- Gilbert Rouget
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Gilbert Rouget, né le 9 juillet 1916 à Paris, est un ethnomusicologue français.
Docteur ès lettres, ancien directeur de recherche au CNRS, il fut directeur du département d'ethnomusicologie au Musée de l'Homme.
Formation
Licencié ès lettres de la Faculté de Paris (Sorbonne) en 1943, ethnologie et histoire de la musique (1943).
Études de piano (perfectionnement) à l'Institut Raymond Thiberge (Paris) puis avec divers professeurs, dont Yvette Grimaud ; notions d'harmonie et de contrepoint chez madame Gauthier, professeur à la Schola Cantorum de Paris.
Formation scientifique : ethnologie et anthropologie à l'École pratique des hautes études (EPHE Ve section, Sciences religieuses) : Maurice Leenhardt, Claude Lévi-Strauss ; ethnomusicologie au Musée de l'Homme (André Schaeffner, Constantin Brăiloiu), linguistique (enseignements d'André Martinet à la Sorbonne, d'Émile Benveniste au Collège de France, de Jack Berry à la School of Oriental and African Studies (Londres).
Carrière professionnelle
- 1942 : entrée au Musée de l'Homme comme assistant (Service des Chantiers intellectuels et artistiques) d'André Schaeffner, chef du Département d'ethnologie musicale.
- 1955 : chargé de cours à l'Institut d'ethnologie (Paris, Faculté des lettres, Sorbonne)
- 1957 : détaché au Centre national de la recherche scientifique, avec le grade d'attaché de recherche, affecté au Musée de l'Homme, promu maître de recherche en 1973, puis directeur de recherche en 1973.
- 1965 : succède à André Schaeffner, nommé chef du Département d'ethnomusicologie du Musée de l'Homme.
- 1968 : chargé de cours à l'Université de Paris X Nanterre
- 1970-1972 : membre du conseil de la Society for Ethnomusicology (USA).
- 1980 : nommé responsable de la filière doctorale en ethnomusicologie à l'Université de Paris X Nanterre
- 1985 : passage à la retraite. Suite de publications (cf.infra), les plus récentes datant de 2006.
- 1989 : professeur invité à l'Université du Texas à Austin.
Membre d'honneur du Séminaire européen d'ethnomusicologie (ESEM).
- Initiatives scientifiques
- 1947 : création d'un studio d'enregistrement du son au Musée de l'Homme
- 1947 : création des éditions de disque du Musée de l'Homme, devenues par la suite "Collection CNRS-Musée de l'Homme".
- 1962 : cofondateur (à l'invitation d'Éric de Dampierre) des "Editions classiques africains".
- 1964 : Cofondateur (avec Jean Rouch) du Laboratoire audio-visuel de l'EPHE Ve section, Sciences religieuses.
- 1968 : création et mise en place au Département d'ethnomusicologie du Musée de l'Homme d'une formation de recherche du CNRS : la RCP 178 "Etudes d'ethnomusicologie", laquelle deviendra par la suite "Equipe de recherche", puis tour à tour sous la direction de mes successeurs "Laboratoire d'ethnomusicologie" et "Centre d'étude d'ethnomusicologie" (CREM), depuis peu rattaché administrativement à l'Université de Paris X Nanterre. Dès sa création, cette formation de recherche a inclus, géré par un ingénieur, un laboratoire d'enregistrement, d'analyse et de transcription automatique du son, dispositif consacré en priorité aux archives sonores constituées au fil des années dans ce Département, et aux recherches s'y rapportant.
- 1977 : les éditions de disque "CNRS-Musée de l'Homme" prennent la forme de deux collections distinctes : "Archives d'ethnomusicologie" à tirage limité hors commerce, et "Traditions musicales des cinq continents", publié en collaboration avec divers éditeurs privés. La direction de ces éditions de disques a été assurée par G. Rouget jusqu'en 1982.
- Missions
Hormis trois brèves missions, au Brésil (1948), en Tchécoslovaquie (1950) et aux Açores (1956), elles ont toutes eu pour destination l'Afrique. Au total, 17 missions de durées très diverses, dont quelques-unes de six mois. La première se déroula en 1946 au Moyen-Congo et au Gabon, les suivantes, entre 1952 et 1987, eurent pour destination l'Afrique occidentale, principalement le Bénin (ancien Dahomey), mais également le Nigeria, le Sénégal, la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Mali et, en 1964, le Maroc berbère.
L'objectif de ces missions d'ethnomusicologie a constamment été le recueil des pratiques musicales traditionnelles des populations visitées, avec en tout premier lieu celles menacées de disparaître ou de se transformer sous la pression de la modernité, la collecte consistant naturellement en enregistrements sonores complétés par des photographies ou des films et, s'y rapportant, en recherches ethnomusicologiques parfois extrêmement approfondies.
Tous pays confondus, la documentation ainsi recueillie concerne les traditions musicales de 42 populations (ou ethnies) différentes, réparties, de l'Équateur au Maghreb, entre 8 pays d'Afrique de l'Ouest. A présent intégralement numérisée, cette documentation se présente sous la forme de 350 CD. En cours d'étude, la pérennité de cet ensemble numérisé devrait être prochainement assurée.
Publications
La liste complète de ses publications, rangées sous trois rubriques regroupant écrits, disques et films, se trouve sur son blog.
Très brièvement décrites, elles se composent :
- d'une thèse d'État soutenue en 1980 devant l'Université de Paris X Nanterre et publiée par Gallimard, et de trois autres ouvrages tous constitués, complémentairement, de textes, d'enregistrements sonores (CD) et de photographies, d'autre part d'une centaine d'articles parus dans diverses revues scientifiques, parfois accompagnés, eux aussi, de disque et de photos
- de 44 disques 78 tr/min, parmi lesquels les premiers disques jamais publiés de musique pygmée, 23 disques microsillon de différents diamètres et 1 CD comportant une notice bilingue de 100 pages, tous composés d'enregistrements recueillis au cours de mes différentes missions
- de trois films réalisés en collaboration avec Jean Rouch.
Avec la mondialisation, ce sont des pans entiers du patrimoine musical de l'humanité — celui des musiques, disons pour simplifier, à la fois "non écrites" et héritées des siècles ou des millénaires passés — qui disparaissent ou s'appauvrissent. En recueillir le plus possible d'exemples, avec les meilleures technologies et la documentation la plus approfondie, en assurer de même la sauvegarde et en organiser le "retour au pays d'origine", telle a toujours été et telle est plus que jamais, à ses yeux, la priorité des priorités.
Catégories :- Ethnologue africaniste
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