- Escalade En Forêt De Fontainebleau
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Escalade en forêt de Fontainebleau
La forêt de Fontainebleau et ses blocs de grès caractéristiques est un lieu internationalement connu pour l'escalade sur bloc. Cette discipline est pratiquée sur des rochers d'une faible hauteur ne nécessitant en général pas de corde pour l'assurance. Malgré la faible hauteur des blocs, la forêt est l'un des plus beaux sites d'escalade en France.
Les secteurs d'escalade se répartissent dans toute la forêt. Parmi les plus connus : le Cuvier, Les Gorges d'Apremont (Barbizon), les gorges de Franchard, l'Isatis (entre Fontainebleau et Arbonne-la-Forêt), les Trois Pignons (entre Arbonne-la-Forêt, Milly-la-Forêt et Le Vaudoué : la Canche aux Merciers, le 95.2, Le Cul de Chien, le Diplodocus, la J.A. Martin, etc.)
Beaucoup de secteurs sont en dehors de la forêt de Fontainebleau proprement dite : les rochers du Duc (Beauvais Champcueil, 44km de Paris), Buthiers (Malesherbes), la Dame Jouanne et L'Éléphant (Larchant, 71km de Paris)..., parfois sur des terrains communaux ou privés : Videlles, Boigneville, le Puiselet.
Quelques massifs sont accessibles en train, SNCF : le rocher Canon (Bois-le-Roi), Le Calvaire, Le Mont Ussy (Fontainebleau-Avon), le Petit-Bois, le Gréau (Nemours) ou RER : La Troche (Orsay), Chamarande, Maisse, Boigneville, Malesherbes.Sommaire
Le matériel nécessaire
Faire de l'escalade à Fontainebleau nécessite peu de matériel, en tout cas beaucoup moins que pour faire de la varappe en falaise ou en montagne. Il y a toutefois certains accessoires indispensables sans lesquels on ne peut envisager dépasser une certaine difficulté.
- Il faut tout d'abord mettre des chaussons d'escalade pour profiter au mieux du plaisir de la grimpe. Des chaussures de sport type baskets ou tennis ne sont guère adaptées, elles ne permettent pas de « sentir » le rocher car la semelle est trop rigide et épaisse et surtout le sable restant dans les rainures de la semelle elles rendent les adhérences aléatoires et obligent à compenser en forçant avec les bras ce qui donnent de mauvaise habitudes. Une fois passé les premières séances de découverte, il faut rapidement songer à s'en procurer.
- Un tapis vient en complément des chaussons. Il faut en effet les essuyer consciencieusement avant de gravir un rocher, au risque de voir tous les petits grains de sable présent sur la semelle jouer le rôle d'autant de roulement à bille une fois sur le rocher. Inutile de dire que cela rajoute de la difficulté et que le risque d'un dérapage incontrôlé est important. Ce tapis peut être un morceau de moquette, un tapis-brosse ou un bout de paillasson. Avec ce geste, on obtient une meilleure adhérence et on préserve le fragile grès et donc la qualité des prises. En effet à certains endroits, les prises ont tellement été polies par le passage répété des grimpeurs que le grès n'a plus aucune adhérence et ressemble à une plaque de verglas.
- Le 3e moyen d'améliorer son adhérence, après les chaussons et le tapis, est l'utilisation d'un pof, c'est-à-dire un morceau de chiffon entourant un morceau de résine de pin réduit en poudre. Le nom de « pof » vient du bruit produit lorsqu'on frappe le rocher avec. La magnésie est également très utilisée pour assécher les mains et donc améliorer l'adhérence, mais laissant plus de trace sur le rocher certains lui sont farouchement opposé, ses partisans rétorquent que ne collant pas elle est plus facile à nettoyer que le pof ...
- Un crash pad est également un outil très utile apparu il y a quelques années. C'est un tapis de mousse épais spécialement conçu pour l'escalade en bloc. Il a pour objectif d'amortir la chute des grimpeurs et de diminuer les traumatismes dus aux chutes répétées, notamment aux niveau des vertèbres.
- C'est une sécurité supplémentaire mais elle ne remplace en rien la parade, réalisée par un partenaire, qui consiste à se tenir derrière et sous celui qui grimpe et de le freiner dans sa chute, sans pour autant le retenir totalement (mains au niveau du centre de gravité du grimpeur, le saisir à la taille, ou aux fesses). Ce geste primordial est l'assurance contre les blessures.
Difficultés, Signalétique et Cotations des circuits
Le système de cotation utilise un chiffre auquel est accolé une lettre (a, b ou c) et parfois un +. Les cotations bloc, en particulier à Fontainebleau, sont plus sèches qu’en falaise, même si la hauteur du bloc ou la réception en cas de chute influencent souvent la cotation.
Une des particularité de l'escalade à bleau (surnom donné par les grimpeurs à la forêt de fontainebleau) est l'existence de parcours, ou circuits. Ces parcours de différents niveaux sont balisés à l'aide de flèches de différentes couleurs. Un parcours complet était censé à l'origine correspondre à la difficulté d'une course d'alpinisme en montagne. Ils répondent aujourd'hui à la volonté d'offrir une sélection de voies d'intérêts de difficultés homogènes pouvant s'enchaîner. Le premier parcours fut créé en 1947 par Fred Bernick. Chaque couleur représente un niveau de difficulté : blanc (enfant), jaune (très facile, facile ou peu difficile), orange (assez difficile), bleu (difficile), rouge (très difficile), noir ou blanc (extrêmement difficile).
La couleur des flèches peintes sur le rocher définit la difficulté globale du parcours ou circuit (qui peut être augmentée d’un + ou diminuée d’un -). Pour la plupart des circuits, le tableau suivant résume l’ordre des cotations :
Difficultés des circuits Couleur Abréviation Signification Cotation Blanc E Enfant spécifique Beige F Facile - 1er pas 1-2 Jaune PD Peu Difficile - Débutant 2-3 Orange (parfois vert) AD Assez Difficile - Grimpeur Moyen 3-4 Bleu D Difficile - Grimpeur Confirmé 4-5 Rouge TD Très Difficile - Grimpeur très Confirmé 5-6 Noir/Blanc ED Extrêmement Difficile - Grimpeur Spécialiste 6-7 (Aucun circuit) ABO Abominablement Difficile - Haut niveau 8-9
Les circuits "enfants" sont peints en blanc et cotés différemment : le + ou le - cote la difficulté du parcours et le chiffre désigne l’âge de l’enfant : 1 en primaire, 2 entre l’école et le collège et 3 après. Exemples E3, E1+, etc.L'escalade hors circuits est bien sur toujours possible et largement pratiquée.
Historique (ébauche)
Avant la 1ère guerre mondiale, parmi le groupe des rochassiers, on compte des grimpeurs qui ont marqué leur temps, tels Wherlin, les frères Lépiney. Dans les années 1920-1930, le mythique Groupe de Bleau comptait les meilleurs alpinistes parisiens de l'époque, éloignés de leurs chères montagnes. Ils gagnaient en technique sur les blocs de Bleau, avant d'attaquer les falaises de la Seine, de l'Yonne, de Suisse-normande... Leur maître fut incontestablement Pierre Allain, aussi fort en montagne qu'en bloc, son nom se retrouvant sur des itinéraires prestigieux, au Mont Blanc, dans l'Oisans ou encore en Italie (notamment dans le Mercantour, au Corno Stella). On y comptait nombre d'autres talents comme Boby Arsandaux, les frères Léninger ou Authenac. Après la 2e guerre, Allain eut pour disciples toute une brochette de cracs qui allaient marquer l'histoire de l'alpinisme d'alors : Jean Cousy, René Ferlet, Guy Poulet, Guido Magnone, Poincenot, Auguste Fix. Un peu plus tard, se distinguèrent d'autres surdoués comme Paragot et Bérardini. Un grand bonhomme, Desmaison, fréquenta également la forêt, ayant une demeure non loin de Larchant. L'enchainement du circuit Mauve de la DJ en moins d'une heure demeure une de ses performances que très peu ont égalée.
Les massifs à la mode sont alors le Cuvier (les rochers les plus durs), la Dame Jouanne (les rochers les plus hauts), Malesherbes, Chamarande, Le Vaudoué (rochers des Trois Pignons aujourd'hui propriété privée. Avant
Les massifs des Trois Pignons ainsi que ceux de Malesherbes ont bien failli être privatisés, l'action du COSIROC (Comité de Défense des Sites et Rochers d'Escalade, association né en 1962) a été déterminante dans l'arrêt de ce processus.
Les années 1975-1985 ont vu se distinguer des grimpeurs passionnés : Adelet, Amiot, Ardouin, Caltier, Canteras, Cellier, Cousin, Divaret, Fort, Lepage, Oumaklouf, Perrin, Tetard, Michel Dufranc, Patrick Cordier, Jean Mizrahi, Jérôme Jean-Charles, Thierry Bienvenu, Pierre Richard, Jacky Godoffe, Jo Monchaussé, Jean-Pierre Bouvier, les Ménestrel père et fils ...). A l'époque, le Chalet Jobert était le fief de ces jeunes gens qui battaient des records en termes de chrono, d'escalade à pieds nus, tyrolienne. C'était l'occasion aussi de tester le matériel avant les expéditions et autres. Ces passionnés faisaient également leurs armes au Cuvier, au Rocher St Germain, au Rocher Canon à Appremont et dans les Trois Pignons.
Quelques voies mythiques
- L arête de Larchant sur l'angle sud-ouest de la Dame Jouanne. Côté 3+, mais 12 mètres d'escalade et 15 m. de dénivelé. 1ère réalisation sans corde en 1914 par Jacques De Lépiney. Vue sublime à l'arrivée. C'est un passage majeur du légendaire circuit Mauve, tracé en 1958 par Maurice Martin, portant le n° 53.
- La fissure de la Prestat, le premier 4e degré, est ouvert en 1914 par Jacques De Lépiney chaussé d'espadrilles à tiges montantes, les ancêtres des chaussons d'escalade. La rupture d'une plaque a rabaissé le niveau du passage à 3sup.
- La Fissure des Alpinistes est ouvert à Apremont par Pierre Allain en 1933 ou 34. C'est le 1er 5 de Bleau.
- L'Angle Allain est ouvert en 1934 par Pierre Allain au Cuvier Rempart. C'est le premier réel 6e degré de la forêt, depuis lors coté 5+, mais qui vaut bien des 6a mordernes. C'est à l'époque un vrai bond en avant dans la difficulté. Il donna des ailes à son auteur, qui effectua l'an suivant avec les frères Léninger, la très convoitée Face Nord des Drus, comportant la fameuse fissure Allain, 1ère longueur en 6a des Alpes françaises (les Alpes italiennes ayant été les 1ères à inaugurer le 6eme degré).
- La Marie Rose est ouverte au Cuvier par René Ferlet en 1946, à la barbe de Pierre Allain premier répétiteur. C'est le premier 6a "officiel", cotée 6b à l'ouverture et dans le tout premier topo du Cuvier ; il sert encore d'étalon.
- La Stalingrad , à gauche de la Prestat au Cuvier, ouverte en 1950, tout comme l'As de Coeur, au Cuvier Rempart. Hauts passages, ils sont respectivement les 1ers 6b et 6c. Encore de nos jours, très peu osent s'engager dans l'As de Coeur, même avec un crash pad, qui ne servirait d'ailleurs pas à grand chose vu la hauteur et la mauvaise réception.
- La Joker est ouverte par Robert Paragot en 1953, cotée 6c/7a actuellement, elle fut cotée 6h avant la création du 7e degré.
- L'Abattoir, le premier 7a de la forêt, est ouvert par Michel Libert au Bas Cuvier en 1960.
- Carnage, le premier 7b de la forêt est ouvert par Jérôme Jean-Charles en 1977 toujours au Bas Cuvier.
- En 1983, le premier 7c, l'Abbé Résina, est ouvert au Cuvier par Pierre Richard, grimpeur à l'éthique exigeante que l'on voit toujours, sac de 8 à 10 kilos au dos, parcourir avec style et vitesse de longs circuits du répertoire classique bleausard.
- 1984, plusieurs voies majeures sont réalisées. Au Cuvier, Jean Michel Gosselin ouvre la Super Prestat, une dalle impressionnante en 7b+. Jacky Godoffe ouvre, au Cuvier Rempart, Big Boss un surplomb en 7b+ et surtout C'était Demain, le premier 8a de la forêt.
- Fat Man, un toit horizontal ouvert par Jacky Godoffe au Cuvier Rempart en 1993, restera longtemps le seul 8b incontesté.
Voir aussi
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