- Fernão Mendes Pinto
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Fernão Mendes Pinto (Montemor-o-Velho, c. 1509 — Almada, Pragal, 8 juillet 1583) était un écrivain, aventurier et explorateur portugais.
Sommaire
Naissance
Issu d'une famille pauvre, Fernand naît à Montemor-o-Velho, dans les Beiras, peut-être en 1509. Il a deux frères et au moins deux sœurs. Très jeune, un oncle l'emmène à Lisbonne et le met au service de la maison de George de Lancastre, fils bâtard du roi Jean II de Portugal (D. João II), duc de Coimbra, Grand-Amiral du Portugal, maître de Santiago, et administrateur de l'ordre Saint Benoît d'Avis. Il y reste durant presque cinq ans et deviendra même pendant 2 ans "moço de câmara" attaché directement au service de George lui-même, à Setubal, ce qui tendrait à prouver qu'il appartenait à une classe sociale bien éloignée de ce que laisse augurer la situation économique précaire de sa famille.
« Treize fois captif et dix-sept fois vendu »
Mendes Pinto s'embarque le 11 mars 1537 pour l'Orient, à la rencontre de ses deux frères. On sait par des lettres que son frère Álvaro était présent à Malacca en 1551 et d'autres lettres indiquent que l'autre frère a souffert le martyre dans cette même ville. On sait également qu'un riche cousin, Francisco García de Vargas, était présent à Cochin en 1557.
Tour à tour trafiquant, naufragé, pirate, mercenaire à la solde des gouvernants locaux, esclave, négociant aisé, ambassadeur, il connaîtra l'Abyssinie, l'Arabie, l'Inde, Malacca, Sumatra, Java, l'actuelle Birmanie, le Siam, le Tonkin, la Chine et le Japon.
D'après la relation de son œuvre Peregrinação (Pérégrination), «c'est pendant une expédition en mer Rouge en 1538, que Mendes Pinto participa à un combat naval contre les ottomans, où il fut fait prisonnier et vendu à un grec, et par celui-ci à un juif qui l'emmena à Ormuz, où il fut racheté par des portugais.
Pirate
Il accompagna Pedro de Faria à Malacca, d'où il fit le point de départ de ses aventures narrées dans la Pérégrination, parcourant, pendant 21 ans, les côtes de Birmanie, du Siam, de l'archipel de la Sonde, des Moluques, de la Chine et du Japon.
Tanegashima
Il raconte avoir fait partie de la première expédition portugaise qui atteignit le Japon, à Tanegashima, en 1543. Comment tel il est l'un des introducteurs des armes à feu dans l'archipel. Introduction qui sera à l'origine d'une profonde mutation de la société nippone, qui aboutira à l'unification du Japon.
Saint François Xavier
En janvier 1554, à Goa, il se préparait à retourner au Portugal, quand il rencontre S. François Xavier. Influencé par sa personnalité, il décide d'entrer dans la Compagnie de Jésus et de promouvoir une mission jésuite au Japon.
Après avoir libéré ses esclaves, et légué toutes ses richesses à la Compagnie, il s'y rend donc, comme novice et comme ambassadeur du Vice-Roi D. Afonso de Noronha auprès du daimyo de Bungo. Ce voyage en compagnie du Père Belchior Nunes, fut un désenchantement pour lui, de par le comportement de son compagnon, et de celui de la Compagnie.
Cette partie de sa vie, dont il ne reste pas un seul mot dans sa "Pérégrination", nous ne la connaissons que par le témoignage du père Francisco de Sousa, dans son histoire de la Compagnie de Jésus, qu' est son Oriente conquistado (Orient conquis), publié à Lisbonne en 1710.Déçu, il abandonne le noviciat et retourne au Portugal, arrivant à Lisbonne le 22 septembre 1558..
Almada
Avec l'aide de l'ex-gouverneur de l'Inde Francisco Barreto, il réussit à se procurer des documents prouvant les sacrifices consentis pour la patrie, qui lui donnèrent droit à une pension, qu'il ne reçut jamais. Desillusionné, il s'installe au Vale de Rosal, à Almada, où il restera jusqu'à sa mort et où il écrira, entre 1570 et 1578, l'œuvre qu'il nous légua, son inimitable Pérégrination. Celle-ci ne sera éditée que 30 ans après la mort de l'auteur, en 1614, et l'on redoute que l'original n'ai souffert des altérations auxquelles les jésuites ne seraient pas étrangers.
Il nous laissa une relation tellement extraordinaire de ce qu'il vécut, que pendant longtemps on ne crut pas à sa véracité, de telle sorte que son nom se prêta même à un jeu de mot : Fernão Mendes Minto, ou alors : Fernão, mentes ? Minto !, ce qui revient à dire Fernand Mendes Je-mens, ou Fernand tu mens ? oui je mens !
Peregrinaçam
“Agora brevemente lhe contarei o que depois passámos, não lhe escrevendo, todavia, o que passámos de cem partes uma, pois que para escrever tudo era necessário que o mar fosse tinta e o céu papel.”
“maintenant je vous raconterait brièvement ce que nous avons passé, n'écrivant pas, cependant, sa centième partie, parce que pour tout écrire, il faudrait que la mer fût de l'encre, et le ciel du papier.”
Mendes Pinto fut le contemporain du point culminant de l'exploration maritime portugaise, et de la paradoxale décadence interne. Pendant sa vie, le Portugal s'unit à l'Espagne sous le gouvernement de Philippe I (Philippe II d'Espagne (1556-1598), après le désastre de la bataille d'Alcacer Québir (Ksar El-Québir). La présence de l'Inquisition devient de plus en plus importante dans cette période, promulguée par décret papal de Paul III em 1536, un an avant le départ de l'auteur, et effective en 1547, sur les instances de D. João III.
On pense que la Pérégrination a commencé à être écrite entre 1569 et 1578, cette date étant indiquée dans l'œuvre elle-même. Le texte original fut déposé à la Casa Pia dos Penitentes (maison des Pénitents), qui la publiera donc 31 ans après la mort de l'auteur. Ceci étant peut-être dû au départ à la peur de Mendes Pinto lui-même face à l'Inquisition, et ensuite à celle de ses descendants.
Cette peur était évidemment justifiée, et de fait, dans la version imprimée on remarque beaucoup de phrases effacées et "corrigées". Plus évident encore est la complète disparition des références à la Compagnie de Jésus, un des ordres religieux les plus actifs en Orient, dont Mendes Pinto, avait fait partie. Les dimensions de l'œuvre étaient aussi un obstacle considérable à cette époque, surtout sans l'aide financière d'aucune institution ou de mécène.
Malgré tout, la Casa Pia soumet les écrits de Pinto au crible de l'Inquisition en 1603, qui l'autorise cette même année. Mais c'est seulement en 1614 que le fameux éditeur Pedro Craesbeeck accepte sa publication. Le livre, organisé par Frère Belchior Faria, fut alors publié avec le titre suivant :
"Peregrination de Fernam Mendez Pinto où il rend compte de très nombreuses et très étranges choses qu'il a vues & entendues dans le royaume de Chine, dans celui de Tartarie, celui de Sornau, que vulgairement on nomme Siam, celui de Calamignan, celui de Pegu, celui de Martaban, & en d'autres nombreux royaumes & seigneuries des régions orientales, dont il n'y a, dans les nôtres d'Occident, que très peu ou pas de nouvelles. Et rend compte également de nombreuses aventures particulières arrivées tant à lui qu'à de nombreuses autres personnes. Et à la fin il traite brièvement des certaines choses, & de la mort du Saint Père François xavier, unique lumière & flambeau de l'Orient, et recteur universel en ces régions de la Compagnie de Jésus."
Sources
- Pérégrination : récit de voyage / Fernão Mendes Pinto ; traduit du portugais et présenté par Robert Viale. - Paris : La Différence, 2002. - 987 p. ; 17 cm. - (Minos, 13).
- Dicionário bibliográfico português, de Innocencio Francisco da Silva, Lisbonne, 1987.
Lien externe
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