Faune des kerguelen

Faune des kerguelen

Faune des Kerguelen

Avifaune nicheuse des Îles Kerguelen
d'après P. Jouventin
in A la découverte des terres australes et antarctiques françaises,
Muséum d'histoire naturelle de Marseille, 1983 ;
complété avec Todd & Genevois, 2006

Nom scientifique Nom commun
Spheniscidae
Aptenodytes patagonicus Manchot royal
Pygoscelis papua Manchot papou
Eudyptes chrysolophus Gorfou doré
Eudyptes chrysocome Gorfou sauteur
Procellariidae
Diomedea exulans Albatros hurleur
Thalassarche melanophris Albatros à sourcils noirs
Thalassarche chrysostoma Albatros à tête grise
Thalassarche chlororhynchos Albatros à bec jaune
Phoebetria fusca Albatros fuligineux
à dos sombre
Phoebetria palpebrata Albatros fuligineux
à dos clair
Macronectes halli subantarctique
Daption capense Damier du Cap
Pachyptila belcheri Prion de Belcher
Pachyptila desolata Prion de la désolation
Halobaena caerulea Pétrel bleu
Pterodroma macroptera Pétrel noir
Pterodroma lessoni Pétrel à tête blanche
Pterodroma brevirostris Pétrel de Kerguelen
Procellaria aequinoctialis Pétrel à menton blanc
Procellaria cinerea Pétrel gris
Hydrobatidae
Oceanites oceanicus Pétrel de Wilson
Fregetta tropica à ventre noir
Garrodia nereis à croupion gris
Pelecanoididae
Pelecanoides georgicus Pétrel plongeur de Géorgie
Pelecanoides urinatrix Pétrel plongeur commun
Phalacrocoracidae
albiventer Cormoran à ventre blanc
verrucosus Cormoran de Kerguelen
Anatidae
Anas eatoni Canard d'Eaton
Chionididae
Chionis minor Bec en fourreau
Stercorariidae
Stercorarius skua Skua
Laridae
Larus dominicanus Goéland dominicain
Sterna virgata Sterne de Kerguelen
Sterna vittata Sterne subantarctique

La faune des îles est composée d'espèces historiques, et d'espèces invasives amenées par l'homme.

Sommaire

Espèces historiques

Comme les îles Kerguelen se situent à la convergence antarctique, où les eaux froides remontant de l'Antarctique se mélangent aux eaux plus chaudes de l'océan Indien, le climat est relativement clément, descendant rarement en desous de 2 degrés, et dépassant rarement 10 degrés. Les mammifères marins et les oiseaux de mer sont donc nombreux :

mammifères marins

Oiseaux

Animaux introduits

Aux XIXe et au XXe siècle, les hommes ont introduits plusieurs espèces d'animaux sur l'archipel, encore que certaines îles périphériques en restent exemptes.

Pour éviter l'augmentation du problème, « 2 arrêtés des TAAF datant de 2001 interdisent l'introduction d'animaux domestiques et celle de spécimens d'espèces animales ou végétales non indigènes[2] ».

Les mammifères terrestres introduits sont les moutons, mouflons, rennes, lapins, rats, et chats[2]. La truite fario a été introduite dans les cours d'eau de l'archipel.

Souris

Les souris sont sans doute les premières à être arrivées, au XIXe siècle, avec les bateaux de pêches ou de chasse baleinière. Elles peuvent connaître des proliférations saisonnières.

Lapins

Les lapins de l'archipel ont semble-t-il été introduit par les scientifiques d'une mission britannique de 1874. Les animaux, quelques couples de lapins en provenance d'Afrique du Sud, auraient été débarqués du « Volage » le 5 novembre 1874 à la Baie de l'Observatoire.

Les lapins ont eu un impact très négatif sur la végétation locale. Le tapis épais et continu d'azorelle (Azorella selago) sur lequel pouvaient s'implanter diverses autres espèces comme le célèbre chou de Kerguelen a pratiquement disparu, remplacé par une prairie monospécifique de Acaena adscendens (famille des Rosaceae)[2], plante ressemblant à une petite pimprenelle. cette végétation originelle est encore visible sur les îles périphériques non peuplés par les lapins.

Chats

Une population sauvage de chats s'est développée sur l'archipel. D'après les témoignages d'anciens membres des expéditions sur place, ils descendraient de quelques animaux de compagnies amenés par les scientifiques ou le personnel de service dans les années 1950, chargés entre autres de lutter contre les souris.

L'Institut polaire français - Paul Émile Victor confirme d'ailleurs que « Les chats ont été introduits en 1950 pour endiguer la prolifération des rats qui avaient eux-mêmes été introduits involontairement par des baleiniers au XIXe siècle. Malheureusement, les pétrels sont plus faciles à chasser que les rats… Malgré les difficultés rencontrées pour s'acclimater, grâce à ces oiseaux, certains chats ont pu s'installer définitivement et sont redevenus sauvages. Quelques chasseurs ont bien essayé de les éliminer mais en vain. Les félins ont commencé à se multiplier et la population des pétrels a dramatiquement baissée. Lorsque le nombre de pétrels ne fut plus suffisant pour nourrir tous les chats, ceux-ci ont alors mangé les lapins. Un nouvel équilibre est apparu entre les populations de chats et de lapins, au détriment des espèces de pétrels. Ces mammifères ne pouvant heureusement pas nager, des pétrels ont pu survivre sur les îlots voisins[2]. »

Dans les années 1970, des tentatives d'éradications ont été menées contre les chats, afin de protéger les oiseaux de mer indigènes. Mais ces tentatives ont échouées.

La population de chat se nourrit essentiellement des lapins introduits, de souris et d'oiseaux de mer dont ils impactent négativement la population.

La population fondatrice semble avoir été très faible, et des cas d'anomalies ont été constaté, qui seraient liées à la consanguinité originelle. On note aussi une certaine adaptation à l'environnement, comme l'augmentation de l'épaisseur de la fourrure afin de s'adapter au froid.

Moutons

Il y a environ 3 500 moutons en élevage extensif pour l'alimentation de la population (cf. David Grangette, le berger des Kerguelen).

L'élevage se pratique en quasi liberté, mais est limité à la seule île longue, une île de l'archipel faisant 35 km². « Il est intéressant de noter que le troupeau de moutons de l'île Longue constitue le plus grand troupeau du monde de la race Bizet, originaire du Cantal… qui est menacée en France ![2] » .

Mouflons

Île Haute, ou vivent les mouflons corses.

Histoire

« En 1957, les autorités en place décident d'offrir aux résidents la possibilité de chasser le mouflon (une forme de moutons sauvages). On importe donc un couple de mouflons de Corse, originaires du zoo de Vincennes à Paris. La population de mouflons a d'abord crû de façon exponentielle pour ensuite fluctuer, à partir du début des années 80, entre 300 et 700 individus[3] ». Les deux animaux relâchés sont accompagnés de trois rennes suédois[4].

L'introduction de 1957 n'était pas la première tentative, puisqu'en 1956, un autre couple provenant du zoo de Vincennes avait été relâché sur le minuscule îlot Blakeney (2,5 km²), dans le Golfe du Morbihan, mais les deux bêtes étaient rapidement mortes[4]. Les deux animaux ont été relachés avec 3 rennes suédois. Comptant une centaine de tête chacune à la fin des années 60, les deux population sont entrées en compétition pour l'espace et la nourriture de cette petite île (6,5 km²), et les rennes ont fini par gagner la Grande Terre à la nage, jusqu'à totalement disparaître de l'île Haute vers 1980[4].

La population originelle a été introduite sur la seule île Haute, une petite île de 6,5 km², et tous les mouflons actuels de l'archipel s'y trouvent encore. L'île est rocheuse, et ne compte que 30% d'un « faible couvert herbacé ». En 1972, des graminées fourragères ont été introduites sur l'île afin d'améliorer les ressources pour les mouflons[5].

La population a connue une progression fulgurante, puisque « la population [de la petite île] atteint 100 individus au début des années 1970 [...], puis a augmenté de façon exponentielle pour aboutir à 700 individus en 1977.[5] ».

Depuis lors, la population a été caractérisée par des dynamiques cycliques, fluctuant entre 250 et 700 individus (Chapuis et al. 1994)[6], avec des effondrements hivernaux se produisant à une périodicité de 3-5 ans après que le nombre d'individus ait dépassé environ 600.

Diversité génétique

La population de l'île Haute souffre potentiellement de plusieurs handicaps génétiques : elle descend d'un couple unique, elle vit sur une île de petite taille ce qui entraîne une forte proximité reproductive entre tous les individus, et elle passe par des effondrements de population réguliers, qui divisent tous les 3 à 5 ans[5] la population par 2, voir plus. Une très forte consanguinité était donc inévitable, porteuse attendue d'une très forte homozygotie.

Pourtant, dans un article publié dans Proceedings of the Royal Society of London le 22 février 2007, Kaeuffer et ses collègues ont montré que malgré la faiblesse de la population originelle (2 animaux) la diversité génétique de la population, quoique plus faible que celle des populations corses d'origine, était encore étonnement élevée, ce qui semblait écarter les problèmes de consanguinité qu'on aurait pu attendre[5]. Mieux, les échantillons génétiques de 2003 étaient beaucoup plus hétérozygotes que ceux des années 60 et 70[7].

« Les chercheurs attribuent l'augmentation de cette diversité génétique à la sélection naturelle ; l'échelle de temps étant trop courte pour que cette diversité soit attribuable à des mutations génétiques, et les Îles trop isolées pour avoir subi des migrations. "Cette diversité s'explique par l'élimination, au fil des générations, des individus avec une faible diversité génétique. Dans les petites populations isolées, des individus apparentés ont de grandes chances de se reproduire entre eux et d'engendrer des individus consanguins ou homozygotes. La population voit sa diversité génétique s'appauvrir et son potentiel évolutif diminuer. De plus, la consanguinité est connue pour provoquer l'apparition de maladies génétiques. Les individus les plus hétérozygotes semblent mieux résister aux maladies"[7] ».

Rennes

« Dix rennes de Suède[8] ont été introduits en 1955-1956 sur l'île Haute. En 1981, ils se sont échappés à la nage sur la Grande Terre.

Cette petite population d'origine a été renforcée par les descendants de trois rennes suédois introduits en 1957 sur l'île Haute avec les mouflons. Comptant une centaine de tête chacune à la fin des années 60, les deux population sont entrées en compétition pour l'espace et la nourriture de cette petite île (6,5 km²), et les rennes ont fini par gagner l'île principale à la nage, jusqu'à totalement disparaître de l'île Haute[4].

La population actuelle de renne est estimée à 4 000 têtes environ[2] ». Leur impact a été négatif pour certaines espèces végétales, en particulier les lichens, dont la croissance est très lente, et sur lesquels ils exercent une forte pression.

Voir aussi

Source

  • Todd F.S. & Genevois F. (2006) Oiseaux & Mammifères antarctiques et des îles de l'océan austral. Kameleo, Paris, 144 p.

Notes et références

  1. La population du danphin de Commerson vivant aux Kerguelen a été décrite comme une nouvelle sous-espèce en 2007 (Robineau, Goodall, Pichler et Baker, Mammalia 71 (4) : 172-180).
  2. a , b , c , d , e  et f « Le problème des espèces introduites », article sur le site officiel de l'Institut Polaire Français Paul-Emile Victor. Consulté le 10 mai 2008.
  3. « Les mouflons de l'archipel de Kerguelen », par Claire Bouchard, de l'Université du Québec à Montréal, 20 juin 2007.
  4. a , b , c  et d « S’il te plaît, décime-moi un mouflon... », billet du 12 février 2008, par Yann Libessart, représentant de l'État au Kerguelen, sur son blog Les manchots de la République.
  5. a , b , c  et d « Unexpected heterozygosity in an island mouflon population founded by a single pair of individuals » [PDF], article par Renaud Kaeuffer, David W. Coltman, Jean-Louis Chapuis, Dominique Pontier et Denis Re´ale, 22 février 2007, Proceedings of the Royal Society of London.
  6. Chapuis, Bousses et Barnaud, 1994, « Alien mammals, impact and management in the French Subantarctic islands », article publié en 1994 dans le N°67 issue 2 de Biological Conservation, pages 97–104.
  7. a  et b « Diversité génétique inattendue dans une population insulaire de mouflons », article publié le 12 mars 2007 sur Le bulletin électronique de la Faculté des sciences de l'UQAM.
  8. Donc sans doute appartenant à la sous-espèce R. tarandus tarandus.
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