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Gilbert de la Porrée
Gilbert de la Porrée, connu aussi comme Gilbertus Poretta (de préférence à Porretanus[1]) ou Pictavieiisis et parfois simplement Gilbert de Poitiers, où il est né vers 1070/75 (?). Il y meurt le samedi 4 septembre 1154. C'est un théologien scolastique et un logicien, ayant professé à Chartres et Paris et qui fut nommé Évêque de Poitiers en 1142. Selon J. Jolivet, il fut l'un des plus grands esprits de son siècle.
Sommaire
Vie
Gilbert de la Porée est élève de Bernard de Chartres (Bernard Silvestris), que Jean de Salisbury qualifia de « plus parfait platonicien de notre temps »[2]. Il étudie aussi à Paris avec Guillaume de Champeaux où il est le condisciple d'Abélard ; à Laon avec Anselme et Raoul, et à Poitiers avec Hilaire.
Il connaît la logique d'Aristote et notamment les Analytiques, traduit depuis 1125.
De retour à Chartres vers 1124, il est le chancelier de l'école de Chartres de 1126 à 1137 à la suite de son maître. Ses principaux ouvrages datent de cette époque.
Il y fut considéré rapidement comme un maître important et s'éleva contre les paresseux ou les arrivistes qui considéraient la durée de l'étude trop longue et leur conseillait de se faire boulanger « le seul qui accepte tous ceux qui n'ont pas d'autre métiers ou d'autres travail, un métier très facile à exercer et propre surtout à ceux qui cherchent plutôt leur pain que leur instruction »[3].
Il professa brièvement la dialectique et la théologie à Paris vers 1141, où Jean de Salisbury assiste à ses cours, avant d'être nommé Évêque de Poitiers en 1142.
Après le concile de Reims et jusqu'à sa mort en 1154, il n'a de soin que d'instruire ses diocésains.
Travaux
Il se mit à la tête des Réalistes (Scot Érigène, Anselme de Laon, Guillaume de Champeaux). Pour lui, seul existe l' individuum ou individu (c'est à dire qu'il possède un réalité ontologique relative), alors que le dividuum, ou universel, est intelligible par la relation de similitude entre les individus. Gilbert est un platonitien : les formes sont l'image des idées.
A l'instar de Bernard de Chartres et dans la droite ligne des néoplatoniciens tels Denys l'Aréopagite, Gilbert de la Porrée affirme que l'homme à la recherche des secrets de la nature, à la recherche de son destin, déchiffrant l'univers, s'y retrouve lui-même[4]. Quant à Dieu, pour les chartrains, il n'agit que par ses lois, s'étant retiré du monde qu'il a créé.
Sous la pression de Bernard de Clairvaux[5] et du pape Eugène III, il vit quatre de ses propositions[6], publiées dans un commentaire sur Boèce (et dans une prose rimée sur la Trinité), condamnées au cours du concile tenu à Reims (dans la « salle du Tau » de l'évéché et non à la Cathédrale), le 21 mars 1148, mais se rétracta : « Si vous croyez autrement, je crois comme vous », dit-il au pape. On lui reprochait d'avoir enseigné que « la nature divine, ou divinitas, n'est pas Dieu mais la forme par laquelle il est Dieu, de même que l'humanité n'est pas l'homme mais la forme par laquelle elle est homme », bien qu'il n'ait jamais enseigné celà, puisqu'il maintenait la simplicité divine. C'est grâce à son immense érudition théologique qu'il a pu étayer sa doctrine. Plus généralement Bernard lui reprochait une approche trop dialectique et philosophique de la Trinité et des mystères, comme il en avait été pour Abélard au concile de Sens, huit ans plus tôt.
Après le concile Bernard lui demanda un entretien théologique. L'Évèque répondit que si Bernard voulait comprendre sa pensée, il lui fallait avant étudier tous les arts libéraux et aussi les autres.
« La nature de la distinction échappe à certains esprits rudes et sans culture, mais elle doit être affirmée en même temps que la simplicité divine ; elle tient à une condition absolue de la pensée elle-même fondée dans l'être. »— Gilbert de la Porrée, In libibrum de Trinitate, PL. t. LXIV, 1302-1303.
Un Clarembaud d'Arras critiquera le système conceptuel de Gilbert de la Porrée pour sa difficulté, voire son obscurité (J. Jolivet).
Il forma de nombreux disciples, les porrétains, tel Nicolas d'Amiens, connu par son De arca fidei, l'anglais Jourdain Fantasma, Ives, doyen de Chartres, Jean Daleth, auteur du Rationale divinum officiorum, Ébrart de Béthune, Othon de Freising et enfin bien entendu Jean de Salisbury.
Son De sex Principiis resta longtemps rangé parmi les œuvres d'Aristote, Porphyre et Boèce et devint un classique de l'université qui fut commenté par Albert le Grand, Thomas d'Aquin et d'autres, au moins jusqu'au XVe siècle.
Œuvres
- Sermon sur le Cantique des Cantiques
- des Commentaires, sur les Psaumes, Jérémie, les Épîtres de Saint-Paul et sur l'Apocalypse.
- Deux lettres, une à Bernard de Clairvaux et l'autre à l'abbé de Saint-Florent.
- La prose rimée sur la Trinité, mentionnée au concile de Reims est perdue.
- Douteux
- De sex Principiis ou Liber sex principiorum [Des six Principes] (PL. t. CLXXXVIII, col. 1257-1270), un traité imprimé avec plusieurs anciennes éditions d'Aristote, traitant des six dernières catégories catégories : action, passion, où, quand, avoir et situation. C'est Roland de Crémone et Albert le Grand qui attribuairent les premiers ce texte à Gilbert. Il reste des doutes sur son attribution.
- Apocryphes
- Liber de causis est un traité remanié de Proclus.
- Livre des 24 philosophes
Bibliographie & source
- Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
- H.C. Van Elswijk, Gilbert Porreta. Sa vie, son œuvre, sa pensée, Louvain, 1966.
- Geoffroy d'Auxerre, Libellus contra capitula Gilberti Pictaviensis episcopa, Patrologie Latine, t. CLXXXV, col. 617-618.
Notes
- ↑ F. Pelster, Scholastik, XX-XXIV, 1949, p. 401-403.
- ↑ Jean de Salisbury, Metalogicus, IV, 35.
- ↑ Patrologie Latine, t. CXCIX, col. 832.
- ↑ J. Le Goff, 'Les intellectuels au Moyen Âge', Paris, 1985.
- ↑ Bernard de Clairvaux, 'De Consideratione', Livre V et Sermon LXXXX, par exemple
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- Affirmation de la différence réelle entre Dieu, d'une part et d'autre part l'essence et les attributs divins.
- Une différence également réelle entre l'essence divine et les personnes divines.
- Seules les trois personnes sont éternelles : les relations propriété, singularité, unités, etc. ne sont pas Dieu
- Attribution de l'incarnation à la personne du Fils et non à la divinité.
- cf. Geoffroy d'Auxerre.
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