- Filariose De Bancroft
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Filariose de Bancroft
La filariose lymphatique est une maladie tropicale, infectieuse et plus précisément parasitaire provoquée par des vers parasites du genre filaire Wuchereria bancrofti, Brugia malayi et Brugia timori, toutes transmises par les moustiques. C’est une affection extrêmement rare dans les pays occidentaux. Loa Loa est un autre parasite filaire humain, transmis par les mouches.
Le symptôme le plus spectaculaire de la filariose lymphatique est l’éléphantiasis qui provoque un épaississement de la peau et des tissus sous cutanés. Ce fut la première maladie transmise par des insectes à être découverte. L’éléphantiasis survient quand les parasites envahissent le système lymphatique.
Sommaire
Historique
En 1866, Otto Wucherer a prouvé la présence de microfilaires ou de larves filaires, dans l’urine. En 1871, Timoth Lewis a découvert la présence de microfilaires dans le sang périphérique ; plus tard, en 1876, Joseph Bancroft découvre la forme adulte du parasite. Enfin en 1878, Patrick Manson observe le développement de W.bancrofti chez les moustiques.
Cycle du parasite
W. bancrofti effectue son cycle parasitaire chez deux hôtes. Les êtres humains jouent le rôle d’hôtes définitifs et les moustiques celui d’hôtes intermédiaires. A l’âge adulte les parasites résident dans les vaisseaux lymphatiques. Ils sont vivipares. Les larves du premier stade sont connues sous le nom de microfilaires. Les microfilaires sont présentes dans le système circulatoire et migrent alternativement entre la circulation profonde, le jour, et la circulation périphérique, la nuit. Ensuite, le ver est transféré dans un vecteur. les vecteurs les plus communs sont des espèces de moustique : Anopheles, Culex, Aedes et Mansonia. À l'intérieur de leur deuxième hôte, il mûrit pour devenir une larve mobile. Quand son hôte intermédiaire se nourrit, il est projeté dans le courant sanguin de son nouvel hôte humain. Les larves se déplacent vers les ganglions du système lymphatique, principalement dans les membres inférieurs et les organes génitaux, et se transforment en ver adulte au bout d’un an. A ce moment, une femelle adulte sera capable de donner elle-même naissance à des microfilaires.
W.bancrofti présente une grande différence de taille entre le mâle et femelle. Cette différenciation est connue sous le nom de dimorphisme sexuel. Le ver masculin adulte est long et mince et mesure entre quatre et cinq centimètres de longueur, un dixième de centimètre de diamètre, et possède une queue incurvée. La femelle, en revanche, est longue de six à dix centimètres, et a un diamètre trois fois plus grand que le mâle. Cette différence de taille peut être expliquée par le grand nombre de microfilaires que la femelle élimine chaque jour.
Répartition géographique
La filariose est endémique dans les régions tropicales d’Asie, d’Afrique, d’Amérique Centrale et d’Amérique du Sud avec 120 millions de personnes infectées.
Dans certaines régions endémiques du monde (par exemple, Malaipea en Indonésie), jusqu'à 54% de la population peut avoir des microfilaires dans leur le sang. .[1]
Signes cliniques
Le début des symptômes est progressif, mais les effets sont très apparents au bout de plusieurs années. Pendant l'étape inflammatoire initiale, un hôte peut présenter de l’œdème, des plaies, et des troubles circulatoires. Puis, les ganglions lymphatiques sont gonflés et dilatés puis ils sont durcis et obstrués par du tissu fibreux, et celà empêche le système lymphatique de fonctionner correctement. Les microfilaires provoquent également le gonflement, l'épaississement, et la décoloration de la peau. Sans drainage approprié des fluides sanguins et de la lymphe, le tissu affecté gonflera et il en résultera un éléphantiasis, une dilatation monstrueuse du corps qui peut parfois aboutir à la mort.
L’éléphantiasis affecte principalement les extrémités inférieures, alors que les oreilles et les muqueuses sont rarement affectés ; cependant, cela dépend des espèces de filaire. W.bancrofti peut toucher les jambes, les bras, la vulve, les seins, alors que Brugia timori atteint rarement les organes génitaux. L'infection par Onchocerca volvulus et la migration de ses microfilaires à travers la cornée est une cause fréquente de cécité (onchocercose).
Diagnostic
Le diagnostic est fait en identifiant les microfliaires sur une goutte épaisse de sang après coloration de Giemsa. Le sang doit être prélevé la nuit, puisque les microfilaires circulent la nuit, quand leur vecteur, le moustique, est le plus susceptible de piquer.
Il y a également des analyses par PCR disponibles pour le diagnostic.
Traitement
Les médicaments utilisés pour traiter la filariose lymphatique sont plus efficaces lorsqu’ils sont utilisés peu après infection, mais ils ont des effets secondaires toxiques. En outre, il est difficile de détecter la maladie à un stade précoce. Par conséquent, il est nécessaire d’améliorer les traitements et les tests de laboratoire.
Les symptômes graves provoqués par le parasite peuvent être évités par l'utilisation de certaines molécules. La diéthylcarbamazine et le caparsolate de sodium sont utilisés pour tuer les vers et leurs microfilaires. La diéthylcarbamazine est généralement le produit le plus utilisé et est administré par voie orale. La protection est comparable à celle qui est conférée pour d'autres maladies transmises par les moustiques ; on peut utiliser des barrières à la fois physiques (moustiquaires) et chimiques (répulsifs).
Pour les personnes vivant en zone d'endémie, l'OMS recommande un traitement préventif visant à réduire la prévalence de la microfilarémie. Elle consiste, soit en une prise orale par an pendant 4 à 6 ans de diéthylcarbamazine ou d'ivermectine, soit en enrichissant le sel en diéthylcarbamazine, pour sa consommation quotidienne. La lutte contre les moustiques pourrait être également efficace[2].
Tentative d'éradication
L'éradication de la maladie a été proposée par l'Organisation mondiale de la santé dès 1997 sur un programme devant se terminer en 2010[3]. Une association, Global Alliance to Eliminate Lymphatic Filariasis[4], a été créée sous son égide en 2000.
Près de deux milliards de traitement individuel ont été distribués en un peu moins d'une décennie, avec des résultats substantiels[5]. La régression de la maladie est particulièrement nette en extrème-orient, mais beaucoup moins en Afrique[6].
Anecdotique
- Joseph Merrick, "The Elephant Man", n'a pas été atteint par un ver parasite, mais par le syndrome de Protée.
Tetsuya Tsutsui "Manhole" Manga japonais en 3 tomes : la filariose se transmet par les insectes et un ver parasite attaque le cerveau jusqu'à provoquer un état de "zombisme".
Références
- ↑ Aupali T, Ismid IS, Wibowo H, et al., « Estimation of the prevalence of lymphatic filariasis by a pool screen PCR assay using blood spots collected on filter paper », dans Tran R Soc Trop Med Hyg, vol. 100, no 8, 2006, p. 753–9
- ↑ Webber RH, Eradication of Wuchereria bancrofti infection through vector control, Trans Roy Soc Trop Med Hyg, 1979;73:722-4
- ↑ Bockarie MJ, Molyneux DH, The end of lymphatic filariasis?, BMJ, 2009;338:b1686
- ↑ Site du Global Alliance to Eliminate Lymphatic Filariasis
- ↑ Ottesen EA, Hooper PJ, Bradley M, Biswas G, The global programme to eliminate lymphatic filariasis: health impact after 8 years, PLoS Negl Trop Dis, 2008;2:e317
- ↑ WHO. Global programme to eliminate lymphatic filariasis: progress report on mass drug administration in 2007, Wkly Epidemiol Rec, 2008;83:333-48
- Oetinger, David. "Filaria." The World Book Encyclopedia. Chicago: World Book Inc. 2000.
- "Elephantiasis." Human Diseases and Conditions. New York: Charles Scribner's Sons. 2000.
- David F. Oetinger, "Filaria." World Book Online Reference Center. http://www.worldbookonline.com/ar?/na/ar/co/ar196440.htm, November 28, 2003.
- "Lymphatic filariasis." World Health Organization. http://www.who.int/ctd/filariasis/home/, November 28, 2003.
Liens externes
- (fr)cours filarioses lymphatiques
- (fr)OMS Document de vulgarisation
- (fr)OMS Document d’information
- (fr)OMS Rapport filarioses
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Catégorie : Parasitologie
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