- Eugène Green
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Eugène Green est un cinéaste, écrivain et dramaturge français né le 28 juin 1947 à New York. Il est intervenant à la Fémis à Paris. Originaire des États-Unis, il fonde à la fin des années 1970 une compagnie de théâtre baroque, le Théâtre de la Sapience. En 2001, il se lance dans le cinéma avec la sortie de son premier films Toutes les nuits. En 2008, il publie son premier roman, La Reconstruction, publié aux Editions Actes Sud, puis La Bataille de Roncevaux, chez Gallimard en 2009.
Sommaire
Théâtre de la Sapience
Article détaillé : Déclamation baroque.Fondé en 1977, le Théâtre de la Sapience[1] cherche à faire revivre l'art du théâtre baroque en utilisant les moyens spécifiques, déclamatoires et visuels qui le constituaient. La démarche est l'analogue de celle qui a permis de retrouver, en musique, le style de jeu des instruments "anciens" et, en danse, le langage de la danse baroque. L'art de la déclamation repose sur un code artistique très précis concernant le rythme, l'accentuation et la prononciation, tous trois très différents du langage parlé de l'époque. La déclamation est accompagnée d'une gestique selon un code très précis également. La mise en scène est frontale, face à « La Présence » (la place du Roi, voir l'article : Inégalités dans la musique baroque). L'éclairage aux bougies produit des jeux de lumière très spécifiques dont la mise en scène tire profit.
Depuis 1980, Eugène Green a formé comédiens et chanteurs, dans des stages à l'Accademia Claudio Monteverdi (Venise), le Corso d'Estate di Erice (Sicile), le Centre de Musique ancienne de Genève, l'École supérieure d'art dramatique du Conservatoire de Genève et le Corso internazionale di Urbino.
- Pièces de Pierre Corneille : La Suivante (Avignon, 1993 ; Paris, 1996), Le Cid (Avignon, Paris, 1995), La Place Royale (Avignon, Marseille, Paris, 1996).
- Pièce de Jean Racine : Mithridate (25 représentations dans la Chapelle de la Sorbonne, 28 septembre-30 octobre 1999).
- Mise en scène de Jean-Philippe Rameau : Castor et Pollux (Théâtre national de Prague, 1999).
Lors des représentations de Mithridate, le Théâtre de la Sapience révèle qu'il ne reçoit aucune subvention des organismes publics chargés d'aider le théâtre et fait appel, à travers son association, au soutien financier des spectateurs.
Eugène Green est le seul[2] écrivain et metteur en scène français à avoir fait ce travail de fond pour le théâtre baroque, travail qui se poursuit par les nombreux élèves qu'il a formés. Le Bourgois Gentilhomme (dont une captation a été publiée par les éditions Alpha en 2005), comédie-ballet de Molière et Lully, mis en scène par Benjamin Lazar et en musique par Le Poème Harmonique, sous la direction de Vincent Dumestre, lui est pleinement redevable[3].
Cinéma
Eugène Green tourne son premier long métrage, Toutes les nuits, en 1999. Le film sort sur les écrans en 2001. Il réalise ensuite un court métrage, Le Nom du feu. En attendant les financement pour Le Pont des Arts, il obtient des financements pour un court-métrage qui devient au final un long métrage de 75 minutes, Le Monde vivant[4]. Le Pont des Arts sort finalement sur les écrans français en 2004.
Le cinéaste se revendique de Robert Bresson, du grand cinéma européen de 1955 à 1979, d'Ozu, Hou Hsiao-hsien, Wong Kar-wai et Hirokazu Kore-Eda[4].
Esthétique
En 2009, Eugène Green publie un essai intitulé Poétique du cinématographe dans lequel il justifie ses choix esthétiques. En 2010, il est l'invité d'honneur du festival Paris Cinéma[5]. C'est l'occasion pour lui de donner une leçon de cinéma[6].
La diction
Dans ses films, les personnages parlent un français parfait en prononçant toutes les liaisons, ce qui produit un décalage avec le langage commun qui n'en fait que quelques unes; mais Green s'amuse aussi avec ce style en introduisant parfois un terme familier, produisant ainsi un nouveau décalage dans un effet humoristique. C'est par exemple le personnage joué par Adrien Michaux, qui, dans Le Monde vivant, enchaîne ses liaisons littéraires en demandant à son interlocutrice : "Qui est-ce, ce mec ?". Green explicite ces liaisons dans son refus d'un effet psychologique verbal ou gestuel de l'acteur que pourrait amener un langage commun. Ceci n'est pas possible avec une diction dont les liaisons imposent une linéarité d'expression poussant à l'intériorité. Ainsi selon lui, peut se libérer de l'acteur une énergie générée par cette introversion, qui n'est pas d'origine mentale, mais qui s'apparente plutôt au registre de l'émotion[7].
Filmer les conversations
Quand il filme un dialogue entre deux personnages, plutôt que de placer sa caméra tour à tour dans un angle de 70 degrés par rapport à l'un des deux protagonistes, il place souvent sa caméra en face de chacun des protagonistes pour "libérer pleinement l'énergie que la parole dégage en chacun"[8].
Dans une interview à la revue Séquences, Eugène Green explique[9] : « Quand il y a champ et contrechamp avec amorce, le spectateur voit le personnage qui parle s'adresser à son interlocuteur. Mais quand il n'y a pas d'amorce, je mets la caméra entre les deux personnages, de sorte que le spectateur reçoit la même énergie du regard que vous recevez en parlant avec quelqu'un. Si vous parlez avec quelqu'un en ne voyant qu'un quart de son regard sous un angle oblique, ou en le voyant de dos, ce qui est le cas, pour le spectateur, dans le cadrage et montage traditionnels d'une conversation, il n'y a pas de possibilité de communication profonde, parce qu'une grande partie de l'incarnation de la parole passe par le regard dans sa plénitude. Le cinéaste a la liberté de placer la caméra où il veut : moi, j'en profite. »
Filmographie
- 2001 : Toutes les nuits avec Alexis Loret, Christelle Prot et Adrien Michaux
- 2002 : Le nom du feu (court-métrage) avec Christelle Prot et Alexis Loret
- 2003 : Le Monde vivant avec Christelle Prot, Adrien Michaux, Alexis Loret, Laurène Cheilan, Achille Trocellier et Marin Charvet.
- 2004 : Le Pont des Arts avec Natacha Régnier, Denis Podalydès, Adrien Michaux et Olivier Gourmet
- 2006 : Les signes (court-métrage) avec Christelle Prot, Mathieu Amalric, Achille Trocellier, Marin Charvet
- 2007 : Correspondances (court-métrage) avec Delphine Hecquet, François Rivière, Christelle Prot
- 2009 : La Religieuse portugaise avec Leonor Baldaque, Adrien Michaux
Il est apparu en tant qu'acteur en 2006 dans Les Amitiés maléfiques d'Emmanuel Bourdieu et dans Fragments sur la grâce de Vincent Dieutre.
Publications
- La Parole Baroque, 2001, éditeur : Desclée de Brouwer, Collection : Texte et Voix : 326 pages et un CD d'accompagnement. (ISBN 2-220-05022-X)
- Présences : Essai sur la nature du cinéma, 2003, éditeur : Desclée de Brouwer, Collection : Texte et Voix : 269 p. (ISBN 2-220-05317-2)
- La Rue des Canettes (dédié "pour Marin Charvet") : cinq contes, 2003, éditeur : Melville : 164 p. (ISBN 2-220-05400-4)
- Le Présent de la parole, 2004, éditeur : Desclée de Brouwer, Collection : Littérature ouverte hors collection : 155 p. (ISBN 2-915341-15-X)
- La Reconstruction, 2008, éditeur : Actes Sud : 190 p. (ISBN 978-2-7427-7688-7)
- Poétique du cinématographe. Notes, 2009, éditeur : Actes Sud (ISBN 978-2-7427-8545-2)
- La bataille de Roncevaux, 2009, éditeur : Gallimard, coll. « Blanche » : 336 p. (ISBN 978-2-07-012725-2)
- Un conte du Graal, 2010, éditeur : Gallimard, coll. « Blanche » (ISBN 978-2-07-013046-7)
- La Religieuse portugaise, 2010, éditeur : Diabase, coll. "Liens & Résonance" 176 p. (ISBN 978-2-911438-70-7)
- La communauté universelle, 2011, éditeur : Gallimard, coll. « Blanche » (ISBN 978-2-07-013321-5)
Discographie
- 1999 : La Conversation, Eugène Green et Vincent Dumestre, poèmes de Théophile de Viau déclamés dans le texte d'origine, musique de Robert de Visée au théorbe, CD aux éditions Alpha.
- 2001 : La Parole baroque, CD d'accompagnement du livre. Déclamations : Jean de La Fontaine, Le chêne et le roseau ; Torquato Tasso, La mort de Clorinda (La Gerusalemme liberata) ; Théophile de Viau, La Mort de Pyrame ; William Shakespeare, The Death of Kings (Richar II), To be or not to be (Hamlet); Jacques-Bénigne Bossuet, Qu'est-ce que notre être (Sermon sur la mort) ; Jean Racine, Je ne croiray point? (Mithridate).
- 2002 : Jacques-Bénigne Bossuet, Sermont sur la mort, Label : Alpha, réf. Alpha 920. Déclamation baroque du texte original.
- 2007 : Charles Perrault, Contes de ma mère l'Oye, Label : Alpha, réf. Alpha 922. Déclamation baroque du texte original de six contes.
Bibliographie
- Jacques Mandelbaum, « Eugène Green, singulier et puissant cinéaste », dans Le Monde, 25 août 2006 [texte intégral]
Notes et références
- Le palais universitaire de la Sapience, à Rome, comporte une chapelle dont l'architecture a retenu l'attention d'Eugène Green.
- Philippe Lénaël, à Nantes et à Versailles, a cependant travaillé sur la gestique baroque et sur la mise en scène.
- Lebourgeoisgentilhomme.com
- Philippe Chappuis, « Eugène Green : Toutes les nuits et Le pont des arts (interview) », dans Objectif Cinéma, décembre 2003 [texte intégral]
- http://www.pariscinema.org/fr/programmes-2010/invites/green.html Festival Paris Cinéma 2010 :
- http://www.pariscinema.org/fr/actus1.html?actu_id=306&PHPSESSID=lltuslg312d3r3e0se0htq2rv1 Parole et sacralité, la leçon de cinéma d'Eugène Green du 11 juillet 2010
- D'après l'interview d'Eugene Green pour Le Monde vivant (2003)
- Poétique du cinématographe, p. 90.
- lire en ligne. Charles-Stéphane Roy « Eugène Green et l’art vivant : vérités et contradictions » Séquences : La revue de cinéma, n° 237, 2005, p. 12-13,
Liens externes
- Sa fiche sur IMDb
- Eugène Green, La parole baroque (Desclée de Brouwer)
- Aux sources de l'éloquence baroque
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