- Géodiversité
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La géodiversité désigne la diversité du monde abiotique. Le mot « géodiversité » est un néologisme composé du préfixe « géo » (qui signifie la « terre ») et du mot « diversité ». Le concept intègre la diversité géologique (roches, minéraux, fossiles), géomorphologique (formes du relief) et pédologique (sols), ainsi que l’ensemble des processus dynamiques qui les génère (Gray, 2004). Le terme est apparu pour la première fois au milieu des années 1990 au travers d’articles d’auteurs australiens travaillant sur la Tasmanie (Sharples, 1993 ; Dixon, 1995 ; Eberhard, 1997), peu de temps après l’adoption de la Convention sur la Biodiversité lors du Sommet de la Terre à Rio en 1992. Il existe en effet un parallèle évident entre la diversité biotique (biodiversité) et la diversité abiotique (géodiversité), la seconde étant le support essentiel de la première (Bétard et al., 2010). Ensemble, biodiversité et géodiversité désignent la diversité de la Nature dans sa globalité. Au même titre que la diversité biologique, la géodiversité constitue un élément important du patrimoine naturel de la Terre dont les valeurs intrinsèques, culturelles, esthétiques, fonctionnelles, éducatives et/ou scientifiques doivent être préservées et transmises aux générations futures.
Sommaire
La géodiversité est-elle menacée ?
Les activités humaines menacent la diversité des roches, des sols et des formes du relief autant que celle des animaux et des végétaux vivant sur Terre. Cependant, contrairement aux espèces biologiques, les objets géologiques ou géomorphologiques ne se reproduisent pas et la détérioration d’un objet ou d’un site entraîne souvent sa perte définitive. Les menaces sont donc réelles et les atteintes portées au milieu abiotique souvent irréversibles. Parmi ces menaces, on peut citer par exemple la création de grands barrages qui engloutissent de vastes portions de territoires, l’impact de la déforestation sur la dégradation des sols, la détérioration des reliefs volcaniques pour l’exploitation de carrières, le pillage des fossiles et des gemmes, l’exploitation inconsidérée des ressources énergétiques (pétrole, gaz, hydrocarbures…), la pollution de l’eau et ses conséquences sur la qualité des sols, etc…
Gestion de la géodiversité : de la conservation à la valorisation
Face aux menaces croissantes qui pèsent sur le milieu abiotique, la gestion et la conservation de la géodiversité sont devenues, après celles de la biodiversité, un objet de préoccupation mondiale. Bien que les activités humaines soient responsables d’une érosion actuelle de la diversité naturelle, une grande partie d’entre elles semble compatible avec le maintien d’une géodiversité importante à condition que certaines règles de gestion et d’aménagement soient respectées. Dans les secteurs où la géodiversité est jugée exceptionnelle (richesse en minéraux rares ou fossiles, formes de relief spectaculaires…), la création de parcs nationaux et d’aires protégées devient un moyen efficace pour la conservation de la géodiversité (géoconservation). Plusieurs initiatives se relaient aujourd’hui sur la scène internationale pour faire reconnaître concrètement le concept de géodiversité et favoriser la conservation du patrimoine géologique et géomorphologique. Créé sous l’égide de l’UNESCO, le Réseau National des Géoparcs Nationaux existe depuis 2004. Il compte à ce jour 56 sites répartis dans 17 pays. Pour obtenir le label « Géoparc », les sites doivent présenter un patrimoine géologique et/ou géomorphologique d’une exceptionnelle richesse, être dotés d’une solide structure de gestion et d’une stratégie affichée de développement économique durable. L’objectif d’un Géoparc est triple (UNESCO, 2006) : 1/ protéger et valoriser des sites au patrimoine naturel menacé par les activités humaines ; 2/ promouvoir l’éducation à l’environnement et sensibiliser le public aux géosciences ; 3/ stimuler l’activité économique et promouvoir le géotourisme dans une perspective de développement durable.
Bibliographie
- Bétard F., Peulvast J-P., Oliveira Magalhes A. (2011) – Biodiversité, géodiversité et enjeux de leur conservation dans les montagnes humides du Nordeste brésilien. BAGF-Géographies, 88(1), pp. 17-26.
- Dixon G. (1995) – Aspects of geoconservation in Tasmania: a preliminary review of significant Earth features. Report to the Australian Heritage Commission, Occasional paper No. 32, Hobart: Parks and Wildlife Service.
- Eberhard R. (1997) – Pattern and process: towards a regional approach to national estate assessment of geodiversity. Technical Series No. 2, Australian Heritage Commission & Environment Forest Taskforce, Environment Australia, Camberra.
- Gray J.M. (2004) – Geodiversity: valuing and conserving abiotic nature. Wiley, Chichester.
- Sharples C. (1993) – A methodology for the identification of significant landforms and geological sites for geoconservation purposes. Hobart, Tasmania, Forestry Commission.
- UNESCO (2006) – Global Geoparks Network. UNESCO, Paris.
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