- Film de zombies
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Le film de zombies est un genre cinématographique, au croisement du film d'horreur et du fantastique. Il se caractérise par la présence de zombies, cadavres humains ressuscités par l'intermédiaire d'une pratique magique, religieuse, scientifique ou d'origine inconnue. Le premier film du genre, White Zombie de Victor Halperin, sorti en 1932, fixe une structure qui sera reprise pendant plus de trente ans par les réalisateurs américains et européens : le zombie est alors un mort qui obéit à la personne qui lui a redonné la vie. C'est le cas dans Vaudou de Jacques Tourneur, sorti en 1943.
En 1968, avec La Nuit des morts-vivants, George Andrew Romero transforme le zombie qui n'est plus une marionnette au service d'un démiurge, mais un mort-vivant cannibale qui contamine ses victimes, menaçant l'humanité entière. Cette structure se retrouve dans de nombreux films jusqu'au milieu des années 1990. Le sous-genre évolue dans une surenchère du gore (Braindead de Peter Jackson, sorti en 1992), et est parfois tenté par la voie parodique (Le Retour des morts-vivants sorti en 1985). Après une disparition des grandes productions au milieu des années 90, le film de zombies revient à la mode dans les années 2000.
Sommaire
Histoire
Figures du zombie avant le cinéma
Article détaillé : Zombie (mort-vivant).Les figures bibliques de Lazare[1] et de Jaïre[2] sont des modèles de retour à la vie que la thématique du mort-vivant va pasticher. Dans les Évangiles, l'âme est redonnée au corps, il y a résurrection. Dans les histoires de morts-vivants, on a affaire à de la reviviscence, une simple « réactivation de la machinerie biologique[3] ». Les zombies ne seraient donc pas des morts-vivants, mais des « morts-vivaces », une simple persévérance biologique[3]. Les figures de morts-vivants traversent l'histoire littéraire et artistique, des goules issues de la gül arabe aux vampires. Elles inspireront les histoires de zombies, ainsi que des récits d'autres non-morts. Mais c'est essentiellement dans les rites vaudous, réinterprétés par l'Occident, que vont puiser les premiers films du genre[4].
Premiers films de zombies et vaudou
De 1915 à 1934, alors que les États-Unis occupent Haïti, un certain nombre d'ouvrages américains paraissent sur le vaudou. La plupart de ces livres, des best-sellers pour beaucoup, visent à faire passer cette religion pour une entreprise démoniaque, et à décrédibliser le désir d'indépendance qu'elle est censée manifester[5]. C'est le cas du livre Le Roi blanc de La Gonâve, de Faustin Wirkus. Mais c'est le succès international de L'Île magique du reporter et explorateur William Buehler Seabrook qui va assurer le succès du vaudou auprès du public anglo-saxon. Le livre, paru en 1929, se distingue de la majorité des productions américaines sur Haïti car il met sur le même pied d'égalité christianisme et vaudou. Son succès conduit à une adaptation théâtrale, qui est un véritable échec, mais amène réalisateur et producteur de cinéma à s'intéresser au sujet[5].
C'est ainsi que les frères Halperin, Victor, réalisateur, et son frère Edward, producteur, tournent Les Morts-vivants (White Zombie), sorti en 1932. C'est le premier film du genre. François Angelier y voit une structure qui va se perpétuer pendant plusieurs décennies - même si la présence du vaudou va rapidement s'effacer : une histoire d'amour contrarié, un démiurge qui manipule des zombies, tous blancs, aux « yeux vides et regard fixe », qui soient travaillent pour lui, soit sont ses esclaves sexuels[5].
Jacques Tourneur
Article détaillé : Vaudou.Zombies dans le cinéma anglais
Le film britannique Le Cadavre qui tue (Doctor Blood's Coffin) du canadien Sidney J. Furie met en scène des cadavres qui grâce à une greffe du cœur se remettent en marche. Le britannique John Gilling réalise, pour le compte de la Hammer, L'Invasion des morts-vivants en 1966.
Ed Wood et les séries Z
Ed Wood réalise un film de zombis : Night of the Ghouls (1959) et en scénarise un autre, Orgy of the Dead (1965) pour le réalisateur Stephen C. Apostolof. Parmi les séries Z abordant le thême des zombis, on peut citer I Eat Your Skin de Del Tenney en 1964 ou The Astro-Zombies (avec Wendell Corey et John Carradine) de Ted V. Mikels en 1968.
George A. Romero et La Nuit des morts-vivants
Article détaillé : La Nuit des morts-vivants.La Nuit des morts-vivants de George A. Romero, sorti en 1968, marque un renouveau du genre en se détachant de toute tradition folklorique. Mal accueilli par l'Amérique puritaine qui sort à peine de trente ans de censure cinématographique imposée par le code Hays, il est très vite remarqué par le public et la critique[6]. Premier film avec lequel Romero fixe les règles modernes du genre[7], il s'inscrit dans une première trilogie composée de Zombie (Dawn of the Dead) en 1978 et du Jour des morts-vivants (Day of the Dead) en 1985.
Zombies des années 70 à 90
Un des premiers à surfer sur le succès de Romero est le réalisateur espagnol Amando de Ossorio avec sa tétralogie des templiers composé de La Révolte des morts-vivants (1971), Le Retour des morts-vivants (1973), Le Monde des morts-vivants (1974) et La Chevauchée des morts-vivants (1975). D'autres réalisateurs vont emboîter le pas à George Romero, comme Lucio Fulci avec l'Enfer des zombies (Zombi 2) en 1979 ou Dan O'Bannon avec le Retour des morts-vivants (The Return of the Living Dead) en 1985
Zombies des années 2000
Avec 28 Jours plus tard (2002) du Britannique Danny Boyle et l'Armée des morts (2004) (Dawn of the Dead) de Zack Snyder, les films de zombies ont subi une modernisation tendant vers l'accélération des scènes d'action, puisqu'ici, les zombies possèdent de nouvelles qualités : une rapidité, une intelligence plus développée et un esprit marqué par la vie humaine (surtout présent dans Resident Evil).
Dans le film anglais Shaun of the Dead, le genre se mélange avec la comédie, avec des situations les ridiculisant, ou ridiculisant un groupe de survivants au comportement exagéré, un peu comme dans Bienvenue à Zombieland.
Règles propres au genre
Les films de zombies ont des règles plus ou moins strictes, qui en font un genre peu homogène. Actuellement, le film de zombies est souvent associé à un autre genre cinématographique (aventure, horreur, comédie…).
Les premiers films de zombies sont en rupture avec le code Hays (sorte de code de conduite garant de la morale dans les films produits par Hollywood à partir de 1934) abandonné en 1967, année de la réalisation de la Nuit des morts-vivants.
Notes et références
- Évangile selon Jean, 11, 38-44
- Évangile selon Matthieu, 9, 24
- Angelier 2007, p. 15-16
- Angelier 2007, p. 16-17
- Angelier 2007, p. 17-22
- Gilles Menegaldo, « La Nuit des morts vivants de George A. Romero (1968) : une modernité subversive », in Frank Lafond (dir.), Cauchemars américains: fantastique et horreur dans le cinéma moderne, Cefal, 2003.
- (en) Glenn Kay, Zombie Movies: The Ultimate Guide, Chicago Review Press, 2008.
Annexes
Articles connexes
Liens externes
Bibliographie
Livres
- Julien Bétan et Raphaël Colson, Zombies !, Les moutons électriques, 2009, broché, 21 x 17 cm, 344 pages, (ISBN 978-2-915793-63-5)
- Jean-Baptiste Thoret (coord.), Politique des Zombies : L'Amérique selon George A. Romero, Paris, ellipses, coll. « les grands mythes du cinéma », 2007, 224 p. (ISBN 978-2-7298-3252-0) [présentation en ligne]
- Frank Lafond (dir), George A. Romero : un cinéma crépusculaire, Paris, Michel Houdiard, 2008, 230 p. (ISBN 2912673933)
- Philippe Rouyer, Le cinéma gore : une esthétique du sang, Paris, Éditions du cerf, septembre 1997, 1re éd., 264 p. (ISBN 2-204-05787-8) [présentation en ligne]
Articles et revues
- François Angelier, « À leurs corps défendants », dans Jean-Baptiste Thoret, Politique des zombies : L'Amérique selon George A. Romero, Paris, Ellipses, coll. « les grands mythes du cinéma », 2007, 224 p. (ISBN 978-2-7298-3252-0) [présentation en ligne], p. 15-23.
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