Fédération de l'Éducation nationale

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La Fédération de l'éducation nationale (FEN) était une fédération de syndicats de l'Éducation nationale, de la recherche et de la culture dont le champ de syndicalisation couvrit jusqu'à huit ministères (le plus connu était le SNI).

Dénommée Fédération générale de l'enseignement (FGE) à sa création en 1930, la Fédération de l'éducation nationale (FEN) a existé sous cette appellation de 1945 à 2000, année où elle est devenue l'UNSA Éducation.

Entre 1948 et 1992, la FEN a joué un rôle original dans le syndicalisme français en tant que fédération syndicale ayant choisi le passage à l'autonomie lors de la scission entre la CGT et FO pour préserver son unité, en reconnaissant l'expression de courants de pensée (tendances). La FEN compta, au début des années soixante-dix, jusqu'à 550 000 adhérents revendiqués (plus que certaines organisations confédérales « représentatives »). Alors première fédération syndicale de fonctionnaires de l'État, son audience dépassait ce cadre, y compris dans le cadre des relations inter-confédérales.

Confédérée de sa création à 1948, la FEN a retrouvé à partir de 1993 un cadre d'organisation interprofessionnelle en participant à la constitution de l'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA). Mais elle avait entretemps changé de nature avec la scission de 1992 (radiation du SNES et du SNEP, syndicats dirigés par la tendance « Unité et Action »). Cette scission aboutit à la création et au développement de la FSU.

la FEN a marqué durablement le paysage syndical français et symbolisé l'existence de ce qu'on a pu appeler la forteresse enseignante.

Sommaire

Origines et fonctionnement

Elle se constitue à la Libération par changement d'appellation de l'ancienne Fédération générale de l'enseignement (FGE), créée en 1930 dans la CGT de Léon Jouhaux (à laquelle sa principale composante, le SNI, créé en 1920, était affilié depuis 1925).

Le choix de l'autonomie : la motion Bonissel-Valière

En 1947, lors de la scission de la CGT qui a donné naissance à la CGT-FO, la FEN a refusé de choisir entre les deux confédérations et s'est installée dans l'autonomie en transposant à la fédération la motion Bonnissel-Valière du congrès du SNI qui a fixé le cadre de fonctionnement pour une quarantaine d'années. René Bonissel était une figure de premier plan du SNI et de surcroît perçu comme le fils spirituel de Georges Lapierre (secrétaire général du SNI clandestin, mort en déportation comme son successeur Joseph Rollo). Marcel Valière était le responsable de la tendance École émancipée, secrétaire général de la fédération unitaire de l'enseignement CGTU de 1935 à la réunification de la CGT.

La motion Bonissel-Valière reposait sur le principe de la représentation proportionnelle sur la base de textes d'orientation. La FEN l'appliqua pour la partie de sa commission administrative correspondant à la part des sections départementales, les syndicats nationaux transposant le poids interne de leurs tendances dans leurs propres délégations. En revanche, était réaffirmée, contre la position des militants dits alors cégétistes le principe d'un exécutif homogène pris dans la tendance majoritaire quelle qu'elle soit.

Les militants de la majorité autonomes (parmi lesquels on trouvait des socialistes) et les militants de l'École Emancipée ont en effet refusé de rejoindre FO pour maintenir l'unité de la fédération. Les militants de la tendance proche à l'époque des communistes (qui deviendra Unité et Action dans les années soixante) prônaient l'affiliation à la CGT, mais ne quittèrent pas la FEN à l'exception d'un syndicat de l'enseignement technique, le SNET "apprentissage" (l'autre SNET, dit "SNET-écoles" approuvant l'autonomie).

Les militants autonomes sont largement majoritaires, appuyés sur le SNI, qui regroupe alors 75% des effectifs, et contrôlent la plupart des autres syndicats comme le SNES (jusqu'en 1967). La FEN avait toutefois admis l'affiliation à titre individuel à l'une ou l'autre des confédérations (CGT ou FO), à condition qu'elle ne soit pas structurée en syndicats nationaux parallèles et qu'elle ne donne pas de mots d'ordre parallèles. Les militants communistes firent ainsi vivre une FEN-CGT jusqu'en 1954 où une décision du bureau politique du PCF invita les instituteurs membres du parti à concentrer toute leur activité dans le SNI. Quelques militants proches des autonomes, essentiellement du second degré (Paul Ruff) constituèrent une tendance FO, mais s'agglomérèrent à la majorité dès les années cinquante.

En revanche, en 1957, la FEN fut l'élément moteur de l'initiative Pour un mouvement syndical uni et démocratique (PUMSUD), avec des militants de la CGT (Pastre) et de FO qui restèrent marginalisés dans leurs organisation. C'est Denis Forestier (secrétaire général du SNI et futur président de la MGEN) qui s'était impliqué dans le PUMSUD. Mais l'expérience tourna court au début des années soixante.

Syndicats nationaux et des courants de pensée (tendances)

La FEN, dès l'origine, était structurée par les syndicats nationaux (le projet de l'École émancipée de créer une fédération d'industrie était très minoritaire) et organisée en sections départementales. Dès 1948, il fut convenu que la représentation prévue pour les sections départementales dans la commission administrative de la FEN (organisme délibératif mensuel) permettraient la représentation des courants de pensée.

Le nombre de syndicats a varié selon les périodes (d'une vingtaine à près de cinquante). les principaux syndicats ont été :

Les trois tendances principales existant depuis 1945 étaient :

Deux tendances supplémentaires virent le jour après mai 1968 :

  • École émancipée pour le front unique ouvrier (EE-FUO), correspondant à une scission dans l'École émancipée qui regroupait les militants proches de l'OCI de l'époque devenue ultérieurement parti des travailleurs (PT). En 1983-1984, la plupart de ces militants rejoignirent Force ouvrière, à commencer par leur responsable Jean-Jacques Marie, agrégé de lettres connu par ailleurs pour être un éminent spécialiste du trotskisme ;
  • Rénovation syndicale (RS) qui regroupait des militants du PSU se réclamant de l'autogestion. Un certain nombre de ces militants contribuèrent au renforcement du SGEN-CFDT au début des années soixante-dix. La tendance RS, tout en se maintenant parfois dans quelques syndicats, disparut de fait du paysage fédéral national à la fin des années soixante-dix.

À la fin des années quatre-vingt, la majorité du SNETAA, jusqu'alors UID mais en conflit avec le reste de la majorité fédérale depuis 1987, et interdit d'utiliser le sigle UID en 1990, créa sa propre tendance (Autrement).

La FEN, ses tendances et les partis de gauche

Une assimilation rapide conduit à donner une coloration politique homogène aux tendances :

  • socialiste pour UID (majorité autonome en 1948)
  • communiste pour U&A (cégétistes en 1948)
  • extrême-gauche pour l'ÉÉ (avec ses différents courants).

Il convient pourtant de souligner que les militants les plus engagés (donc souvent les plus engagés aussi politiquement) n'étaient pas tous adhérents ou sympathisants d'un parti. Il est vrai aussi que, à des époques où les partis de gauche et d'extrême-gauche ne dialoguaient pas, voire s'affrontaient violemment, la FEN faisait cohabiter en son sein toute la palette militante de gauche et d'extrême-gauche.

Si tous les militants communistes se retrouvaient dans la tendance Unité et Action — et pas ailleurs —, la tendance pouvait compter parmi ses représentants des militants non encartés ou appartenant au parti socialiste, et, en son sein, à la tendance majoritaire. Ce fut le cas d'anciens militants de la Convention des institutions républicaines, le mouvement politique de François Mitterrand avant la réunification socialiste Congrès d'Épinay, 1971) comme Louis Mexandeau. Jean Petite, responsable pédagogique du SNES appartenait également au PS.

Certes, au moment où la double affiliation était possible (adhésion à un syndicat de la FEN et à la CGT ou Force ouvrière, c'est bien une décision du bureau politique du parti communiste, immédiatement appliquée, qui amena « les instituteurs communistes à concentrer leur activité au sein du SNI », mais ce qui était encore possible en 1954 ou 1956 (soutien, au congrès national de la FEN, de l'intervention soviétique à Budapest), devint plus difficile ensuite, notamment après la conquête du SNES lorsque Unité & Action (1967) et, surtout, l'affaiblissement du parti communiste français lui-même dont s'écartèrent un certain nombre de militants Unité & Action sans renoncer à leur orientation de tendance.

L'École émancipée était elle même plus ancienne que la FEN ou la FGE qui l'avait précédée. La FGE fut crée en 1929 et son syndicat d'instituteurs (le SNI) en 1920. L'École émancipée avait été crée en 1910 comme organe de la fédération des membres de l'enseignement laïque affiliée à la CGT d'avant 1914 et, comme elle, d'inspiration anarcho-syndicaliste. Si les militants politiques d'extrême-gauche militant à la FEN s'y retrouvaient spontanément, elle draînait aussi des militants plus jeunes, plus combatifs... et fut parfois une pépinière de militants autonomes comme Robert Chéramy ou Louis-Paul Le Tonturier.

Quant aux socialistes — qu'on retrouvait dans les différents courants de pensée de la FEN —, ils étaient plutôt les porte-parole de leur syndicat dans leur parti que l'inverse. La crise algérienne, et singulièrement l'attitude du gouvernement de Guy Mollet s'étaient d'ailleurs traduits par l'abandon de toute activité politique pour nombre d'entre eux, voire le passage au parti socialiste autonome, devenu un peu plus tard PSU fondé, en rupture avec la SFIO, par Édouard Depreux et Alain Savary, hostiles à la guerre d'Algérie. Cet attachement à l'indépendance syndicale avait d'ailleurs conduit la tendance UID à refuser, en 1972, d'engager la FEN en tant que telle dans le programme commun de gouvernement PCF-PS-Radicaux de gauche, contre l'avis de la tendance Unité et Action.

La forteresse enseignante

Un poids incontestable

La FEN obtient un taux de syndicalisation massif d'environ 70%. Couplé à la progression des effectifs, la FEN se renforce, alors même que le syndicalisme ouvrier est en déclin, revendiquant plus de 500 000 adhérents, soit plus que la CGC ou la CFTC, et peut-être même Force ouvrière. Dans les années soixante et soixante-dix, elle joue même assez souvent un rôle de pont entre les confédérations.

C'est en 1976 qu'elle obtient du gouvernement de l'époque (lettre du Premier ministre d'alors, Jacques Chirac) une reconnaissance officielle comme centrale syndicale de fait. Une seconde lettre confirmant cette représentativité lui sera adressée en 1986 par le Premier ministre Laurent Fabius.

La création d'œuvres mutualistes, coopératives et d'associations

Parallèlement, la FEN et le SNI établissent ou sont actifs dans de nombreux organismes annexes: mutuelles, coopératives, banque... comme la MGEN, la MAE, la CAMIF, la CASDEN-Banque Populaire, qui brassent des sommes considérables. Les militants de la FEN sont également actifs dans des associations périscolaires: Ligue de l'enseignement, Jeunesse au Plein Air, etc. a soutenu le développement de la FCPE pour les parents d'élèves. Unie, la FEN est un acteur économique et syndical incontournable.

En 1948, la création toute récente de la MGEN (décision du congrès du SNI de 1946) avait pesé lourd dans le choix du maintien de l'unité par l'autonomie.

Concurrences externes

Les syndicats de la FEN ont pu être contestés par des syndicats catégoriels (comme le Syndicat national des collèges créé en 1960) ou, chez les personnels non-enseignants, par des syndicats confédérés (essentiellement la CGT qui, longtemps, n'avaient qu'un seul syndicat enseignant : celui de l'enseignement technique professionnel).

Dans les années soixante-dix pourtant, le SGEN-CFDT s'est posé comme une organisation alternative mais très minoritaire dans le premier degré, plus présente dans le second degré, en profitant de l'image novatrice qu'avait alors la CFDT et d'orientations pédagogiques innovantes.

En 1984, ce sont les militants de la tendance EE-FUO (dont les responsables étaient proches du parti des travailleurs de Pierre Lambert) qui rejoignent ou constituent des syndicats d'enseignants au sein de Force ouvrière. À partir de ce moment, si les syndicats de la FEN restent très fortement majoritaires, on ne peut plus parler d'hégémonie et le concept d'unité organique s'en trouve par là même atteint.

S'ajoute à cela le poids de la désyndicalisation, même si les syndicats de la FEN, proportionnellement parlant, sont bien moins touchés que les centrales ouvrières. Mais ce phénomène se ressent lorsqu'apparaissent, dans les années quatre-vingt des coordinations qui prennent à contre-pied les directions syndicales, quelle que soit leur orientation, ce qui sera sensible jusqu'en novembre-décembre 1995.

Le collège, objet de divergences dans la FEN depuis toujours

À la Libération, le SNES, qui appartenait comme tous les syndicats jusqu'en 1967 à la majorité fédérale, s'opposa au plan Langevin-Wallon et réaffirma son attachement au modèle traditionnel d'enseignement secondaire, tandis que les cours complémentaires, structures administrativement rattachées au premier degré et fonctionnant avec des enseignants sélectionnés chez les instituteurs, se développaient.

La question se trouva plus fortement posée encore à partir de 1959. Les cours complémentaires laissèrent la place à des collèges d'enseignement général (CEG) voués à disparaître et à des collèges d'enseignement secondaire (CES) où cohabitaient trois filières d'orientation (dès la 6e), la filière I seule étant destinée (sauf exception) à fournir les futurs élèves de l'enseignement général secondaire long. Ces trois filières étaient respectivement prises en charges par des enseignants du secondaire traditionnel (certifiés, agrégés -- mais aussi les maîtres-auxiliaires) pour la filière I, aux professeurs de collège d'enseignement général devenus PEGC (professeurs d'enseignement général de collège) pour la filière II, à des instituteurs spécialisés pour ce qu'on appelait la voie III (parfois classes pratiques ou classes de transition).

En 1969, pour « casser le SNI », le gouvernement de l'époque avait créé les corps académiques de PEGC (professeurs d'enseignement général de collège) avec un recrutement spécifique. C'est cette même revendication qui avait conduit l'amicale des professeurs de CEG (ANPCC -- ex-amicale nationale des professeurs de cours complémentaires) à se transformer en Syndicat national des collèges (SNC) en 1969. C'est le SNCL-FAEN d'aujourd'hui.

Syndicalement, les PEGC continuèrent à relever du champ de syndicalisation du SNI (devenu SNI-PEGC en 1976). En 1975, le modèle du CES avait laissé la place au collège unique institué par la loi Haby. La disparition des filières justifiait difficilement la coexistence de corps différents. Les instituteurs spécialisés de voie III furent progressivement intégrés parmi les PEGC et, durablement, le rapport de forces entre les personnels de type «&nbspsecond degré long » et les PEGC était de type moitié-moitié. À l'influence syndicale s'élevait un débat portant sur la conception pédagogique : le SNES, et les enseignants de second degré avec lui, dénonçait les risques de primarisation du collège et les menaces sur les disciplines d'enseignement, dans la mesure où les PEGC constituaient un débouché possible pour les instituteurs et où leur recrutement officiel ne prévoyait qu'une année de DEUG et deux années en centre de formation, dans la mesure aussi où il s'agit d'enseignants bivalents ou trivalents sur des champs plus larges (lettres/histoire-géographie ; lettres/langue vivante ; maths/sciences physiques, par exemple). Inversement, la majorité du SNI contestait la rupture en 6e, le passage d'un instituteur unique à dix enseignants étroitement spécialisés. Et les mêmes considèrent que le refus intransigeant du SNES de toucher en profondeur au collège est une source des difficultés actuelles.

La situation empira après 1967, lorsque la tendance Unité et Action devint majoritaire au SNES puis, dans la foulée, conquit le SNEP (éducation physique) et le SNPEN (professeurs des écoles normales d'instituteurs, recrutés parmi les certifiés et agrégés). Le SNES contestait la remise en cause de l'architecture du second degré (au point qu'il combattit très violemment la création des baccalauréats professionnels en 1984, même s'il revendiquait l'élévation du niveau de qualification par un élargissement de l'accès aux baccalauréats existants, général ou technologique).

Montée des conflits internes

Le poids croissant du SNES et d'Unité et Action

De 1945 à 1967, à l'exception du SNESup, les syndicats d'enseignants appartenaient à la majorité fédérale. Dans les années soixante-dix, l'opposition entre tendances se doublait d'une opposition entre enseignants de type second degré long et autres enseignants. Le SNI-PEGC et le SNETAA (enseignants des lycées professionnels) appartenaient en effet à la majorité fédérale. À la fin des années quatre-vingt, la majorité du SNETAA se sépare de la majorité fédérale et crée son propre courant de pensée (Autrement) dont l'influence n'excède guère le SNETAA.

Or le renforcement numérique de l'enseignement secondaire par l'allongement et la massification de la scolarité dans le second cyle, combinée à la secondarisation croissante des personnels de collège (en 1987, René Monory, ministre de l'Éducation, décide d'arrêter le recrutement des PEGC), renforcent objectivement U&A qui peut envisager, à terme, de conquérir la FEN.

Dès les années quatre-vingt, le climat interne se dégrade fortement. D'une part, les militants minoritaires accusent la majorité de préparer une recomposition syndicale qui regrouperait un bloc réformiste composé de la CFDT, de la FEN et de syndicats autonomes appartenant au Groupe des Dix (dont une partie participera en 1993 à la création de l'UNSA, dans un contexte où la scission de la FEN est cependant déjà un fait accompli. D'autre part, les militants majoritaires dénoncent la constitution de facto d'une FEN bis autour des syndicats à direction Unité & Action (SNES, SNEP, SNESup, SNETAP (enseignement agricole public : le syndicat de Michel Deschamps qui sera le premier secrétaire général de la FSU)) et d'un bloc de trente sections départementales du SNI-PEGC à direction Unité & Action — une FEN bis prenant ses propres décisions, adoptant ses propres mots d'ordre et défendant ses propres positions.

Nolens volens (qu'on le veuille ou non), les tendances ne sont plus des courants de pensée favorisant l'expression des idées comme en 1948, elles sont devenues, de part et d'autres, des fractions.

La scission de 1992 et ses conséquences

Les clivages deviennent de plus en plus fort, notamment au congrès de Clermont-Ferrand (1991) qui voit s'opposer deux blocs. La majorité fédérale, arithmétiquement menacée, est résolue à engager une restructuration interne à son avantage (syndicat des enseignants). L'enjeu se traduit par l'éviction de Yannick Simbron, secrétaire général de la FEN, jugé attentiste, et son remplacement, quatre mois après sa réélection, par Guy Le Néouannic.

En avril 1992, un conseil fédéral national de la FEN, sur le rapport de la commission des conflits fait un constat de non-affiliation (de fait, d'exclusion) du SNES et du SNEP. La justice, saisie par ces deux syndicats, n'impose qu'une confirmation par un congrès ce qui sera fait à Créteil en octobre 1992.

Dans l'intervalle, le SNI-PEGC est devenu (juin 1992) Syndicat des Enseignants (SE-FEN), en occupant, dans la fédération, le champ laissé libre par la disparition du SNES et du SNEP (à cette occasion, il est rejoint par le SNEEPS et des militants issus du SNES, du SNETAA et du SNEP).

Le SNES, le SNEP, la plupart des autres syndicats à direction U&A, les militants U&A du SNI-PEGC et la majorité des militants École émancipée (ceux des Alpes-de-Haute-Provence restent au SE) vont fonder la FSU, après la création d'un syndicat du premier degré, le SNUipp. Le SNETAA fait partie des fondateurs de la FSU, mais la quitte en 2001.

Ce bloc a perdu la bataille juridique qu'il avait engagée, mais il gagne celle des élections professionnelles de 1993, puis les suivantes. La FSU devance nettement la FEN et en 1996, si le Syndicat des enseignants accède à la commission paritaire des certifiés, il est devancé par le SNUipp chez les instituteurs et professeurs des écoles. La chute de la FEN, devenue UNSA Éducation en 2000, n'est stoppée qu'aux élections professionnelles de 2005 : l'UNSA éducation se positionne alors comme la deuxième fédération du secteur. Mais elle reste majoritaire chez les personnels de direction et d'inspection et fortement implantée chez les personnels IATOSS.

Conclusion : avec l'UNSA, un retour à l'intégration dans une structure interprofessionnelle

Au sortir de la scission, la FEN voit son influence très fortement réduite. En revanche, dès 1993, elle réussit partiellement, l'opération de regroupement de syndicats autonomes (les confédérations restant chacune sur leur pré carré) avec la création de l'UNSA (Union nationale des syndicats autonomes) de caractère interprofessionnel. L'UNSA, qui ne représentait que 0,71% des suffrages aux élections prudhommales de 1997, a atteint plus de 5% des voix en 2002. A contrario, l'audience dans le privé de l'ex-Groupe des Dix est passé de 0,31% à 1,5%  et la CFE-CGC obtient est passée, elle, de 5,85% à 7% des suffrages.

On peut considérer, surtout à partir de 1998 (congrès d'Issy-les-Moulineaux de l'UNSA marquant l'entrée en nombre de militants du secteur privé) que l'histoire de la FEN autonomecommencée en 1948 s'achève et que commence, sur le champ de syndicalisation qui était le sien, l'histoire de l'UNSA Éducation, revenue aux sources interprofessionnelles de la Fédération Générale de l'Enseignement.

Les secrétaires généraux de la FEN et de l'UNSA éducation

Leur syndicat d'origine est mentionné ainsi que l'évolution de l'affiliation syndicale si elle est intervenue pendant le mandat.

  • 1945-1956 : Adrien Lavergne. SNCM (syndicat national des collèges modernes — anciennes écoles primaires supérieures —), puis SNES après la fusion SNES-SNCM de 1949.
  • 1956-1966 : Georges Lauré. SNET (syndicat national de l'enseignement technique), puis SNES après la fusion SNES-SNET de 1966.
  • 1966-1974 : James Marangé. SNI.
  • 1974-1981 : André Henry. SNI, puis SNI-PEGC à partir de 1976.
  • 1981-1987 : Jacques Pommatau. SNI-PEGC.
  • 1987-1991 : Yannick Simbron. SNI-PEGC.
  • 1991-1997 : Guy Le Néouannic. SNI-PEGC.
  • 1997-2000-2002 : Jean-Paul Roux. Administration et Intendance. Jean-Paul Roux resta secrétaire général de la fédération sous sa nouvelle dénomination d'UNSA Éducation de 2000 à 2002.
  • Depuis 2002 : Patrick Gonthier. SE-UNSA.

Deux secrétaires généraux de la FEN ont démissionné en raison de tensions internes au sein de la majorité : Georges Lauré (autour de la question du poids politique du SNI dans la fédération) et Yannick Simbron, contraint à la démission dans la période ayant suivi le congrès de Clermont-Ferrand. André Henry a démissionné du secrétariat général de la FEN en mai 1981 quand il a accepté de devenir Ministre du temps libre dans le premier gouvernement Pierre Mauroy constitué après l'élection à la présidence de la République de François Mitterrand. Adrien Lavergne, James Marangé, Jacques Pommatau, Guy Le Néouannic et Jean-Paul Roux ont cessé d'exercer leur fonction lorsqu'ils ont pris leur retraite administrative conformément à la règle syndicale explicite ou tacite appliquée dans les syndicats de la FEN.

Adrien Lavergne et Georges Lauré avaient été secrétaires généraux de leur syndicat d'origine (la règle non écrite était alors de ne le choisir ni au SNI, ni au SNES qui, à l'époque, ne comprenait pas l'enseignement technique). James Marangé, André Henry, Jacques Pommatau, Yannick Simbron étaient, avant d'exercer leur mandat, membres du secrétariat national du SNI ou du SNI-PEGC. Guy Le Néouannic n'avait jamais eu de responsabilités nationales dans son syndicat d'origine, mais était secrétaire national de la FEN depuis 1975 où il eut longtemps la responsabilité du secteur droits et libertés, enseignement hors de France (il avait lui-même exercé antérieurement dans des établissements français à l'étranger).

Jean-Paul Roux, issu des personnels d'intendance, est le premier secrétaire général de la FEN issu d'un syndicat de personnels ATOSS. Élu au bureau national de son syndicat d'origine, il en a été secrétaire général adjoint (1977-1982). Il avait été secrétaire départemental de la section FEN du Var (1974-1980) et avait assumé la responsabilité du secteur revendications de la FEN (et donc l'important dossier fonction publique) de 1983 à 1997. De 1998 à 2001, Jean-Paul Roux a également cumulé ses fonctions avec celles de secrétaire général de l'UNSA Fonctionnaires.

Hormis Guy Le Néouannic, les secrétaires généraux de la FEN avaient antérieurement exercé des responsabilités au secrétariat national de leurs syndicat d'origine, notamment comme secrétaire général (Lavergne, Lauré) ou secrétaire général adjoint (Jean-Paul Roux).

Voir aussi

Archives : les archives de la FEN ont été déposées au Centre des archives du monde du travail à Roubaix.

Liens externes

Bibliographie

  • Histoire de la FEN, par Guy Brucy, professeur à l'université d'Amiens, préface d'Antoine Prost, professeur émérite à l'université Paris I - Panthéon Sorbonne, avant-propos de Patrick Gonthier, secrétaire général de l'UNSA Éducation, Belin, collection « Histoire de l'éducation », Paris, 2003 (publication d'une recherche dans le cadre de l'IRES). Comme c'est dans le cas dans ce type de travail, un groupe de suivi a été constitué avec des syndicalistes et des universitaires, mais comme c'est l'usage également, l'auteur est resté maître de sa plume.
  • Conquérir l'avenir - La FEN de 1974 à 1981, par André Henry, éditions CLEM, Paris, 1992. De manière détaillée, la FEN à son apogée par celui qui fut, pendant cette période, son secrétaire général.
  • La FEN, 25 ans d'unité syndicale, par Robert Chéramy, éditions épi, Paris, 1974, préface de James Marangé. Avant-dernier secrétaire général UID du SNES en 1966 (après avoir milité à l'École émancipée dans les années cinquante), Robert Chéramy exerça des responsabilités nationales à la FEN de 1967 à 1981. Cet ouvrage fut écrit par un agrégé d'histoire fin connaisseur de la fédération et de ses syndicats. Il illustre ce que fut la montée en puissance de la FEN, et les problèmes de relations entre la fédération et ses syndicats minoritaires (crise de 1973).
  • La forteresse enseignante : la Fédération de l'éducation nationale par René Mouriaux (en coll. Véronique Aubert et al.), Paris, Fayard, 1985.
  • Le syndicalisme enseignant en France par René Mouriaux, Paris, Presses Universitaires de France, coll. "Que sais-je ?, 1996.
  • Le ministre qui voulait changer la vie par André Henry, Orléans, Corsaire Éditions [1], 1996
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