- Hague-Dick
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Le Hague-Dick[réf. nécessaire], Hague-Dike[1] ou Haguedic[2]est un monument préhistorique remontant sans doute, aux moins à l'an 1000 avant J.-C., c'est-à-dire de l'Age de bronze. C'est une importante levée de terre avec un fossé qui barre la péninsule de la Hague, d'ouest en est.
Il est maintenant prouvé[réf. nécessaire] que le Hague-Dick servait à protéger les habitants de la pointe contre les attaques venant du continent.
Le mot est attesté en 1232 dans le cartulaire de Vauville sous la forme fossatum de Haguedith (cacographie pour Haguedich) et on constate encore l'existence d'un tabellionnage de Haguedic en 1574[3]. À noter le fossatum, fossé au sens normand de « talus »[3].
On retrouve en vieux norrois les mots haka signifiant « cap, promontoire » et hagi « enclos pour le bétail ». François de Beaurepaire[4] y voit plutôt un terme vieil anglais équivalent haga « enclos pour le bétail ». En effet, l'existence du lieu anglais Alano atte Haggedik, cité en 1327 peut corroborer cette thèse. Le vieux norrois haka, quant à lui, convient moins bien sur le plan phonétique. De plus, on retrouve à Beaumont-Hague, un lieu-dit le Tohague (l'Estohague 1456), équivalent d'Étauhague à Imbleville (Seine-maritime, Estohagues 1262)[3] qui contient soit le vieil anglais stōd « chevaux, élevés ou appartenant à une personne » (mod. stud étalon, haras) ou le vieux norrois stóð de sens proche[5].
Le second élément est le vieux norrois dík, díki, fossé, dont est issu l'anglais dialectal dike, dyke, fossé, distinct du terme commun dike, emprunt au néerlandais (cf. français digue). La même racine germanique se retrouve dans le vieil anglais dīċ > anglais ditch, fossé[6].
Ce nom pourrait avoir été fixé avec ce sens dans le Cotentin par les Vikings, d'où les noms de Hague « enclos » et Hague-Dick « fossé et talus de l'enclos ».
Le Hague-Dick sépare en effet la « pointe » du reste de la Hague et passe sur la commune de Beaumont-Hague.
Il semble avoir été réutilisé à diverses époques, jusqu'aux invasions des Vikings, et même pendant les guerres de Religion.
Les vestiges ont été inscrits aux monuments historiques le 10 mai 1988.
Notes et références
- Voir bibliographie.
- François de Beaurepaire, Les noms des communes et anciennes paroisses de la Manche, éditions Picard 1986. p. 130 - 131.
- François de Beaurepaire, Op. cité.
- Op. cité.
- T. F. Hoad, English Etymology, Oxford University Press 1994.
- T. F. Hoad, Op. cité. p. 131.
Bibliographie
- Charles de Gerville, « Recherches sur le Hague-Dike et les premiers établissements militaires des Normands sur nos côtes », Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, t. 6. Caen : Mancel, 1831
- Charles de Gerville, « Le Hague Dike : recherche sur le Hague Dike », Cherbourg et le Cotentin : [actes] du Congrès de l'Association française pour l'avancement des sciences, 1905
- « Le Hague-Dike », L'Ami de l'école : bulletin de la Société des amis de l'école laïque de la circonscription de Cherbourg n°1, janv. 1927 - n°9, déc. 1928
- Michel de Boüard, « Le Hague-Dike », Cahiers archéologiques fin de l'Antiquité et Moyen Âge, tome VIII. Paris : Imprimerie nationale , 1956
- Cyril Marcigny, Retour au « Hague Dike » : historiographie et nouvelles analyses, Annuaire des cinq départements de la Normandie, 166e congrès, 2009, p. 97-110.
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