Harunobu

Harunobu

Harunobu

Deux jeunes filles. Vers 1750.

Suzuki Harunobu (1725-1770 environ) était un artiste d'estampes japonaises (gravures sur bois), un des plus célèbres de l'Ukiyo-e.

Il était un innovateur, le premier qui produisit les estampes utilisant de nombreuses couleurs, et surnommées "estampes de brocart" (nishiki-e) en 1765, qui surclassèrent par leur richesse les estampes ne faisant appel qu'à deux ou trois couleurs. Harunobu a employé beaucoup de techniques spéciales, et a dépeint une grande variété des sujets, des poésies classiques aux beautés contemporaines. Comme beaucoup d'artistes de son époque, Harunobu a également produit un certain nombre de shunga, ou images érotiques. Pendant sa vie et peu après, beaucoup d'artistes ont imité son modèle. Quelques uns, tel que Harushige, se sont même vantés de leur capacité à créer de faux originaux du grand maître.

Sommaire

Influences

Bien que quelques experts affirment qu'il était originaire de Kyoto, une grande partie de son oeuvre, en particulier ses oeuvres de jeunesse, sont dans le style d'Edo. Son oeuvre montre des influences de nombreux artistes, tels que Torii Kiyomitsu, Ishikawa Toyonobu, l'école Kawamata, et l'école Kano.

Cependant, l'influence la plus forte sur Harunobu fut celle de l'artiste de peintures et d'estampes Nishikawa Sukenobu (qui, lui, résidait à Kyoto), qui a peut-être été le maître direct de Harunobu.

Carrière artistique

Harunobu commença sa carrière artistique dans le style de l'école Torii, créant de nombreuses oeuvres, qui, si elles témoignaient de l'habileté, n'apportaient cependant pas grand chose de neuf.

Ce ne fut qu'au travers de ses relations avec un groupe de samouraï literati que Harunobu peut aborder un nouveau style et de nouveaux formats.

Les calendriers ("egoyomi")

En 1764, du fait de ses relations, il fut choisi pour aider ces samouraï dans leurs efforts, en tant qu'amateurs, pour créer des calendriers sous forme d'estampes (egoyomi).

Certes, les calendriers de ce type ne sont pas inconnus avant cette date, mais ils sont extrêmement rares. On sait que par ailleurs Harunobu entrenait des relations étroites ou même des liens d'amitié avec de nombreux artistes et lettrés de cette époque, tout comme avec plusieurs amis du shogun. Aussi les calendriers de Harunobu et d'autres estampes de lui s'échangeaient-ils fréquemmment durant les réunions et les fêtes qui se déroulaient à Edo.

Ces calendriers sous forme d'estampes, qui incorporaient dans leur composition la liste des mois longs du calendrier lunaire japonais, seraient les premières "estampes de brocart" (nishiki-e). A cet aspect purement utilitaire se mêlaient des jeux de l'esprit : Tout d'abord bien sûr, l'artiste dissimulait habilement les nombres indiquant les mois longs dans la composition de l'estampe (par exemple, dans les plis d'une ceinture); mais ensuite, il intégrait également dans la composition des estampes des références cachées à la culture classique ou à des légendes extrême orientales.

Invention des "estampes de brocart"

Du fait de la richesse et du goût artistique de ses clients samouraï, Harunobu créa ces estampes en n'utilisant que les meilleurs matériaux qu'il pût trouver. Harunobu fit des essais avec de meilleurs bois pour les gravures, en utilisant du cerisier plutôt que du catalpa, et il utilisa non seulement des couleurs plus chères, mais il les utilisa en plus grande épaisseur, de façon à produire un effet plus opaque. Mais la plus grande innovation pour en arriver à la création des nishiki-e fut la possibilité pour Harunobu (là encore, grâce à l'aisance de ses clients) d'utiliser autant de blocs de bois séparés qu'il le souhaitait pour une seule et même image. Harunobu fut ainsi le premier artiste ukiyo-e à utiliser régulièrement plus de trois couleurs pour chaque estampe : les nishiki-e, à la différence des estampes qui les avaient précédées, utilisaient ainsi toute la gamme des couleurs.

Autres oeuvres

Vers la fin des années 1760, Harunobu devint ainsi l'un des premiers producteurs d'image d'acteurs de Kabuki, ainsi que des sujets similaires pour le marché des connaisseurs d'Edo.Souvent, le nom d'un client apparaissait sur l'estampe, en même temps que - voire à la place - du nom de l'artiste. La présence du sceau d'un client, et tout particulièrement l'omission de la signature de l'artiste, fut une autre des évolutions de cette période.

Entre 1765 et 1770, Harunobu créa plus de vingt livres illustrés, et plus de mille estampes de couleur, en même temps qu'un certain nombre de peintures. Il en vint à être considéré comme le maître de l'ukiyo-e durant ces dernières années de sa vie, et il fut largement imité jusqu'à ce que, des années après sa mort, son style fut éclipsé par celui de nouveaux artistes, tels que Katsukawa Shunsho et surtout, Torii Kiyonaga.

Style

Au delà des innovations révolutionnaires introduites par l'arrivée des nishiki-e, le style personnel de Harunobu était unique à bien des égards. Les silhouettes de ses personnages sont toujours frêles; certains critiques ont dit que tous ses personnages ressemblent à des enfants. Cependant, ce sont les jeunes filles représentées par Harunobu qui résument le mieux son style personnel : elles paraissent toute jeunes, frêles, timides même, contrastant avec les représentations féminimes plus robustes des artistes ultérieurs, tels Kiyonaga ou Utamaro. Richard Lane en parle comme étant "le domaine particulier de Harunobu, où il a surpassé tous les autres artistes japonais - jeunes filles éternellement enfants placées dans un environnement inhabituel et poétique". Bien que ses compositions, comme la plupart des estampes de l'Ukiyo-e, soient somme toute assez simples, c'était la construction de l'ensemble qui importait à Harunobu. Ainsi, à la différence de beaucoup de ses prédécesseurs (tels Kaigetsudo ou Sukenobu), il ne chercha pas à monopoliser l'attention du spectateur par le kimono des jeunes filles.

Harunobu est aussi considéré comme un des plus grands artistes de cette période lorsqu'il s'agit de dépeindre la vie quotidienne dans la ville d'Edo. Car ses sujets ne se limitent pas à des courtisanes, des acteurs, et des lutteurs de sumo : ils incluent également des petits vendeurs de rue, des garçons de course, et d'autres encore qui aident à mieux saisir la culture de l'époque.

Beaucoup de ses estampes font appel à un arrière plan monochrome, créé par une technique appelée tsubushi. Bien que d'autres artistes aient eu recours à cette technique, Harunobu est généralement considéré comme en ayant tiré le maximum d'impact, l'arrière plan coloré définissant l'atmosphère de toute l'image.

Un grand nombre des estampes de Harunobu font appel au format chuban (29,3 cm x 19 cm), notablement plus petit que le format oban qui prévaudra plus tard chez Kiyonaga et Utamaro.


Notes et Références

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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  • Richard Lane, L'estampe japonaise, Éditions Aimery Somogy - Paris (dépôt légal : 4° trimestre 1962)
  • Images du monde flottant, peintures et estampes japonaises XVII°-XVIII° siècles, (dépôt légal : Septembre 2004), (ISBN 2-7118-4821-3)

Sources

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Suzuki Harunobu ».


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