Histoire de la République populaire de Chine

Histoire de la République populaire de Chine

Cet article présente un résumé de l'histoire de la République populaire de Chine.

La République populaire de Chine, communément appelée Chine, est un État d'Asie orientale. Proclamée en 1949, la république est dirigée depuis par le Parti communiste chinois (PCC). C'est un état autoritaire dont l'économie est partiellement libéralisée et qui n'est pas une dictature militaire (comme les anciennes dictatures d'Amérique du Sud) malgré le poids de l'armée, et ne pratique plus le culte du chef (comme ce fut le cas à l'époque de Mao Zedong).

La Chine est héritière de plus de 4 000 ans d'Histoire. C'est le pays le plus peuplé du monde, avec environ 1 321 851 888 habitants[1]. Avec 9 596 960 km2, c'est également le plus grand pays d'Asie orientale et le 3e plus grand pays au monde, après la Russie et le Canada. En 2007, la Chine était la 3e puissance économique mondiale[2],[3]. Officiellement pays communiste, la RPC a adopté une « économie socialiste de marché » où libéralisme économique et contrôle politique se côtoient en une formule spécifique.

Sommaire

La mise en place de la République populaire, 1949-1957

L'avènement de la République populaire de Chine a suivi une période chaotique d'une centaine d'années, marquées par la domination de la Chine par des puissances étrangères, puis le chaos interne et la guerre civile. Les guerres de l'opium avaient soumis la dynastie Qing à l'exploitation du pays par les Huit armées étrangères unies (八国联军), ayant à leur solde des Seigneurs de la guerre. La chute de l'Empire voit l'avènement de la République de Chine, qui ne réussit pas à stabiliser le pays, déchiré par les conflits entre factions rivales. En 1927 éclate la guerre civile chinoise, opposant le Parti communiste chinois et le Kuomintang, parti nationaliste qui accède au pouvoir l'année suivante.

Le conflit déchire le pays jusqu'au déclenchement de la guerre contre le Japon, durant laquelle un accord a été convenu entre le Parti communiste chinois et le Guomindang pour combattre ensemble l'envahisseur étranger.

Après la Seconde Guerre mondiale, lors de la reprise de la guerre civile, le PCC a rallié les paysans à sa cause. Le 1er octobre 1949, Mao Zedong a proclamé la fondation de la République populaire de Chine sur la place Tiananmen, à Pékin en déclarant : « Les Chinois se sont levés ». Le parti nationaliste (Kuomintang) s'est quant à lui réfugié sur l'île de Taïwan, en y perpétuant la République de Chine.

Les premières campagnes de terreur

Trois campagnes sont lancées successivement et instaurent la terreur dans la population :

  1. la « campagne pour éliminer les contre-révolutionnaires », lancée en octobre 1950, et qui dure un an ;
  2. la campagne des trois antis, lancée fin 1951 ;
  3. la campagne des cinq antis, lancée en janvier 1952, menée parallèlement à la précédente.

La fondation d'un « État socialiste »

En 1953 a lieu la mise en place du premier plan quinquennal. L'économie est basée sur l'industrie lourde sur le modèle de l'Union Soviétique qui fournit des capitaux. Durant cette période, 10 800 Soviétiques et 1 500 Européens de l’Est furent employés en Chine dans le cadre de projets liés aux transports, aux communications, à l’éducation ou à la santé. Dans le même temps, des milliers de scientifiques, ingénieurs et étudiants Chinois furent envoyés étudier en Union soviétique.

La campagne des cent fleurs

Article détaillé : campagne des cent fleurs.

La campagne des cent fleurs est l'histoire d'une « comédie qui va se muer en tragédie » (Domenach, 1995). Mao appelle à une campagne de rectification, afin de rétablir son autorité affaiblie et d'améliorer les relations entre le Parti et la population. Le principe est d'autoriser la critique pour améliorer le Parti. Peu de temps après le lancement de la campagne en février 1957, la contestation explose. Le Parti réagit et exerce une répression féroce qui fera plusieurs centaines de milliers de victimes, emprisonnées, déportées ou parfois exécutées. '

Les années Mao (1949-1976)

Mao Zedong proclamant la fondation de la RPC à Pékin

L'accession de Mao Zedong au pouvoir a souvent été comparée à un nouveau "mandat céleste", acquis auprès d'années de guérilla et d'activisme politique auprès des masses paysannes ; l'État qu'il a contribué à instaurer est de même souvent perçu comme une dynastie impériale moderne. Après l'instauration de la République soviétique chinoise du Jiangxi en 1931, c'est au cours de la Longue Marche, entre octobre 1934 et octobre 1935, que Mao a acquis le titre incontesté de leader du PCC chinois, sans être à l'époque membre du Politburo. Certains observateurs estiment que l'État instauré autour du Parti communiste chinois en 1949 s'est peu à peu figé sur le squelette de la guérilla paysanne, en contradiction avec la gestion d'un État moderne : la gestion chaotique du pays et la révolution culturelle seraient de ce point de vue des reliquats d'une structure du pouvoir dépassée, accaparée par Mao. Officiellement critiqué et dans une certaine mesure condamné par le PCC après sa mort, Mao garde toutefois le bénéfice de la libération du pays et de la fondation de la RPC.

L'échec du « Grand bond en avant » (1958-1961)

Article détaillé : Grand Bond en avant.

Mao Zedong décide de mettre en œuvre un mouvement de réformes industrielles censées permettre de "rattraper le niveau de production d'acier de l'Angleterre" en seulement 15 ans. Des communes de production sont organisées au niveau local, et toute la population, et par dessus tout le monde paysan, est sommée d'y apporter sa contribution. Les paysans seront surexploités, on leur demandera de tout faire en même temps, des récoltes à la production sidérurgique. Le "Grand bond en avant" se soldera par un échec cuisant et une famine d'une ampleur désastreuse, peut-être la plus meurtrière que la Terre ait jamais portée.

Le Parti contre Mao (1960-1965)

Suite aux conséquences dramatiques de la politique économique de Mao durant les années 1960, ce dernier quitte son poste de président de la RPC. Le Congrès national populaire élit alors Liu Shaoqi comme successeur de Mao. Restant aux rênes du PCC, Mao est peu à peu éloigné de la gestion des affaires économiques du pays, qui est confiée à une élite modérée, sous l'influence dominante de Liu Shaoqi, Deng Xiaoping et certains autres, qui entament des réformes économiques.

La Révolution culturelle (1966-1969)

Article détaillé : Révolution culturelle.

En 1966, Mao lance la Révolution culturelle, qui lui permet de revenir au pouvoir en s'appuyant sur la jeunesse du pays et en attaquant les élites moyennes alors en poste. Une période de chaos s'ensuit, avant que la situation soit peu à peu reprise en main par Zhou Enlai. Après la mort de Mao, Deng Xiaoping, considéré comme le leader des réformistes, parvint à se hisser au pouvoir. Il fait arrêter pour être jugés la veuve de Mao, Jiang Qing et ses partisans au sein du PC (la Bande des Quatre).

  • 1965 : Début de la Révolution culturelle. Les intellectuels et la hiérarchie du Parti sont harcelés par la jeunesse des villes que Mao a lancé contre eux, et qu'on appelle les gardes rouges.
  • 1966 : À l'issue de débordements qui mènent la Chine au bord de la guerre civile, ces derniers sont envoyés dans les campagnes pour être "rééduqués", ainsi qu'une fraction très importante de la jeunesse urbaine durant les dix années suivantes (les zhiqings).

La fin de l'ère maoïste (1969-1976)

1976 : Décès de Mao Zedong. Fin de la Révolution culturelle selon l'historiographie chinoise (l'historiographie occidentale la considère achevée dès 1969). Réhabilitation d'une grande partie des victimes de la Révolution culturelle.

L'ouverture de la Chine et la victoire du pragmatisme (1976 à nos jours)

La prise du pouvoir par Deng Xiaoping (1976-1978)

1978 : du 18 au 22 décembre se tient la troisième Session plénière du XIe Comité central du Parti communiste chinois. Le communiqué officiel annonce que la Chine encouragerait les coopérations économiques avec les autres pays et chercherait à obtenir les technologies et équipements les plus avancés du monde. Ce revirement politique marque le début de la politique d'ouverture de la Chine. Les critiques adressées à ces réformes économiques, émanant généralement des paysans les plus pauvres et des observateurs étrangers, notent que ces réformes ont créé de grandes disparités au sein du pays, une importante pollution, une corruption rampante, un chômage croissant et une mauvaise gestion des entreprises d'État. Cette situation est potentiellement menaçante pour la stabilité du régime. Certains acteurs de la vie politique chinoise, de journalistes et de magistrats critiquent également le manque de réformes politiques sur des questions cruciales, notamment eu égard à une participation du peuple dans les votes aux élections.

Le succès des réformes (1979-1985)

À partir de 1980, Deng Xiaoping engagea la Chine sur des politiques de réformes économiques (« Quatre Modernisations » : industrie et commerce, éducation, organisation militaire et agriculture) et d’ouverture qui commencèrent par une dé-collectivisation des terres, suivies par des réformes industrielles dont le but était de décentraliser les contrôles du gouvernement dans le secteur industriel. Deng développa l’idée de Zone Economique Spéciale où l’investissement étranger pouvait s’investir sans restriction du gouvernement, sur base capitalistique. Il considéra l’industrie légère comme la base de développement de l’industrie lourde.

Dans les campagnes, le système « de responsabilité » amène les paysans à signer avec l'État des contrats qui leur assurent, pour plusieurs années, l'usufruit des terres collectives. Désormais la notion de rentabilité l'emporte en ce qui concerne la production, les achats d'engrais et de matériel. En décembre 1985, les communes populaires disparaissent, de même que le monopole d'État sur les céréales. En même temps, la production augmente, régulièrement suivie par les revenus paysans : à l'efficacité du système « de responsabilité » viennent s'ajouter les effets de la « Révolution verte », qui repose sur l'usage accru des engrais, des pesticides et de la mécanisation : la récolte de 1984 dépasse 400 millions de tonnes. Mais la fin de la collectivisation comporte aussi des aspects négatifs : elle rend inutiles près de 200 millions de ruraux.

Le rapide développement des secteurs économiques de consommation et d’exportation, la création d’une classe moyenne urbaine regroupant 15% de la population, un accroissement des niveaux de vie (perçu au travers d’une augmentation importante du revenu par habitant, de l’espérance de vie et du niveau d’éducation) et une plus large frange de droits et libertés pour le chinois moyen témoignent du succès des réformes.

La montée des tensions (1986-1989) et l'explosion démocratique du printemps 1989

Bien que les niveaux de vie se soient améliorés d’une manière importante, les réformes de Deng n’étaient pas au-dessus de toute critique. Les conservateurs affirmaient que Deng avait à nouveau ouvert la Chine à divers maux sociaux et à un accroissement global de la pensée matérialiste, alors que les libéraux attaquèrent Deng sur ses positions politiques inflexibles. Les forces libérales commencèrent à manifester de diverses manières et à réclamer la démocratie (la cinquième modernisation), ce qui conduisit, en 1989, aux manifestations de la place Tian'anmen (épisode dit du Printemps de Pékin'), et à leur répression le 4 juin 1989 pour lesquelles le gouvernement chinois fut internationalement condamné. La répression des mouvements étudiants entraina une condamnation de la part de nombreux pays du monde et un embargo sur les ventes d'armes à la Chine.

Quelles perspectives pour la Chine au XXIe siècle ?

La société civile chinoise évolue à grande vitesse et adopte des mœurs nouvelles compte tenu de la modernisation effrénée du pays ; ici, la sieste. La révolution culturelle semble faire partie du passé.

Depuis les années 1990 et 2000, les réformes se poursuivent et l'économie de la Chine connaît une croissance très rapide, supérieure à 8-9 % par an, en raison du bas coût de la main-d'œuvre et des possibilités d'échange offertes par les technologies. Dans le même temps, la République populaire de Chine récupère la souveraineté sur Hong Kong (en 1997) et Macao (en 1999).

La Chine est en 2008 la 3e puissance économique mondiale[4] derrière les États-Unis et le Japon avec un PIB de 4 420 Milliards de $ US (World Bank, Total GDP 2008). De nombreuses délocalisations et installations d'entreprises étrangères en Chine valent à la République populaire de Chine le surnom d'« usine du monde »[5]

Avec les Jeux olympiques de Pékin en 2008, la Chine s'affiche comme un pays moderne et efficace, l'opération amenant davantage de retombées en termes d'image que de bénéfices économiques[6].

Enfin, avec l'Exposition universelle de 2010 qui se déroule à Shanghai, la Chine cherche à revendiquer l'importance de sa culture dans le monde.

Le problème persistant du respect droits de l'Homme

Parallèlement à son entrée dans une économie de marché globalisée, le PCC conserve le contrôle du pays et maintient sa politique répressive vis-à-vis des groupes qu'il estime menaçants, comme le Falun Gong ou les mouvements séparatistes du Tibet, de manière générale contre tout groupe spirituel ou religieux « non autorisé » par le Parti. Les organismes de défense des droits de l'Homme signalent en effet des problèmes récurrents de liberté d'expression et de conscience, de nombreuses arrestations de journalistes et "cyber-dissidents" ainsi des cas de tortures perpétrés par la police.

La question des Droits de l'homme est souvent mise de côté par les démocraties occidentales face aux intérêts économiques, avec pour exemple Yahoo! et Google qui collaborent avec les autorités au sujet de l'emprisonnement de plusieurs « cyber-dissidents » ainsi que dans sa politique de censure et de surveillance du Web. Parallèlement à cela, le blocus des ventes d'armes, en vigueur depuis le massacre de la place Tienanmen en 1989, est toujours maintenu.

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre et Renée Gosset, Chine rouge an VII, Julliard, Paris, 1956
  • John K. Fairbank, Merle D. Goldman, Histoire de la Chine - Des origines à nos jours, Paris, Tallandier, 2010, 749 p. (ISBN 978-2-84734-626-8)  Titre original : China, A New History, 1992, 1996, 2006 Harvard College.


Articles connexes

Liens externes


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