Gwenroc'h

Gwenroc'h

Guenroc

Guenroc
Administration
Pays France
Région Bretagne
Département Côtes-d’Armor
Arrondissement Dinan
Canton Caulnes
Code Insee abr. 22069
Code postal 22350
Maire
Mandat en cours
Henri Desportes
2008-2014
Intercommunalité Communauté de communes du Pays de Caulnes
Site internet Site officiel de Guenroc
Démographie
Population 183 hab. (2006[1])
Densité 25 hab./km²
Gentilé Guenrocois, Guenrocoise
Géographie
Coordonnées 48° 19′ 05″ Nord
       2° 04′ 26″ Ouest
/ 48.3180555555556, -2.0738888888889
Altitudes mini. 23 m — maxi. 102 m
Superficie 7,39 km²

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Guenroc (en breton Gwenroc'h, qui signifie « roche blanche ») est une commune du département des Côtes-d'Armor, dans la région Bretagne, en France.

Sommaire

Géographie

Histoire

I - Présentation de la commune.

Certains auteurs anciens suggèrent que le nom de Guenroc viendrait de St Guenroc orthographié également, Guirec et Guero, disciple de St Tugdual, apôtre de Lanmeur, abbé de plusieurs communautés. Enfin plusieurs familles de la région portent les noms de Guenroc et de Guero. Peut-être des ancêtres de ces familles existaient-ils à l'époque où vivait St Guenroc ou Guero ? Nous pensons donc que notre commune tire certainement son nom de son rocher. Guenroc doit peut-être son nom au rocher de quartz blanc situé au nord du bourg ; en effet, GWEN en breton signifie blanc et ROC, rocher.

Le point culminant de Guenroc plafonne à 103 mètres au-dessus du niveau de la mer ; il est situé dans une petite parcelle boisée près du lieu dit "La Rosais". La situation géographique de Guenroc est la suivante : longitude 2° 4’ ouest de Greenwich, latitude 48° 19’ nord.

Guenroc existait en 1286. Il est certain que des recherches plus approfondies permettraient de prouver une existence plus ancienne. La paroisse existait en 1371 - Procès de canonisation de Charles de Blois.

La commune possède un blason, d'origine très ancienne qui se lit ainsi : « D'argent à 3 rocs d'échiquier de gueules 2 et 1 », ce qui veut dire que le fond de l'écu est de couleur argent et les trois rocs de couleur rouge. Les seigneurs du Lattay qui existaient avant le XIIe siècle possédaient le même blason avec une bordure autour tandis que celui de Guenroc n'en possède pas.

Les limites de Guenroc sont les suivantes : A l'est et au sud, la Rance, fleuve côtier, devenue sur son territoire un lac à la suite de l'édification du barrage de Rophemel mis en eau en 1937. À l'ouest, un de ses affluents, le Fremeur, puis une ligne allant de cette rivière au lieu dit "La Fosse au Loup" matérialisée par des ruisseaux et des anciens chemins. Au nord-ouest par le bois dit de Guenroc, étant précisé que cette limite est située en deçà de la route allant de la "Fosse au Loup" à la route départementale D 39. Cette petite route ainsi qu'une bande de terrains boisés la longeant font partie de la commune de Plumaudan. Puis la route départementale D 39 sert de limite à notre commune jusqu'à la jonction avec celle desservant Saint Maden. Il convient de suivre, en prolongement de la D 39, un talus pour redescendre vers le sud en empruntant un chemin communal arrivant aux Maisons du Pont de Rance puis la Rance jusqu'au Barrage.

Guenroc est entourée par les communes de Plouasne, Guitté, Caulnes, Plumaudan, Saint Maden. Nous signalons qu'autrefois la commune comptait parmi ses voisines celle de Médréac ; celle-ci était riveraine de la Rance depuis la rivière de Néal jusqu'au ruisseau de la Ville-Jonc en Guitté. C'est un arrêté préfectoral du 3 octobre 1832 qui, par suite d'échange, permit à la commune de Guitté de devenir riveraine de la Rance depuis la rivière de Néal.

La superficie de Guenroc est de 738 ha 79 a 62 ca, cours d'eau, chemins, routes, compris. En 1855 nous relevons 738 ha 83 a 40 ca donc peu de changements. Nous avons noté par contre des modifications importantes dans 1'utilisation des terres. En 1855 nous avons trouvé 438 ha en terres labourables, 41 ha en prés et pâturages, 87 ha en bois, 14 ha en vergers et jardins, 78 ha en landes et terres incultes. En 1990, nous constatons que 428 ha sont en terres labourables, 61 ha en prés, 122 ha en bois, 39 ha en landes et 7 ha en jardins. Pour ces deux années, les chiffres ne comprennent pas les sols, chemins, routes, rivières et divers.

Notre sol est très varié et souvent manque d'homogénéité

  • Les schistes et poudingues - cailloux arrondis et reliés par un ciment naturel - donnent des sols lourds où des argiles grises et ocres en font des terrains imperméables gorgés d'eau en hiver devenant secs et durs en été, qu'il est indispensable de drainer.
  • Les sables et poudingues donnent des terrains un peu moins lourds.
  • Le granit par sa décomposition, forme de bons sols silico-argileux assez filtrants.
  • Les quartzites donnent des sols assez squelettiques et secs où la roche mère affleure.
  • Le grès armoricain
  • On trouve aussi du fer dans plusieurs endroits de la commune. Au temps où il existait des charrettes avec de grandes roues bardées de fer qui creusaient de profondes ornières, l'eau qui y stagnait devenait couleur rouille. Ce n'est d'ailleurs pas étonnant qu'une ancienne demeure porte le nom de "Champ Roux".

Des carrières de pierres et d'ardoises ont connu autrefois une certaine activité. La dernière carrière de pierre située dans le bois de Guenroc n'a cessé son activité qu'en 1935-1936.

Il est également intéressant de suivre l'évolution de la population de notre commune depuis deux cents ans : 1790: 513 H * 1796 : 507 H * 1802 : 433 H * 1838 : 526 H * 1850 : 587 H * 1870 : 560 H * 1880 : 503 H * 1913 : 412 H * 1922 : 350 H * 1938 : 339 H * 1954 : 279 H * 1962 : 268 H * 1968 : 249 H * 1975 : 193 H * 1982 : 185 H * 1989 : 177 H. Ces chiffres ne concernent que les personnes qui habitent la commune de façon permanente.

Il existe, à Guenroc, de très nombreuses résidences secondaires que les propriétaires n'habitent qu'en fin de semaine ou pendant les vacances. Ceux-ci sont donc recensés là où ils se trouvent de façon quasi permanente. Leur nombre n'est pas négligeable, il atteint un chiffre important par rapport au recensement des personnes domiciliées dans la commune.

Et maintenant promenons-nous dans notre jolie commune de Guenroc. A tout seigneur tout honneur, commençons par admirer notre rocher. Bertrand Robidou dans son Histoire et panorama d'un beau Pays nous l'a décrit de façon très originale ; nous n'avons pu résister au plaisir de citer ce texte daté de 1892. « Nous partons de Rennes, un matin d'avril avec Théophile Le Monnier. Ludovic Jan, le poète de Caulnes, (décédé en 1894 à l'âge de 30 ans) nous attendait à la gare… Nous partons pour Guenroc… Guenroc Blanc Rocher. De loin nous apercevons cet énorme bloc de quartz dominant le bourg comme écrasé à sa base. Sur le sommet de la roche plane une grande croix ou calvaire. “ Nous arrivons vite au pied, malgré la rude montée de ce Golgotha. C'est dimanche. Les Vêpres vont commencer et bientôt le petit temple nous envoie, comme de dessous la terre, ses psaumes, ses hymnes et ses cantiques chantés à pleine tête par de rustiques musiciens, louant Dieu de tout leur cœur. Sommes-nous dans les combles d'une cathédrale ? On le dirait. Cet effet d'acoustique est beau sur un théâtre ; il est plus curieux et plus piquant ici. Le monticule quartzique que nous foulons est vraiment prodigieux. C'est après Bécherel l'un des plus admirables points de vue de la Bretagne. Ce n'est pas seulement un bloc, c'est une colline dont le prolongement, à l'extrémité opposée au bourg, se cache sous un bois qu'elle rend lumineux, surtout le soir, par la blancheur éclatante que le quartz projette. Nous descendons de ce pinacle émerveillé du coup d'œil qu'il nous a procuré… »

Notons que lorsque l'on se trouve au pied de la croix, on peut apercevoir par temps clair sans brume, avec des jumelles, seize clochers situés plus ou moins loin. Nous ajouterons à cette si sympathique description que ce rocher qui se prolonge vers l'Ouest sert de support naturel à la statue du "Christ Roi" et continue plus loin, au-delà du monument Nous retrouvons notre rocher derrière le cimetière qui lui sert de clôture naturelle et plus loin encore le long de la petite route abrupte située à l'est de l'église. Enfin des filons souterrains de ce quartz se faufilent sous le bourg un peu partout. Nous trouvons des quartz apparant même dans les fondations de certaines maisons et ici et là sur le plus grande partie du territoire… oui, vraiment nous sommes bien à Guenroc !

Le territoire de la commune est montueux. Il était avant la construction du barrage de Rophemel entouré par la Rance qui serpentait au milieu d'une vallée profonde tantôt d'un côté, tantôt de l'autre. Des prairies au gré des méandres bordaient le petit fleuve. Celles-ci buttaient sur des collines rocheuses recouvertes d'arbres qui s'élevaient jusqu'au niveau des terres cultivables. On pouvait admirer des fleurs naturelles et beaucoup de bruyères. De temps en temps des levées barraient la Rance créant des biefs qui servaient à l'entraînement des roues en bois destinées au fonctionnement des meules de nombreux moulins. Le Barrage dont la mise en eau date de septembre 1937 a profondément modifié cette vallée, les prairies et les moulins ont évidemment disparu. Les collines boisées sont toujours là et les points de vue toujours très beaux. Si vous empruntez depuis le bourg les diverses routes, qui pour la plupart d'entre elles, forment une étoile dont les branches se dirigent vers le lac, vous pourrez admirer de nombreux panoramas différents les uns des autres qui vous feront découvrir des campagnes lointaines. La route qui se dirige vers le village de La Choltais et le barrage vous permettra d'accéder à un sentier pédestre qui vous fera découvrir de jolies vues sur le lac.

Vous pourrez bénéficier de la vue de petits massifs forestiers au hasard de vos promenades. Rappelons qu'il en existe 122 hectares. Malheureusement nous nous sommes trouvés sur le chemin de l'ouragan - vents de plus de 200 km/h en octobre 1987 - qui a causé de très importants dégâts forestiers. Ces massifs sont en cours de reconstruction grâce à l'effort de leurs propriétaires.

Enfin vous découvrirez ici et là des croix en bois et en pierre, des fontaines, des maisons anciennes et vieux manoirs dont la plupart ont une histoire - ils ont été rénovés ou sont en cours de rénovation - des maisons neuves également et pour couronner l'ensemble l'église datée de 1465, complètent l'aspect de la commune.

Nous terminerons en signalant que le long de la route à gauche de l'église, après avoir dépassé une dernière maison isolée en face du bois à 200 mètres environ dans les champs cultivés, on découvrit en 1896 des vestiges romains : fours, fondation de maisons romaines. N'oublions pas en effet que l'antique voie romaine allant de Corseul à Vannes passait dans le bois de la Haye tout près de Caulnes. Lorsque l'on a construit la gare on a trouvé de nombreux vestiges romains. Par ailleurs, vers la même époque ont été découvertes également des pierres taillées d'origine celte.

II - L’église de GUENROC.

L'environnement de l'église tel qu'il se présente aujourd'hui date de 1908. Antérieurement elle était entourée du cimetière qui, côté bourg, effleurait les premières maisons. Deux chemins très étroits permettaient le passage des voitures à cheval, des charrettes.. sans plus. Pour permettre une circulation normale, le Conseil municipal de l'époque supprima le cimetière dans sa partie sud ce qui permit la construction des deux routes actuelles.

L'église est orientée vers l'est selon la tradition qui veut que les chrétiens, en prières, soient tournés vers les Lieux Saints où le Christ a exercé son Ministère et subi sa Passion. De quelle époque date-t-elle ? Vous n'ignorez pas, pour l'avoir constaté, que les bâtisseurs d'églises et de maisons avaient l'habitude d'indiquer sur celles-ci les dates de fin des travaux, or cette date existe. En examinant le grand portail côté Ouest, spécialement les colonnettes de gauche vous découvrirez des lettres en relief, inscrites en caractères gothiques. Plusieurs spécialistes les ont lues… nous ne pouvons que les croire… grâce à eux on peut lire "L'AN MIIIILXV JHESUS Ma… "L'An mil quatre cent soixante cinq Jésus Maria". La construction de cet édifice était donc terminée en 1465. Nous ne connaissons pas la date de début des travaux, celle de 1458 a souvent été avancée ce qui nous paraît peu crédible… sept ans représentant une durée bien courte pour l'époque...

Nous en ferons le tour en commençant par la grande porte, côté Ouest. Cette façade, ornée d'un écusson que tous les auteurs qualifient d'énigmatique, timbré d'un heaume avec lambrequin est éclairée d'un grand vitrail à meneau remis à neuf il y a quelques années. Le portail est très bien conservé, les cordons de l'ogive retombent sur des colonnettes engagées qui sont ou baguées de petits chapiteaux et feuillages ou sculptées en lettres et chiffres gothiques fournissant la date de l'église dont nous vous avons précédemment entretenus. De part et d'autre de cette porte, à sa base, existent deux pierres taillées sur lesquelles se plaçaient, lors des processions, les porteurs de reliquaires ce qui permettait à tous les participants de passer sous les reliques des Saints et d'en obtenir leur protection. L'ensemble de cette façade est d'une beauté simple mais très agréable à regarder.

Revenons à l'écusson "énigmatique" qui se trouve au-dessus de la porte. En 1447, le manoir du Lattay était habité par Tanguy du Chastel vers 1495 cette seigneurie l'était par Jacques Bernier. L'église ayant été construite à cette époque, il était normal que l'un de ces deux seigneurs ait fait graver ses armoiries sur cet édifice. Or il se trouve que la famille Bernier portait « d'azur au casque d'argent grillé et taré de profil ». L'on pourrait se réjouir d'avoir sorti ce blason de l'anonymat ; malheureusement en examinant plus attentivement ce blason on peut penser que ce casque n'est que le timbre de l'écu. Alors, Bernier ou pas Bernier ? Reconnaissons qu'il existe une coïncidence troublante qui nous permet de penser malgré tout que Jacques Bernier avait fait, d'une manière ou d'une autre placer son casque sur la façade de notre église.

Dirigeons-nous vers la façade Ouest, face au bourg, nous passons devant un vitrail puis arrêtons-nous devant une porte qui rappelle celle, plus grande que nous venons de décrire. Comme on peut le constater, le seuil est très usé. Elle servit d'entrée dans l'église et ce, pendant de nombreuses années. Elle était abritée par une toiture dont les eaux étaient recueillies par la superbe gargouille en granit à gueule de rat sur console de mascarons. Beaucoup d'églises de la région ont pu conserver leurs entrées sous abri. La petite porte par laquelle on entre actuellement dans l'église n'existait pas autrefois. L'ogive actuelle en béton armé qui date de 1939 n'est pas très heureuse elle a remplacé une poutre en bois qui n'était pas non plus dans le style de l'église. Cette porte ouvrait dans un sas fermé par une seconde porte. Ce sas a été enlevé au moment des travaux de rénovation effectués en 1938.

Le monument aux morts a été construit en 1948 en vertu d'un arrêté préfectoral du 11 décembre 1947. Ses superstructures en ciment étaient telles qu'elles cachaient la moitié du beau vitrail à meneaux de style gothique. Celles-ci ont été enlevées pour ne conserver que la plaque commémorative encadrée de deux pilastres en granit Kerîman : travaux effectués en 1961.

Plus loin nous nous trouvons devant plusieurs pierres tombales. Sur la première on lit " Ci-gît Messire Discret J-M Legallais, ancien recteur de Saint Maden, né à Guenroc le 23 juillet 1810, décédé le 16 janvier 1887, priez pour lui". Sur la seconde "Ci-gît, en attendant la bienheureuse résurrection, le corps du Vénérable et Discret Messire Abbé François, Marie Faruel, Recteur de Guenroc, né à St Cast, décédé le 23 mai 1893, De profundis" Dans la troisième tombe repose le corps de Messire Abbé Mathurin Jallu dernier recteur résident à Guenroc né le 27 juin 1892 à Le Loscouët-sur-Meu. Il fut recteur de notre paroisse depuis le ler octobre 1937 et y décéda le 3 avril 1965. Monseigneur Coupel, Evêque de St Brieuc et Tréguier lui avait proposé en 1954 de le nommer Recteur de la Paroisse de Merléac. Aimant profondément Guenroc et sachant qu'il ne serait probablement pas remplacé, il avait décliné cette proposition ayant décidé de rester le plus longtemps possible dans la paroisse.

Plus loin, la tombe de François Rochefort décédé le 11 décembre 1889 dans sa 66e année « bon Esprit et bon Père, regretté de tous, ayant effectué 54 années de services à l'église de Guenroc ». Nous passons devant celle de Perrine Coulombel, Sœur du Sacré-Cœur, décédée à Guenroc en 1876. Enfin nous voyons celle de Messire Alexandre Moisan, vicaire de la paroisse de Guenroc depuis le 25 septembre 1877 décédé à 38 ans le 13 février 1879.

Sur cette façade, au-dessus de ces tombes, existe une ouverture avec vitrail et une pierre qui conserve probablement les traces de deux écussons qui portaient, on peut le penser, les armes des St PERN et d'une autre famille en reconnaissance de l'aide qu'elles auraient apportée au financement de la reconstruction d'une partie du chœur de l'Église. Continuons, nous nous trouvons devant la façade Est. Dans son ouvrage Sanctuaires, croix et fontaines, Mathurin Monnier signalait le disgracieux appendice qui, placé entre deux contreforts, supportant le « Jour Céleste ». Construit vers 1869, il faisait à l'époque la joie des Paroissiens ! Celui-ci n'existe plus. Le "Jour" a été remplacé par un vitrail que nous décrirons plus loin.

Nous arrivons à la façade Nord avec ouvertures et vitraux qui n'appellent aucun commentaires particuliers. Nous porterons notre regard sur le joli petit cimetière, placé entre l'église et le rocher de Quartz : Croix en granit au milieu et à gauche croix en bois qui domine l'ensemble.

Plaçons-nous maintenant au milieu du bourg et examinons la toiture de notre église d'où émerge une fine flèche en ardoises. Cette toiture n'est évidemment pas aussi ancienne que l'église. Depuis 1465, il y a eu certainement de nombreux travaux effectués pour en assurer l'entretien. Nous savons cependant qu'en 1890, il pleuvait abondamment à l'intérieur. Les lambris formant la voûte intérieure étaient pourris et le reste à l'avenant. A cette époque, lorsqu'on devait entreprendre des travaux d'une grande importance, il fallait solliciter l'aide de la population pour obtenir les fonds nécessaires à leur financement. Refaire une toiture posait donc un sérieux problème… presque insurmontable. Pendant plusieurs années celui-ci, au grand désespoir de tous, ne put être résolu. Mais la Providence veillait et celle-ci se manifesta en la présence de Pierre Mahé, clerc à l'étude de Maître Hillarion Forcoueffe, à l'époque, Maire de Guenroc. Pierre Mahé, célibataire, vivait de peu… il "mettait de l'argent de côté", si bien que les habitants de Guenroc le faisaient passer pour un avare… Bien vite, ceux-ci revinrent sur leur opinion. En 1883, il fit l'acquisition auprès de la maison Gallé de Rennes d'une horloge pour l'église. Il n'y en avait probablement pas auparavant. Celle-ci possédait un mécanisme actionné par deux poids, l'un faisait avancer les aiguilles, l'autre était destiné à faire sonner les heures et demi-heures. Pierre Mahé avait fait placer deux cadrans, l'un à la base du clocher côté bourg, le second, plus petit, sur le pignon Ouest. Il semble que ce dernier n'ait pas fonctionné très longtemps. Il était indispensable que les poids fussent remontés chaque jour.

Dans le clocher, il y avait deux cloches. La première, "Nathalie", fut bénite le 2 octobre 1763. Elle eut pour Parrain Pierre Placide De St Pern, Seigneur Du Lattay et pour Marraine Nathalie de la Bourdonnaye de Lire, son épouse. Malheureusement Nathalie n'est plus là. Qu'est-elle devenue ? Nos recherches n'ont pas abouti, depuis très longtemps, il n'en est fait aucune mention. Nous savons seulement que pendant la Révolution de 1789, par décret, les petites paroisses qui détenaient deux cloches se virent déposséder de l'une d'elle destinée à être fondue… ce fut probablement Nathalie qui fut choisie. La seconde cloche, "Françoise", fut bénite en 1773. Elle eut pour Parrain Yves Reslou, Seigneur de la Tisonnais, propriétaire du Lattay depuis 1769 et pour Marraine Françoise De Bénazé Kérivert de la Roche. Cette cloche est encore présente et se fait entendre tous les jours.

Revenons à notre sympathique Pierre Mahé qui mourut le 23 octobre 1893. Il fut inhumé dans le cimetière de Guenroc où existe toujours son tombeau côté Rocher en haut et à droite. Les habitants de Guenroc apprirent alors qu'il avait, de son vivant, pensé à l'église et que son avarice n'était qu'apparente puisqu'il avait rédigé un testament par lequel il léguait à la Paroisse toutes ses économies qui étaient importantes puisque, selon sa volonté, elles devaient être utilisées au financement de la remise en état de la toiture de l'Église. C'est ainsi qu'en 1895, la toiture et le clocher furent remis à neuf par Marie Pellan, couvreur à "La Ville Auray" à Guenroc. Malheureusement, à cette époque, on ne respectait guère les choses du passé. Cette toiture ne fut pas refaite telle qu'elle était précédemment. En effet, si l'on observe les chevronnières de part et d'autre, on constate qu'elle était à deux pentes comme toutes les églises anciennes de notre région. De plus, le faîtage n'était certainement pas en zinc mais en tuiles accolées les unes aux autres par du mortier. De même, les ouvertures placées sur la toiture auraient du être reconstruites en bois et en ardoises et non en zinc. Notons qu'à cette époque, le zinc, matériau tout nouveau, connaissait une très grande faveur

Le coq que nous avons connu datait de 1895 En 1911, il fut descendu par Alexandre Pellan, couvreur, à la Ville Auray, et promené dans toute la commune. En 1934, la croix et par conséquent le coq avaient pris "un air penché", la poutre centrale du clocher qui les supportait était pourrie en son sommet. Monsieur Grison de Médréac, aidé par les frères Levacher de Guitté descendent la croix et le coq et scient la poutre dans sa partie endommagée. Tout est remis en place, mais la flèche prend en son sommet une forme arrondie… on procède en même temps à la réfection de la chambre de la cloche et des abat-voix. En 1969, la croix et le coq sont à nouveau penchés et tout est redescendu ! ... L'entreprise Hériau de St Aubain des Landes, près de Vitré reconstitue le sommet de la flèche dans sa forme pointue de l'origine. Une fois cette partie reconstruite, notre clocher retrouve son élégance ancienne et… la croix et le coq sont une fois de plus remis en place. Arrive le cyclone de 1987… la toiture est rapidement réparée. Sous la pression des vents, le clocher s'est légèrement incliné… cette fois, on ne redescend ni la croix ni le coq car la partie neuve a fort bien résisté à la poussée des vents. La flèche est redressée et stabilisée par la pose de quatre tubes en acier avec tendeurs reposant sur la charpente de l'église. Ils bloquent la poutre centrale jusqu'à douze mètres de hauteur par rapport à son assise ; la flèche, tout entière, s'élevant à 16 mètres au-dessus de la toiture. Notre coq ayant vieilli est remplacé par un neuf. A la base du clocher existait une croix formée par une disposition adéquate d'ardoises, on ne la voyait presque plus, elle a été refaite à l'identique. Profitant de tous ces travaux, un paratonnerre ionisant est placé au sommet de la flèche. Puis, l'ancien cadran blanc offert par Pierre Mahé est descendu et remplacé par un nouveau sur fond d'ardoises bien plus en harmonie avec la beauté de notre clocher. Ce n'est d'ailleurs plus le mécanisme de notre généreux donateur qui nous sonne les heures - celui-ci est déposé à la Mairie - ni la corde tirée par notre ancien bedeau Constant Gauvain qui actionne la cloche pour nous appeler aux cérémonies religieuses. Une installation électrique mise en place par la Maison Bodet en 1971 assure le fonctionnement des aiguilles du cadran et fait sonner notre cloche Françoise.

Nous pénétrons dans l'église par la petite porte côté sud. Nous nous trouvons dans une chapelle présentant un niveau inférieur à l'ensemble de l'édifice. Nous rappelons que les inscriptions figurant sur les colonnettes de la grande porte indiquent l'année 1465 donc celle de la fin des travaux de construction de l'église. On peut penser que cette chapelle dite de Beaumont existait antérieurement et que notre église aurait pu être construite sur ses fondations. La Paroisse de Guenroc dépendait à l'époque du diocèse de St Malo et le manoir de Beaumont en Guitté fut pendant très longtemps la maison de campagne des Evêques de ce Diocèse qui l'habitèrent jusqu'en 1458 puis l'abandonnèrent. A l'occasion des travaux de restauration de cette Chapelle, de nombreux ossements et surtout un anneau d'argent avec emplacement d'une pierre furent mis au jour. Faute de moyens financiers, les fouilles n'ont pas été poursuivies. La découverte de cet anneau laisserait supposer qu'un évêque ait été inhumé dans cette Chapelle. René Couffon, dans son ouvrage "Répertoire des Églises et Chapelles du Diocèse de St Brieuc et Tréguier", nous précise qu'à l'époque de la construction des églises, la nôtre en particulier, il n'y avait pas de voûtes, pas de vitraux, seulement des verres, pas d'enduits, pas de boiseries. Les Autels ne supportaient pas de tabernacles. La Réserve Eucharistique était déposée dans un sacraire généralement en pierre, parfois en bois, placé dans une cavité du mur le plus proche de l'Autel. Le Maître Autel, initialement construit contre le mur du haut du chœur, présente le même aspect que celui de la Chapelle de Beaumont, probablement plus ancien. Les trois autres autels sont également de l'époque de l'église, celui de la Chapelle de St Hubert ou du Rosaire, en forme de sarcophage, présente les mêmes moulures que celles des piliers formant un carré au milieu du transept. Monsieur Paillard qui résida au Château du Hac, Le Quiou, Membre de la Commission d'Art sacré de Chalon-sur-Marne, nous a laissé un document très intéressant concernant le Maître-autel et l'autel de la Chapelle de Beaumont. Nous en reproduisons les termes : “ Deux des Autels de Guenroc offrent une particularité assez rare " ils sont soutenus dans leur partie antérieure par une seule et colonne centrale et le bord de la pierre d'autel avec la colonne montre au visiteur, à son entrée, la silhouette de la lettre T. Ce "T" n'est autre que le "Tau" antique gravé ou peint dès les premiers siècles par les chrétiens sur les parois des catacombes comme symbole de la Croix. Les premiers Pères de l'Église ont fait ce rapprochement et St Jérôme l'a rendu définitif. On trouve des Autels ayant, vus de face, une forme de T à l'époque Mérovingienne et Carolingienne. Ils se font ensuite plus rares et les Autels de Guenroc, qui sont du XVe, ont été inspirés vraisemblablement par d'autres Autels beaucoup plus anciens qui subsistaient dans la région. Comment se fait-il cependant que cette forme ait été conservée en Bretagne alors qu'elle disparaissait partout ailleurs ? ”

Le chœur a été reconstruit au cours du XVIIIe siècle, d'ailleurs une pierre datée de 1773 existe au sommet de l'arc situé à droite du chœur, le plus près du mur. Nous nous sommes longtemps demandés pourquoi cette reconstruction avait du être effectuée. Nous pouvons peut-être apporter une réponse à ce problème. Par hasard, notre secrétaire de Mairie, Mme Ruellan, en recherchant un document dans les actes d'État civil de la commune de Guitté, notre voisine, a pu lire sur le registre des décès de l'année 1734, une annotation manuscrite rédigée par le Prêtre de l'époque que nous reproduisons : « Le 9 janvier 1734, jour des dimanches, environ cinq heures du soir, il s'éleva une tempête qui dura jusqu'au matin du lendemain, le vent fut si violent qu'il renversa plusieurs maisons et causa des pertes notables aux autres par de grandes réparations qu'il occasionna. Très grandes quantités de pommiers furent abattus et déracinés et ceux qui restèrent furent brisés et cassés par quartiers et cela fort loin. Les chênes qui ont plus de résistance à cause des grosses et profondes racines qu'ils poussent, ne furent pas exempts. Plusieurs vaisseaux et barques furent submergés. La frayeur et la consternation furent grandes et les Anciens avouèrent n'avoir pas entendu parler d'un pareil ouragan qui s'éleva du nord ». Il s'agissait donc d'un cyclone, mais celui-la venait du Nord, contrairement à celui que nous avons connu en octobre 1987 qui venait du sud-ouest. Puisqu’il venait du nord et que, contrairement à la nef de notre église qui se trouvait protégée par notre rocher, il se pourrait que la toiture du chœur ait reçu de plein fouet toute la force du cyclone et que la toiture, (charpente et maçonnerie), se serait donc envolée d'où la nécessité d'une reconstruction. Un architecte, à qui nous avons fait part de nos suppositions, pense qu'effectivement la maçonnerie qui est constituée de pierres plus petites que celles de la nef ait pu être reconstruite. Par contre, il ne semble pas que les piliers du chœur aient eu à subir les effets du cyclone si celui-ci est bien à l'origine des travaux effectués. Évidemment trente neuf années se seraient écoulées entre celle de la démolition et celle de la remise en état ; rappelons qu'à cette époque, les travaux étaient effectués par des bénévoles et à l'aide de dons ; les traces des deux écussons qui auraient été ceux des St Pern et d'une autre famille que nous avons précédemment signalés, confirmerait cette hypothèse. Dans son ensemble, on peut penser que cette église avait presque le même aspect que l'actuel à l'exception de l'emplacement du Maître-Autel qui se trouvait contre le mur au fond du chœur. Si l'on observe l'ensemble de l'édifice, en se plaçant au milieu de l'allée centrale, devant la tribune, on constate sa belle ordonnance, sa nef qui comprend trois travées dont les piliers cylindriques sans chapiteaux reçoivent les arcades ogivales. Plus haut, à la croisée du transept, quatre beaux et puissants piliers cylindriques, beaucoup plus élevés que ceux de la nef se relient par de hautes arcades pour former l'appui du clocher. Enfin, le chœur avec deux travées dont les arcs en plein cintre retombent sur des piliers également cylindriques. Puis deux bas-côtés de même longueur que l'Église, coupés par des arcs complétant le transept. L'ensemble est parfaitement équilibré. Vous aurez remarqué qu'à la jonction des arcs et des piliers tant dans le chœur que dans la nef, existent des traces d'écussons. Ceux-ci rappellent les familles de Guenroc qui, très probablement, avaient versé les fonds nécessaires à l'achat des matériaux destinés à la construction de l'église. En vertu d'un décret de la Convention du 23 octobre 1793 dont une délibération du Conseil Général des Côtes du Nord du 26 décembre de la même année en demande l'exécution, les 10 écussons situés à l'intérieur de l'église et les deux autres existant à l'extérieur furent martelés dans le but de faire disparaître toutes les marques de la féodalité du Moyen Âge. Enfin, nous rappelons que l'église tournée vers l’Est a, comme toutes celles de cette époque, la forme d'une croix, le transept formant les bras de celle-ci. Vous remarquerez que le chœur fermé par ses piliers est légèrement décentré. Cette disposition aurait été voulue, elle symboliserait la tête du Christ penchée sur la croix. Ici et là, sur le sol, existe plusieurs pierres tumulaires. Beaucoup de sépultures ont été effectuées à l'intérieur de l'église jusqu'en 1758 époque à laquelle un édit royal interdit cet usage.

Au cours des XVI et XVIIes siècles, l'intérieur de l'église fut profondément modifié. Nous n'avons pu trouver de documentation précise sur les travaux qui ont été exécutés pendant cette longue époque. Nous savons cependant que de cette époque datent les boiseries du fond du chœur qui supportent les statues de saint Protais et saint Gervais, Saints Patrons de notre église. Il existait un retable reliant ces deux boiseries au milieu duquel avait été placé un tabernacle. Des boiseries recouvraient entièrement le maître-autel. Les quatre autres autels reçurent également des boiseries. Des grilles entouraient les autels des chapelles de Beaumont et du Rosaire. Des tabernacles furent placés sur ces quatre autels. Le chœur était séparé de la nef par une table de communion en bois et une chaire en bois sculpté appuyée sur un des gros piliers, l'ensemble daté du XVIIe siècle. Les deux côtés étaient fermés par des stalles dont certaines existent encore. La charpente nue jusqu'à cette époque fut recouverte d'une voûte en bois et un enduit intérieur recouvrit les murs.

Au fond de l'église, une assez jolie tribune est construite. La lumière continuait à pénétrer dans l'église par des verrières en verre simple ou dépoli. C'est pendant les XVII et XVIIIes siècles que des statues, actuellement classées parmi les Monuments Historiques, ont été placées dans notre église. XVIe. St Mathurin exorcisant une jeune fille, groupe bois polychrome. XVIIe St Gervais, St Protais, Ste Barbe, bois stuqué et polychrome. XVIIIe. St Fiacre, St Germain, Vierge à l'enfant, St François, St Michel terrassant le Démon A cette énumération, il faut ajouter une assez jolie statue en bois ; nous la pensons rare, estimée par beaucoup du XVIIIe représentant la Trinité : Dieu le Père coiffé d'une tiare, Jésus-Christ en croix et le St-Esprit sous l'apparence d'une colombe. En résumé, ces deux siècles ont voulu supprimer la sévérité des églises et en faire des édifices plus chauds et plus accueillants.

Puisque nous avons cité les statues anciennes, permettez-nous un intermède pour vous décrire les autres richesses de l'église qui, bien que non classées, sont dignes d'intérêt. Près du bénitier, une statue de sainte Thérèse de l'enfant Jésus de Lisieux. Un Christ en bois dont les bras et les jambes ont été brisés et la tête très détériorée. Il s'agit certainement d'une œuvre très ancienne qui pourrait dater du XVIIe ou du XVIIIe siècle. Cette relique fut découverte en 1938 sous un tas de fagots dans le grenier de la maison, dite du Lustembour, alors habitée par Adolphe Percevault, ancienne propriété de l'église paroissiale et ancienne demeure du bedeau de Guenroc. Les deux cuves de pierre, placées près du Christ, seraient peut être d'anciens fonts baptismaux. La grande cuve, avec piédestal, se trouvait à l'intérieur de l'église dans l'angle formé par la nef et le transept côté midi, l'autre près de la fontaine de Cariou, elle servait de déversoir et les vaches y venaient s'abreuver. Le petit bénitier qui se trouve au bas de la nef a été trouvé chez Mademoiselle Forcouëffe, actuellement maison appartenant à la famille Dupont-Delestre. La colonne qui le supporte a été trouvée, brisée en deux, lors de la construction du chemin de Cariou. Enfin, deux statues modernes, en bois, méritent votre attention. La première, située dans la Chapelle de la Vierge, représente saint Hubert, elle date de 1942. Cette œuvre est due aux ciseaux d'un artiste dinannais Paul Durand. Elle est la reproduction à quelques détails près d'une ancienne statue de saint Hubert qui se trouve dans la chapelle Notre-Dame du Haut en Trédaniel. La seconde, due au même artiste, se trouve sur l'autel près de la sacristie et représente sainte Anne assise sur une cathèdre Examinez-en les détails ! Paul Durand, pour réaliser ses chefs-d'œuvre, utilisait de veilles poutres en bois provenant de vieilles fermes de la région en cours de rénovation. Par ailleurs, l'église possède : un calice et patène en argent datant de la fin du XVIIe siècle, quatre autres calices dont l'un a appartenu à Jean Baptiste Morin, enfant de Guenroc. Il célébra sa première grand’messe dans notre église le dimanche 17 juillet 1904. Son nom figure sur le monument aux morts, de la Première Guerre mondiale. Un second calice est celui de l'Abbé Jallu, dernier recteur résident de la paroisse qui y décéda le 3 avril 1965 à 19 heures. La paroisse possède également deux ostensoirs, l'un en cuivre, l'autre en argent, une boite Saintes Huiles avec deux ampoules, le tout en argent daté de 1783. Le calice et la patène en argent ainsi que la boite Saintes Huiles et ses deux ampoules sont classées parmi les Monuments historiques.

La paroisse de Guenroc se situe très certainement en tête des petites communes du département quant au nombre des objets protégés. Revenons maintenant au XVIIIe siècle En 1789 et pendant l'Époque révolutionnaire, il ne semble pas que notre église ait beaucoup souffert.

Nous reproduisons cependant un extrait de Histoire du Pays de Dinan de 1789 à 1815 de l'Abbé Auguste Lemasson daté de 1926 concernant notre église. "La Révolution confisqua tout aussi bien les meubles que les immeubles des églises. Le 12 juin 1794 une première vente de mobilier et d'ornements de l'église de Guenroc rapporta 20 Livres aux Jacobins. Une seconde, le 6 juillet suivant, produisit 146 Livres. Le 24 août de cette même année, on inventoriait à Dinan, avant de l'expédier à la Monnaie, le haut d'un Ostensoir se montant sur le pied d'un Calice, le pied d'un Calice et sa fausse coupe, le couvercle d'un Ciboire et son pied, le tout pesant 5 Marcs, 3 Onces d'argent blanc, une Croix, un Encensoir et sa Navette, pesant 16 Marcs, 6 Onces d'argent blanc, une coupe de Ciboire, une autre de Calice, une Patène, une Lunule, pesant 2 Marcs d'argent doré. Le Consulat restitua à l'église de Guenroc pour 16,50 francs de rentes confisquées. Il est probable que la cloche "Nathalie" fit partie de ces confiscations. N.B. : Le marc pesait 244,75 g et l'once 30,594 g. Nous avons relevé dans une étude effectuée par l'Abbé Paris-Jallobert de 1900, qu'Alexandre Tessier, qui fut recteur de la paroisse de 1747 au 18 septembre 1793, date de son décès à Guenroc, fit présent à l'église d'un morceau de la Vraie Croix, enchâssé lui-même dans une croix en cristal au cours d'une Messe solennelle qui fut célébrée le 11 janvier 1786. Dans les nombreux documents que nous avons consultés, nous n'avons retrouvé aucune mention de cette croix… Qu'est-elle devenue ? Faisait-elle aussi partie des objets confisqués énumérés ci-dessus ? Avait-elle été cachée pendant la Révolution et oubliée par la suite ?… Nous ne le saurons probablement jamais !

Pendant de nombreuses années, l'église continuera à être entretenue grâce aux dons et aux dispositions testamentaires des paroissiens. Les circonstances s'étant probablement améliorées, en feuilletant de nombreux documents, on s'aperçoit qu'au milieu du XIXe siècle, on reprend l'habitude d'effectuer des investissements importants. En 1869, on envisage de remplacer les verres paraît-il fort laids qui se trouvaient au fond du chœur, par des vitraux de couleur différente ornés de divers personnages… Malheureusement le montant du devis proposé dépassait largement celui des ressources dont on disposait. Il fut décidé de construire une "grotte" comme on en réalisait beaucoup à l'époque. Dans celle-ci, on envisagea soit de placer des statues représentant une descente de Croix, soit simplement de placer un Christ sur une Croix au milieu de Rochers entouré de deux statues : La Sainte Vierge et Saint Jean. Ce second projet fut réalisé et l'on couvrit cette grotte de verres de couleurs différentes.

En 1864, un nouveau chemin de croix fut érigé et en 1866, le chœur fut remis à neuf par la pose d'un parquet en if et en châtaignier et les stalles furent replacées autour du chœur sur des appuis neufs. Nous noterons que l'if fut offert par l'Abbé Oeillet, recteur, et le châtaignier par l'entreprise Raval qui en assura la pose. En 1874, donc 5 ans après sa construction, la "Grotte" qui reposait à l'extérieur sur une poutre en bois failli s'écrouler, ce support étant pourri. On construisit donc un mur de soutènement autour du contrefort en pierre d'un goût douteux ainsi que nous l'avons signalé précédemment. En 1884, tous les autels furent repeints et le chœur dallé. Tous les piliers et les arcs furent repiqués et rejointoyés. Les vitraux tels que nous les voyons aujourd'hui furent placés en remplacement des verres qui existaient auparavant. Ces travaux purent être effectués grâce à la générosité des paroissiens. C'est en 1892 que la Famille Forcouëffe offrit la lampe dorée qui se trouvait au milieu du Chœur et dont la petite flamme symbolisait la "Présence Réelle" qui se trouvait dans le Tabernacle situé sur le maître-autel. En 1895, la toiture de l’église fut complètement refaite grâce à la générosité de Pierre Mahé. En 1899, les vieux bancs furent remplacés par des neufs en châtaignier posés sur un plancher également neuf. Les travaux de fabrication et de pose furent assurés par Chollet, menuisier au bourg. En 1902, d'importants travaux furent effectués à la Sacristie, le maire de l'époque Histrion Forcouëffe, fit remplacer le plancher et les poutres qui formaient le plafond de la Sacristie. Le petit escalier qui conduit à l'étage fut construit en même temps, pour faciliter la montée du bedeau à l'horloge dont les poids, nous le rappelons, devaient être remontés chaque Jour. C'est Pierre Lucas, charron menuisier du bourg qui effectua ces travaux.

Le 9 décembre 1905, est votée la Loi de la Séparation de l'Église et de l'État. Au cours de son application en 1906, d'importants changements se produisirent. C'est ainsi que les Conseils de Fabrique, qui géraient les biens appartenant à l'Église, furent dissous. Celui de Guenroc tint sa dernière séance le dimanche 25 novembre 1906. A cette date les immeubles des églises deviennent biens communaux, à charge évidemment pour les communes de les entretenir, ne restant donc aux paroisses que les entretiens des meubles et objets divers se trouvant à l'intérieur des églises ainsi que les travaux dits locatifs. Nous n'avons par relevé de travaux importants jusqu'en 1938. Le 10 octobre 1937, est nommé recteur de Guenroc, Monsieur l'Abbé Mathurin Jallu qui venait de la paroisse de Merdrignac où il était vicaire. C'était un prêtre très entreprenant et dès 1938 et jusqu'à sa mort survenue le 3 avril 1965 à 19 heures, au presbytère, il fit exécuter de très nombreux travaux. Nous ne détaillerons pas le nombre impressionnant de kermesses et de fêtes organisées et toujours réussies, qu'il lui procureront les fonds nécessaires à la réalisation de ses projets. Il reçut des dons de partout, non seulement des habitants de Guenroc mais aussi de toute la Bretagne et de régions quelquefois très éloignées. Il avait le don de la publicité.

Les marches du maître-autel qui étaient en bois, d'ailleurs très abîmées, ont été enlevées et l'on découvrit l'existence de la maçonnerie qui supportait précédemment les marches en pierre. Le dallage du chœur et les marches du maître-autel proviennent des pierres de taille qui se trouvaient sur le mur d'enceinte de l'église. À cette époque ont été enlevées toutes les boiseries au-dessus et autour des trois autels. Ceux-ci furent évidemment conservés tels qu'il furent trouvés, lavés et rejointoyés.

Pour remettre en évidence la beauté des piliers, ceux-ci ont été débarrassés des statues et du Chemin de Croix qu'ils supportaient. Le fameux "Diable de Guenroc" qui se trouvait sur le premier gros pilier en haut de la nef, au niveau des derniers bancs, a été déposé et mis à l'emplacement d'un ancien placard transformé. On a dit que ce groupe était en pierre et qu'il aurait été, pendant la Révolution, jeté à terre et qu'en tombant, il aurait tué ceux qui l'avaient renversé… Un document indique qu'il était un peu vermoulu en 1870. On peut donc penser qu'il se trouvait dans notre église avant la Révolution et qu'il n'était pas en pierre. Ce groupe était très connu sous le nom de "Diable de Guenroc", à beaucoup de kilomètres à la ronde. "Sois sage disait la mère de famille à son enfant turbulent, sinon, le Diable de Guenroc va venir te chercher" ou encore lorsqu'il y avait une tempête "Le bedeau a encore oublié de fermer la porte de l'église et le Diable s'est échappé".

Fin 1938, c'est la restauration de la chapelle de Beaumont. Les boiseries situées au-dessus et devant l'autel sont enlevées, les grilles qui l'entouraient l'on été également, le parquet très dégradé, est supprimé. Il existait à cet endroit et contre la petite porte, un tambour en bois avec une seconde porte, ceci pour éviter probablement les courants d'air. Il fut démonté. La démolition d'un enduit très épais qui recouvrait le mur placé sous le vitrail permit la mise à jour d'un petite crédence et d'un joli bénitier sculpté. On remarque dans le mur après la crédence, deux pierres plates placées l'une sur l'autre, on peut supposer que cet autel possédait un "sacraire" qui contenait, ainsi que nous l'avons indiqué précédemment, les Saintes Espèces puisque autrefois, il n'y avait pas de tabernacle sur les autels. Ces deux pierres auraient été mises à cet endroit pour supprimer la cavité pratiquée dans le mur. Cet autel est soutenu par deux consoles et une belle colonne en pierre. Le sol a été remanié en conservant la dalle sur laquelle repose celle-ci. On pourrait supposer, puisque beaucoup d'ossements ont été découverts au cours des travaux, qu'il s'agissait d'une pierre tumulaire mais aucune inscription n'y est sculptée.

En 1939, c'est au tour de la chapelle côté nord qui fut désignée sous les noms de Chapelle de la Vierge, saint Hubert, ou encore de La Roche, car elle fut occupée depuis plusieurs siècles par les habitants de ce manoir. Dans les documents anciens, on relève l'appellation "Chapelle du Rosaire", nous conserverons cette dénomination. Les boiseries au-dessus et autour de l'autel sont enlevées ainsi que la grille qui l'entourait. On découvrit un large espace entre l'autel et le mur de l'église, rempli de cailloux et de terre… pourquoi ?… on ne le saura pas. Cependant au cours du déblaiement, apparut une petite crédence avec une jolie sculpture représentant une tête d'ange. Le parquet fut remplacé par des pierres de granit provenant de l'ancien puits qui se trouvait au milieu du bourg, côté Halles. Cet autel qui à la forme d'un sarcophage porte des moulures semblables à celles qui existent sur les quatre gros piliers du transept. Ce détail confirme bien sa date de construction… la même que celle de l'église. Évidemment ces autels furent entièrement dépouillés. Lorsque les boiseries furent enlevées ainsi que les retables. Restaient seules à l'époque les boiseries du maître-autel. Nous vous avons entretenu de la réfection de ces chapelles. Sachez que pendant l'exécution de ces travaux, d'autres plus importants étaient en cours d'étude.

En 1942, un nouveau chemin de croix "patine granit bleu ombre" avec encadrement chêne remplace celui de 1864 dont nous vous avons entretenu précédemment. Il a été réalisé par le Maître E. Lapeyre. Les stations furent placées au-dessus des piliers à l'intersection des arcs. La stèle qui commémore les enfants de Guenroc morts pour la France, placée sur l'Autel St Fiacre, dans la chapelle de Beaumont date de la même année. C'est en 1943 que le retable en bois du maître-autel, probablement du XVIIe siècle comme les boiseries qui l'encadraient a été enlevé et malheureusement remplacé par un nouveau en ciment avec Tabernacle. En 1944, la "Sainte Table" en bois datant du XVIIe siècle fut sans qu'on en connaisse les raisons, démontée et remplacée par une neuve en ciment. En 1945, c'est la chaire également du XVIIe siècle, qui est démontée et, elle aussi, remplacée par une nouvelle en ciment.

En 1973, c'est la suppression du jour céleste ou grotte datant comme nous l'avons déjà indiqué de 1869. Au cours des travaux de démolition on a retrouvé les emplacements de l'ancienne ouverture fermée par des verres ordinaires. Le vitrail actuel a donc exactement les mêmes dimensions que les verres de l'origine de l'église. La croix qui était dans cette grotte a été placée près des fonts baptismaux. Nous avons en fait repris la première idée émise par le Conseil de fabrique en 1869. Ce vitrail représentant les sept sacrements est dû au Maître verrier rennais Monsieur Rault. Il est précisé qu'il est monté à l'ancienne avec tenons et clavettes. Les couleurs qui le composent sont le bleu de Chartres et le rouge de Bourges.

L'électrification de la cloche et de l'horloge date également de 1971.

Enfin, une niche a été récemment ouverte dans le mur de la Chapelle de Beaumont pour recevoir les reliques des Saints qui autrefois sortaient en procession et se trouvaient relégués dans un placard de la Sacristie. Détail intéressant à noter : Les pierres de granit qui entourent cette niche datent de 1760. Elles proviennent de la démolition du château du Lattay effectuée en 1928. - Dans cette niche se trouvent deux reliquaires. Le premier sous forme d'ostensoir en cuivre argenté, contient les reliques des Saints Patrons de notre église St Gervais et St Protais. C'est le 10 mai 1867 qu'un habitant de Guenroc le zouave Prosper Guinard en fit don à la Paroisse.

Vous venez de lire l'histoire de notre église de 1465 à nos jours. Ceci nous rappelle ce que nous avait dit Dom Alexis Presse, Père Abbé de l'Abbaye de Boquen lorsqu'il était venu le dimanche 31 août 1958 bénir la Statue du Crist-Roi récemment érigée, la croix toute neuve qui surmonte notre Rocher et célébrer le cinquième centenaire de notre église en cours de construction en 1458. « Admirez votre belle église et réfléchissez aux travaux d'entretien et d'embellissement qui ont été effectués depuis 500 ans par les paroissiens de Guenroc en prélevant sur leurs ressources et en effectuant bénévolement tant de travaux. Réfléchissez au nombre de personnes qui y sont entrées pour venir y prier Dieu et ses Saints, assister avec joie aux cérémonies heureuses : baptêmes, mariages et autres, venir partager les peines des familles entourant leurs défunts et unir ensemble leurs prières afin qu'ils puissent jouir du repos et du bonheur éternel. Cette église a vraiment participé à la vie de votre joli village. Ne l'abandonnez pas, continuez d'y venir et de l'aimer autant que vos ancêtres. »

Telle est l'histoire, jusqu'à ce jour, de cette église qui fait vraiment partie de notre patrimoine.

Guy LE PANNETIER de ROISSAY

Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Parti Qualité
mars 2001 Henri Desportes Retraité
Toutes les données ne sont pas encore connues.

Démographie

Évolution démographique
(Source : INSEE[2])
1962 1968 1975 1982 1990 1999
268 249 193 185 176 195
Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes

Lieux et monuments

Personnalités liées à la commune

Voir aussi

Article connexe

Notes et références

Liens externes

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