- Faluns
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Falun (géologie)
Pour les articles homonymes, voir Falun (homonymie).Le falun est un dépôt d'origine marine du tertiaire, souvent disséminé sur de vastes étendues. Formé de coquilles parfois pulvérisées, parfois entières ou partiellement brisées, ce calcaire d'accumulation biodétritique peut former une roche compacte après une cimentation argilo-siliceuse fine et dense, mais reste généralement une roche meuble et friable car il est mélangé communément à du sable et de l'argile.
Sommaire
Une roche sédimentaire détritique
Le terme falun est un mot provençal modifié, selon les linguistes. Prenant acte que le mot provençal est encore généralement employé au pluriel et aussi prenant en compte la grande variabilité sur le terrain de l'aspect et de la composition physico-chimique des roches ainsi qualifiées, les géologues et paléontologues admettent les deux graphies falun au singulier ou faluns au pluriel.
Les faluns, roches sédimentaires détritiques d'origine marine formées à partir de débris de coquilles, traduisent donc un paléoenvironnement marin peu profond et chaud. Des affleurements typiques en France correspondent à des zones de transgressions marines que les géologues nomment la mer des Faluns. Les terres à falun sont communes dans le secteur de Sainte-Maure-de-Touraine, entre Indre et Vienne. Outre la Touraine, les faluns sont facilement observables en Anjou, Bretagne, Normandie ainsi que dans les Landes et en Provence.
Distinction entre calcaires d’accumulation : falun et lumachelle
Un falun est une roche sédimentaire de formation organo-détritique déposé en mer peu profonde, composée de très nombreux débris coquilliers bien cimentés par une matrice sableuse et argilo-sableuse.
Les amas coquilliers sont d’abord contenus dans une matrice sableuse et argilo-sableuse. Par consolidation, l’ensemble devient un grès incluant des débris calcaires ou un calcaire détritique. Ce calcaire d’accumulation est une roche biodétritique à bryozoaires, lamellibranches, gastéropodes. Citons le falun sparnacien de Pourcy et le lutétien de Damery dans la Marne ainsi que le Langhien de Touraine.
Une lumachelle est une roche sédimentaire calcaire souvent peu cimentée[1]. Elle est formée essentiellement de coquilles, surtout de Lamellibranches, entières ou brisées, accumulés et consolidés sur place. C’est pourquoi le faciès est souvent néritique, indiquant un rivage[2]. Les brachiopodes sont présents dans le calcaire à Gryphées du Sinémurien, le calcaire à Avicula Contorta du Rhétien. Les gastéropodes marquent le calcaire à Cérithes, le calcaire grossier du Lutétien.
Intermédiaire, un calcaire lumachellique contient un ciment plus abondant qu’une lumachelle. La roche devient aussi plus compacte et son faciès se rapproche des faluns.
Paléoécologie des calcaires d’accumulations
Présentons avec le vocabulaire de la paléoécologie, discipline scientifique qui étudie de manière précise et exhaustive la faune et la flore (nombre, usure, disposition des individus d’espèces répertoriées) et du milieu de sédimentation.
Les sédiments de calcaires bioclastiques sont des accumulations de tests et de coquilles, dans une matrice de débris (inoclastes) et d’une poudre fine (micrite). Si le dépôt s’opère sur place, il s’agit d’une biocénose. Dans le cas d’un transport, cela amène un mélange, c’est à dire une symmigie.
Fossilisés, les dépôts bioclastiques forment des faluns lorsqu’ils sont demeurés meubles. Par contre, ils forment des lumachelles après cimentation par la diagénèse[3]
Faluns et falunières de Touraine
L’étude en paléontologie de la nature des animaux fossiles et de la répartition géographique des faluns de Touraine a permis de constituer un modèle cohérent du golfe marin occupant la vallée de la Loire et la dépression armoricaine il y a 15 Ma.
Cette mer a déposé la pierre de crouas dans les pays du Lathan, en particulier cette roche compacte à Savigné et à Channay était une pierre à bâtir. Et elle a laissé plus fréquemment des sables coquilliers, en Gâtine et en Anjou, du bois d'Ambillou au nord de Noyant, ainsi que sur les plateaux de Sainte-Maure.
Très tôt, les modestes paysans du sud de la Touraine ont reconnu les terres à falun, leur attribuant une origine maritime ou lacustre. Sur le plateau de Bossée, ils les ont utilisées pour l'amendement des terres fortes et lourdes à labourer, composées d'argiles à silex, et pauvres en calcaire. L'ouverture d'une falunière après un harassant labeur en commun des métayers donnaient lieu à de belles festivités et réjouissances. Au milieu du dix-huitième siècle, est apparu en français le verbe de technique agricole faluner ainsi que la falunière, la mine ou lieu d'extraction de falun. Le falunage donnait à l'usage à long terme une terre plus légère, mais les cultivateurs des plateaux, incités par des baux de métayage à durée de plus en plus réduite, ont préféré l'apport d'engrais chimiques après 1830.
En 1547, Bernard Palissy visite ces carrières. Le faïencier y recherche fossiles et formes singulières, motifs de décorations pour ses émaux. Il note l'utilisation des faluns pour alléger les terres fortes du plateau de Bossée. En 1720, l'intendant de Touraine charge Réaumur de visiter les falunières du plateau de Bossée. Le scientifique rédige un mémoire pour l'Académie des Sciences. Ce travail précis est cité et exploité par le savant Fontenelle et le naturaliste Buffon.
Les voyageurs géographes après les années 1880 signalent l’immense falunière du plateau de Sainte-Maure-de-Touraine. Près de la Loire, il existe une ancienne carrière de faluns aménagée pour l’observation des fossiles à Channay-sur-Lathan.
Usage agricole et chimique
Les faluns ont été exploités depuis des temps immémoriaux et sont encore utilisés comme amendement des terres siliceuses et acides. Leur action lente, autrefois considérée sur vingt à trente ans, est analogue à celle de la marne[4]. Les faluneurs tourangeaux estimaient excellentes les analyses thermiques de falun vérifiant une teneur maximale de 70% en masse de carbonate de calcium et une teneur minimale en silice de 15% à 25% en masse. Le reste était principalement de la magnésie et de l'alumine.
Le falun à grande concentration de débris de coquilles reste une matière première pour la fabrication de la chaux car les coquilles sont le résultat d'une fixation biologique du calcaire sous forme de calcite.
Lexique
Le terme falun n'est entré officiellement dans la langue française qu'en 1720, intronisé par le célèbre rapport de Réaumur. Un lexique basé sur les pratiques de Touraine, province possédant de vastes falunières recouvertes de terres et dont les premières exploitations sont antiques, a été adopté :
- Faluneur : ouvrier qui exploite le falun.
- Falunage : action de répandre du falun sur les terres en culture.
- Falunière : endroit d'où l'on tire du falun.
Bibliographie
Marcel Lachiver, Dictionnaire du monde rural, les mots du passé, Librairie Arthème Fayard, 1997, 1816 pages. ISBN 2-213-59587-9
Pour la distinction entre falun et lumachelle
Pierre Bellair, Charles Pomerol, Eléments de géologie, Armand Colin, collection U, 1984, 495 pages.
Notes et références
- ↑ De l'italien lumaca, escargot dont le diminutif lumachella signifie petit limaçon
- ↑ de nerita : coquillage de zone côtière
- ↑ Dans le cas particulier de roche consolidée ayant subi un métamorphisme, la lumachelle donne aussi son nom à une variété de marbre.
- ↑ La marne est un mélange de calcaire et d'argile, bien différent des faluns. Les marnages sont plus fréquents.
Liens externes
Pour découvrir le monde des faluns, premiers pas avec [1] et compléments techniques [2] ou scientifiques succincts [3]
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