- Forêt primaire
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Une forêt primaire, ou plus couramment une forêt vierge, est une forêt intacte (ou originelle), et à haut degré de naturalité qui n'a donc jamais été ni exploitée, ni fragmentée ni directement ou manifestement influencée par l'homme. Toutes les forêts anciennes ne sont pas primaires, elles sont dites secondaires si régénérées depuis longtemps sur une forêt autrefois détruite, significativement modifiée ou exploitée par l'Homme.
Sommaire
Dégradation et recul des forêts primaires
Les zones de forêts primaires sont de plus en plus rares et relictuelles dans le monde. Elles sont aussi de plus en plus fragmentées et isolées, en particulier dans l'hémisphère nord.
La plupart des forêts dites anciennes n'y couvrent que de très faibles territoires (20 à 300 ha[1]) souvent sur des sols pauvres et acides.Dans les années 1980, l'Europe a pris conscience de la nécessité d'en protéger les reliques, mais aussi de les intégrer dans un véritable réseau d'aires protégées, dont en Europe via le Conseil de l'Europe [2], dans le cadre d'un réseau écologique paneuropéen, mais ce travail n'a pas été subsidiairement suivi par les États-membres.
Dans le monde
Les trois grands pôles de forêts tropicales primaires sont situés :
- au Brésil (Amazonie),
- en République démocratique du Congo (Bassin du Congo),
- en Indonésie,
qui à eux trois regroupent au moins les deux-tiers des forêts primaires de la planète.
Proche du Brésil, la Guyane française, département français d'Outre-Mer, avec plus de 90 % de forêts primaires, en représente une des zones les plus vastes. Par ailleurs, la Patagonie (Chili et Argentine), la Tasmanie (Australie), l'État de Washington (États-Unis) et la Colombie-Britannique (Canada) possèdent l'essentiel des forêts primaires tempérées.
En Europe
Sur le continent, des grandes forêts de l'antiquité (Forêt d'Ardenne, Forêt Hercynienne), seules subsistent quelques forêts telles que celle de Białowieża en Pologne, Perucica en Bosnie-Herzégovine ou dans l'extrême Nord de la Scandinavie.
La laurisylve de Madère a gardé un caractère de forêt primaire par endroits.
En France
Certains massifs français comportent quelques reliques de la forêt primaire, par exemple :
- en Forêt de Massane[1] ;
- en Forêt de Fontainebleau[1] ;
- à Coëtquidan (milieux très relictuels)[1] ;
- en Forêt de Ventron (dans le massif vosgien) [1].
Ce sont des refuges essentiels pour des espèces très menacées (cortèges saproxylophages notamment), même si elles ont toutes perdu l'essentiel de leur grande faune (qui a souvent été mieux protégée en Scandinavie (plus de 100 000 hectares au début des années 1990, dont 99 000 ha à Uhro Kekknen en Finlande), dans les pays de l'Est (Pologne et Biélorussie notamment), ou en Italie ou Espagne pour le loup et l'ours)[3].
Dans les années 1990, sur près de 15 millions d'hectares boisés, les réserves intégrales étaient toutes de trop petite taille, (aucune n'atteignant 1 000 ha, la plus grande étant la réserve naturelle du Ventron avec 400 ha dans les Hautes Vosges)[1]. En 2010, la situation n'avait pas beaucoup évolué, mais la mise à jour (entamée en 2009) de la stratégie nationale pour la biodiversité et de la Stratégie de création d'aires protégées (SCAP) pourraient peut-être améliorer cette situation.
Voir aussi
Liens internes
- Forêt boréale et forêt amazonienne (les plus grandes forêts vierges au monde)
- Gestion prosilva, Sylviculture, Forêt modèle
- Gestion durable des forêts, FSC
- Produit forestier, autre que le bois
- Les insectes dans le milieu forestier, scolyte
- Agro-sylviculture
- Naturalité
- Fragmentation des forêts
- Réserve naturelle nationale de la forêt de la Massane
Bibliographie
- Annik Schnitzler-Lenoble ; http://www.larecherche.fr/content/recherche/article?id=21450 En Europe, la forêt primaire ; L'extension de vraies réserves forestières est une nécessité scientifique ; La Recherche,
- E.W. Jones, « The structure and reproduction of the virgin forest of the North temperate zone », The New Phytologist , 44 , 1945.
- R.A.A. Oldeman, Forests : elements of silvology, Springer-Verlag, New York, 1990.
- J.B. Falinski, Vegetation dynamics in temperate lowland primeval forests, Geobotany 8, Kluwer Academic Publishers, Dordrecht, 1986.
- F.E. Clements, Plant succession, An analysis of the development of vegetation, Carnegie Inst. Washington Publ., 1916 ; H.A. Gleason, « The individualistic concept of the plant association », Bull. Torrey Bar. Club, 53 , 7-26, 1926.
- D.-Y. Alexandre, « La survie de la forêt tropicale », La Recherche, 244, juin 1992.
- C.G.J. Van Steenis, « Basic principles of rainforest sociology », Study of tropical vegetation, Actes du colloque de Kandy , Unesco, 1958.
- R. Carbiener, « Les écosystèmes forestiers : aspects fonctionnels liés à l'évolution bio-géographique et aux influences anthropiques », Colloques phytosociologiques , XX, 1991.
- F. Terrasson, La peur de la nature, Sang de la Terre, 1988.
- D. Carbiener, Les arbres qui cachent la forêt, La gestion forestière à l'épreuve de l'écologie, Edisud, Aix-en-Provence, 1995.
- L.D. Harris, The fragmented forest Chicago Press, 1984.
- F. Hallé, A.A. Oldeman et N. Tominson, Tropical trees and forests : an architectural analysis, Springer, 1978.
Liens externes
Notes et références
- (fr) Note INRA sur les "fragiles reliques de la forêt européenne" (Biodiversié, Science et Gouvernance, Paris 2005)
Références
- http://www.larecherche.fr/content/recherche/article?id=21450 L'extension de vraies réserves forestières est une nécessité scientifique ; En Europe, la forêt primaire] La Recherche, Annik Schnitzler-Lenoble ;
- R. Lofgren, « Importance et valeur d'un réseau de grandes forêts protégées. Situation des forêts anciennes naturelles et semi-naturelles d'Europe », Collection Rencontre Environment, Conseil de l'Europe, 3, 1987.
- Carte des reliques de forêts primaires en Europe, La recherche, consulté 2011/01/27
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