- Hippolyte Bayard
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Hippolyte Bayard (Breteuil-sur-Noye, 20 janvier 1801 - Nemours, 14 mai 1887) est un pionnier de la photographie, inventeur et artiste.
Fils du juge de paix Emmanuel Bayard, il quitte la Picardie pour rejoindre Paris où il entre au ministère des Finances. Il est attiré avec son ami, Edmond Geoffroy, vers le milieu bohème de la capitale dans lequel il rencontre notamment Jules-Claude Ziegler.
Sommaire
Famille
Né le 20 janvier 1801 à Breteuil-sur-Noye (Oise) d'Emmanuel Bayard, juge de paix et propriétaire (Breteuil-sur-Noye, 9 décembre 1756 - Breteuil-sur-Noye, 29 février 1840) et Élisabeth Adélaïde Vaconssin.
Grands-parents paternels : Louis Bayart, archer garde de la Connétablie de France, puis huissier et de Marie Charlotte Dutilloy[1].Un inventeur
Dans les années 1830 à Paris, le milieu intellectuel et artistique est agité par les fameuses expériences menées par Louis Daguerre, créateur du Diorama. Celles-ci font suite aux avancées de Nicéphore Niépce, avec lequel il s'était associé en 1827. Mais en 1835, des informations commencent à circuler sur un procédé que Daguerre aurait réussi à mettre au point pour fixer l'impression lumineuse dans une camera obscura.
Comme beaucoup d'autres, Bayard, qui s'intéresse à la peinture, se lance dans l'expérimentation. La première idée de génie de cet homme méthodique consiste à consigner ses avancées dans un cahier d'essais. On peut ainsi suivre sa progression dans la maîtrise de la sensibilité, avec l'apparition de vagues formes qui se précisent d'essais en essais jusqu'à ce qu'on y reconnaisse les statues qui lui servent de modèles.
Bayard invente d'abord un procédé photographique de négatif sur papier. Puis, en mars 1839, il met au point un procédé lui permettant d'obtenir des positifs directs sur papier. L’image positive se forme par l'exposition dans la chambre noire d’une feuille de papier préalablement sensibilisée. Comme le daguerréotype, les images obtenues par Bayard sont des pièces uniques ne pouvant être reproduites.
En juin 1839, Bayard organise la première exposition de photographies de l'histoire. Il contribue à une opération de bienfaisance en présentant une trentaine de vues de natures mortes et d'architecture. Deux mois avant la reconnaissance officielle du daguerréotype, Bayard a donc déjà une maîtrise suffisante de son procédé pour en faire des démonstrations – mais il est trop tard.
La première mise en scène photographique
La France revendique pleinement l'invention de la photographie en soutenant haut et fort la paternité de Daguerre, mais le procédé mis au point par Bayard diffère profondément. L'Académie des sciences est embarrassée par cette deuxième invention. François Arago, promoteur de Daguerre et de son procédé, ne l'encourage pas. Bayard se tourne alors vers l'Académie des Beaux-Arts qui le reçoit mieux, mais sans le soutenir véritablement. Entre temps, l'Anglais William Henry Fox Talbot a inventé un procédé de négatif-positif, supérieur à celui de Bayard, qui se voit relégué au deuxième plan.
En juin 1839, Bayard reçoit 600 francs de l'État français pour s'équiper en matériel photographique (alors qu'une rente annuelle de 10 000 francs au total est versée à Jacques Daguerre et à Isidore Niépce, le fils de Nicéphore). En février 1840, il révèle les détails de son invention du positif direct à l'Académie des Sciences. Mais le daguerréotype est en plein essor, et l'apport de Bayard reste ignoré.
Bayard décide alors de se noyer, mais uniquement, et c'est là sa deuxième idée de génie, « photographiquement ». En octobre 1840, il se met en scène en noyé sur une photographie au dos de laquelle il écrit :
« Le cadavre du Monsieur que vous voyez ci-derrière est celui de M. Bayard, inventeur du procédé dont vous venez de voir ou dont vous allez voir les merveilleux résultats. À ma connaissance, il y a à peu près trois ans que cet ingénieux et infatigable chercheur s'occupait de perfectionner son invention.
L'Académie, le Roi et tous ceux qui ont vu ces dessins que lui trouvait imparfaits les ont admirés comme vous les admirez en ce moment. Cela lui fait beaucoup d'honneur et ne lui a pas valu un liard. Le gouvernement qui avait beaucoup trop donné à M. Daguerre a dit ne rien pouvoir faire pour M. Bayard et le malheureux s'est noyé. Oh ! instabilité des choses humaines ! Les artistes, les savants, les journaux se sont occupés de lui depuis longtemps et aujourd'hui qu'il y a plusieurs jours qu'il est exposé à la morgue personne ne l'a encore reconnu ni réclamé. Messieurs et Dames, passons à d'autres, de crainte que votre odorat ne soit affecté, car la figure du Monsieur et ses mains commencent à pourrir comme vous pouvez le remarquer. »En 1840, un an à peine après l'invention officielle de la « photographie » qui allait devenir l'instrument de reproduction du réel, Bayard inventait avec humour la « fiction photographique ».
Un photographe actif
Le procédé de positif direct de Bayard resta une expérience isolée qu'il fut seul à pratiquer. Malgré ses déboires initiaux, Bayard continuera cependant à être un photographe actif et productif. À partir de 1840, il utilise lui-même beaucoup le calotype, le procédé de négatif-positif inventé par Talbot.
Il est membre fondateur de la Société héliographique en 1851 puis de la Société française de photographie en 1854.
En 1851, il fait partie des cinq photographes de la Société héliographique mandatés par la Commission des monuments historiques pour recueillir des photographies de bâtiments historiques que la commission souhaite préserver ou restaurer. Il est envoyé en Normandie au titre de cette Mission héliographique.
Bayard est aussi le premier à avoir eu l'idée de combiner deux négatifs séparés, l'un pour le ciel et les nuages, l'autre pour le paysage, afin de composer une épreuve positive bien exposée avec un ciel moutonné de nuages. Les méthodes de « ciels rapportés » ont commencé à être utilisées dans les années 1850.
De 1860 à 1866, il ouvre un atelier avec Bertall, avec lequel il avait déjà collaboré dès 1855[2].
Notes et références
- Archives départementales de l'Oise
- Claude Malécot et Anne-Marie de Brem, Le Monde de George Sand : portraits photographiques, Monum, Editions du patrimoine, 2003.
Bibliographie
- Michel Poivert et Amélie Lavin, Hippolyte Bayard, Nathan, Photopoche no 91
- Jean-Claude Gautrand et Michel Frizot, Hippolyte Bayard. Naissance de l'image photographique, Éd. Trois cailloux, 1986 (ISBN 2-9030-8233-2)
- Hippolyte Bayard aux origines de la photographie et de la ville moderne, dans La Recherche photographique no 2, Univ. Paris VIII, mai 1987
- Anne de Mondenard, La Mission héliographique : Cinq photographes parcourent la France en 1851 (Baldus, Bayard, Le Gray, Le Secq, et Mestral), Éditions du Patrimoine, 2002 (ISBN 2-8582-2690-3)
Liens externes
- (fr) Les collections de la Société française de photographie
- (en) Page consacrée à Hippolyte Bayard sur le site du Musée Getty à Los Angeles
- (fr) Un autre Bayard: une évidence ! - Recherche sur l'invention de la photographie, niepce-daguerre.com
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