- Gilles Bernheim
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Gilles Uriel[1] Bernheim (né à Aix-les-Bains en 1952), est un philosophe (agrégé de philosophie) et un rabbin français. Le 22 juin 2008, il est élu Grand rabbin de France pour un mandat de sept ans qui commence le 1er janvier 2009. Il était jusqu'alors rabbin de la Synagogue de la Victoire à Paris, où il était en fonction depuis le 1er mai 1997.
Sommaire
Biographie
Gilles Bernheim naît à Aix-les-Bains dans une famille juive alsacienne originaire d'Europe de l'Est. Il perd son père, commerçant en bois, à l'âge de quatorze ans. Sa mère, Berthe (Blime), née Klein, est une ancienne condisciple d'Antoinette Gluck et enseigne les mathématiques.
À Aix-les-Bains, Gilles Bernheim et son frère sont scolarisés dans l'enseignement public. Il y suit les cours le samedi, en prenant soin de demeurer bras croisés afin de respecter le chabbat (au cours duquel il est interdit d'écrire ou de transporter des objets).
A la fin de la classe de seconde, il part en Israël, où il étudie dans une yeshiva de Netivot, dans le Néguev. Il étudie ensuite, à l'âge de 24 ans, dans un kollel (école talmudique pour hommes mariés) à Jérusalem[2].Avant de devenir rabbin (diplômé du Séminaire Israélite de France), Gilles Bernheim participe activement au mouvement de jeunesse Yechouroun (où il est moniteur et animateur de colonies), sous la direction de Henri Ackermann et de Liliane Ackermann. Il y fréquente aussi Théo et Edith Klein.
Il devient rabbin des étudiants en 1978, puis des universitaires (jusqu'en 1996). Il dirige le département Torah et Société du Consistoire de Paris où il poursuit une tâche d'accueil, d'échanges, d'enseignements et de publications centrée sur les grands problèmes de société. Il préside aussi la commission d’éthique médicale au Consistoire de Paris et est vice-président de l’amitié judéo-chrétienne de France.
Parmi les dirigeants spirituels de la communauté juive de France, le grand rabbin Gilles Bernheim est l’un de ceux qui se sont le plus ouverts au monde extérieur, comme il l'exprime dans cette affirmation : « Si un discours religieux s'adresse à certaines personnes, et qu'il n'est pas audible par d'autres, nous ne sommes pas dans le lien social, mais dans le particularisme. La grandeur d'une religion réside dans sa capacité non pas de conviction, mais de donner à penser à ceux qui ne croient pas en cette tradition »[3]. Par le biais de petites plaquettes éditées par le département Torah et Société du Consistoire de Paris, il donne régulièrement son avis sur les questions les plus diverses : la pauvreté, le sida, les handicapés ou, dans un tout autre registre, la relation avec l’islam ou la laïcité.
Gilles Bernheim a engagé un dialogue avec les plus hautes autorités des autres grandes religions. Dans un ouvrage - par ailleurs controversé au sein de la communauté juive - d'entretiens avec le cardinal Barbarin intitulé Le rabbin et le cardinal, il met en exergue « la richesse d'un dialogue inter-religieux vigilant et respectueux des identités historiques et contemporaines de chacun ».
Marié, il est père de quatre enfants, dont deux sont installés en Israël.
Grand Rabbin de France
Lorsqu'il s'est présenté en 1994 à l'élection au grand rabbinat de France contre le grand rabbin sortant Joseph Haïm Sitruk, Gilles Bernheim, tenant d'un judaïsme orthodoxe, a représenté une alternative face à certains courants ultra-conservateurs de la communauté.
Concernant sa position sur Israël, Gilles Bernheim déclare être depuis toujours un fervent partisan de l'unité du peuple juif[4] et déplore tout ce qui peut nuire à cette unité comme dans sa déclaration de candidature au grand rabbinat de France.
Le dimanche 3 février 2008, en déplacement à Toulouse pour donner une conférence, il se porte une deuxième fois, en quatorze ans, candidat au poste de Grand Rabbin de France[5],[6],[7] contre le grand-rabbin sortant Joseph Haim Sitruk.
Le dimanche 22 juin 2008, Gilles Bernheim est élu Grand rabbin de France. Son mandat de 7 ans a pris effet le 1er janvier 2009[8].
La cérémonie d'investiture de Gilles Bernheim a eu lieu à la Grande Synagogue de la rue de la Victoire, le dimanche 1er février 2009. Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, y assiste, au nom du cardinal André Vingt-Trois, Président de la Conférence des évêques de France.
Gilles Bernheim envisage de faire de l'école rabbinique un pôle de rayonnement du judaïsme orthodoxe en France. Il préconise de limiter la durée de fonction de Grand rabbin de France à deux mandats de sept ans ou à un mandat de 10 ans[9].
Gilles Bernheim, une fois élu, revient sur la question d'orthodoxie et de libéralisme. Il rejette la qualification de libéral, en notant que: Dans le judaïsme, un libéral est quelqu'un qui suit moins qu'un orthodoxe les commandements juifs: ce n'est pas mon cas. Il souligne que son épouse, une psychanalyste, toute aussi pratiquante que lui, porte une perruque du matin au soir[10].
Peu après sa prise de fonctions, il accorde une interview au Figaro dans laquelle il déclare à propos de la guerre de Gaza : « Ma compassion, comme celle de tous mes coreligionnaires, s'étend aux populations civiles palestiniennes et je regrette que les guerriers du Hamas soient entrés dans une folie meurtrière qui les dépasse et les broie[11] ».
En janvier 2009, il effectue sa première visite pastorale lors d'un déplacement à Toulouse. Sa visite est marquée par l'inauguration en compagnie de Monseigneur Le Gall, archevêque de Toulouse, d'une plaque commémorative à la synagogue Palaprat. Cette plaque rend hommage à Monseigneur Saliège, archevêque de Toulouse en 1942, qui s'est opposé à la déportation des Juifs et qui a ainsi initié un vaste mouvement de sauvetage des Juifs et permis l'organisation d'un réseau où de nombreux enfants furent cachés dans des couvents ou institutions religieuses.
Il est nommé Chevalier de la Légion d'honneur le 12 avril 2009[12],[13].
Lors de l'assemblée générale du Consistoire central de France, en juin 2009, le grand rabbin de France a annoncé les membres de son cabinet, composé notamment de son fils, chef de cabinet, Eliya Bernheim, du Grand Rabbin Bruno Fiszon chargé de la Cacherout et de l'Éducation, du grand rabbin Haïm Korsia chargé des affaires de société, du rabbin Betzalel Levy chargé des Affaires familiales et religieuses, du rabbin Moché Lewin, porte-parole chargé de la communication, des médias et des relations internationales et de Dorothy Bénichou Katz conseillère spéciale chargée des grands événements[14],[3].
En décembre 2009, il condamne la proclamation de Pie XII comme vénérable de l'Église catholique romaine par Benoît XVI : « Compte tenu du silence de Pie XII pendant et après la Shoah, je ne veux pas croire que les catholiques voient en Pie XII un exemple de moralité pour l'humanité. J'espère que l'Église renoncera à ce projet de béatification et qu'elle fera ainsi honneur à son message et à ses valeurs »[15].
Le 25 avril 2010, il est le premier grand rabbin de France à se rendre à Vichy pour rendre hommage aux déportés et aux Justes. Il dépose une gerbe devant l'hôtel du Parc, qui fut le siège du régime collaborationniste du maréchal Pétain[16],[17],[18]. Le 1er mai 2010, il se rend en pélérinage à la synagogue de la Ghriba à Djerba[19].
Notes et références
- Chevalier de la Légion d'honneur. Voir la référence dans le Journal Officiel en date du 12 avril 2009. Le deuxième prénom est cité dans la nomination au titre de
- Gilles Bernheim, le pari d'un judaïsme ouvert, article dans Le Monde, en date du 25 juin 2008
- Gilles BERNHEIM, un très grand Grand Rabbin de France » sur Judaïsme d'Alsace et de Lorraine, février 2010. Consulté le 15 mars 2010 Félix PEREZ & Yerouchalmi, «
- La paix maintenant) (voir un article datant de 2005 sur le site de
- La communauté juive entre aussi en campagne électorale article du Figaro daté du 14 février 2008
- Blog élections rabbiniques 2008
- Institutions juive: cimenter une communauté dispersée article dans Le Monde daté du 21 juin 2008
- Gilles Bernheim élu Grand rabbin de France, article dans Le Monde du 22 juin 2008
- Nouveau Grand rabbin de France, Gilles Bernheim prône un judaïsme ouvert sur la societé, article dans Le Monde du 23 juin 2008
- Gilles Bernheim, le pari d'un judaïsme ouvert, article dans Le Monde, daté du 25 juin 2008.
- Bernheim : «Ma compassion va aux civils palestiniens», Le Figaro, 12 janvier 2009. Consulté le 12 janvier 2009
- Légion d'honneur: Vincent Bolloré et Max Gallo promus. Le Monde, 12 avril 2009. Voir
- JORF No 0087 du 12 avril 2009 page 6391, texte No 6. Décret portant promotion et nomination
- La vie du Consistoire sur Consistoire de Paris, Information Juive, juillet 2009
- Pie XII: le grand rabbin critique sur Le Figaro, 20 décembre 2009. Consulté le 21 décembre 2009
- Déportation : la visite historique du grand rabbin sur Ouest-France, 26 avril 2010. Consulté le 26 avril 2010
- Le grand rabbin de France se rendra à Vichy pour la journée des déportés, Le Monde, 23 avril 2010.
- Quand Jean-Marie Le Pen défend Vichy et le maréchal Pétain. Le Monde, 26 avril 2010.
- Tunisie: début du pèlerinage pour des milliers de juifs à la synagogue de Djerba sur France 24, AFP, 30 avril 2010. Consulté le 16 mai 2010
Publications
- Un Rabbin dans la Cité, Calmann-Levy, 1997
- Le Souci des Autres au fondement de la loi juive, Calmann-Levy, 2002
- Réponses juives aux défis d'aujourd'hui, Textuel, 2003
- Le rabbin et le cardinal, Stock, 2008. Avec le cardinal Philippe Barbarin, prix Spiritualités d'Aujourd'hui 2008
Conférence
- Gilles Bernheim, Video : « Tora et modernité » - Juif et Français: quelle position aujourd'hui, Akadem, février 2010 [lire en ligne (page consultée le 12 mai 2010)]
Préfaces à des ouvrages
- Claude Riveline. Petit Traité Pour Expliquer Le Judaïsme Aux Non-Juifs. Paris : Torah et Société (2000)
- Liliane Ackermann. Essai sur la conversion. Marseille : Éditions l'Arche du Livre (2006). ISBN 2-911613-11-2
Liens externess
- Félix Perez & Yerouchalmi, Gilles Bernheim, un très grand Grand Rabbin de France, sur le site du judaïsme d'Alsace et de Lorraine
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