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Globes de Coronelli
Les Globes de Coronelli ou Globes de Marly sont une paire de globes (terrestre et céleste) de grande dimension (387 cm de diamètre) réalisée par Vincenzo Coronelli et offerte à Louis XIV. Le globe terrestre présente l'état des connaissances géographiques alors connues tandis que globe céleste figure l'état du ciel à la naissance de Louis XIV.
Sommaire
Histoire
Le cardinal d'Estrées, ambassadeur français de Louis XIV auprès du Saint-Siège, finance ces globes pour les offrir au roi. Le Cardinal avait été très impressionné par les globes d'un mètre cinquante de diamètre fabriqués par Coronelli en 1678 pour le Duc de Parme. Il obtint du cartographe italien de réaliser deux globes de grande dimension pour Louis XIV. Fabriquées à Paris de 1681 à 1683 par Vincenzo Coronelli, « le plus grand fabricant de globes de tous les temps »[1], ces deux sphères, l'une terrestre et l'autre céleste, mesurent 387 cm de diamètre et pèsent environ 2 tonnes chacune. Le diamètre atteint 487 cm si l'on inclut les méridiens et les cercles d'horizon (mobiles). Leur ossature est en bois (probablement du poirier), recouvert d’une toile. Chaque globe est muni de deux trappes : une de visite et une d’aération.
Le mobilier de présentation des globes est lui aussi de grande dimension, portant l'ensemble à plus de 8 mètres de hauteur. Le mobilier fut réalisé par Jules Hardouin-Mansart et l'Anglais Michael Butterfield. Chaque mobilier de bronze et de marbre pèse plus de quinze tonnes.
Probablement construits à l'Hôtel de Lionne à Paris, les globes étaient destinés à orner le château de Versailles. Ils restent toutefois à Paris dans l'attente d'une solution architecturale pour les présenter. Un projet d'exposition dans la petite Orangerie est évoqué en 1690, mais abandonné. Ils sont finalement installés à Marly, où ils restèrent de 1703 à 1715, avant d'être transférés à Paris. Les Globes de Marly doivent leur nom à ce court séjour au château de Marly, où des pavillons furent spécialement construits afin de présenter ces œuvres de grande dimension. À Marly, les globes impressionnent les visiteurs, tel la reine d'Angleterre qui les découvre le 12 août 1704 à l'occasion d'une visite à la cour de Louis XIV.
Ils appartiennent maintenant aux collections de la Bibliothèque nationale de France et depuis leur création, ces globes furent rarement présentés au public, en raison de leur dimension hors normes. Après leur séjour à Marly de 1703 à 1715, ils sont stockés à Paris, puis sont exposés de 1782 à 1901 à la Bibliothèque royale puis nationale. Leur dimension fut prise en compte par les architectes du bâtiment et, dès 1731, la pièce est prête à recevoir les globes. Dans son commentaire du plan de la bibliothèque royale dans l'Architecture françoise qu'il publie en 1754, Jacques-François Blondel s'étonne de cette situation : « La pièce marquée M fut construite en 1731, pour y placer deux globes (...) mais depuis qu'on les a apportés de Marly, ils sont restés encaissés et ne sont point encore exposés à la vûe des connoisseurs. (...) Sans doute on ne privera pas encore longtemps le public d'une curiosité si peu commune et qui, ayant coûté tant de dépense, mérite bien qu'on en rendre l'accès facile ». Ils quittent la Bibliothèque Nationale en 1901 suite aux modifications opérées dans la grande salle de lecture.
Enfermés depuis 1901, ils tombent dans l'oubli et on perd même les clés ouvrant les caisses de stockage. Le cartographe Michel Morel retrouve leurs traces au début des années 1970 avec l'aide de Monique Pelletier, responsable du département Cartes et plans à la Bibliothèque nationale. Morel se retourne ensuite vers l'association internationale des Amis de Coronelli, qui font pression pour faire exposer les globes. Ils sont restaurés et créent l'évènement à l'occasion d'une exposition de cartographie au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou du 20 mai au 30 septembre 1980. À cette occasion, les globes sont transportés par l'armée (quatre véhicules porte-chars sont mobilisés pour assurer cette opération) de leurs réserves de l'Orangerie de Versailles à Beaubourg. Après l'exposition, les globes sont de nouveau stockés à Versailles puis transférés à La Villette. Les travaux de restauration durent 60 jours et débutent à Versailles et se pousuivent à Beaubourg sous la direction de Michel Morel en abattant la façade des caisses et en travaillant à l'intérieur de ladite caisse. À l'ouverture des caisses, Michel Morel constate que le globe était d'un aspect grisâtre, une couche de poussière accumulée de 1782 à 1901. Depuis 1901, les globes sont en effet protégés par un épais molleton. Cette protection était toutefois détruite en partie.
Ils sont ensuite exposés en 2000 lors de l'exposition universelle de Hanovre. Ils étaient alors présentés sur des tréteaux mais n'ont jamais quitté Paris ! Ils furent en effet présentés dans leurs réserves parisiennes à la demande des organisateurs de l'exposition universelle de Hanovre, qui n'ont pas obtenu le droit d'exposer ces globes en Allemagne.
Ils sont présentés, sans leur mobilier, au Grand Palais en septembre 2005 (voir photos). Après une petite restauration des pôles en juin-juillet 2006, les globes sont exposés dans l'aile Ouest de la Bibliothèque François Mitterrand, sans leur mobilier, depuis le 4 octobre 2006. L'absence du mobilier s'explique par la hauteur et le poids de l'ensemble. Les globes sont le sujet d'un timbre français émis en 2008.
Description des globes
À titre de comparaison, la surface des deux globes est égale à une fois et demie les Noces de Cana de Paul Véronèse soit plus de 100 m².
Parmi les peintres ayant illustré ces globes, citons Jean-Baptiste Corneille.
Le globe terrestre présente l'état des connaissances géographiques alors connues et la Californie est encore une île. Il comporte plus de 600 cartouches explicatifs, parfois assez longs, comme celui intitulé « Mœurs des peuples du Chili ». Ces textes et les tracés géograhiques sont confiés à des spécialistes. Le tracé du Mississippi est ainsi confié à Jean-Baptiste Franquelin, cartographe établi à Québec, et à Cavelier de La Salle, explorateur de ces territoires.
Le globe céleste figure l'état du ciel à la naissance de Louis XIV. Peint et enluminé par Jean-Baptiste Corneille, y sont représentées les constellations sous forme d'animaux fantastiques, les étoiles et les planètes, le tout dans un camaïeu de bleu. Les noms des constellations sont indiqués en quatre langues : français, latin, grec ancien et arabe. Sept étoiles sont nommés exclusivement en arabe. Le globe indique également la course de certains corps célestes entre 1600 et 1700 dont quelques comètes.
Nous possédons aujourd'hui encore l'intégralité des textes des nombreux cartouches descriptifs grâce à la patience de François Le Large, un des gardiens de ce trésor qui, au début du XVIIIe siècle, recopia soigneusement toutes les inscriptions figurant sur les globes. Ces documents furent précieux lors de la restauration opérée avant l'exposition à Beaubourg en 1980.
Notes
- ↑ Helen Wallis, « notice biographique de Coronelli », Amsterdam, 1969, p.18
Bibliographie
- Monique Pelletier, « Des globes pour le Roi-Soleil », in Revue de la Bibliothèque nationale, N°2, 1981.
- Monique Pelletier, « Les globes de Marly, chefs-d’œuvre de Coronelli », in Revue de la Bibliothèque nationale, N°47, 1993.
- Michel Morel, Compte rendu sur la remise en état des globes dits de Marly, Saint-Mandé, IGN, 1980
- coll., Cartes et figures de la terre, Paris, Centre Georges Pompidou, 1980 (p. 11-14)
Liens externes
- Les globes du Roi Soleil, exposition de la BNF
- (Reconstruction des globes de Vincenzo Coronelli)[1]
- Hall des Globes (bibliothèque nationale de France)
- La Terre et le Ciel, deux globes de Coronelli réalisés pour Louis XIV (historique des globes, musée des Yvelines)
- Biographie de Vicenzo Coronelli
- Détails du transport des Globes (publicité)
- Présentation des Globes par d'Hélène Richard, directrice du Département des cartes et plans de la BNF
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