Haute Autorité de Lutte contre les Discrimination et pour l'Égalité

Haute Autorité de Lutte contre les Discrimination et pour l'Égalité

Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité

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Halde
Nom officiel Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité
Création loi n° 2004-1486 du 30 décembre 2004, Journal officiel du 31 décembre 2004
Statut autorité administrative indépendante
Compétence France France

Discrimination

Organisation Collège de la Haute autorité • Comité consultatif
Site officiel http://www.halde.fr

La Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité, également connue sous son acronyme Halde, est une « autorité administrative indépendante » française, « compétente pour connaître de toutes les discriminations, directes ou indirectes, prohibées par la loi ou par un engagement international auquel la France est partie » créée par la loi n° 2004-1486 du 30 décembre 2004, (Journal officiel, 31 décembre 2004). La loi a été complétée par le décret n°2005-215 du 4 mars 2005 qui fixe l'organisation générale et administrative et les procédures applicables.

La Halde est une institution spécialisée dans les discriminations. A cette fin, le Collège de la Haute autorité, qui réunit des personnalités de la société civile dont Adolphe Steg ou Sihem Habchi (Présidente de Ni Putes Ni Soumises) et le comité consultatif travaillent ensemble à l'émission des rapports, la réalisation d'enquêtes et à l'assistance aux victimes de discrimination.

Sommaire

Généralités

Saisine

La saisine de la Haute autorité est décrite à l'article 4 de la loi.

«  Toute personne qui s'estime victime de discrimination peut saisir la haute autorité, dans des conditions précisées par décret en Conseil d'État.

La haute autorité peut aussi se saisir d'office des cas de discrimination directe ou indirecte dont elle a connaissance, sous réserve que la victime, lorsqu'elle est identifiée, ait été avertie et qu'elle ne s'y soit pas opposée.
Les victimes de discrimination peuvent également saisir la haute autorité par l'intermédiaire d'un député, d'un sénateur ou d'un représentant français au Parlement européen.
Toute association régulièrement déclarée depuis au moins cinq ans à la date des faits, se proposant par ses statuts de combattre les discriminations ou d'assister les victimes de discrimination, peut saisir la haute autorité conjointement avec toute personne qui s'estime victime de discrimination et avec son accord.
La saisine de la haute autorité n'interrompt ni ne suspend les délais relatifs à la prescription des actions en matière civile et pénale et aux recours administratifs et contentieux.

 » 
Article 4 de la loi n°2004-1486 du 30 décembre 2004

Compétences

La Haute autorité est habilitée à mener diverses auditions, enquêtes, peut transmettre des dossiers au procureur de la République, a une mission d'information et de promotion de l'égalité, peut recommander toute modification législative ou réglementaire, et remet chaque année un rapport – rendu public – rendant compte de l'exécution de ses missions.

Limites

Le pouvoir de la Halde est limité à la saisine du Procureur de la République. C'est ce dernier qui décide ou non d'éventuelles poursuites.

Certaines affaires jugées comme « discriminatoires » par la Halde ont été classées sans suite par le Procureur, et n'ont donc jamais été jugées : en 2005 et 2006, plusieurs plaintes contre des entreprises mentionnant des critères d'âge dans des offres d'emploi ne seront jamais poursuivies[1].

Un arrêt du Conseil d'État du 13 juillet 2007 précise que « la réponse par laquelle la Halde refuse de donner suite à une réclamation n'est pas susceptible de recours pour excès de pouvoir ». Cependant, dans le cas où ces réponses s'avéreraient infondées, elles « sont de nature à engager la responsabilité de l'État à l'égard de ceux à qui elles auraient directement causé un préjudice »[2].

Renforcement des pouvoirs de la Halde

Néanmoins, certains articles de la Loi pour l'égalité des chances (loi n° 2006-396 du 31 mars 2006) ont considérablement renforcé le pouvoir de cette « autorité administrative indépendante »[3].

Dans le cas d'une affaire de discrimination : la Halde peut en effet faire ,dans un cadre bien défini, des perquisitions sans l'accord du responsable des lieux[4]. Or avant cette loi pour l' égalité des chances, elle ne pouvait faire de perquisitions qu'avec l'accord du responsable des lieux. De plus, lors d'une demande d'audition de la Halde par la juridiction qui mène une enquête pour des faits de discriminations celle-ci est désormais de droit, c’est-à-dire obligatoire et non plus facultative[5]. Les agents de la Halde, assermentés et spécialement habilités par le procureur de la République, pourront désormais dresser des procès verbaux pour des faits de discriminations qui ont été prouvés par la méthode du testing légalisé par l'article 225-3-1 du code pénal[6]. Possibilité de proposer une transaction, homologuée par le procureur de la république, à l'auteur de faits de discrimination. Cette transaction est une amende (3 000 € pour une personne physique et 15 000 € pour une personne morale). Elle peut parfois comporter d'autres mesures : comme une affichage de la décision dans les lieux publics pendant une durée n'excédant pas 2 mois, la publication d'un communiqué dans le journal officiel et dans divers journaux (sans que ceux-ci puissent s'y opposer), la publication de la décision au sein de l'entreprise de l'auteur des faits, etc. Ces mesures sont aux frais de l'auteur des faits mais qui ne doivent néanmoins pas dépasser le montant de l'amende[7].

L'application de la transaction met fin à l'Action publique, en cas de refus de la transaction, le dossier est transmis au procureur de la République pour qu'il puisse éventuellement déclencher l'Action publique[8] (sauf pour les dommages purement civil où la victime pourra de plus tenter un procès).

De plus, La Haute autorité, lorsqu'elle a constaté des faits de discriminations, peut, dans le cadre des activités professionnelle de l'auteur des faits, demander à l'autorité publique, par lequel l'auteur des faits est soumis à agrément ou à autorisation (ou qui dispose du pouvoir de prendre des sanctions contre le coupable), de faire usage des pouvoirs de suspension et de sanctions dont elle dispose[9].

Enfin, le rapport que la Halde rend chaque année au Président de la République et au Premier ministre devra énumérer « les faits portés à sa connaissance ». Ce rapport est ensuite rendu public[10].

Au premier abord, la Halde peut donc se présenter donc comme un auxiliaire de la Justice, avec des pouvoirs d'investigation[11]: la haute autorité pourrait demander des explications aux personnes privées mises en cause devant elle, demander la communication de documents et entendre toute personne dont le concours lui paraîtrait utile.. Mais ce pouvoir est en pratique très limité: il est ainsi prévu que la haute autorité puisse, après une mise en demeure infructueuse, s'appuyer sur l'intervention du juge des référés. Ainsi, quant aux perquisitions: Elle dispose par ailleurs de la possibilité de déléguer ses propres agents pour procéder à des vérifications sur place ... Elle doit pour cela avoir obtenu l’accord préalable du mis en cause..[12] Des juristes en déduisent donc qu'elle n'a pas de réel pouvoir de perquisition[13], sans l'autorité d'un Officier de Police Judiciaire ou un Juge d'Instruction. En cas de poursuite décidée par le Procureur de la République sur dénonciation de la Halde, celle-ci ne peut que faire valoir ses observations devant le tribunal, et proposer une transaction. Son pouvoir se limite donc en réalité à saisir la Justice devant le constat d'une infraction[14], ce qui est du ressort de tout citoyen (Et une obligation dans le cas de crimes), sans autre pouvoir de contrainte. Pour ces motifs, sa raison d'être est parfois contestée[15]. Par ailleurs, la Halde, par ses transactions, n'a aucun moyen judiciaire de faire obstacle à une enquête de police judiciaire, ni à une plainte déposée par une victime[16].

Il y a toutefois une certaine tendance à renforcer ses pouvoirs coercitifs. Ainsi, en décembre 2008, est mis en circulation une proposition de loi amendant l’article 9 de la loi n° 2004-1486 du 30 décembre 2004, en insérant que: "Est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende le fait d’entraver l’action de la haute autorité"[17].

Activités

La Halde a été saisie de 7788 réclamations en 2008[18], contre 6222 en 2007[19], 4058 en 2006 et 1410 en 2005[20]. Elle a traité 7369 dossiers en 2007, contre 2143 en 2006 et 363 en 2005.

L'origine ethnique est la première cause décrite dans les saisines (27% en 2007, 35,04 % en 2006 et 38,3% en 2005) et la plupart des discriminations présumées ont lieu dans le cadre de l'emploi, embauche ou carrière (50% en 2007, 42,87% en 2006 et 47,24% en 2005).

En janvier 2009, la Halde transmet, pour la première fois, à la justice les noms de propriétaires et agents immobiliers, auteurs présumés de discrimination raciale à l'égard de candidats à la location repérés au cours d'un testing[21].

Organisation

Le Collège de la Haute autorité

Composition actuelle du Collège
Nom Titre cité par la Halde Nommé
par le
Louis Schweitzer - Président ancien PDG du groupe Renault,

président du CA du Groupe Renault,
président du CA d'Astra Zeneca

PDR
Nicole Notat PDG de Vigeo,

ancienne secrétaire générale de la CFDT

PDR
Catherine Chouard DRH du groupe Elior, GrandVision et DHL International PM
Marie-France Picart directrice associée de Prodiovisuel International,

experte conseil en communication et médias,
ancienne Grande Maitresse de la Grande Loge féminine de France

PM
Marie-Thérèse Boisseau - Vice-Présidente ancienne ministre et ancienne député UMP,

vice-présidente du HCPF

PDS
Claude-Valentin Marie - Vice-Président ancien directeur du GELD,

membre du Comité pour la mémoire de l'esclavage

PDS
Amar Dib sociologue,

président national de la Fédération des clubs Convergences,
administrateur du Fasild,
membre du CA de l'ANAEM

PDA
Sihem Habchi présidente de l'association Ni putes ni soumises PDA
Adolphe Steg membre du Conseil économique et social PDCES
Olivier Rousselle Conseiller d'État,

ancien directeur du Fasild,

VCE
Jean-Yves Monfort président du Tribunal de grande instance de Versailles PCAS
Nominations par :

PDR : président de la République
PM : Premier ministre
PDS : président du Sénat
PDA : président de l'Assemblée nationale
PDCES : président du Conseil économique et social
VCE : vice-président du Conseil d'état
PCAS : premier président de la Cour de cassation

Elle est composée d'un collège de onze membres nommés par décret du Président de la République, pour une durée de cinq ans ni renouvelable ni révocable. Le renouvellement des membres (à l'exception de celui du président) se fera tous les trente mois : cinq des membres de la formation initiale auront donc un mandat limité à cette période (le choix des membres au mandat limité à trente mois sera fait par tirage au sort lors de la première réunion)[réf. nécessaire].

Règles de nomination

Les membres sont désignés selon la répartition suivante :

  • deux membres (un homme et une femme) dont le président, désignés par le Président de la République ;
  • deux membres (un homme et une femme) désignés par le président du Sénat ;
  • deux membres (un homme et une femme) désignés par le président de l'Assemblée nationale ;
  • deux membres (un homme et une femme) désignés par le Premier ministre ;
  • un membre (homme ou femme) désigné par le vice-président du Conseil d'État ;
  • un membre (homme ou femme) désigné par le premier président de la Cour de cassation ;
  • un membre (homme ou femme) désigné par le président du Conseil économique et social.

Rémunérations

Le Journal Officiel du 05 août 2005, édition n°0181, articles 1 et 2, fixe les rémunérations.

  • Le montant annuel brut de l’indemnité de fonction allouée au président de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité est fixé à 77 330 €.
  • Pour les réunions plénières, le montant brut de l’indemnité forfaitaire par séance est fixé à 130 € pour les membres du collège et à 65 € pour les membres du comité consultatif.

Le Comité consultatif

Nommés le 19 septembre 2005 :

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

Notes et références

  1. Détails relatés par le site www.actuchomage.org
  2. CE, 13 juillet 2007, 1/6 SSR, n° 297742
  3. les références suivantes sont relatifs à la loi no 2004-1486 du 30 décembre 2004 portant création de la haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité
  4. Article 8 (dernier paragraphe)
  5. Article 13
  6. L'antépénultième alinéa de l'article 2
  7. Article 11-1 et Article 11-2
  8. Article 11-3
  9. Article 14 (deuxième paragraphe)
  10. Article 16
  11. Un champ de compétence ouvert à toutes les discriminations et de vrais pouvoirs d'investigation
  12. La Halde monte en puissance
  13. Vous recevez une injonctions de la Halde : que faire?
  14. Les Droits des victimes
  15. La Halde : une autorité contre les discriminations aux méthodes contestées
  16. Bulletin officiel du Ministère de la Justice, numéro 102
  17. Proposition de loi visant à lutter contre les discriminations liées à l’origine, réelle ou supposée.
  18. http://www.lesechos.fr/management/actu/4863945-la-moitie-des-saisines-recues-par-la-halde-portent-sur-l-emploi.htm
  19. Rapport 2007
  20. Rapport 2006
  21. Mathieu Deslandes, "Six plaintes pour discrimination", Le Journal du Dimanche, 25 janvier 2009
  22. Délibération du collège de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité du 27 avril 2009, JORF n°0138 du 17 juin 2009
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