Francesc Eiximenis

Francesc Eiximenis

Francesc Eiximenis ou Eximenis [fɾənˈsɛsk əʃiˈmɛnis] (né en 1330 ? à Gérone - mort en 1409) était un moine franciscain catalan du XIVe siècle. Il est connu en tant que théologien, érudit, mais aussi pour son implication dans la vie politique et sociale de son temps.

Sommaire

Biographie

Les années de formation

Couverture de l'édition incunable du Regiment de la Cosa Pública (Valence, Cristòfor Cofman, 1499). À droite on peut voire Francesc Eiximenis. Il offre son livre aux jurats (représentants de la cité de Valence), qui sont agenouillés.

La biographie de Francesc Eiximenis présente de nombreuses lacunes. Selon ses propres affirmations, il est né à Gérone peut-être d’une famille de marchands. Sa date de naissance n’est pas connue ; plusieurs dates ont été avancées 1340, 1330 et même 1327 en tenant compte de son ordination. Il devient vraisemblablement franciscain dans le couvent de sa ville natale auquel, au soir de sa vie, il lègue une partie de sa bibliothèque. Les archives épiscopales nous apprennent qu’il reçoit le diaconat en l’église de Santa Maria de Sants de Barcelone, le 22 décembre 1352 ; cela concorderait bien avec une date de naissance en 1327 ou 1330. Il passe ensuite à Valence, où il poursuit des études de philosophie et de théologie. Sa formation est complétée par une pérégrination estudiantine qui le mène à Cologne, Paris et Oxford. En 1365, on le rencontre à la cour pontificale d’Avignon, à laquelle il fait allusion dans le Crestia. Il y a peut-être été envoyé à l’occasion de la remise des Révélations du frère infant Pierre d’Aragon à Urbain V. Pendant cinq ans, il circule en Italie et visite le Mont Alverna, un des réduits érémitiques de l’ordre, théâtre de la stigmatisation de saint François et lieu de rédaction de l’Arbor vitae d’Ubertin de Casale. Pendant cette période, il séjourne à Rome à Sainte-Marie d'Aracœli et visite Florence.

Les études de théologie à Toulouse

En 1371, les responsables de la ville de Lérida veulent lui confier la charge d’un enseignement de philosophie connu sous le nom de lectura del alba. Mais comme il ne possède pas encore le grade de maître en théologie, il doit revenir à Barcelone, où nous le retrouvons en 1373 comme custode des frères mineurs. Le 25 avril de la même année, Pierre IV, dit le cérémonieux, écrit depuis Barcelone aux duc d’Anjou et comte d’Armagnac pour qu’ils recommandent Eiximenis au conseiller du Studium Generale de Toulouse, où il souhaite étudier la théologie. Le roi et la reine n’hésitent pas à lui envoyer de l’argent pour subvenir à ses besoins d’étudiant. L’infante Maria s’intéresse également à l’avancement de ses études. Il obtient le grade de maître en théologie en 1374 et revient alors en Catalogne.

L'écrivain dans la vie publique

À partir de cette date, il est mentionné dans plusieurs endroits de la principauté. On suppose que c’est pendant cette période qu’à la demande des conseillers de Barcelone et de quelques ciutadans particulièrement dévots, il a commencé à réfléchir au plan du Crestia et qu’il a amassé les matériaux nécessaires à sa rédaction. C’est dans le couvent Saint- François de Barcelone qu’il entreprend la rédaction à laquelle il se consacre jusqu’en 1381. Il rédige alors les deux premiers livres du Crestia (Primer et segon) ; le Primer est dédié au roi Pierre IV.

Le 16 février 1386 meurt, à Valence, le chevalier Vidal de Vilanova, bienfaiteur de l’ordre franciscain. Il avait obtenu de Grégoire XI l’autorisation d’ériger une chapelle en l’église Saint-François de Valence. Dans son testament, il en confie la réalisation à Francesc Eiximenis. On suppose que, pour satisfaire aux obligations du testament, Eiximenis a rejoint Valence sur ordre de ses supérieurs, au milieu de l’année 1383. Il reste dans cette ville jusqu’à la fin de 1408.

Il se voit alors confier de nombreuses tâches par le conseil de ville, comme celle de mettre fin aux conflits qui agitaient Valence et la mettait en péril ; il intervient, entre autres, dans la pacification des soulèvements populaires de 1391. Cette collaboration est féconde puisque c’est aux jurats de Valence qu’il dédie le Regiment de la cósa pública écrit en 1383. L’année suivante, il compose le Terç du Crestia et, en 1385, il dédie le Dotzè de la même œuvre au marquis de Villena.

En même temps, il entretient d’excellentes relations avec les monarques d’Aragon. Il a été le protégé de Pierre IV, mais cette faveur se poursuit sous les successeurs. Le 15 novembre 1384, il est nommé confesseur de Jean Ier, mais renonce à la charge, occupée alors par un autre franciscain, Tomas de Olzina. À plusieurs reprises, les souverains lui confient des tâches délicates, jusqu’à intervenir pour le roi dans les affaires du Grand Schisme d’Occident. Il est également très proche du roi Martin l’Humain qu’il conseille à plusieurs reprises. Il obtient l’appui du roi en faveur des croisades navales entreprises par la ville de Valence en 1397 et 1399. C’est à la reine Maria López de Luna qu’Eiximenis dédie son livre Scala Dei ou Tractat de la contemplació. La reine le nomme son directeur spirituel.

Son action lors du schisme nous donne une idée précise de son activité. À partir de 1378 et jusqu’à sa mort en 1387, Pierre IV observe dans ses états de la couronne d’Aragon une stricte neutralité entre les deux obédiences. Son fils Jean Ier décide de reconnaître Clément V comme pape légitime. C’est donc très logiquement que les souverains aragonais, Martin l’Humain et sa femme Maria de Luna, se trouvent ensuite dans l’obédience de Benoît XIII. En 1397, le roi demande à Eiximenis de participer à une réunion de théologiens à Saragosse qui visait à mettre fin au schisme. Eiximenis se montre toujours un ferme partisan de Benoît XIII, auquel il dédie en 1404 un Psalterium laudatorium dans lequel il le qualifie de « lux ecclesie » (lumière de l'Église). C’est encore à la demande de ce pape, de plus en plus menacé par l’évolution du schisme et par l’action du concile de Pise, qu’il participe au concile convoqué à Perpignan, alors siège de la cour du pape, en 1408. Quelques jours avant l’ouverture du concile, le pape Luna le nomme patriarche de Jérusalem, puis administrateur apostolique du diocèse d’Elne, siège très ancien. Il meurt en 1409, pas avant le mois d’avril, mais après le mois de mai. Il est enterré dans le couvent Saint-François de cette ville.

Commencement du Terç del Crestià selon le manuscrit 1792 de la Bibliothèque Nationale de Madrid. Ce manuscrit cotient le chapitres 1-523 de ce livre (dans un total de 1060 chapitres).

Œuvre

L'œuvre d'Eiximenis est intéressante non seulement du point de vue théologique ou de l'évolution des idées religieuses, mais aussi à cause de son intérêt pour la vie publique. En 1399, le conseil municipal de Valence le sollicite pour un projet d'enseignement public dans la ville. C'est peut-être ce travail qui lui inspire El Regiment de la cosa publica, dans lequel il développe ses idées philosophiques et politiques sur l'organisation de la cité[1]. Ses détracteurs lui reprochent une trop grande crédulité envers les textes prophétiques ou visionnaires comme Les Prophéties de Merlin[2].

  • De triplici statu mundi (1398), qui trahit l'influence de Joachim de Flore dont il adopte la division de l'histoire humaine en trois périodes.
  • Pastorales, 1390 ;
  • Psalterium Laudatorium, 1395 ;
  • Llibre dels sants Angels, 1392 ;
  • Lo Llibre de les dones, 1396, conseils pour mener une vie chrétienne destiné aux demoiselles, au femmes mariées, aux veuves et aux religieuses, a été souvent réédité
  • Vita Christi, avant 1403 ;
  • Scala Dei o Tractat de Contemplació, 1406 ;
  • Lo Crestiá, encyclopédie chrétienne, dont le livre XII, III partie, El Regiment de la cosa publica, s'intéresse à l'organisation de la chose publique.

En français

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean Pierre Barraqué, « Les idées politiques de Francesc Eiximenis », dans Le Moyen Âge, revue d’histoire et de philologie, vol. CXIV, no 3-4, 2008, p. 531-556. 

Liens externes

Notes et références

  1. A. Llin, Modelos de vida cristiana. Valencia, Edicep, 1999, pp. 21-22
  2. Padro Sanahuja, OFM, Historia de la Seráfica Provincia de Cataluña. Barcelona, Editorial Seráfica, 1959, pp. 156-158

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