- Gambit roi
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Gambit du roi
Le gambit du roi ou gambit roi est une très ancienne ouverture du jeu d'échecs. Elle figurait déjà dans le manuscrit de Göttingen qui datait des débuts de l'imprimerie (vers 1490). Le gambit du roi a été très populaire au XIXe siècle et reste associé à l'école romantique des échecs. Ainsi, le grand joueur Adolf Anderssen a laissé des parties très tranchantes commençant par ce début, dont sa fameuse partie immortelle. On a aussi organisé des tournois thématiques sur cette ouverture, c'est-à-dire où l'on imposait aux joueurs de commencer par le gambit du roi. Ce dernier a connu une désaffection générale au cours du XXe siècle. En effet, c'est une ouverture tranchante mais risquée pour les Blancs, et on tend à considérer aujourd'hui que les Noirs conservent de bonnes contre-chances.
Sommaire
Précisions techniques
Le gambit du roi se caractérise par les coups 1.e4 e5 2.f4. L'idée principale de ce dernier coup est d'ouvrir la colonne f afin d'attaquer le pion f7 (après le petit roque blanc, la Tour h1 vient en f1) qui est protégé uniquement par le roi noir au début de la partie.
Le gambit peut être accepté ou refusé :
- il est refusé si les Noirs refusent de prendre le pion f4 et jouent un coup comme 2...d6, 2...d5, ou 2...Fc5.
- il est accepté si les Noirs prennent le pion en f4. L'ouverture devra alors être parfaitement connue des deux côtés de l'échiquier, car les attaques peuvent être foudroyantes, tant pour les Blancs que pour les Noirs. En général, dans le gambit accepté, le meilleur coup pour les Noirs après 3. Cf3 est 3... g5.
Les codes ECO du gambit du roi vont de C30 à C39.
Le gambit du roi accepté (code ECO C33)
L’idée initiale du sacrifice du pion f4 est de se débarrasser du pion e5 pour permettre aux Blancs un contrôle total du centre. Or, après 1. e4 e5 2. f4 exf4, le coup 3. d4 est réfuté par 3... Dh4+ par lequel le roi blanc est déroqué. Pour éviter cela, les Blancs jouent généralement 3. Cf3, le gambit du cavalier, qui contrôle la case h4. Mais ils peuvent également ne pas tenir compte de la menace 3... Dh4+ et jouer 3. Cc3 ou 3. Fc4.
- Dans le gambit Steinitz 3. Cc3, après 3... Dh4+ 4. Re2, le roi blanc est mal placé mais les blancs ont un meilleur centre. En outre, la dame noire peut aisément être chassée, ce qui entraînerait une perte de temps pour les Noirs et une avance de développement pour les Blancs.
- Plus fréquent, le gambit du fou 3. Fc4 menace la case f7 et libère la case f1 pour le roi blanc. Les Noirs peuvent jouer 3... Dh4+ 4. Rf1, mais la position n’est pas mauvaise pour les Blancs (voir la partie immortelle). D’autres développements sont possibles, par exemple 3... Cf6 4. Cc3 c6 5. d4 d5 6. exd5 cxd5 7. Fb5+, ou bien 3...Cf6 4. Cc3 c6 5. d4 Fb4 6. e5 Ce4 7. Rf1!?.
La défense classique par 3... g5 (code ECO C37-C39)
Après 1. e4 e5 2. f4 exf4 3. Cf3, les Noirs jouent 3... g5 avec l’idée de chasser par 4...g4 le cavalier qui contrôle h4. Cette défense fut jouée quasi systématiquement en réponse au gambit du cavalier au cours du XIXe siècle.
- Les blancs jouent 4. Fc4, attaquant f7. À l’origine de cette variante, le gambit Lolli, 4... g4 5. Fxf7+ Rxf7 6. Ce5+, réfuté depuis par la théorie.
Contre 4... g4 les blancs jouent généralement le gambit Muzio. Ce gambit fut popularisé par Verdoni aux alentours de 1800 avec son élève Sarrat.
5. 0-0, sacrifiant un cavalier pour une avance de développement. Il peut suivre 5... gxf3 6. Dxf3 Df6 7. e5 Dxe5 8. d3 Fh6 9. Cc3 Ce7 10. Fd2 Cbc6 11. Tae1. Les noirs ont un cavalier de plus mais aussi un important retard de développement. Toutes les pièces blanches attaquent le roi noir.
Bobby Fischer : " il n'y a plus rien de romantique au sujet du gambit Muzio qui a été analysé comme donnant une nulle..." (mes 60 meilleures parties)
Cependant, les noirs ne sont pas obligés de jouer 4... g4 et d’accepter le sacrifice du cavalier; ils peuvent se contenter de défendre leur pion f4 en optant pour le plus solide 4... Fg7 5. 0-0 h6 6. d4 d6, le gambit Philidor-Hanstein, ou encore 4...Fg7 5. h4 h6 6. d4 d6 7. c3 Cc6 8. 0-0.- Les blancs jouent 4. h4, renforçant leur contrôle sur cette case.
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- Après 4... g4, il peut suivre 5. Cg5, le gambit Allgaier. 5... h6 capture le cavalier mais perd un temps de développement. Après 6. Cxf7 Rxf7 7. Fc4+, le roi noir est exposé aux attaques blanches.
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- Cependant, après 4...g4, les blancs jouent généralement 5. Ce5, le gambit Kieseritzky, le cavalier attaquant simultanément les pions f7 et g4.
Les autres défenses contre le gambit du cavalier (code ECO C34-C36)
- La défense Fischer 3... d6 empêche le placement du cavalier en e5. Il peut suivre 4. d4 g5 5. h4 (si les blancs n'opèrent pas ce coup, les noirs peuvent défendre leur pion f4 en jouant 5... h6, transposant dans le gambit Philidor-Hanstein.) g4 6. Cg1 et le cavalier blanc doit reculer. Il peut encore suivre 4. Fc4 h6 5. d4 g5.
- La défense Cunningham 3... Fe7 redouble la menace sur la case h4 dans l’espoir de déroquer le roi blanc. Un exemple de développement est: 4. Fc4 Fh4 5. g3 fxg3 6. 0-0 gxh2+ 7. Rh1 et, leur roi étant à l’abri derrière le pion noir, les blancs ont de bonnes chances d’attaques.
- Dans la défense moderne ou défense Abazzia 3... d5, les noirs jouent d’emblée la poussée libératoire qui liquide le centre. La variante principale est 4. exd5 Cf6 5. Fb5 c6 6. dxc6. Il peut également suivre 4. exd5 Cf6 5. Fc4 Cxd5 6. 0-0 Fe7 7. d4 Fe6.
- D’autres réponses sont possibles après 3. Cf3 : 3...Cf6 4. e5 Ch5 (défense Schallopp) ou 3... Ce7 4... Cg6, ces deux coups défendant le pion f4. En fait, les noirs ne sont ni obligés de défendre le pion f4, ni forcés de profiter de l’affaiblissement de l’aile roi blanche, et d’autres suites sont possibles du moment qu’elles permettent un développement rapide. Le gambit du roi ne permet-il pas aux deux camps d’exprimer leur inventivité?
Le gambit du roi refusé
Après 1.e4 e5 2.f4, les Noirs peuvent décliner le gambit par :
- 2...d5 : c'est le contre-gambit Falkbeer
- 2...Fc5 : c'est la variante classique du gambit roi refusé.
- 2...Cc6
- 2...d6
- 2...Cf6
- 2...Df6?!
- 2...Dh4+?!
La variante classique 2...Fc5
Après 2...Fc5, 3.fxe5?? est impossible, car 3...Dh4+ gagne (4.g3 Dxe4+ suivi de ...Dxh1 -+, ou 4.Re2 Dxe4#). (cf. Tchinenoff-Maillard, jouée à Paris en 1925).
Dans la variante classique, les Blancs tentent souvent d'échanger le Fc5 contre le Cb1 avec la manœuvre Cb1-c3-a4.
On considère aujourd'hui que cette variante donne aux Blancs un avantage d'espace au centre conséquent après des variantes telles que 1.e4 e5 2.f4 Fc5 3.Cf3 d6 4.c3 (4. Cc3 et 4. Fc4 sont également joués) Cf6 5.d4 ou 5.fxe5, et on ne l'utilise plus guère, alors qu'elle était populaire au XIXe siècle.
Le contre-gambit Falkbeer 2...d5
Article détaillé : contre-gambit Falkbeer.2...Cc6, 2...d6, 2...Cf6, 2...Df6, etc.
2...Cc6 est rare. Tony Miles a défendu la variante 3.Cf3 f5.
Après 2...d6 3.Cf3, le mieux est 3...exf4 qui transpose dans la défense Fischer (bien que 2...d6 incite plutôt les Blancs à jouer 3.d4).
Après 2...Cf6, 3.fxe5 Cxe4 4.Cf3 Cg5! 5.d4 Cxf3+ 6.Dxf3 Dh4+ 7.Df2 Dxf2+ 8.Rxf2 donne aux blancs un petit avantage en finale[1].
2...Df6?! (parfois appelé variante Norwalde), avec l'idée 3...Dxf4, est connu mais considéré comme extrêmement douteux.
2...Dh4+?! 3.g3 (la défense Keene) est considéré comme douteux.
Joueurs célèbres ayant pratiqué le gambit roi
- Adolf Anderssen,
- Paul Morphy,
- Paul Keres,
- David Bronstein,
- Bent Larsen,
- Boris Spassky,
- Bobby Fischer
- Joe Gallagher.
- Nigel Short
Notes
Sources
- (fr) Jacob Estrine, I. B Glazkov, Le Gambit du roi, ed. Garnier, collection Librairie Saint-Germain, 1987
- (en) Joe Gallagher, Winning With the King's Gambit, Batsford, 1992, ISBN 0-7134-6944-7
- (es) Daniel Elguezabal Varela, Curso de aperturas: Sistemas abiertos, ed. La Casa del Ajedrez, Madrid, 2005.
Voir aussi
- Début Bird : 1. f4 peut, après inversion de coups, revenir dans le gambit du roi par 1... e5 2. e4.
Liens externes
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