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Hassidei Ashkenaz
Les Hassidei Ashkenaz sont des piétistes juifs allemands. Ils écrivent leurs textes sous le coup de massacres dont les juifs sont victimes à partir de la première croisade. Ils donnent naissance à un
Sommaire
Origine et développement
Le mouvement des hassidim est lié au nom des Kalonymides, famille originaire d'Italie et dont les membres ont donné pendant plusieurs siècles des chefs spirituels aux communautés de Ratisbonne, de Spire, de Worms et de Mayence. Les Hassidei Ashkenaz commencent à faire parler d'eux au XIIe siècle et s'affirment au XIIIe. Les initiateurs du piétisme juif sont Samuel de Kalonymos le Hassid de Spire (mort en 1217), Yehuda he-Hassid de Worms et Éléazar de Worms, élève de Samuel (mort en 1230). Leur principale source d'inspiration est la littérature mystique de l'époque talmudique. Une tradition cabbaliste raconte qu'un grand livre de la mystique juive le Sefer ha-Bahir a été emporté d'Orient et a servi de base au hassidisme médiéval rhénan[1].
Éléazar de Worms a laissé une œuvre considérable: Sefer ha-rokeah, Hokmat ha-nefesh. Il s'agit d'écrits sur la prophétie, l'angélologie, ou encore de commentaires sur la liturgie.
Le Sefer Hassidim
On y trouve aussi des interprétations numérologiques de la Bible, une angélologie et une théologie mystique[2]. On connaît deux versions de l'ouvrage : l'une imprimée à Bologne en 1538 et l'autre découverte à Parme sous forme de manuscrit. À travers l'examen des problèmes de la vie quotidienne, c'est toute l'existence individuelle et collective du Juif médiéval que rapporte le Sefer Hassidim. Comme le désir de vengeance après les massacres perpétrés par les croisés. Ainsi, le Sefer Hassidim interdit de recouvrir le sang séché des martyrs dans les maisons juives car : "tant que le sang n'est pas recouvert la vengeance de Dieu s'exercera[3]." Le sang visible doit montrer au monde que Dieu n'oublie pas.
Voici un extrait du Sefer Hassidim: « Il y avait un berger qui ne savait pas prier. Chaque jour, il disait : « Seigneur, Maître du monde ! Tu sais très bien que si tu avais des bêtes à garder et que si tu me les donnais en garde, je les garderais ; d’ordinaire je demande un salaire, mais à Toi, je n’en demanderais pas, car je suis plein d’amour pour Toi. » C’était un Israélite. » [4]
Spiritualité
Le hassid de cette époque ressemble au moine chrétien médiéval. Le piétisme des Hassidei Ashkenaz se caractérise par une humilité personnelle, un refus du monde physique, un désir d'atteindre la pureté de l'âme. Yehuda he-Hassid exalte l'amour du prochain, le service de Dieu, la soumission totale à la volonté divine. L'amour de Dieu joue un rôle capital dans la doctrine hassidique. Un des aspects importants de ce courant est qu'il ancre les concepts mystiques dans la vie quotidienne. Ce mouvement formula un idéal de la vie religieuse qui, lorsqu'il est réalisé, constitue selon ses adeptes le plus haut degré de la vie spirituelle auquel l'esprit humain puisse prétendre. La prière méditative est fondée sur des pratiques exploitant les particularités de l'hébreu comme la guematria[5], le notarikon[6] et la Temura[7].
Le message de sérénité devant les contraintes du monde est un réconfort spirituel pour les communautés persécutées de l'époque[8]. L'éthique du Sefer Hassidim marquera profondément pendant des siècles la halakah et le mode de vie du judaïsme ashkénaze et, même après le XIXe siècle, l'éthique du judaïsme espagnol.
Notes et références
- ↑ David Biale, Gershom Gerhard Scholem, Jean-Marc Mandosio, Gershom Scholem, éditions de l’éclat, 2001, p 98
- ↑ Jean-Claude Polet, Claude Pichois, Patrimoine littéraire européen, De Boeck Université, 1992
- ↑ Sefer Hassidim, Manuscrit de Parme, Francfort 1924; cité dans David Biale, Isabelle Rozenbaumas, Pouvoir et violence dans l'histoire juive, éditions de l’éclat, 2005, p 79
- ↑ Sefer Hassidim, Manuscrit de Parme §5 Traduction française et présentation par le rabbin Edouard Gourévich Paris CERF 1988 p.179.
- ↑ méthode d'exégèse biblique faisant correspondre les lettres hébraïques et leur valeur numérique.
- ↑ interprétation des lettres d'un mot comme initiales des mots d'une sentence
- ↑ permutation des lettres
- ↑ Jean Chélini, Histoire religieuse de l'Occident médiéval, Hachette, 1991, p. 414
Voir aussi
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