Haret

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Chat haret

Chat haret dans l'île de Serifos

Un chat haret ou errant est un chat domestique retourné à l'état sauvage, par le phénomène du marronnage. Il peut avoir connu la vie auprès des hommes ou bien être né dans la nature, il n'en reste pas moins un chat domestique (Felis silvestris catus).

La différence entre le chat domestique proprement dit et le chat haret est donc uniquement éthologique. Le chat haret ne doit notamment pas être confondu avec les chats sauvages, qui forment plusieurs espèces différentes.

Dans certains pays, où le chat n'est pas une espèce d'origine indigène, les populations de chats harets ont proliféré ; ils représentent en Australie une population évaluée à 18 millions de chats, qui pose de graves problèmes environnementaux.

Sommaire

Le chat haret en France

En France, le chat haret a été retiré de la liste des espèces chassables (arrêté du 26 juin 1987[1]) et de la liste des animaux susceptibles d'êtres classés nuisibles (arrêté du 30 septembre 1988[2]). Le maire devient seul responsable de la divagation des chats au titre de l'article L.211-20[3] du Code Rural. Par ailleurs, sa limitation peut continuer de s'effectuer dans le cadre de la police de la rage qui dépend du Ministère de l'Agriculture.

Le chat haret en Australie et en Nouvelle Zélande

Si le chat haret ne constitue pas un problème écologique grave en France et dans la plupart des autres pays, il n'en va pas de même en Australie. En effet, dans ce pays, la faune mammifère indigène est composée, non de mammifères placentaires, mais de marsupiaux. Le chat haret introduit soit une nouvelle niche écologique (celle d'un petit prédateur) dans l'écosystème local, soit il apparait plus concurrentiel que ses équivalents marsupiaux. En dehors de l'Australie continentale, les marsupiaux sont présents en Tasmanie, Nouvelle-Guinée ainsi que sur le continent américain (oppossum).

En règle générale (mais non exclusivement), les mammifères placentaires mis en concurrence avec des marsupiaux finissent par supplanter ces derniers, tout en modifiant l'écosystème local. On peut rapprocher cette situation à celle qui a mené à la disparition du thylacine, le « loup marsupial », face à la concurrence du dingo.

Or, d'autres mammifères placentaires, comme les lapins ou les rats avaient été introduits en Australie, et s'y étaient multipliés. Pour lutter contre cette prolifération, les colons britanniques avaient alors, au XIXe siècle, relâché volontairement des chats domestiques.

Ces chats devenus « harets » se sont à leur tour multipliés, et se comptent aujourd'hui par millions, puisque leur nombre était évalué en 2004 à 18 millions en Australie[4]. Aussi le gouvernement australien a-t-il dû mettre en place des plans d'éradication partielle de ces chats ; ce sont les TAP, Threat Abatement Plans (« Plans d'amoindrissement de la menace » sur la biodiversité).

Le problème écologique ainsi posé à l'Australie est extrêmement complexe, puisque la totale extermination des chats harets se traduirait aussitôt par la multiplication incontrôlée d'autres espèces invasives importées, comme les lapins et les rats[4]. C'est ce qui est arrivé par exemple dans l’île Macquarie, où l'éradication du chat s'est traduite par une explosion désastreuse du nombre de lapins[5].

En Nouvelle-Zélande, où le chat n'est pas non plus une espèce indigène, la menace est du même ordre, à la fois dans son origine (population de chats domestiques relâchés au XIXe siècle pour lutter contre la prolifération des lapins), et dans ses conséquences sur les espèces locales, en particulier le kakapo et la baisse dramatique de sa population depuis le XIXe siècle. Les chats harets sont par ailleurs soupçonnés de véhiculer la tuberculose, même s'il est loin d'être prouvé qu'ils puissent transmettre la maladie à d'autres espèces[6]. Il est permis en Nouvelle Zélande de tirer sur les chats soupçonnés d'être des chats harets, ce qui amène à garder enfermés chez soi les chats domestiques lorsque des battues sont organisées.

Le chat haret dans le reste du monde

Chat errant, au Japon

Rome

Rome, la capitale de l'Italie, est peut-être la ville comptant la population de chats harets la plus importante du monde : elle est estimée en effet à un nombre compris entre 250 000 et 300 000 chats, organisés en quelques 2 000 colonies, dont certaines qui vivent dans des lieux historiques comme le Colisée[7].

Certains historiens pensent que l'affection que les Romains portent aux chats remonte à la conquête de l'Égypte par l'empire romain, car la Cour égyptienne hébergeait des chats. D'autres historiens pensent que Rome a été épargné des conséquences dévastatrices des épidémies de peste bubonique par la population de chats harets de Rome, qui maintenait à un faible niveau le nombre de rats, principaux vecteurs de la peste. Quoi qu'il en soit, l'affection des habitants de Rome envers les chats égarés ne se dément pas, encore de nos jours, à l'instar de l'actrice Anna Magnani, qui les nourrissait régulièrement.

Canada

Pendant de nombreuses années, une colonie de chats harets a existé sur la colline du Parlement, à Ottawa. La tradition associe les chats à une garnison britannique dans les années 1850. Plus récemment, des structures d'habitation ont été construits pour eux, et ils sont nourris par un volontaire qui reçoit à ce titre une allocation de la Chambre des Députés. Des vétérinaires de la ville donnent gratuitement des soins à ces chats, qui sont stérilisés. La colonie compte environ 15 chats, dont le nombre demeure sensiblement constant.

États-Unis

Aux États-Unis, la façon de contrôler la population de chats harets fait débat. De nombreuses municipalités autorisent de les abattre, et les considèrent comme des nuisibles. Certains recommandent de contrôler la population de chats harets en les autorisant à la chasse, soutenant qu'il s'agit là de la méthode la plus économique. Cependant, une proposition d'avril 2005 visant à légaliser la chasse des chats harets dans l'état du Wisconsin pour réduire leur nombre a été refusée par les législateurs de l'état. Le Dakota du sud et le Minnesota autorisent de tirer sur les chats harets.

Des programmes de piégeage dits Trap-Neuter-Return (« Piégeage-Castration-Relâchage ») sont mis en œuvre par des volontaires et diverses organisations, visant à capturer les chats, à les stériliser par castration, puis à les relâcher. Une variante de ces programmes inclut l'innoculation d'un vaccin contre la rage et d'autres virus, et parfois, un traitement durable contre les puces. Des vétérinaires marquent à cette occasion les chats ainsi opérés, en leur coupant le bout d'une oreille, de façon à les identifier comme déjà traités. Des volontaires prennent fréquemment en charge ces chats de façon à les nourrir et à les soigner pendant le reste de leur vie.

Beaucoup d'experts pensent qu'il est pratiquement impossible d'apprivoiser un chat haret s'il n'est pas capturé et socialisé avant l'âge de six semaines. Cependant, il existe des témoignages montrant que de nombreuses personnes ont adopté et apprivoisé avec succès des chats harets adultes. Des associations s'occupant de chats harets proposent des techniques permettant d'arriver à ce résultat[8].

Voir aussi

Notes et Références

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