Guillaume Amonton

Guillaume Amonton

Guillaume Amontons

Guillaume Amontons (31 août 1663 à Paris- 11 octobre 1705), physicien et académicien français. L'inventeur du concept du zéro absolu (-273 °C). A donné son nom à une loi en physique relative à la friction entre les corps. Il est également l'inventeur du baromètre.

L’éloge écrit à la mort de Amontons en 1705 par Fontenelle dans les Histoires de l’académie des sciences[1] est la seule source biographique que nous connaissions sur cet Académicien. L’article de Gillispie tiré de son monumental Dictionnary of Scientific Biography[2] n’en est que la reprise.

Fils d’un avocat originaire de Normandie, il naît à Paris le 31 août 1663. Son existence fut bientôt contrariée par une surdité contractée à la suite d’une maladie dont Fontenelle ne nous dit rien de plus. Après cette épreuve, le jeune Amontons commença à étudier les machines, intérêt qui ne le quittera plus. C’est en travaillant sur le mouvement perpétuel qu’il forgea ses premières réflexions, et constata que la mécanique devait être portée par des principes qui, s’il les connaissait, lui éviteraient bien des peines. C’est pourquoi il se mit à la géométrie, contre l’avis de sa famille, qui apparemment ne voyait pas d’un bon œil une occupation jugée aussi inutile que peu rémunératrice…

Il apprit alors le dessin, l’arpentage, l’architecture et connut, c’est important pour notre propos, un début de carrière d’ingénieur (il « fut employé dans plusieurs Ouvrages publics »), mais, et la formulation de l’éloge est révélatrice : « ... il ne fut pas longtemps sans s’élever plus haut, & il joignit à cette Mechanique qui produit nos Arts, & n’est occupée que de nos besoins, la connaissance de la sublime Mechanique, qui a disposé l’Univers. » Difficile de ne pas voir en cette formule de Fontenelle une hiérarchie déjà très marquée, au moins intellectuelle si ce n’est sociale, entre d’une part le Mécanicien Vulgaire dont la préoccupation est la mise au point des machines de la vie quotidienne, et d’autre part le Mécanicien de l’Univers, celui qui tente de mettre en évidence le fonctionnement des rouages des Cieux. Cependant, de la nature de la formation d’Amontons, on ne sait rien. Sans doute peut-on supputer sans grand risque qu’il fut initié aux lois de la mécanique cartésienne de son temps.

Mais malgré cette connaissance acquise, le domaine préféré de notre homme reste les machines et les instruments, domaine dorénavant éclairé par des théories, et non plus uniquement par le savoir-faire des artisans. En 1687, à 24 ans tout juste il présenta à l’Académie un nouvel hygromètre qui reçut un accueil très favorable. Fontenelle ne cesse de louer un camarade apparemment fort apprécié pour sa simplicité, sa « droiture si naïve », sa franchise, et décrit un homme modeste, incapable de se faire valoir autrement que par ses réalisations, incapable même de faire fortune tant sa candeur est grande. Mais derrière ses airs de candide, Amontons n’en reste pas moins un talentueux expérimentateur aux idées riches et nombreuses qui lui permettent de venir à bout de toutes les difficultés. Le secrétaire perpétuel n’hésite pas à le comparer à Mariotte, même si Amontons resta élève de l’académie toute sa vie (élève de Jean Le Febvre), de son entrée en 1699 à sa mort le 11 octobre 1705. Mort qui intervint à l’âge de 42 ans, suite à une « inflammation d’entrailles », bien que notre homme eût été jusqu’ici en parfaite santé. Pour nous démontrer le génie d’Amontons, Fontenelle nous cite une expérience qui aurait été menée deux fois, et qui consistait à transmettre un message entre deux points par le biais de signaux optiques émis par un poste, et intercepté par le poste suivant grâce à une longue-vue, qui lui-même le transmettait au poste suivant, jusqu’au point d’arrivée. Chaque lettre de l’alphabet avait son signal dont la signification n’était connue que des postes extrêmes. Cette invention ingénieuse n’est cependant rapportée que dans les registres de l’Académie, et il n’est nullement évident qu’Amontons, même si on peut lui accorder l’idée, ait effectivement réalisé l’opération.

Mais notre auteur n’en continua pas moins dans sa voie, et c’est en 1695 que parut son seul et unique livre[3] traitant de clepsydres, baromètres et hygromètres, consacré à l’emploi de ces instruments, et notamment le premier, à la navigation. On voit donc que toute sa pensée est entièrement portée sur le pragmatique, sur la réalisation concrète de dispositifs plus performants et plus efficaces que les précédents, laissés, pour ainsi dire, au hasard de l’artisanat. Amontons y apporte sa connaissance théorique qui lui permet d’orienter ses recherches dans une direction donnée dès le départ, un a priori constructif qui le libère des tâtonnements. Poursuivant sur sa lancée, à peine admis à l’Académie, en 1699, il présente devant l’assemblée, nous dit Fontenelle, une théorie sur les frottements. Mais sept mois plus tôt, Guillaume Amontons avait présenté devant l'Académie un projet de « moulin à feu »[4], mu par la force de l'air dilaté par la chaleur, et permettant de remplacer commodément 140 hommes ou 37 chevaux. Amontons n'hésite pas dans ce mémoire à faire un calcul économique pour convaincre ses pairs de la rentabilité d'une telle invention. De toute évidence, le moulin à feu qu'il présenta ne marqua pas les esprits, alors que la manière dont il envisage les choses est sans précédent. Malgré un rayonnement faible, Bélidor cependant, en 1737, le citera en ces termes :

« L’on trouve dans les Mémoires de l’Académie Royale des Sciences de l’année 1699, ce que Amontons a écrit sur ce sujet : il y propose une roue de Moulin extrêmement ingénieuse, qu’il démontre pouvoir être mûe par l’action du feu, fondé sur un grand nombre d’expériences, & sur des raisonnements qui ne laissent aucun doute du succès de cette roue, qu’il nomme Moulin à feu. »[5]

[Tiré de Yannick Fonteneau, Antécédents du concept de travail mécanique au début du XVIIIe siècle (1699 -1738) :Du calcul de l’effet des machines, Mémoire de Master II HPDS, Lyon 1, 2005]

Références

  1. Bernard Le Bovier de Fontenelle, « Eloge de M. Amontons », in Histoire de l’Académie Royale des Sciences, Année 1705, Avec les Mémoires de Mathematique & de Physique, pour la même Année. À Paris, Chez Gabriel Martin, Jean Baptiste Coignard fils, Hippolyte Guerin, ruë S.Jacques, 1730, (Histoire) p. 150 à 154
  2. Jacques Payen, Article « Amontons », in Charles Coulston Gillispie (Editor in chief), Dictionnary of Scientific Biography, volume I, New York, Charles Scribner’s sons, 1970, p. 138-139.
  3. Guillaume Amontons, Remarques & Expériences Phisiques sur la construction d’une nouvelle Clepsidre, sur les Barometres, Thermometres, & Hygrometres, Paris, 1695
  4. Guillaume Amontons, « Moyen de substituer commodément l’action du feu à la force des hommes et des chevaux Pour mouvoir les Machines, 20 juin 1699 », in Histoire de l’Académie Royale des Sciences, Année 1699, Avec les Mémoires de Mathématique & de Physique, pour la même Année. Troisième édition, revûë, corrigée et augmentée, A Paris, Chez Gabriel Martin, Jean Baptiste Coignard fils, Louis Guerin, ruë S. Jacques, 1732, (Mémoires) p. 112 à 126
  5. Bernard Forest de Belidor, Architecture hydraulique, architecture hydraulique, ou, l’art de conduire, d’elever et de menager les eaux pour les differens besoin de la vie, première partie, tome premier, A Paris, RUE S. JACQUES, Chez CHARLES-ANTOINE JOMBERT, Libraire de l’Artillerie & du Génie, à l’Image Notre-Dame, 1737
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