- Code Hays
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Le code Hays ou Motion Picture Production Code est un code de censure régissant la production des films, établi par le sénateur William Hays, président de la Motion Pictures Producers and Distributors Association, en mars 1930 et appliqué de 1934 à 1966. Ce texte fait suite à de nombreux scandales entachant l'image d'Hollywood, dont l'affaire Roscoe Arbuckle. Exemple d’autorégulation, les studios se sont eux-mêmes imposé cette censure afin d'éviter l’intervention extérieure, en particulier de l'État fédéral. Le texte du code a été rédigé par deux ecclésiastiques, Martin Quigley (1890-1964), éditeur catholique, et Daniel Lord (1888-1965), prêtre jésuite.
Le code est appliqué par l'Administration du code de production (Production Code Administration), dirigée par le très catholique Joseph Breen (1888-1965) qui impose sa marque sur tous les films hollywoodiens de 1934 à 1954, période connue pour sa rigueur morale. Il est remplacé par son adjoint, Geoffrey Shurlock, de 1954 à 1968.
Sommaire
Vers l’instauration du code d’autocensure
Dans les années 1920, plusieurs scandales, relayés par la presse populaire, ébranlent l’industrie naissante du cinéma hollywoodien. L’acteur Roscoe Arbuckle est soupçonné de la mort de l’actrice Virginia Rappe, lors d’une soirée « de débauche » à San Francisco, en 1921 ; le décès crapuleux, en 1922, de l’acteur et producteur William Desmond Taylor, sur fond de bisexualité et la mort par overdose de l’acteur Wallace Reid en janvier 1923, font paraitre Hollywood comme un lieu de perdition et de débauche. D’autant que Reid est suivi dans la tombe, et pour les mêmes raisons, par Olive Thomas, Barbara La Marr, Jeanne Eagels puis Alma Rubens.
Cela conduit, en 1922, à la création de la Motion Pictures Producers and Distributors Association (devenue la Motion Picture Association of America en 1945), présidée par l'avocat William Hays. La première mesure de Hays est de bannir Roscoe Arbuckle de tout film et d’imposer un certificat de moralité pour toute personne apparaissant à l’écran.
En 1927, il dresse une liste de sujets et de thèmes que les scénaristes doivent éviter. La même année, l'avènement du cinéma parlant appelle à la révision ou à la précision des règles d’autocensure.
Principes généraux
Aucun film ne sera produit qui porterait atteinte aux valeurs morales des spectateurs. La sympathie du spectateur ne doit jamais être jetée du côté du crime, des méfaits, du mal ou du péché. Seuls des standards corrects de vie soumis aux exigences du drame et du divertissement seront présentés. La loi, naturelle ou humaine, ne sera pas ridiculisée et aucune sympathie ne sera accordée à ceux qui la violent.
Crimes et criminels
Le crime ne doit pas être présenté d'une façon qui créerait de la sympathie pour le criminel ou inspirer au spectateur un désir d'imitation. Le meurtre doit être présenté de manière à ne pas encourager l'imitation. Les meurtres brutaux ne doivent pas être présentés en détail. La vengeance n'est pas justifiée dans un film où l'action se passe dans l'époque contemporaine.
Les méthodes criminelles ne doivent pas être explicitement présentées. Les techniques pour le vol, le cambriolage et le dynamitage de trains, de mines, de bâtiments, l'incendie criminel, etc., ne doivent pas être présentées en détail. L'utilisation d'armes à feu doit être limitée. Les méthodes utilisées dans la contrebande ne doivent pas être présentées.
Le trafic de la drogue ne doit jamais être présenté. La consommation de spiritueux est bannie de l'écran, sauf dans les cas où cela fait partie intégrante du scénario ou des caractéristiques d'un personnage.
Sexualité
L'importance de l’institution du mariage et l'importance de la famille sont primordiales aux yeux des rédacteurs du code Hays. Par conséquent, l'adultère, parfois nécessaire dans le contexte narratif d'un film, ne doit pas être présenté explicitement, ou justifié, ou présenté d'une manière attrayante. Les scènes de passion ne doivent pas être présentées sauf si elles sont essentielles au scénario et les baisers excessifs ou lascifs, les caresses sensuelles, les gestes suggestifs ne doivent pas être montrés. « La présentation de chambres à coucher doit être dirigée par le bon goût et la délicatesse », précise le code afin d’éviter de se faire contourner par la métaphore et la métonymie.
Il en va de même de la séduction et du viol qui ne peuvent être que suggérés et non montrés, et seulement lorsqu'il s'agit d'un élément essentiel du scénario. Ils ne sont jamais un sujet approprié pour la comédie.
Toute référence à la perversion sexuelle est formellement interdite. The Celluloid Closet, essai de Vito Russo, puis documentaire de Robert Epstein, montre comment, en ce qui concerne l'homosexualité au cinéma, la représentation de ce qui est encore largement perçu comme une déviance, contourne les interdits du code Hays.
La traite des blanches, la vente des femmes et la prostitution ne doivent pas être représentées. La présentation de rapports sexuels interraciaux est tout bonnement interdite de même que les thèmes de l'hygiène sexuelle et des maladies vénériennes.
La naissance d'un enfant (même en silhouette) ne doit jamais être représentée. Les organes sexuels d'un enfant ne doivent jamais être visibles à l'écran.
Décence
La présentation de sujets vulgaires, répugnants et désagréables doit être soumise au respect des sensibilités des spectateurs et aux préceptes du bon goût en général. L'obscénité dans le mot, dans le geste, dans la chanson, dans la plaisanterie, ou même simplement suggérée est interdite. Le blasphème est strictement interdit et le code liste les mots à éviter : God, Lord, Jesus, Christ, Hell, S.O.B, damn et Gawd. « Des titres licencieux, indécents ou obscènes ne seront pas employés » souligne le code, soucieux d'éviter que l’industrie du cinéma se serve des affiches de cinéma pour opérer un détournement de la censure et atteindre aux bonnes mœurs que le code Hays tente si vigoureusement de protéger.
L'indécence est interdite de même que la nudité, réelle ou suggérée, et les commentaires ou allusions d'un personnage à ce sujet. Les scènes de déshabillage sont à éviter sauf lorsqu'il s'agit d'un élément essentiel du scénario. Les costumes trop révélateurs sont interdits.
Les danses lascives, celles qui suggèrent ou représentent des relations sexuelles, sont interdites. Les danses qui comportent des mouvements indécents doivent être considérées comme obscènes.
Les sujets suivants, considérés comme « répugnants », doivent être traités avec beaucoup de prudence et de bon goût : la pendaison, l’électrocution et la condamnation à mort d’un criminel, le tatouage, le marquage au fer d'animaux et d'êtres humains, la brutalité et l'horreur, la cruauté envers les enfants ou les animaux et les opérations chirurgicales.
Certains critères de « décence » reposaient d'autre part sur les préjugés raciaux de l'époque. Ainsi, la Metro-Goldwyn-Mayer rejeta la candidature de la sino-américaine Anna May Wong pour le rôle principal dans une adaptation de The Good Earth (Visages d'Orient) de Pearl S. Buck en raison de principes interdisant les gestes intimes entre les diverses "races". L'acteur principal masculin étant de race blanche (Paul Muni), les producteurs considéraient impossibles de lui donner une partenaire de race jaune et choisirent plutôt l'actrice Luise Rainer que l'on maquilla pour lui donner l'apparence orientale.
Patrie et religion
Aucun film ne doit se moquer de la religion sous toutes ses formes et de toutes les croyances. Les ministres du culte ne peuvent pas être dépeints comme des personnages comiques ou comme des bandits. Les cérémonies de n'importe quelle religion définie doivent être présentées avec beaucoup de respect.
La présentation du drapeau se fera toujours de manière respectueuse. L'histoire des institutions, des gens connus et de la population en général d'autres nations sera présentée avec impartialité.
Référence
- Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier, Évolution de la censure in 50 ans de cinéma américain, Nathan, Paris, 1995, pp. 154-161
- Le documentaire Sex & The Silver Screen (1995).
Annexe
Article connexe
Lien externe
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