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Geoffroy de Monmouth
Pour les articles homonymes, voir Monmouth.Geoffroy de Monmouth (Monmouth, vers 1100 - St Asaph, 1155), est un évêque et historien anglo-normand, écrivant en langue latine et familier du monastère de Glastonbury.
Le lieu de sa naissance n'est pas connu, mais il s'agit probablement de Monmouth au pays de Galles. Il semble avoir des ancêtres bretons. Il connaît bien la région de Monmouth, et décrit Caerleon dans son Historia Regum Britanniae.
Il a étudié à Oxford, y a rencontré l'archidiacre Walter. Le 21 février 1152, l'archevêque de Cantorbéry Thibaut le consacre évêque de St Asaph (au nord du pays de Galles), dix jours après l'avoir ordonné prêtre. A-t-il seulement visité son évêché ? Cela n'est pas assuré et les guerres d'Owain Gwynedd permettent d'en douter.
Sommaire
Œuvres
Il est l'auteur de la Vita Merlini (1149, poème en hexamètres, d'après l'Afallenau attribué au barde Merdhin, vraisemblablement composé en gallois, par le Duc de Normandie Robert Courteheuse), des Prophetiae Merlini et de Historia regum Britanniae (1135/1138), en 12 livres (d'après un original composé en breton et emporté en Angleterre par le Normand Gautier, archidiacre d'Oxford) qui est l'un des premiers ouvrages de l'histoire britannique et sera la source de la légende arthurienne.
Une des clés de cette oeuvre - par ailleurs le plus gros succès historiographique médiéval comme le montrent les presque 220 manuscrits conservés entre 1138 et le XVe siècle - est sans doute la tentative d'ancrer la légitimité politique de la dynastie normande dans le passé de l'ancienne Bretagne, en mettant à profit la présence de nombreux seigneurs bretons parmi les conquérants de 1066. Les "Bretons" fournirent ainsi en quelque sorte aux Normands qu'il aidèrent à conquérir l'Angleterre un passé local clés en main, justifiant la conquête puis la guerre féodale poursuivie contre les Gallois.[1]
L'Historia sera traduite en gallois (Brut y Breninhed), puis adaptée en langue romane sous le nom de Roman de Brut, en 1155, par Wace.
Controverse
Dès 1138, date de la mise en circulation de l'Historia, de sérieux doutes furent émis quant à l'existence de la source en langue brittonique sur laquelle prétendait s'appuyer Geoffroy. En effet, affirmer s'appuyer sur une source unique est impensable dans l'historiographie médiévale d'Occident : toute oeuvre d'historien devait être littéralement authentiquée par une autre oeuvre, antérieure, à valeur d'autorité. Si certes Geoffroy s'appuie sur une telle oeuvre, celle-ci est demeurée inconnue des contemporains. Le passé de l'ancienne Bretagne n'était donc transmis que par une source unique, ce qui ouvrit sans doute la voie au basculement de l'univers arthurien dans la fiction.
Le questionnement - toujours très vivace à l'époque contemporaine - qui a tendance à se focaliser sur l'hypothèse d'un Geoffroy falsificateur mérite pourtant d'être dépassé. Mieux vaut sans doute recentrer la problématique sur l'histoire des représentations. L'Historia peut s'avérer très riche lue sous cet angle - elle contient par exemple le premier discours "décolonisé" sur la Bretagne et les Bretons de l'historiographie, ce qui n'a été relevé que très récemment - et invite à replacer Geoffroy dans la perspective de l'acculturation du monde brittonique - dont il est bien plus le fossoyeur que le révélateur - à l'Occident féodal. C'est peut-être plus que jamais chez Geoffroy que "la Bretagne" ( au sens élargi qu'il faut donner à ce concept, qui mériterait à lui seul un article, c'est-à-dire les trois péninsules brittophones : Armorique, Pays de Galles, Cornouailles) est un continent englouti, au moment même où l'Occident la découvre et s'apprête à en annexer le passé.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Prophetiae Merlini : Texte latin (édition 1603) avec le commentaire d'Alain de Lille
- Historia Regum Britanniae :
- Vita Merlini : texte latin
- ↑ Voir David Floch, "Mémoire bretonne et identité anglo-normande. L'image des Bretons armoricains chez Geoffroy de Monmouth et ses continuateurs insulaires ( années 1130-1190)", dans Jean-Christophe Cassard, Jean Kerherve et Elisabeth Gaucher (dir.), Vérité poétique, vérité politique. Mythes, modèles et idéologies politiques au Moyen Age, Brest, Centre de Recherche Bretonne et Celtique, 2007, p. 165-191.
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