- Empire du Ghana
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L'empire du Ghana (de ghana, « roi guerrier »), qui a existé de 300 environ à 1240, fut l'un des trois grands empires marquant la période impériale ouest-africaine. Il s’étendait du moyen Sénégal à la région de l’actuelle Tombouctou dans une région qui englobait une partie des actuels Sénégal, Mali et Mauritanie. Désigné par ses habitants comme l'Empire Wagadou, il se fit connaître en Europe et en Arabie comme l'Empire du Ghana. Le royaume du Ghana s'est constitué au VIIIe siècle avec l’exportation d’or et de sel, important pour la conservation des aliments.
Le terme Wagadou signifie "ville des troupeaux"; le mot dou est un terme de la langue Mandé qui signifie "ville" et que l'on retrouve dans nombre de lieux d'Afrique de l'Ouest (telle la capitale du Burkina Faso, Ouagadougou); le mot waga signifie approximativement "troupeau".
Sommaire
Les origines de l'Empire
Deux thèses existent sur les origines du royaume du Ghana qui deviendra plus tard un empire.
- Selon la tradition orale ouest-africaine, la fondation due l'empire aurait eu lieu vers le IIIe siècle av. J.‑C. et le fondateur en serait un homme venu de l’Est, nommé Dinga Cissé.
- Selon les sources médiévales rédigées par des chroniqueurs arabophones, le royaume aurait été fondé par les Soninkés, peuple animiste vivant à la limite sud du Sahara. Le royaume de Ghana s’agrandit par la suite pour devenir un empire en dominant les dirigeants des chefferies situées aux alentours.
Un peuple animiste au système matrilinéaire
La classe dirigeante du Wagadou était principalement animiste et la succession se faisait de manière matrilinéaire, le successeur du roi était ainsi le fils de sa sœur[1] préservant ainsi avec certitude la lignée familiale.
La dynastie soninké
D’après le « Tarikh es Soudan », "histoire du Soudan" en français, le Ghana aurait été fondé au IIIe siècle par le peuple noir de cultivateurs, les Soninkés.
Au VIIe siècle, l’astronome arabe Al Farazi cite le premier le « Ghâna, pays de l’or ».
En 734, les premiers arabo-berbères pénètrent au Ghana, où les souverains soninkés sont au pouvoir. L’occupation du Maghreb par les Arabes favorise le trafic de l’or et des esclaves entre le Ghana et le Sijilmassa, et du même coup, son expansion et sa richesse.
La dynastie des Cissé Tounkara
Mais à la fin du VIIIe siècle un soninké légendaire, le roi du Wagadou Kaya Magan Cissé (signifiant « le maître de l’or ») refoule les étrangers berbères. Au début du règne du premier souverain des Cissé Tounkara, son royaume ne s’étend que sur le Wagadou et sur l’Aouker, mais quelques années plus tard, il réalise l’unité de tous les Soninkés.
Ghâna est le nom que porte le souverain. Ce terme signifierait chef de guerre (nwana). Il est aussi appelé Kaya-Maga (ou plus précisément Kanηe Mahan), qui signifie en soninké « roi de l’or » ou « maître de l’or ». En effet, dans cette région, les pépites sont considérées comme maléfiques et seul le roi a le pouvoir d’en conjurer le sort.
L’or est étroitement lié à la naissance et à l’importance du Ghana. La généralisation de l’utilisation du dromadaire à partir de la fin du IIe siècle facilite les liaisons avec l’Afrique du Nord. Le « pays de l’or » correspond à la région aurifère du Bambouk, sur laquelle s’étend l’autorité des souverains du Ghana, dont la capitale a été localisée à Koumbi Saleh, au sud de l’actuelle Mauritanie.
À la fin du IXe siècle, les souverains de Ghana étendent leur autorité à l’ouest sur la région aurifère du Galam et sur le Tekrour, à proximité de Djenné et de Tombouctou, et au nord sur certaines tribus berbères du Sahara.
Au Xe siècle, les Berbères d’Aoudaghost se révoltent contre l’autorité du tounka (roi) de Ghana, qui est mis à mort par le chef des insurgés. Vers 990, un successeur du roi de Ghana assassiné s’empare du royaume d’Aoudaghost, qui est placé sous l’autorité d’un fonctionnaire.
L’apogée du Ghana se situe au XIe siècle. Le pays est richissime. La fédération de royaumes s’est peu à peu centralisée autour du roi, détenteur de tous les pouvoirs religieux, militaires et judiciaires. La capitale du royaume, Koumbi, peuplée de 20 000 habitants, est partagée entre les musulmans et les Soninkés, animistes.
Le Royaume du Ghana se trouve affaibli par la poussée des musulmans Sahariens Almoravides (XIe siècle) et la destruction partielle de Koumbi Saleh (1076) mais c'est surtout la sécheresse liée à une exploitation intensive des ressources forestières qui conduit à la dispersion des Soninkés. Le royaume du Ghana décline alors progressivement jusqu'à sa conquête par le royaume de Sosso de Soumaoro Kanté (XIIe/XIIIe siècle), puis perd définitivement son indépendance après son intégration dans l’Empire du Mali de Sundjata Keïta après 1240.
Notes
- Villages de l’ancien Tekrour Par Bruno A. Chavane - page 38 Comparaison entre le Wagadou et le Tekrour - L'usage et les règlements exigent que le roi ait pour successeur le fils de sa sœur
Voir aussi
Bibliographie
- Tidiane N'Diaye, Mémoire D'Errance, chap. « Empire du Ghana », Ed A3, Paris, 1998
Liens externes
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