire l'appel des frégates à passer sur l'arrière dudit vaisseau pour que soit donné au passage le message, par porte-voix, qui devra ensuite être hurlé de la même façon au vaisseau destinataire[1].
Les théoriciens
Les Français
Les premières améliorations du système de transmission des ordres seront le fait des français, avec les systèmes de Mahé de la Bourdonnais (en 1738, mais non appliqué) et du chevalier du Pavillon (1776, appliqué, lui, par d'Orvilliers au combat d'Ouessant). Les Anglais y viendront un peu plus tard, en particulier quand sera traduit l'ouvrage de Bigot de Morogues.
Les Anglais
C'est Richard Howe qui va imaginer en 1762 un système basé sur des codes numériques, transmis par pavillons arborés à des endroits précis de la mâture[2]. Son système utilise deux pavillons par code (avec ajout éventuel d'un troisième partiellement ferlé). En 1776, Howe le met en application dans la station nord-américaine qu'il commande. Il l'améliore en séparant les signaux des ordres tactiques. En 1782, c'est à la flotte de la Manche qu'il l'applique. Son système n'est qu'un complément aux Instructions officielles fournies par l'Amirauté britannique.
Le système de Howe utilise 14 pavillons. 10 numériques, 1 « préparatoire », 1 « final », 1 « substitutif » et 1 pour confirmer la réception du message (« aperçu »). À l'aide de ces pavillons, Howe décrit 260 signaux. Par exemple, le signal no 5 est "attaquer l'ennemi"; le signal 27, « rompre la ligne ennemie partout où c'est possible et engager le à contrebord »[3]. À côté de ces signaux, il est prévu 30 signaux non documentés que l'amiral pourra remplir en fonction de ses besoins particuliers. En complément, chaque navire reçoit un code à 3 chiffres, autorisant une grande souplesse dans l'envoi des ordres.[4]
Il faut attendre 1799 pour que l'Amirauté se décide à adopter ce système, comme complément officiel aux Instructions.
En 1800, c'est Home Riggs Popham qui imagine un dictionnaire d'environ 1000 mots racine, avec des codes à 2 ou 3 chiffres. Par exemple, le code 261, utilisé dans le message de Nelson, correspond aux mots "ever-y-thing-where". C’est-à-dire que l'on affichera 261 pour dire aussi bien everywhere que ever. Au destinataire de choisir la forme correcte.
En 1803, il y a environ 6000 racines et, en 1813, on arrivera à 30 000 mots[5]. Pour ce faire, il rajoute aux pavillons habituels des flammes (triangulaires ou en queues d'hirondelles). Il introduit aussi des syllabes à côté des mots et des phrases. Ainsi « Popham » pouvait être transmis en utilisant les codes L32A (pop) et L263 (ham).
La pratique
Article connexe : Code international des signaux maritimes.Organisation sur un vaisseau
Quand un message doit être envoyé, il est composé par l'officier de pavillons, à l'aide de ceux qui sont stockés dans un placard du gaillard d'arrière. Le message est ensuite envoyé à l'endroit choisi.
Signaux de jour
Fichier:England expects…JPGCes endroits sont au nombre de 18 pour les Anglais, 11 pour les Français. Il y a une hiérarchie dans les emplacements. Ainsi, le message de Nelson se serait présenté comme suit :
- en tête du grand mât, le White Ensign, plus bas le signal préparatoire, puis 2-5-3, puis 2-6-9,
- en tête du mât de misaine, 8-6-3 puis 2-6-1,
- en tête du mât d'artimon, 4-7-1,
- en corne d'artimon, 9-5-8,
- sur la droite du grand mât, 2 et substitutif (remplace le deuxième 2),
- sur la gauche du grand mât, 3-7-0,
- sur la droite du mât de misaine, 4,
- sur la gauche du mât de misaine, 2-1,
- sur la droite du mât d'artimon, 1-9,
- sur la gauche du mât d'artimon, 2-4.
C'est ce que l'on voit sur l'image du Victory illustrant cet article. Mais les experts divergent sur le mode d'envoi des éléments de ce message. Pour les uns, les différents éléments du message ont été successivement envoyés en tête du grand mât; pour les autres, c'est la répartition décrite ci-dessus qui fut utilisée. Quoi qu'il en soit, il semble qu'il n'y ait eu que 4 minutes de délai entre l'envoi et la réception, ce qui montre la qualité des personnels.
Signaux de nuit ou de brume
On peut aussi se baser sur des signaux sonores et non pas visuels. En particulier par temps de brouillard. Coups de canons, cloches ou décharges de mousquèterie, donnant, par exemple, le code de la page concernée des Instructions pour la première décharge, puis l'article concerné dans la page pour la seconde décharge. La nuit, on fait usage de lanternes, colorées si besoin, feux de Bengale ou fusées.
Références
- ↑ Ceci sera encore pratiqué par Augustus Keppel, au combat d'Ouessant, en 1778, pour envoyer des ordres à Harland et Palliser.
- ↑ C'est-à-dire que le même pavillon change de signification suivant l'endroit où il est arboré.
- ↑ Dans l'édition de 1799, ce signal deviendra le n° 340.
- ↑ Il est possible, par exemple, de n'envoyer le message qu'au chef d'une division, le laissant ensuite agir au mieux.
- ↑ Dont des références géographiques comme Cambridge, Rome ou Paris.
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